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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quand John le Carré vous raconte le trafic d'armes, il y a toujours du suspens, des coups tordus à n'en plus finir, des organisations criminelles sans scrupules et quelques hommes dignes pour faire ce qu'ils peuvent. Dans la lutte entre le Bien et le Mal, le mal a bien des atouts, la technologie et l'argent principalement. L'argent qui corrompt et qui gangrène, celui qui transforme en ennemi sournois l'ami de trente ans sur lequel vous pensiez pouvoir compter. Et dans le monde post Guerre froide, où se fait l'argent ? Dans deux trafics aussi lucratifs que mortifères : les armes et la drogue. Lorsque les deux convergent pour s'associer, comme ici, la fortune se déverse à grands flots comme autrefois dans le fleuve légendaire qu'on appelait Pactole. Toutes les bonnes volontés sont emportées et lorsque le fleuve se retire, bien à l'abri dans les paradis fiscaux dont le citoyen lambda ne comprend pas pourquoi ils existent (il suffirait pourtant de poser la question pour avoir une idée précise de la réponse), il ne reste plus que la boue et la honte.
Le Carré a ce talent exceptionnel de décrire méthodiquement et subtilement les rouages et les engrenages qui permettent à la boue de s'insinuer au plus profond des services gouvernementaux, des agences de renseignements et de lutte contre la criminalité, tout en vous présentant quelques héros poignardés dans le dos par ceux qu'ils croyaient occupés à servir l'intérêt général des démocraties. Il est des moments du roman où, ce qui se trame dans les bureaux feutrés des « services » britanniques ou américains, fait penser immanquablement à la pointe émergée de l'iceberg fangeux de notre pas si beau pays (frégates de Taïwan, affaire Dumas, Clearstream, affaire Karachi) où d'obscurs intermédiaires côtoient curieusement les plus hautes autorités de l'Etat, vous savez, celles qui donnent des leçons au monde entier.
De ce cloaque, surgit un des héros les plus extraordinaires de le Carré, un homme désintéressé offrant sa vie simplement pour expier une faute qui n'était pas la sienne, uniquement mû par l'amour et le désir de vengeance. Sera-t-il écrasé comme un insecte ou réussira-t-il à mettre à bas la pieuvre ?
"N'oubliez pas, monsieur Pyne, vous avez un avenir. N'y renoncez plus jamais. Ni pour moi ni pour personne. Promettez-le moi."
Il l'avait fait. On promet n'importe quoi quand on est amoureux. »
On a là un des thèmes récurrents de l'oeuvre, le moment où l'un des pions habituellement manipulé, souvent sacrifié, décide de jouer sa propre partition par loyauté, par vengeance ou simplement par amour. le grain de sable qui change le cours des choses s'est introduit dans la mécanique sophistiquée et il n'y a plus qu'à suivre l'auteur dans son récit et son héros dans son chemin de croix.
Il lui faut bien un peu de soutien, alors, au milieu des affairistes, des « achetés ou des vendus », des minables de la haute administration britannique ou américaine, des politicards sans scrupule, le Carré vous dégotte une poignée de « has been » un peu sur la touche parce que trop purs, et qui, cette fois, décident de brûler leurs vaisseaux et de se révolter contre leur hiérarchie qu'ils savent corrompue. Ils jouent leur dernière partie, sans trop d'espoir de la gagner, juste pour continuer à pouvoir se regarder dignement dans leur glace. On fait appel ici à l'intelligence, au courage, au respect de la parole donnée et à l'amour pour lutter contre l'argent sale, les tortionnaires, les trafiquants et leurs protecteurs, les paradis fiscaux, les milices privées, les fonctionnaires qui ferment les yeux et ouvrent leurs poches, la boue et la nausée. On ment aux menteurs, on triche avec les tricheurs et on monte un bluff gigantesque. Amour et suspens, réflexion profonde et documentée sur l'envers du décor de nos soi-disant démocraties, composent l'un des meilleurs le Carré (je le reconnais, je dis ça pour la grande majorité de son oeuvre). Si vous n'avez pas lu ce roman, allez-y vite et ensuite précipitez-vous sur la série éponyme de la BBC (The Night Manager) où Tom Hiddleston rend magnifiquement justice à Jonathan Pyne (le héros de le Carré) face à un Hugh Laurie (le méchant Roper de l'histoire) qu'on a vraiment envie de détester. Et puis, ne manquez surtout pas, dans la scène du restaurant (épisode 4), ce modeste figurant aux cheveux blancs qui n'est autre que le créateur de Jonathan Pyne et de toute une galerie de personnages magnifiques.
https://www.babelio.com/auteur/John-Le-Carre/18797/videos
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Ce livre a été à l'origine d'un hasard curieux, un signe à la Paulo Coelho, qui m'a troublé durant toute la lecture.
