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"Si c'est rond, c'est point carré." ressemble à une phrase codée. S'en est peut-être une, qui sait ? Elle remonte en tout cas loin dans mes souvenirs d'enfance et me semble bien appropriée pour un petit clin d'oeil à l'auteur. Et si elle était criptée : "Cicéron c'est Pointcarré" ? Beaux jeux de mots. J'ai ri et Mata aussi. A l'époque, j'y associai le grand avocat romain, maître en éloquence, ami de César celui-là même qui fricotait avec Cléopâtre dont on dit le nez si long et le palais un nid d'espions. L'espionage, le plus vieux métier du monde ! Mais c'est un secret bien gardé : désinformation du contre-renseignement.

Or donc j'avais tort, car c'était bien sûr à Mata Hari célèbre espionne de la deuxième guerre mondiale et à son alter ego masculin dénommé Cicéron à qui il eût fallu me référer. Et s'il est avéré que les Pharaons avaient recours à des espions depuis la plus haute antiquité, plusieurs reconnaissent aux Anglais la plus grande maîtrise (si pas l'invention) pendant le second conflit mondial du contre-espionnage, de la désinformation et l'art du retournement ( à moins que les Grecs ? -;)) C'est donc sans surprise que bien des meilleurs récits d'espionnage devenus des classiques soient dûs à des écrivains de la perfide Albion. John le Carré en fait partie et des meilleurs.

Dans le miroir aux espions, l'auteur nous emmène au coeur des années soixantes, après la fameuse crise de la baie des cochons entre Cuba et les Etats-Unis; c'est la guerre froide et le moment de réanimer à Londres le service d'espionnage militaire longtemps laissé en hibernation. C'est à l'entraînement d'un espion auquel nous assistons et aussi à une belle guéguerre des services.

Ce livre paru après l'espion qui venait du froid est d'abord un climat. Et une atmosphère. Question de reprendre son souffle et de retrouver son rythme, pour le combat au couteau comme pour la transmission en morse. Retour en un temps où l'on enfilait gin et whisky sans honte ni modération mais avec entraînement et dignité. Nostalgie d'un temps où la qualité du suspens d'un roman ne se comptait pas en nombre de morts où en degrés d'atrocité. Juste histoire d'une petite infiltration comme pour distiller un poison...
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Qu'y a-t-il à voir dans le Miroir aux Espions ? Vingt ans après…les héros de John le Carré, au tournant des « sixties », ne sont pas aussi fringants que ceux d'Alexandre Dumas. Ont-ils d'ailleurs vraiment été héroïques ? Certains oui, d'autres moins. Et, c'est la triste vérité, les morts sont plus nombreux dans la première catégorie. Alors ceux qui restent se congratulent en se rappelant qu'ils ont gagné la guerre en formant et envoyant des agents sur le continent occupé. Lorsque la rédaction et l'envoi de leurs notes de frais leur en laissent le loisir, ils expédient des affaires qui, pour être courantes et peu exaltantes, n'en sont pas moins suffisantes pour leur permettre de s'imaginer toujours comme les fers de lance de la lutte contre l'ennemi à présent soviétique. S'ils jetaient un oeil au Miroir, ils pourraient y voir les « has been » qu'ils sont devenus.
Avec le Carré, on est plus proche De Balzac que de Dumas. Sa Comédie Humaine se limite au monde des services secrets mais ce sont bien les peines, les travers et les bassesses de l'Humanité qui nous sont exposées.
Résumons l'intrigue : ce service de renseignement de l'armée, florissant pendant la guerre, végète tristement lorsque lui parvient une information indiquant que des fusées seraient en cours d'installation dans le nord de l'Allemagne de l'Est avec pour cible les îles britanniques. Un Cuba bis, en quelque sorte, avec Londres en ligne de mire plutôt que Miami. Scoop formidable ou intoxication habituelle ? Une première tentative de vérification, pur cocktail d'amateurisme et d'improvisation, ayant conduit à l'échec programmé et mérité, on décide, avec l'aval du Ministère, plutôt que de laisser l'affaire au MI6 mieux équipé et organisé, de faire cavalier seul pour récolter les hypothétiques lauriers et subsides, gages de la renaissance du Service.
On racle les fonds de tiroir, on ressort le matériel de vingt ans d'âge (ce qui est excellent pour le whisky ne l'est pas vraiment pour un poste émetteur) et on finit par trouver un volontaire assez fou pour être jeté seul dans la gueule du loup avec la grandiose mission d'aller vérifier sur place, derrière le rideau de fer. N'en disons pas plus et laissons John le Carré déployer quelques uns de ses thèmes de prédilection :
Pourquoi un homme, apparemment sain de corps et d'esprit, sans aucun besoin d'argent et n'étant aucunement susceptible de prêter le flanc à un quelconque moyen de pression ou de chantage accepte-t-il de risquer sa vie dans ce genre de mission ?
Comment de simples fonctionnaires, sans autre talent notable que leur aveuglement, peuvent-ils se persuader qu'ils sont capables de réussir, du jour au lendemain, une opération qu'ils n'ont plus tenté depuis vingt ans ?
Pourquoi les médiocres, dépourvus du moindre charisme, réussissent-ils toujours à trouver et à persuader des courageux de faire ce qu'ils trouvent beaucoup trop dangereux pour eux-mêmes ?
Comment parviennent-ils à effacer de leur mémoire les victimes de leurs bavures en quelques secondes ? Comment réussissent-ils à s'endormir paisiblement avec comme seul stimulant une infusion de camomille ?
John le Carré ne raconte pas seulement des histoires d'espionnage, de peur et de solitude. Il dépeint la nature humaine et des hommes, qui doivent affronter, comme ils peuvent, ce que les autres ne veulent ni voir ni savoir !
Si vous avez eu l'occasion, dans votre carrière professionnelle, de faire partie du clan des « opérationnels » plutôt que de celui des «administratifs ou fonctionnels, comme on dit à présent», et même si, Dieu merci, votre métier ne vous a jamais amené, comme le héros de ce roman, à ramper dans les fougères, quelque part du côté de Lübeck, au pied d'un mirador truffé de Vopos armés jusqu'aux dents, cette citation est pour vous :
« Ils s'en fichent bien, eux, et il se souvint que rien ne comblait jamais l'abîme qui séparait l'homme qui partait de celui qui restait en arrière, les vivants des mourants. »
Great…comme la langue (voir les citations) et l'oeuvre entière de ce génial écrivain !
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Un roman intéressant...
On est à mille lieues de James Bond ou Langelot.
L'histoire bien plus réaliste nous présente un monde où chaque cellule d'espionnage est en rivalité, et ou les espions travaillent plus par fatalisme que passion ou conviction. Des Anglais désillusionnés, un polonais timide et anxieux, rêvant de faire partie d'eux, tels sont les personnages qui hantent ces pages. Quelques images de femmes également, fugitives, exclues de ce monde.

