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3,19

sur 160 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Alors que Linda Lê vient de décéder, dans le premier chapitre de ce roman choral, le personnage van raconte son enterrement.
4 personnages relatent les évènements qui ont conduit à ce drame et 4 parties sont nécessaires à l'autrice pour reconstituer l'histoire du Vietnamien van et de la Bretonne Lou, couple uni jusqu'à l'arrivée en France de la demi-soeur de Van, Ulma.
Le procédé narratif est un peu artificiel mais l'écriture sonne juste et analyse avec finesse les sentiments des uns et des autres. le personnage de Laure encore adolescente à la mort de son père est le plus émouvant. le même problème est à l'origine de grandes souffrances familiales : la quête d'identité et les conflits mère/fille.
Bonne lecture.
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Un récit fort, à la langue percutante et drôle, dans lequel trois voix féminines gravitent autour de l'amour qu'elles ont pour le même homme, qui lui s'exprime d'outre-tombe.
Il y a Lou, sa femme presque parfaite qui se nourrit sainement et fait du sport ; puis Laure, sa fille un peu grunge et paumée qui cherche sa place entre ce père atypique intello et une mère trop lisse ; enfin la fascinante Ulma, rencontrée un an avant sa mort, sa demi-soeur qui deviendra sa maîtresse et lui fera perdre la tête...
Et Van, le personnage central mort accidentellement, correcteur névrosé aux habitudes décadantes, fumeur invétéré mais homme au grand coeur - il a fui le Vietnam quand il avait 15 ans en laissant sa mère au pays -, est à mon sens la grande victime de l'histoire, mais reste débordant d'humilité alors qu'autour de lui valsent les tensions familiales cristallisées par sa mort : la douleur de l'abandon, la souffrance intérieure de ne pas trouver sa place en ce monde, la jalousie, les regrets et l'amour tant cherché...
Un magnifique quatuor familial, érudit et tendre.
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Van nous écrit d'outre-tombe. Sa femme l'a renversé en voiture, alors qu'il sortait de chez sa maîtresse.
Peu à peu, les trois femmes de sa vie prennent la parole: Lou, son épouse, plutôt classique, sa fille Laure, punkette gothique et Ulma, sa maîtresse, une belle eurasienne.
Sur une journée, du milieu de la nuit au crépuscule, chacun raconte son histoire, son identité, son rapport aux autres et sa vision des derniers mois.
Lou et Laure le font à travers leur journal et Ulma sur le divan de son psy. Chacun témoigne avec sa sensibilité et son propre langage, du plus soutenu au plus argotique.
La lame de fond de ce récit est une lettre reçue qui provoquera un séisme en révélant un secret et à l'origine d'une passion fatale.

Ce livre aborde la complexité de l'identité et des rapports familiaux, le deuil, la culpabilité, l'exil.
Van est d'origine vietnamienne, parfaitement intégré en France et ardent défenseur de la langue française. Il a d'ailleurs presque oublié sa langue maternelle. Lou a rompu avec sa mère bretonne et xénophobe qui n'a pas admis son mariage avec Van. Elle ne retournera jamais en Bretagne. Sa fille est métissée, tout comme Ulma née d'une aventure entre une mère française et un soldat viet-minh.

Je me suis laissée emporter par cette lame de fond, j'ai aimé la construction de ce roman et la richesse de la langue de Linda Lê et j'ai été touchée par chacun des personnages.
Encore un très bon roman de cette rentrée littéraire.

Lien : http://leslivresdechris.blog..
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Linda Lê nous place d'emblée dans une situation atypique puisque l'un des narrateurs, Van, nous parle de sa tombe. Et, encore plus étrange, c'est sa femme, Lou qui a lancé sa voiture sur lui alors qu'il sortait de chez sa maîtresse eurasienne, Ulma.
Tour à tour, chaque personnage (Van, Lou, Ulma et Laure la fille de Van) prend la parole.
" Je laisse derrière moi trois femmes auprès de qui j'ai appris la signification du mot AMOUR, amour conjugal, amour paternel, amour défendu, trois femmes que je n'ai probablement pas su aimer comme il fallait, puisque ce que je prodiguais à l'une, je le retirais à l'autre..."
Du fond de sa tombe, van explique son lien avec le Vietnam (une enfance un peu similaire à celle de l'auteur). Il a peu connu son père engagé avec les Nord-Vietnamiens, fidèle à Hô Chi Minh, qui mourra au combat d'une rupture d'anévrisme. Sa mère, francophile le pousse vers la culture européenne et lui fera quitter le Vietnam avant la guerre avec le Cambodge.
En France, il épouse Lou, fille d'une bretonne xénophobe. Passionné d'art et de littérature, il travaille comme correcteur pour des maisons d'édition. Depuis la mort de sa mère, plus rien ne le rattache à son pays d'origine. Jusqu'au jour, peut-être où il rencontre Ulma, fruit de la rencontre de Justine, paumée droguée et d'un vietnamien contestataire de passage à Paris.
" Ulma était, comme moi, double, une partie d'elle avait ses amarres, quand l'autre flottait à la dérive, une partie d'elle était à peu près au diapason, quand l'autre ne pouvait s'harmoniser avec rien."
Chaque personnage a ses regrets, ses blessures d'enfance. Laure, adolescente gothique en conflit avec son père, regrette son comportement et se rappelle tout ce que ce père de grande culture lui faisait découvrir. Comme van ou Ulma, elle cherche à présent ses racines.
Linda Lê allie le côté léger de certaines situations avec la profondeur des personnages partagés entre deux cultures et marqués par des enfances difficiles. Et j'aime lorsqu'un auteur enrichit mon langage (eschatologie, éréthisme, coquecigrues....), ma culture tout en me racontant une histoire.
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
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Quel plaisir de retrouver la plume de Linda Lê ! Après le complexe de Caliban et A l'enfant que je n'aurai pas, c'est son tout dernier, Lame de fond, qui m'a accompagné ces quelques jours.

