Quand je te rencontrerai
ce sera l’hiver.
Par ton corps fruitier
Passera le goût de la pluie,
l’odeur essentielle
de la mousse mouillée.
Quand je t’enlacerai
le printemps sera revenu.
Je cueillerai des paupières végétales
sous les premières moiteurs des arbres,
des effleurements tièdes
sur tes seins primevères.
Quand je t’embrasserai
l’été ouvrira ses volières de rosée.
Je te boirai,
m’inonderai de toi comme d’une cruche d’eau
après une journée de travaux
dans la poussière des charrois.
Quand tu seras nue enfin
l’automne se déhanchera
sur les échelles des nouvelles pluies.
Comme un oracle entre les pierres des fontaines,
je lirai, je me devinerai
dans les taches de rousseur de tes reins.
Je t’attendrai
dans une chambre
aux quatre murs de mer.
Ce sera
un dimanche d’automne,
avec ses fumées transparentes,
sa rosée encore bleue
qui te ressemble,
un dimanche où l’on fuit
sans jamais rien rattraper.
Où je suis creux
tu es pointe.
Où je suis vague
tu es sable.
Où je suis voix
tu es poème.
Où je suis cri
tu es plainte.
Où je suis blasphème
tu es prière.
Où je suis cercle
tu es centre.
Où je suis feu
tu es flamme et non cendres.
Je t’attendais dès le pays de notre enfance
quand tu étais une fillette
entre école et nuages,
et moi un garçon roux avaleur d’arc-en-ciel.
Sans nous connaître nous échangions
des paroles de silence et de cils
que je collais sur la carte d’une île
où nous élèverions des écureuils, des grillons,
une ânesse docile.
Chaque jeudi je t’apportais
des poussins d’un jour pour ton corsage,
des araignées pour souffler sur tes larmes,
des couchers de soleil qui t’ouvriraient les lèvres.
Je t’apportais mes mains encore muettes
et mon cœur qui délivrerait le monde.
Nous n’irons plus revoir la mer,
ses pagodes d’écume,
ses palais d’une seconde,
ses glauques forteresses,
nous n’irons plus à Tréflez.
Nous n’irons plus revoir les tempêtes,
nous baigner à sec dans les dunes,
nous faire garrotter par les tourbillons
et délivrer comme un poème,
nous n’irons plus à Tronoën.
Nous n’irons plus revoir les îles,
accueillir le dernier appel
des amours et des oiseaux
qui s’en viennent mourir au couchant,
nous n’irons plus à Ouessant.
Samedi 23 Février nous avons accueillis dans notre librairie Gérard le Gouic, venu pour nous parler de son titre "Au pays de Georges Perros" ! Voici quelques minutes de cette rencontre !
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