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Première incursion dans l'univers d'Ursula le Guin et je peux vous dire d'emblée que ce ne sera pas la dernière. Qu'est-ce qui m'a tant plu dans les dépossédés ? Je vais essayer d'être concise, sans rien oublier, mais ce n'est pas gagné. Déjà le style : impeccable et une histoire qui aborde une tonne de sujets tout aussi essentiels que passionnants dans un questionnement permanent.

Urras et Annares sont deux planètes qui se font face (chacune étant la lune de l'autre). La seconde, aride et inhospitalière, a accueilli les bannis et autres parias d'Urras qui ont instauré une société égalitaire où l'intérêt général est la suprême préoccupation de chacun, où le bonheur et le bien-être de l'un sont conditionnés au bonheur et au bien-être de l'autre. Les conditions de vie matérielles sont difficiles, mais chacun a, de par sa seule volonté ou prédisposition naturelle, la possibilité de devenir ce qu'il est ou souhaite. Étiquette accolée : « meilleures des sociétés possibles».

Pour Annares, c'est un peu comme sur terre : si la cuillère qui te nourrit est d'argent, grandes sont tes chances qu'elle le reste en vieillissant, peu importe que tu sois intelligent, débile profond, âme pourrie ou gentil Samaritain : le monde t'appartiendra et tu pourras joué dans la cour des rois. Par contre si ton berceau est de misère, espère que de dons ou de neurones tu n'aies point, tu pourras au moins croire que ton pauvre sort, tu mérites… Étiquette décollée : « Liberté-Egalité-Fraternité » à remplacer par ce que vous voulez, ça ne manque pas…

Et comme un pont faisant la liaison entre ces deux mondes : Shevek ! Un physicien surdoué d'Annares qui a mis au point une théorie scientifique, invité à en débattre et la partager sur Urras.

"Il n'avait pas eu d'égaux. Ici, au pays de l'inégalité, il les rencontrait enfin."

Mais voilà, les certitudes de Shevek vont petit à petit s'émousser et le fol enthousiasme du début va laisser place à une déconstruction des bases de chaque monde et de ces sacro-saints idéaux qui les tiennent à bout de bras.

On ne peut pas briser les idées en les réprimant. On ne peut les briser qu'en les ignorant. en refusant de penser, refusant de changer.

Le meilleur des mondes n'est pas forcément exempt d'inégalités et entre l'enfer et le paradis d'Urras se dessine malgré tout un entre deux… Sous le mot de liberté, utilisé par chacun de ces deux peuples, émergent deux visions différentes de société possible. La comparaison entre un communautarisme totalitaire passé et un libéralisme effréné actuel serait trop simple : Ursula le Guin me semble dépasser cette dichotomie pour nous inciter à penser autrement. Au-delà...

"Prouver notre droit par des actes, si nous ne le pouvons par des mots."
Lien : http://page39.eklablog.com/l..
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Après être tombée sous le charme de l'écriture d'Ursula le Guin avec Terremer, j'ai décidé de continuer ma découverte de cette auteur.
le seul exemplaire que possède la mediatheque ( ou je me fourni principalement en bandes dessinées) etait les Dépossédés.
Je l'ai donc emprunté et c'est seulement à l'issue de ma lecture que j'ai réalisé qu'en réalité ce livre est le cinquième tome du cycle de Hain !!! Rhaaa !! Moi qui déteste lire des cycles dans le désordre !!! C'est vrai que je n'avais pas vérifié...Et il est vrai aussi qu'on peut lire ce tome sans avoir lu les précédents...
Cependant, ce petit ecart par rapport à mes habitudes de lectrice ne m'a nullement empeché d'avoir etée à nouveau envoutée par le talent d'Ursula.
Quelle imagination ! quel talent !
Je trouve qu'il est difficile de restituer un avis sur cette histoire tellement elle est riche et complexe.
je vais déjà essayer de planter le décor.
Imaginez un monde composé de deux planètes. L'une est la lune de l'autre. Une est un monde aride, âpre ou la survie de l'individu est difficile sans la collectivité , où les gens se proclament libres et sans rapport de pouvoir. Ce monde se nomme Anarres...
L'autre est une planète regorgeant de ressources, où le capitalisme fait loi. Ce monde se nomme Urras...
Shevek, brillant physicien, va faire le choix de quitter Anarres pour Urras afin de pouvoir mettre en application ses théories.
Pendant toute la lecture de ce livre, on va suivre l'évolution de Shevek, ses choix, ses découvertes, ses réflexions....
Cette lecture , pas toujours facile, je dois le reconnaitre ( les parties consacrées aux théories très scientifiques de Shevek étaient la pour me rappeler que je n'étais pas toujours très douée dans ce domaine du temps de ma scolarité ) a cependant été un très beau voyage.
J'ai beaucoup aimé ce livre, les réflexions qu'amènent inévitablement cette lecture prouvent s'il en est encore besoin qu'Ursula le Guin est à classer dans la catégorie des grands auteurs...

