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Citations sur La Petite fille au tambour (23)

Son plus bel exploit, il l'avait réussi à La Loubianka, en fabriquant de faux documents pour des codétenus, à partir de vieux numéros de la Pravda, qu'il pilonnait pour obtenir de la pâte à papier.
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Ils se servirent d'une fille, ce qui, vu les appétits de Yanuka, relevait du pur bon sens, et l'affublèrent d'une guitare -une très bonne idée en ce sens que, de nos jours, une guitare suffit à situer une fille, même si elle ne sait pas en jouer. De récentes observations en d'autres parties du monde leur avaient enseigné qu'une guitare est l'uniforme d'un certain pacifisme sentimental.
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Ecrire, c’est comme se trouver dans une maison vide et guetter l’apparition de fantômes »
John Le Carré
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Le lendemain, l'explosion qu'il attendait mais n'était toujours pas en mesure de prévenir se produisit. Quoique épouvantable, elle servit son dessein. En Hollande, un jeune poète israélien, venu à l'université de Leyde pour y recevoir un prix, trouva la mort le matin de son vingt-cinquième anniversaire. Un colis piégé lui avait été remis à son hôtel, alors qu'il prenait son petit déjeuner. Kurtz (...) encaissa comme un vieux boxeur prend un crochet : il chancela, ferma les yeux une seconde, mais quelques heures à peine plus tard, il se tenait dans le bureau de Gavron, une pile de dossiers sous le bras et deux versions de son plan dans sa main libre.
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Trouvez le gosse, expliqua Kurtz à son équipe de Jérusalem avant d'entamer son énigmatique voyage. Il y a un gosse et il y a son ombre. Trouvez le gosse, l'ombre suivra, aucun problème. Kurtz leur enfonça cette idée dans le crâne jusqu'à ce qu'ils le haïssent; il savait imposer une pression avec autant d'acharnement qu'il savait résister aux contraintes. Il téléphonait à ses hommes depuis les endroits les plus invraisemblables, à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, simplement pour leur rappeler sans cesse sa présence. Alors, vous l'avez trouvé, ce gosse ? Il alla tirer des réservistes du confort de leurs planques administratives et les renvoya, sans solde, derrière leurs anciens bureaux dans le but d'accélérer les recherches. Trouvez le gosse. Il nous indiquera le chemin. Un jour, comme ça, il lui attribua un nom de code, Yanuka, nom affectueux signifiant gosse en araméen, ou plus exactement nourrisson à demi sevré. "Attrapez-moi Yanuka et je livrerai à ces clowns toute l'organisation sur un plateau."
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"Montrez-lui ses mains", ordonna Kurtz lorsqu'il eut éteint le magnétophone.
"Tant qu'il vivait dans les camps, le travail manuel lui faisait des mains calleuses", expliqua Kurtz en venant les rejoindre. "Maintenant, c'est un grand intellectuel. De l'argent, des filles, de bons repas, la vie facile. Je me trompe, mon petit gars ? Tu es un grand intellectuel, c'est bien ça ?" Sa voix n'exprimait ni cruauté ni ironie. Il aurait tout aussi bien pu s'adresser à un fils dévoyé. "Mais tu fais faire le travail par les filles à ta place, n'est-ce pas mon petit gars ? En fait, il s'est même servi de l'une d'elles comme d'une bombe", raconta-t-il à Charlie. "Il l'a mise dans l'avion avec une très belle valise. L'avion a explosé. Je suppose qu'elle n'était pas au courant. Ce n'est pas très joli, n'est-ce pas, mon petit gars ? Cela ne se fait pas avec une dame."
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Le vol de nuit Munich-Berlin constitue, pour les quelques personnes qui le connaissent, l'un des derniers grands voyages empreints de nostalgie que l'Europe offre encore. Les soixante minutes de vol nocturne au-dessus du couloir est-allemand, à bord d'un coucou branlant aux trois quarts vide de la Pan American représentent pour ceux qui ont conservé quelques souvenirs le véritable safari d'un vieil habitué qui s'abandonne à ses penchants. Votre regard plonge dans les ténèbres du territoire ennemi et vous voyez défiler vos souvenirs.
