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3,88

sur 837 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un roman gothique précurseur du fantastique, envoutant et charmant. Les thèmes du fantastique, ses créatures et ses ingrédients permettent à cette novella (environ 130 pages de récit) d'ouvrir le bal : cimetières, nuit de pleine lune, château, tableau reprentant le portrait d'un membre d'une lignée... et évènements mystérieux. C'est le guide de la SFFF (Karine Gobled) qui m'a donné envie de le lire, et même si je ne suis pas une grande lectrice d' imaginaire c'est un roman accessible, car c'est un classique, canon du genre. Il est souvent analysé comme transgressif, surtout pour son époque (le dix neuvième siècle, quelques 26 ans avant Dracula), du fait de la romance lesbienne explicite, à la psychologie complexe .

Le roman est narré par Laura, la fille de dix neuf ans habitant un château isolé en Styrie (Autriche). Il s'ouvre sur une écriture pittoresque décrivant ce château, et le style de cet auteur irlandais coule, il se lit tout seul. Ce roman de vampire met en scène un "mal mystérieux", à la frontière du naturel et du surnaturel, du physique et du psychique. La science est à la fois convoquée (mention est faite de Buffon et un personnage secondaire est médecin) et défiée, quand au.

La contradiction, la dualité, voilà la clef du roman. Tantôt superstition dont on rit, faute d'être prise au sérieux, tantôt angoisse transcendant toute certitude et tout dogmatisme, tantôt frayeur, fascination et passion, amour tendre et fou, les contradictions sont au coeur même de la psyché des personnages. La trame est classique, bien menée, assez simple, mais on ne peut reprocher à l'un des fondateurs d'un genre d'être trop classique.

Les personnages ont tous un rôle à jouer, même secondaires, même l'apparition du mendiant qui rend Carmilla folle de rage. La psychologie est maîtrisée, et la romance lesbienne correspond à la fois au contexte de l'époque (Laura soupçonne très brièvement Carmilla d'être un jeune homme déguisé, mais ce soupçon dure à peine un paragraphe) et à une chose "naturelle" (dans le sens où le fait qu'il s'agisse de deux femmes n'est pas ce qui étonne le plus, du moins, dans l'écriture la narratrice ne fait pas tout un foin du fait que ce soit une femme. Elle s'attarde davantage sur la mystérieuse origine de son amante ou sur sa santé fragile). Sentiments contradictoires, et croyances contradictoires (l'Eglise ou la nature ?), et Carmilla n'est pas une horrible créature, elle est élégante, tendre et touchante. Sauf quand elle trouve dissonants les chants chrétiens de deuil, et fait par ailleurs preuve d'un grand mépris envers les pauvres paysans, elle même étant une noble femme d'un très haut rang.

Ce livre, c'est un canon. le fait de me laisser emporter dans ces "arts diaboliques" comme dit un militaire, père en deuil (sa fille fut emportée par cette mystérieuse maladie), d'avoir joué le jeu, de l'avoir lu d'une traite, fait peut être que j'en ressorte happée, il est vrai. Ne lisant pas ce type de romans, je m'émerveille peut être là où un lecteur aguerri se dira : "bon, encore une histoire de vampire". Donc mon avis est à prendre avec des pincettes, il n'émane pas d'une connaisseuse (alors que mes commentaires en "littérature blanches" sont plus fiables, à titre de comparaison). L'édition que j'ai lue en bibli compte une analyse à la fin, que je n'ai pas lue pour ne pas produire de critique biaisée, mais je la lirai dès que j'en aurai l'occasion. Rien que pour me replonger dans cette oeuvre que j'ai adorée.
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Carmilla est un court roman fantastique, paru en 1872. L'auteur nous plonge dans un cadre onirique, en nous transportant dans un château de Styrie, au coeur de la forêt. La narratrice Laura, une jeune anglaise, vit dans ce beau château avec son père, et elle se livre sur sa rencontre avec la mystérieuse Carmilla. Une amitié troublante s'établit entre les deux jeunes filles, Laura est fascinée par son amie, ce qui l'empêche de saisir pleinement le caractère étrange de son invitée.

J'ai beaucoup apprécié la lecture de ce roman. J'ai été séduite par le décor, l'ambiance. Les personnages sont attachants. Laura est touchante, par sa sincérité et son innocence ; Carmilla intrigue par sa nature redoutable, dissimulée sous sa beauté angélique. Roman gothique, amour, histoire de vampires… Un incontournable du genre.
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Roman peu connu mais qui mériterait de l'être. Ambiance gothique avec des personnages hétéroclites et en soit typique de cette époque.
L'originalité rien tiens ici sur le thème (l'un des premiers du genre) et l'ambiance portée par l'écriture. Personnellement, je le trouve bien l'ailleurs que Dracula de Bram Stroker.
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Une véritable petite perle du XIXe siècle où une jeune fille au milieu de la campagne autrichienne fait la rencontre fortuite d'une autre jeune femme à la beauté envoûtante, l'une et l'autre apprenant à se connaître au fur et à mesure que d'étranges évènements ont lieu dans les villages alentours.
Un très joli livre sur le désir et l'érotisme lesbien, bien qu'il soit écrit par un homme. Je suis contente d'être tombée dessus au détour d'une librairie.
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"Carmilla est l'un des premiers ouvrages qui, dans le cadre de l'Angleterre puritaine et victorienne du XIXe, ose traiter de l'homosexualité féminine, avec la trouble relation entre Carmilla, la brune voluptueuse, et Laura, la blonde effarouchée. Une grande sensualité se dégage de ce récit où tout n'est que suggestion. L'érotisme se mêle à la monstruosité (l'édition américaine de 1975 présentait Carmilla comme un roman « pervers »)."