Bon, entre temps, j'ai comblé mes lacunes : j'ai les 4 premeirs tomes de ce cycle sur ma table de nuit .

Challenge Poul Anderson / Ursula le Guin
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Le sous-titre anglais des Dépossédés est : "Une Utopie Ambiguë", et c'est bien ce que nous offre Le Guin dans ce énième chef d'oeuvre. À vrai dire, c'est la meilleure fiction que j'ai lue (et j'en ai lu pas mal) sur l'anarchisme.

Elle a pris le sujet assez au sérieux pour créer une "vraie" société anarchiste, pratique, vivante et loin des clichés hollywoodiens des amoureux du chaos et autres foutaises.

Mais elle a aussi pris le sujet assez au sérieux pour éviter d'écrire un pamphlet, contrairement à beaucoup d'autres (je pense par exemple au Pays de Fantômes de Margaret Killjoy). On n'a pas nécessairement envie de vivre dans cette société qui est aussi l'une des meilleures critiques de l'anarchisme que j'ai lues, qui montre les dérives possibles du modèle et ses limitations.

Le roman :
Urras est une planète un peu comme la nôtre. Il y règne un capitalisme plutôt globalisé. Certains pays sont sauvagement capitalistes, d'autres ont adopté la social-démocratie et d'autres encore un capitalisme d'État autoritaire rappellant l'URSS ou la Chine.

Or sur Urras, il y a un peu moins de 200 ans, il y a eu une révolution anarchiste qui a eu un certain succès. Assez pour faire trembler les Gouvernements, mais pas assez pour que ces derniers perdent la capacité de les massacrer s'ils le décidaient. Un marché a donc été conclu : les anarchistes seraient transférés sur la lune (habitable mais au climat difficile) de la planète, renommée Annare. Ils y seraient complètement souverains, mais les échanges entre Urras et Annare seraient maintenus au stricte minimum.

L'histoire : Shevek est un physicien d'Annare qui travaille sur une théorie qui révolutionnera la science. Un genre de Einstein neurodivergent avec des tendances un peu asociales selon les critères anarchistes. En introduction, on découvre qu'il est le premier anarchiste à quitter Annare pour se rendre sur Urras depuis la révolution. Une foule tente de le lapider alors qu'il se dirige vers le vaisseau. le reste du roman alterne entre 1- sa vie sur Annare l'ayant mené à ce point et 2- sa vie sur Urras après ce point.

1- Il est mal vu sur Annare d'avoir un "lieu à soi". le travail pour rendre la lune habitable demande à ce que les gens se déplacent constamment là où il y a à faire. Les couples monogames doivent parfois se séparer pendant quelque temps pour des travaux d'urgence lors de sécheresses. Il serait étrange de laisser un logis habitable vide que quelqu'un pourrait habiter derrière soi.

Mais Shevek est spécialisé en physique fondamentale. Il a besoin d'un espace calme pour travailler, faire ses calculs. Écrire des idées qui n'amènent rien d'utile à une société qui en arrache pour survivre. Bien sûr, il va régulièrement aider aux travaux manuels, pour faire sa part pour la collectivité. Il n'y est pas obligé, il n'y a pas de gouvernement pour le forcer. Mais c'est la bonne chose à faire.

Mais Annare est une société sans argent, sans réel moyens pour expérimenter ses théories. C'est aussi une société qui n'est pas si populeuse et qui ne vit pas assez confortablement pour avoir une horde de physiciens avec qui échanger, débattre de ses idées. Même s'il les publie, qui les comprendra? Il commence donc sa correspondance avec les physiciens d'Urras.

Un autre problème d'Anarre est que, en l'absence de bureaucratie, les corps de métiers sont constitués de syndicats donc les membres sont les travailleurs. Or, le syndicat des physiciens a pour membres les chercheurs que les théories de Shevek cherchent à réfuter. Vous voyez venir les conflits d'intérêt?

2- Shevek arrive sur Urras ou l'attendent un appartement luxueux, un emploi d'enseignant, et les prix en argent que ses publications ont gagnés en son absence. Il découvre le luxe, le confort et l'abondance. (Et pas de discours larmoyant ou de passages où le personnage est choqué en voyant la pauvreté sous le capitalisme. Le Guin est meilleure que ça.)