Kurtz ne faisait pas exception. Il s'était installé près du hublot et ses yeux se perdaient dans la nuit, au-delà de son propre reflet. Quelque part dans l'obscurité courait cette même voie ferrée qu'avait emprunté le train de marchandises dans son interminable voyage en provenance de l'est : quelque part se trouvait la même voie d'évitement sur laquelle le train s'était immobilisé cinq nuits et six jours, en plein coeur de l'hiver, pour laisser la place aux convois militaires, tellement plus importants, tandis que Kurt et sa mère, ainsi que cent dix-huit autres Juifs entassés dans les wagons, mangeaient de la neige et mouraient de froid. "Au prochain camp, tout ira mieux", répétait sa mère pour le rassurer, pour lui donner du courage. Quelque part dans cette obscurité, sa mère s'était ensuite rangée passivement dans les rangs qui allaient à la mort; quelque part dans ces champs, le petit Sudète qu'il était avait eu faim, avait volé et tué, s'attendant sans illusion qu'un autre monde hostile le rattrape. Kurt vit les camps d'accueil alliés, les uniformes inhabituels, le visage des enfants, aussi vieilli et creusé que l'était le sien. Un nouveau manteau, de nouvelles bottes, de nouveaux barbelés, et une nouvelle évasion, mais de chez ses libérateurs cette fois-ci. Il se revit dans les champs, se coulant des semaines durant de fermes en villages en direction du sud, balloté là où le conduisait sa ligne de fuite, vers des terres où les nuits graduellement se réchauffaient, où l'air se chargeait du parfum des fleurs, et où, pour la première fois de sa vie, il perçut le bruissement des palmiers dans le vent salin. "Ecoute-nous, pauvre petit garçon gelé, lui murmurèrent-ils. C'est le bruit que nous faisons en Israël. Vois comme la mer peut être bleue ici." Il vit le vapeur rouillé à demi dissimulé derrière la jetée et jamais ses yeux n'avaient effleuré bateau plus grand et plus beau; le pont était si noir de la foule des têtes juives qu'il déroba une calotte lorsqu'il s'embarqua et n'osa l'enlever avant que le bateau eût quitté le port. Sur le pont, de petits groupes s'étaient formés et les chefs montraient comment se servir des fusils Lee-Enfield volés. Deux jours encore le séparaient de Haïfa, mais la guerre de Kurtz venait tout juste de commencer.
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L’interminable guet de Shimon Litvak avait commencé très tôt le matin, huit heures avant que l'on ne signale Charlie saine et sauve de l'autre côté de la frontière autrichienne, deux nuits et un jour après que Joseph eut expédié ses deux télégrammes à l'avocat de Genève pour qu'il les transmette à son client.
L'après-midi était bien avancé et Litvak avait déjà supervisé trois relèves de la garde. Personne pourtant ne semblait en avoir assez, personne ne semblait subir la moindre baisse d'attention, et le problème de Litvak n'était pas de maintenir son équipe éveillée, mais plutôt de persuader ses hommes de se reposer quand il n'avait pas besoin d'eux.
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"Et ce que vous voulez savoir ensuite, Charlie, fit-il, c'est ce que vous faites là avec nous et pourquoi on vous a traînée ici en prenant tant de précautions et de façon si cavalière. Je vais vous le dire. La raison, Charlie, en est que nous voulons vous proposer un travail. Un travail d'actrice... Le plus grand rôle qu'on vous ait jamais offert, le plus exigeant, le plus difficile, certainement le plus dangereux mais certainement aussi le plus important... Le rôle que nous vous proposons, Charlie, combine tous vos talents, tant sur le plan humain que professionnel. Votre esprit. Votre excellente mémoire. Votre intelligence. Votre courage. Mais aussi cette qualité supérieure dont j'ai déjà parlé : votre chaleur humaine. Nous vous avons choisie, Charlie. Nous vous avons attribué le rôle. Il y avait beaucoup de concurrents au départ, des candidats de nombreux pays. Nous avons opté pour vous et c'est pour cette raison que vous êtes ici. Parmi vos fans. Tous ceux qui sont présents dans cette pièce vous ont vu jouer, tous vous admirent. Alors mettons les choses au clair. De notre côté, il n'y a aucune hostilité. Il y a de l'affection. Il y a de l'admiration. De l'espoir. Ecoutez-nous jusqu'au bout. C'est vous que nous voulons. Nous avons besoin de vous. Et il y a là-bas des gens qui vont avoir encore plus besoin de vous que nous."
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L'enlèvement ne mérite que peu de commentaires. Avec une équipe entraînée, ce genre d'opération est conduit extrêmement rapidement et devient presque rituel, ou alors on ne la tente pas. Ils se servirent d'une fille, ce qui, vu les appétits de Yanuka, relevait du pur bon sens, et l'affublèrent d'une guitare - une très bonne idée en ce sens que, de nos jours, une guitare suffit à situer une fille, même si elle ne sait pas en jouer. De récentes observations en d'autres parties du monde leur avaient enseigné qu'une guitare est l'uniforme d'un certain pacifisme sentimental. Ne t'arrête pas de marcher, lui recommandèrent-ils : pas de gringue, contente-toi de lever le pouce. Leur seule inquiétude était que la beauté de la fille ne subjugue quelqu'un d'autre avant que Yanuka ait eu le temps de se la réserver.
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