Ceci est un extrait du préambule, très instructif sans être ennuyeux.

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Après avoir fini la lecture de Dracula, il est venu à ma connaissance que 26 ans plus tôt, un autre Irlandais avait écrit une histoire de vampire. Une femme, cette fois, et je le notai illico.

Laura vit avec son père dans un immense château médiéval comme on les aime, élevée par une fidèle nourrice, sa mère étant décédée peu après sa naissance.

Une poignée de domestiques y résident à demeure, mais vu l'immensité du domaine, l'enfant se sent parfois seule.

Les plus proches voisins sont tous à des dizaines de kilomètres à la ronde, derrière les immenses forêts qui entourent le domaine.

À 6 ans, Laura reçoit ce qu'elle qualifie d'étrange visite d'une fille magnifique qui la prend dans ses bras et lui fait une étrange morsure au cou.

Entre-temps, son père avait invité un ami et sa pupille à séjourner chez eux, à la grande joie de l'enfant, mais la nièce en question meurt subitement...

J'ai beaucoup aimé ce court roman.
Le style désuet m'a embarquée. L'auteur manie très habilement la plume.

Ambiance gothique, de l'amour comme s'il en pleuvait, des palpitations...

Tout ça pour la modique somme de 0 euro, l'oeuvre étant tombée dans le domaine public.

Je me suis régalée. À votre tour.
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Idée de départ / Accroche du début de livre : 9/10
Développement des personnages : 9/10
Style de l'écriture : 9/10
Rendu de l'histoire : 9/10

Total 36/40 Babelio 4,5/5

Petite pépite du genre qu'un vague contact virtuel m'a fait découvrir. Bien avant Dracula, il y a Carmilla qui brasse les mêmes thèmes avec la romance à fleurs de peau. Ce roman gothique nous fait plonger au coeur d'un univers parfaitement bien décrit. Pour ceux qui aiment les ambiances victoriennes gothiques dans la noirceur de leurs grandes bâtisses, ce livre est pour vous. Vous serez certainement touché tout comme moi par la justesse des mots et la tragédie. Carmilla restera un petit bijou à tous les niveaux. Merci pour ce livre m'a fée.
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Après que leur carrosse ait versé dans une ornière, un gentilhomme accepte d'héberger Carmilla, la fille d'une voyageuse ; la fille semble éprouvée par l'accident et la mère évoque l'obligation de poursuivre son itinéraire sans délai. C'est ainsi que Carmilla est introduite de leur plein gré dans la maison de ses hôtes qui ne tardent pas à être avertis d'étranges morts dans les environs depuis quelques temps. Les victimes sont prises d'une morbide apathie, voire d'étouffements. Laura, la fille du gentilhomme, est d'abord épouvantée de faire la connaissance de Carmilla qui ressemble étrangement à la femme qui est apparue dans l'un de ses plus angoissants cauchemars, mais elle finit par apprécier sa compagnie et succombe à son charme, à son envoûtement : Carmilla est si belle, si étrange, si mystérieuse. Bien que taisant de nombreux secrets sur ses origines, Carmilla lui promet un amour éternel !
**********************
Comme le livre précédent que j'ai lu de l'auteur (Le mystérieux locataire), Carmilla est un récit fantastique mais moins épouvantable cependant. L'histoire nous est contée par Laura elle-même, après la mésaventure d'avec Carmilla, ce qui donne au lecteur une invitation à la découverte de cette histoire formidable en compagnie de la victime.

Contrairement à la plupart des critiques lues sur ce livre, je n'ai pas trouvé Laura si naïve : elle est bien consciente du danger mais son esprit est victime d'hallucinations incontrôlables.

De même, je n'ai absolument pas déniché l'ombre d'allusion d'homosexualité ! Oui il y a des passages déclaratifs mais tout cela reste superficiel. Pour moi, Carmilla souhaite transformer Laura afin qu'elle soit elle aussi éternelle :
"...je vis de ta vie ardente, et tu mourras, oui, tu mourras avec délices, pour te fondre en la mienne. Je n'y puis rien : de même que je vais vers toi, de même, à ton tour, tu iras vers d'autres, et tu apprendras l'extase de cette cruauté qui est pourtant de l'amour. Donc, pour quelque temps encore, ne cherche pas à en savoir davantage sur moi et les miens, mais accorde-moi ta confiance de toute ton âme aimante. Après avoir prononcé cette rapsodie, elle resserrait son étreinte frémissante, et ses lèvres me brûlaient doucement les joues par de tendres baisers."