On y explore les conventions et les tensions sociales qui sont le fruit du capitalisme. Sexisme, classisme, nationalisme, mais aussi le flirt sous le patriarcat, le viol, la guerre...

Et pour arriver à ses fins (qui sont plus compliquées qu'il n'y paraît), Shevek devra naviguer à travers tout ça.
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Il ne suffit pas de supprimer la tyrannie pour être libre .

Dans l'univers de l'Ekumen ( un cycle dont tous les romans se lisent séparément ) deux planètes voisines .

Sur Urras des opposants rejettent en bloc une société basée selon eux sur l'injustice ... la contrainte .. la violence .
Ils partent sur Anarres et fondent une utopie ou l'argent n'a plus court et ou tous sont sensés s'épanouir et prospérer dans le respect mutuel .
Mais Annares n'est pas une planète facile , il y a un écosystème aride , beaucoup de travail prioritaire qui prend le pas sur le superflu .

L'utopie survivra-t-elle ? A-t-elle survécu d'ailleurs le jour où le lecteur la découvre ?

Il ne faudrait pas croire que ce roman est un manifeste politique .
C'est une superbe histoire avec beaucoup d'émotions et des personnages prégnants de réalités .
Il y a dans cette oeuvre de la vie .. de la violence politique .. des drames ... de la souffrance ... de l'espoir et des réussites et des échecs .

Ce monde est une anarchie et l'auteur s'est donnée la peine de la poser comme une anarchie fonctionnelle .
Il n'est donc pas question de communisme .....
Ce monde serra bouleversé de l'extérieur .
Un début de transition tumultueux nimbé de persécutions subtiles , de fuites , d'espérances et de de cruelles ( et risquées ) désillusions mais aussi d'espoir et de réussites .

Un roman vivant , qui va bien au-delà de son occasionnelle et infondée réputation de roman politicard .
Il n'y a pas de guerre froide entre Urras et Anarres : de la superbe indifférence et une revendication de contre modèle pour la deuxième .
Pas d'union Soviétique et pas plus les États Unis ( pas l'ombre ) ..
C'est un roman de SF authentique , nous sommes loin de la terre et de la SF prétexte .
...................................................................................................................
Pas l'ombre du moindre manichéisme à la place des personnes complexes et actives qui cherchent à vivre et à se repérer dans leur existences malmenées , qui cherchent à vivre et créer tout simplement .

Un roman solide et très soigné , ( mon préféré dans ce cycle : Planète d'exil ) .
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« - Les hommes parlent toujours de chez eux, de leur pays lointain... Mais vous n'êtes pas comme les autres hommes. Il y a en vous une différence.
- La différence de l'idée, répondit-il. »

Je lis les romans de Mme le Guin en suivant l'ordre chronologique et ils forment comme un arc-en-ciel qui monte régulièrement, toujours plus haut, plus haut. Avec les Dépossédés j'ai l'impression d'être quelque part dans le firmament de l'intelligence sensible, soleil et nuages de pluie se fécondant mutuellement et retombant en gouttes d'eau brillantes avec un vent qui ébouriffe.

Shevek, l'homme de l'idée - incarnant l'idée - le scientifique, l'idéaliste, trait d'union entre Anarres et Urras, deux mondes qui s'ignorent, chacun étant la lune de l'autre, et le paradis et l'enfer de l'autre, à la fois. Mais partout le ver est dans le fruit, la pomme est dans le ver, à moins que ce ne soit l'inverse, et Anarres est en Urras et Urras est en Anarres.

Je ne connais presque rien aux Kropotkine ou aux Bakounine chez qui l'auteure a puisé les bases de la société d'Anarres, mais je ressens une profonde tendresse de sa part envers sa création, une tendresse pleine de tragique et de lucidité. Pleine de réflexion.

Le roman s'intègre dans le cycle hainien, situé chronologiquement avant le Monde de Rocannon. Mais on peut le lire indépendamment.
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"Il y avait un mur. Il ne semblait pas important."

Et l'incipit aura tout résumé. le mur c'est ce qui sépare les mondes. Celui des anarchistes et celui des "possédants", puisque c'est de cela dont il est question. Mais le mur est aussi, et peut-être d'abord, à l'intérieur de chacun d'entre nous. Dans le désir de puissance, de reconnaissance et d'égoïsme qui traverse tout un chacun, et qui fait face à nos penchants pour l'égalité et la justice.