J'avais à peine commencé à lire que j'apprenais, par mon journal favori du soir - édition du 20/11/2010 -, la mort de Mimi Perrin, le 16 novembre 2010, à l'âge de 84 ans, une des deux traductrices de l'ouvrage, l'autre étant isabelle Perrin, sa fille.
John le Carré en avait fait ses traductrices attitrées, et exclusives.
Mimi fut connue dans les années 1960 pour avoir crée un groupe de jazz vocal, les double-six, répertoire de Quincy Jones, Dizzy Gillespie...mais un voile au poumon met fin à sa carrière en 1965.
Bref, me dis-je, me voilà dans de sales draps, qui va maintenant traduire John le Carré, à supposer qu'il écrive encore beaucoup de romans ?
Le directeur de nuit explore des pans secrets de la personnalité des héros, la séduction, l'attrait pour la femme d'autrui.
La trame de l'histoire repose en effet sur le talent de séducteur de Jonathan Pyne, directeur de nuit dans un grand palace de Zurich, amant de Sophie, l'ex maîtresse d'un trafiquant d'armes international, Richard Roper.
Pour venger la mort de Sophie, dont il se considère responsable (je ne vous dis pas pourquoi), Jonathan décide de la venger en "ciblant" la nouvelle compagne de Richard Roper, Jed.
Pour cela, il infiltre, via les services secrets britanniques, sous une identité et une personnalité trafiquées, comme seuls les britanniques peuvent en imaginer, le réseau de ventes d'arme de Roper.
Il y arrive auréolée de gloire, avec un CV à faire pâlir n'importe quel honorable correspondant, aussi titré soit-il.
Comme d'habitude chez John le Carré, les ficelles ne sont ni grossières, ni rugueuses, on est dans la haute couture, le point de croix, les boutonnières passepoilées, le revers large, la coupe ajustée.
L'intrigue s'appuie autant sur les activités de Roper, le trafiquant, dont les agissements et leurs adhérences avec des états voyous sont détaillées avec beaucoup de réalité, que sur la relation Sophie-Jonathan, puis Jed-jonathan, et la volonté de ce dernier, de racheter avec Jed, les péchés qu'il a commis avec Sophie.
Il y a dans la façon dont Jonathan conçoit sa relation avec ces deux femmes, un côté religieux, quasi rédempteur, il veut leur bonheur et pour atteindre cet objectif n'hésite par à régler ses comptes tant au trafiquant d'armes international, qu'aux services secrets britanniques.
Comme souvent chez John le Carré, un héros seul, certain de ses convictions, prêt à tout.
Un livre extrêmement attachant.
En le terminant, j'ai eu à nouveau une pensée émue pour mimi Perrin.
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Sans doute un de mes préférés de John le Carré, mais franchement, comment établir un podium avec ce diable d'homme ? Peut-être parce que celui ci semble marquer une transition avec ses précédents opus, plus secrets, plus tournés vers les rouages cachés de la machine du renseignement. le directeur de nuit se voit contraint à l'action, sur le terrain, ce qui donne un autre rythme à l'ouvrage. Franchement, ne vous fiez pas à moi, lisez tout...
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Je retrouve un John le Carré comme je les aime.
J'ai un faible pour les "Smiley" et la période Guerre Froide même si j'avais adoré "la petite fille au tambour" et j'avais quelques réserves sur certains "hors série" comme "le chant de la mission".
Ici pas de Guerre Froide mais un unitaire sur le thème plus contemporain du trafic d'armes, de la collusion entre politiques, trafiquants de drogue, finance internationale.
Un héros ambigu que l'on a du mal à cerner jusqu'au bout et des espions anglais & américains parfois droits mais certains fourbes au plus haut degré. Double jeu, triple jeu, un régal ...
Il paraît que la série télévisuelle qui en a été tirée est intéressante !!!
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