J'ai bien aimé ce court roman fantastique que l'auteur sort l'année avant sa mort. Ce personnage charmant et vénéneux qu'est la femme vampire inspira de nombreux auteurs (Bram Stoker et son Dracula par exemple), mais je reste avant tout admirative de l'invention et de la prose de l'auteur qui, je me répète, est l'un des plus impressionnants à mes yeux car il mêle l'étrange au comique. Voici la manière dont il présente le saltimbanque qui passe au château de Laura :
"Il avait aussi un violon, une boîte d'accessoire de prestidigitateur, deux fleurets et deux masques accrochés à sa ceinture, et plusieurs autres boîtes mystérieuses pendillant tout autour de lui. Il tenait à la main une canne noire à bout de cuivre. Un chien maigre au poil rude le suivait comme une ombre : mais, ce jour-là, il s'arrêta devant le pont-levis dans une attitude soupçonneuse, et, presque aussitôt, se mit à pousser des hurlements lugubres."

Ce personnage pourtant loufoque et atypique apporte l'humour nécessaire :
"Votre noble amie, à votre droite, est pourvue de dents extrêmement tranchantes : longues, fines, pointues – comme une alêne, comme une aiguille ! Ha, ha, ha ! grâce à mes yeux perçants, j'ai vu cela de façon très nette. Si la noble demoiselle en souffre (et je crois qu'elle doit en souffrir), me voici avec ma lime, mon poinçon et mes pinces. S'il plaît à Sa Seigneurie, je vais les arrondir, je vais les émousser : elle n'aura plus des dents de poisson, elle aura les dents qui conviennent à une si belle demoiselle. Hein ? La demoiselle est-elle mécontente ? Me serais-je montré trop hardi, et l'aurais-je offensée sans le vouloir ? En vérité, la demoiselle avait l'air fort courroucé, tandis qu'elle s'écartait de la fenêtre."

Je cherche d'autres romans de l'auteur qui m'inspire beaucoup et dont je me sens assez proche, comme j'aurais aimé écrire ceci, simple, efficace et tellement vrai !

"Mais les rêves traversent les pierres des murs, éclairent des chambres enténébrées ou enténèbrent des chambres éclairées ; et leurs personnages, narguant tous les serruriers du monde, font leurs entrées ou leurs sorties comme il leur plaît."

Pour finir, Le Fanu a fort judicieusement donné une fin raisonnable à son récit et je l'en remercie car je déteste les fins ouvertes ou qui s'achèvent dans la précipitation comme si l'auteur voulait se débarrasser d'un fardeau trop lourd.






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Joliment écrit, sensuel, avec une atmosphère belle et sombre à la fois, ce court récit fantastique se distingue par son aura profondément gothique et teintée de mystère. On y retrouve un vampire aussi fascinant que monstrueux, un être qui tire en partie sa force par son pouvoir envoûtant. On y découvre également une relation ambiguë entre deux femmes, touchante et destructrice à la fois. Bien qu'ancré dans son époque et peu "original" pour des lecteurs d'aujourd'hui, ce roman a su me transporter par ses mots et l'histoire qu'il raconte. Je m'étonne qu'il ne soit pas aussi connu que son successeur Dracula.
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Un classique gothique qui met en avant la figure du vampire, avant même le célèbre Dracula de Bram Stoker. Mais pas n'importe quel vampire, une femme qui ne s'attaque qu'à d'autres jeunes femmes, avec une sensualité sapphique qui a étonamment échappé à la censure.
En 150 pages à peine, Sheridan le Fanu esquisse un paysage sylvestre isolé entre ruines, château et brume, dans lequel vit une jeune femme solitaire. Jusqu'à l'arrivée de Carmilla, belle, intelligente mais souffrant d'une extrême langueur, une compagne qui fascine et repousse l'héroïne.
Une lecture parfaite pour l'automne, avec une magnifique plume (les descriptions !), vraiment un incontournable du style, loin des longueurs digressives d'un Melmoth.
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Après avoir lu le Vampire de Polidori, je me suis lancée dans la lecture de Carmilla.
Bien que seulement vingt ans sépare ces deux nouvelles, j'ai vraiment été frappée par le fait que Carmilla était beaucoup plus abouti que le Vampire.
C'est à dire que j'ai trouvé l'intrigue plus fine, les personnages écrits avec beaucoup de suspense ; l'auteur n'y allait pas à coup de massue et de gros sabots.
J'ai beaucoup aimé le style et la traduction, le récit était vraiment bien mené.
J'avais vraiment sentie qu'avec Carmilla, on commençait à entrer dans "l'ère du vampire", ce qui le caractérise, avec la tombe, la nuit, le clair de lune, la pâleur, les vieux châteaux et les vieux titres.

Lecture très agréable, à lire
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Publié en 1872, cette histoire est-elle antérieure ou postérieure au "Dracula" de Bram Stocker ?

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