Cette tension latente entre individu et société, entre liberté et égalité, est classique en sciences humaines. Elle est plus rare en science-fiction. C'est tout le mérite de ce roman, parsemé de questionnements éthiques et de considérations métaphysiques sur l'altérité, la distance, le temps, la loi... C'est d'autant plus agréable que c'est bien écrit, et - chose plus rare pour de la science-fiction des années 1970 - que c'est bien traduit.

Les amateurs/amatrices d'action et de suspense en seront peut-être pour leurs frais, et risquent de ne pas franchir le mur. Ce serait bien dommage. Et ce serait, aussi, oublier que "ceux qui construisent des murs sont leurs propres prisonniers".
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C'est une lecture intéressante, difficile et ardue que je fais avec mon binôme Nadou. Une chance qu'elle m'y accompagne car je ne suis pas certaine, que je me serais rendue, jusqu'au bout. C'est ainsi, qu'avec ma copilote, nous faisons toute une plongée, dans tout un univers, que je ne soupçonne même pas. Je reconnais que ça fait un très bon moment, que je ne lis pas mes livres, de mon auteure fétiche d'Ursula le Guin. Encore une fois, je redécouvre et je suis conquise à nouveau par sa magnifique plume.

Captivant, Désarmant, Attendrissant

Dès les premières pages, on voyage avec le héros principal qui est Shevek. Il veut explorer une autre planète, pour faire lui-même sa propre idée. Qu'est-ce qu'il va découvrir? Est-ce qu'il pourra prendre sa place? Il est venu tout seul comme voyageur sans rien mais seulement lui-même. Il nous amène vraiment à voyager avec lui et il fait des prises de conscience.

L'auteure Ursula le Guin gagne vraiment des prix avec cet ouvrage : Hugo 1975, Nebula 1974 et Locus 1975. C'est écrit en 1974 et il est publié en 1975 puis c'est encore de l'actualité même aujourd'hui. Son livre «Les dépossédés» porte très bien son titre, elle aborde des thèmes qui lui tiennent à coeur et ce chef-d'oeuvre est considéré comme un grand classique de la science-fiction.
C'est difficile vraiment à vous décrire ce qu'est «Les dépossédés», je crois qu'il faut vraiment le lire. Ce que je ne trouve pas facile, c'est que les chapitres sont très concentrés, elle utilise du vocabulaire technique et on ne saisit vraiment pas tout. Il ne faut pas oublier que Shevek est avant tout un physicien.

«Pourquoi devrais-je faire don de l'oeuvre de ma vie à Sabul, à tous les Sabul, aux egos mesquins, avides et intrigants d'une seule planète? J'aimerais la partager. Je travaille sur un sujet important. Il doit être répandu, distribué…»

Dans l'ensemble, je suis satisfaite, on découvre les portraits de nos personnages et on doit se laisser porter par eux. L'auteure Ursula le Guin y excelle et elle nous fait voyager. La curiosité est vraiment plus forte que nous et on s'attache également à Shevek. Tu es aussi émotive car il traverse toutes sortes d'épreuves et il vient te toucher en plein coeur. C'est aussi rempli de nostalgie, de nature et surtout de poésie, au coeur de son destin.

Pour terminer, je le recommande aux adeptes de la science-fiction et je remercie mon amie pour ce vrai partage autour de ce livre, très spécial à mes yeux. Je ne m'attendais vraiment pas à cela et je suis heureuse, de me rendre à la fin, comme Shevek lui-même. Je souhaite à tous un aussi beau voyage, que fut le mien car il faut le lire, pour comprendre ce qu'est «Les dépossédés».

J'invite donc à aller voir sa très belle critique et je la remercie pour nos beaux échanges.

