Ce roman graphique invite à la flânerie dans le
Paris haussmannien au moment où les grands travaux n'ont pas encore transformé totalement la capitale.
Avec l'arrivée de Constance Desprez, jeune provinciale un peu candide à
Paris, à l'aube des évènements de la Commune, le récit nous entraîne dans les différents quartiers à la recherche de son fils enlevé sa naissance et placé dans un orphelinat.
Elle est aidée dans ses recherches par le jeune Darius, un orphelin débrouillard, clin d'oeil au jeune Gavroche de
Victor Hugo, et par le caricaturiste
André Gill, inspiré par un personnage réel. Ces deux nouveaux amis vont l'amener à croiser le tout
Paris du Second Empire, de la rue au salon mondain. Elle va ainsi côtoyer le temps d'un verre dans un café les artistes contemporains comme Monet, Manet, Renoir ou Nadar mais aussi l'écrivain
Zola. Les débats intellectuels et politiques qui traversent la ville à la veille de la Commune sont évoqués par la personnalité de Gambetta dont
André Gill est l'un des proches. La quête de son fils l'amène également à croiser la violence de la rue qu'incarne le policier véreux Fouque, les anciens bagnards ou le sort réservé aux femmes de mauvaise vie à la prison Saint-Lazare.
Les
dessins allient un trait fin noir à des teintes douces et feutrées pour reproduire avec une fidélité teintée de nostalgie des oeuvres picturales et photographiques d'artistes contemporains du Second Empire. le point fort de ce roman sont donc ces représentations du
Paris du Second Empire avec la représentation du
Paris moderne avec la gare Saint-Lazare et les scènes de rue des Grands Boulevards mais surtout du
Paris ancien des moulins de la butte de Montmartre aux tanneries du quartier de la Bièvre en passant par les salles du Louvre ou les jardins du musée du Luxembourg.
Si les tableaux de
Paris sont agréables à regarder, ce n'est pas la même chose pour le texte. le scénario pêche par l'absence de continuité dans le récit et le comportement parfois surprenant des personnages. L'action est parfois figée sur quelques vignettes rendant la lecture difficile. Les sentiments et les choix de Constance apparaissent parfois excessifs même si le lecteur la perçoit comme une mère blessée et endeuillée par la perte de son enfant. En effet, la violence qu'elle manifeste dans l'enlèvement de son fils par sa prise de position est incompréhensible tant elle surgit de nulle part sans que le scénariste ou la dessinatrice l'est manifestée d'une façon ou d'une autre précédemment dans le récit.