L'ambiance de d'angoisse montante, de ces préparatifs de mission dans un secret illusoire, au sein d'un monde en pleine guerre froide est fort bien rendue, et si l'action est absente la tension elle ne l'est pas.

Un bon roman, surprenant par son réalisme, et bien écrit.
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Un roman sombre dans lequel on retrouve le monde de le Carré. Des espions qui ne sont que des êtres humains, aux motivations complexes, dans un monde où la frontière entre les bons et les méchants n'existe pas. Et une très belle écriture, comme d'habitude.
En revanche j'ai été surpris et gêné par le nombre incroyable de fautes typographiques.
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Roman lourd, sombre. Je dirai même glauque.
En guise d'action, nous assistons à la mise en oeuvre d'une mission derrière le rideau de fer.
Tous ces agents sans noms, qui organisent, prévoient, prennent des risquent...
Nous percevons le manque de moyens, la peur voire la déprime avec le spectre de l'échec au bout du compte.
Et lorsque l'angoisse noue le ventre et pollue l'esprit, on ne réagit pas, plus, comme on le devrait. la machine se grippe et cale.
Evoluer en territoire ennemi, en l'occurrence la RDA, est difficile. La motivation nécessaire pour travailler dans de telles conditions requière une ténacité exceptionnelle.
Nous sommes bien loin de James Bond…
En fin de compte, un récit que j'ai trouvé intense et prenant non pas en terme de suspense mais en terme de réflexion à mener quand aux idéaux et aux valeurs de la société occidentale.
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Après la lecture de Retour de service, un des ultimes romans de John le Carré, je n'ai pas voulu en rester là, choisissant cette fois un de ses premiers, publié en 1965, peu après celui qui l'a rendu célèbre, L'Espion qui venait du froid.
Mon impression est meilleure que pour Retour de service. L'époque y contribue : nous voici plongés dans un monde d'espions dont certains ont connu la Seconde Guerre mondiale… J'ai apprécié le contraste avec les “tourne-pages” actuels. Ici, tout est lent, progressif, décrit avec ce qu'il faut de détails d'ambiance. La longue préparation d'un espion nous tient en haleine, avant un final d'une centaine de pages extrêmement âpre et cruel. Nous sommes aux antipodes d'un James Bond !
°
Étant (modeste) éditeur, je suis attaché à la forme. Je ne sais pas ce qui s'est produit lors de la réédition de ce texte, mais des erreurs de ponctuation (virgules) apparaissent parfois, ce qui m'a préoccupé dans les premières pages – comme des aspérités désagréables. Heureusement, elles cessent ensuite, devenant rarissimes. Exemples…
« Pour regarder sa montre, il fit, un grand geste du bras, un peu pour retrousser, la manche de son manteau… » (en haut de la page 16) ou « J'espère qu'on ne, va, pas à ce nouveau restaurant… » (page 167).
°
La fin est abrupte et lapidaire ! Et l'on y constate la différence entre l'anglais et le français concernant les adjectifs possessifs : c'est ainsi qu'une référence à « sa gorge » est ambiguë à la première lecture, alors qu'en anglais, "his" ou "her" est compréhensible immédiatement (vous le ressentirez, je crois, en lisant l'avant-dernière page).
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Un excellent livre d'un des maitres de l'espionnage excellent pour decouvrir l'univers de l'auteur avec un des themes preferes de l'auteur la lutte contre le cirque alias le KGB kes services secrets de l'ex URSS !
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Il s'agit d'une histoire d'espionnage d'après guerre ; le développement de l'intrigue me paraît trop long, je renonce.
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