Siabelle
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Retour vers le passé, cette adolescence qui m'a vu dévorer Terremer parmi les premières traductions françaises de cette littératures honteuse mais tellement réjouissante venue des états-unis, je veux parler de la science fiction...
Celle-ci c'est de la SF que je qualifierais d'intellectuelle. pas de space opera, d'épée laser et d'hyperespace...
Les deux planètes, Urras et Annares sont des métaphores des deux grandes tendances de l'humanité, celles de l'individualisme et du collectivisme, capitalisme versus communisme.
C'est une vaste réflexion sur ce thème qui a toujours et sera, tant que les humains peupleront cette Terre, d'actualité.
Il y a bien une histoire, celle d'un physicien, Shevek, mais elle n'est que prétexte à un cheminement intellectuel plus vaste, philosophique.
Ce genre de science fiction, sans action spectaculaire, sans feu d'artifice, ne me semble plus trop exister en tant qu'oeuvre littéraire majeure aujourd'hui et je me demande qui peut encore aller lire ces pages par ailleurs très bien écrites.
Dommage, c'est typiquement le type de littérature qui a hissé la science fiction au rang de genre majeur de la littérature.
A noter la préface et la postface, toutes deux excellentes.
Un chef d'oeuvre.
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Anarres et Urras sont deux planètes proches sur lesquelles vivent deux sociétés antagonistes.
Sur Urras, les habitants profitent d'un climat agréable, propre au bon développement de la vie.
Territoire foisonnant et riche en vie animale, Urras voit sa société divisée en deux. D'un côté l'opulence pour les riches, de l'autre la misère et une vie de servitude pour grappiller quelques miettes jetées par la première catégorie. C'est le règne du capitalisme et du libéralisme absolu.
Près de deux ans auparavant, une partie de la population a décidé que cela ne devait plus durer et pour éviter une révolte meurtrière, les partisans de la réforme ont été autorisés à s'exiler sur la planète Anarres, certes terraformée, mais beaucoup moins accueillante que la planète-mère Urras.
Ces colons ont formé une société fondée sur l'anarchisme, sans gouvernement, sans hiérarchie et où l'argent n'a aucune valeur.
Shevek, un physicien d'Anarres a découvert une théorie qui pourrait révolutionner les déplacements dans l'espace. Convié sur Urras pour y recevoir un prix honorifique et présenter en personne cette théorie, il va découvrir pourquoi ses ancêtres ont fui Urras et, l'espère-t-il, redonner de l'espoir à celles et ceux qui n'en ont plus.

J'ai beaucoup aimé cette lecture.
Le style de Ursula K. Le Guin est fascinant. Elle offre une vision de deux sociétés antagonistes et brosse leur portrait sans complaisance. L'anarchie et ses petits bonheurs et le capitalisme sordide dans lequel l'exploitation de l'humain est omniprésente.
Sauf que…
Et c'est là que le génie de le Guin s'exprime. Dévoilant, pan après pan, les forces et les faiblesses de chaque politique, elle livre un récit ambigu dans lequel elle démontre les limites de chacun des systèmes.
Le regard naïf de Shevek sur les coutumes et les rapports humains dans une société à l'opposé de la sienne met en valeur les incohérences d'un système oppressif.
De la même façon, son histoire personnelle nous éclaire sur l'organisation d'une société anarchiste et les luttes qui existent tout de même entre les individus.
Un excellent roman que je recommande vivement.
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C'est toujours avec autant de plaisir que j'ai retrouvé la plume de madame Ursula K. le Guin !

Avec mon amie Siabelle, on s'est lancé dans la lecture de son roman «Les Dépossédés» qui fait partie du cycle de Hain, et qui fut écrit en 1974. On retrouve quelques éléments mentionnés dans d'autres de ses romans du cycle, mais il peut tout à fait se lire indépendamment.

L'histoire se déroule sur deux planètes, Urras et Annares, chacune étant la lune de l'autre. Le rapport entre ces deux planètes est particulier. En effet, à l'origine les hommes vivaient sur Urras, planète agréable à vivre par son climat tempéré. Mais société ultra-capitaliste, des révoltes se sont succédées et ont abouti à l'exil volontaire d'opposants vers Annares, planète au climat plutôt aride, pour y établir un autre mode de société où la liberté serait le point essentiel, une «expérience de communisme non autoritaire».

Dans ce cadre, nous suivons Shevek, habitant d'Annares et jeune homme doué en physique, mais qui est limité dans ses recherches par le manque d'équipements et de confrères sur sa planète. Aussi va-t-il se tourner vers Urras pour avancer dans son projet. Un choc pour lui au niveau du mode de pensée sociale...

Ce fut une lecture difficile au départ, les chapitres étant très longs et très riches en informations, mais qui devient progressivement addictive au fil des pages. Il faut dire que la qualité de l'écriture de l'auteure est à nouveau au rendez-vous dans ce roman ; elle nous permet de nous immerger totalement dans le décor et les paysages d'Urras et d'Annares.

Au-delà du projet scientifique de notre ami Shevek, ce roman est une réflexion et une quête pour la recherche d'une société idéale où chaque individu pourrait s'épanouir personnellement tout en oeuvrant pour le bien de la communauté. Il y est donc beaucoup question de fraternité, de solidarité, d'égalité face à la cupidité, au matérialisme et à la domination.

Une lecture passionnante qui alimente la réflexion sur notre société en ces périodes troublées où la question sociale est d'actualité.

Un grand merci à mon amie Siabelle pour les discussions générées par cette lecture. Ce fut une bien belle aventure...
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