Victor Sicard, qui fut au bagne entre 1911 et 1920, décrit ainsi son passage à Saint-Joseph : " J'ai attrapé trois ans de réclusion cellulaire. Voici le régime : vous êtes dans une cellule, tout seul, vous faites une heure de promenade par jour ; nourriture : le matin, à dix heures et demie, 750 grammes de pain, 100 grammes de boeuf avec 50 centilitres de bouillon sans légumes. Le soir, à seize heures trente, 60 grammes de riz et bouillon... ( Lever à cinq heures du matin, coucher à cinq heures le soir). Ce régime là amène le scorbut ; les dents tombent ; sur les jambes, sur tout le corps, on a de grosses plaques bleues ou violettes".
Le bagne est d'abord, dans l'opinion publique, le travail forcé. Définition simpliste : ne devons-nous pas, chaque jour, de notre adolescence à la retraite, nous rendre souvent contre notre gré, qui sur un chantier, qui dans un bureau, tel à son usine et tel autre à ses champs ? Et si on en croit la Bible, c'est d'ailleurs par suite d'une condamnation : Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front. Le travail serait donc une punition.