Que ce soit un mort qui raconte son histoire m'a tout de suite semblé intéressant et intrigant. le récit est en fait choral car il alterne les voix de van (le père de famille), Lou (sa femme), Laure (leur fille) et Ulma (la maîtresse). van débute la prise de parole avec ce qui semble être une confession, celle de sa vie qui n'a pas été rectiligne et ni même tournée vers un même but, la justice. Fils d'un père vietnamien, c'est un déraciné qui a appris le français en s'installant dans sa jeunesse en France, grâce aux sacrifices de sa mère. Il y a trouvé une terre d'adoption accueillante où la culture s'est mêlée à son métier puisqu'il est devenu correcteur (ironie pour un expatrié). de sa rencontre avec Lou, s'est fondée une relation forte bâtie sur un mariage et la naissance de leur fille unique, choyée et portée à devenir une brillante jeune femme.
En somme, la relation familiale est on ne peut classique avec un duo de parents présent et avec leur progéniture, parfois très en rébellion. L'élément déclencheur qui fait basculer tout l'équilibre patiemment établi, c'est Ulma, l'intruse qui était bien là à l'enterrement. Quelle est son implication dans le malheur survenu? Quel lien entretenait-elle avec Van?
Le mystère ne demeure pas longtemps car on apprend que c'est Lou qui a renversé Van, de son plein gré et par jalousie fomentée dans le temps. le nerf du problème n'est donc pas de savoir qui a fait cela mais plutôt pourquoi et comment l'acte dramatique a-t-il pu avoir eu lieu.
Même si l'homme n'est plus, il a toujours voix au chapitre, entouré de ses trois femmes essentielles de son vivant. Car à l'heure où il faut aller de l'avant, chacun s'appesantit et prend sa part de faute et de culpabilité.
Je crois que ça ne se commande pas mais je suis extrêmement sensible au style de Linda Lê. Son ton n'est pas au jugement mais à l'expiation par la parole. Et elle raconte si bien !

Je la relirai car certains passages m'ont bouleversée comme celui-ci où la fille part d'un fait pour offrir une série de négations de tout ce que son père ne fera plus avec elle. Je me suis arrêtée en cours de page mais ça se poursuit encore et encore et c'en est obsédant. Quelque part, ça prend aux tripes !

Il y a les histoires d'amour, celles qui durent et celles qui, éphémères, peuvent tout briser. Ici tout y est et le quatuor infernal pourrait bien arriver à sa perte avec l'éviction du seul homme. Cela reste à voir et, seule certitude, c'est ingénieusement mené !

Linda Lê, une auteur à retenir ! La rentrée littéraire de septembre recèle bien des perles, preuve en est.
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J'aime la structure même du livre à quatre voix. Comme une histoire à facette, savoir comment une histoire est vue, vécue par les protagonistes. Ça tourne autour du sentiment amoureux quand il fait mal, quand il révèle, quand il fait grandir. Moment intense pour moi en résonance avec ce que je vis actuellement. Les mères peut être un peu trop caricaturales. Je ne veux pas dire qu'elles n'existent pas mais là ça fait un peu chaudron.
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Il s'agit d'un roman polyphonique, découpé en quatre grandes parties, elles-mêmes composées de 4 chapitres. Chaque chapitre reprend le témoignage d'un des protagonistes : Van, Lou, Laure et Ulma, la maîtresse de Van. Chacun raconte son ressenti face à la mort de van et se remémore des moments importants de sa vie. On découvre alors peu à peu comment la famille s'est disloquée, suite à une rencontre improbable mais inévitable.

Ce roman, largement autobiographique dans le traitement des personnages, m'a beaucoup touchée : le passé douloureux de Van, le cruel manque d'affection d'Ulma ou encore le mal-être de Laure sont racontés de manière assez poignante. Je ne connaissais pas Linda Lê et la lecture de Lame de fond a été une très bonne surprise ! Je pense donc me pencher rapidement sur le reste de son oeuvre.

Les thèmes développés dans ce roman sont assez noirs (l'exil, la guerre, l'absence de communication ou encore la trahison) et sont propres à la littérature d‘auteurs francophones d'origine étrangère. En effet, comme son personnage,Linda Lê est elle aussi une vietnamienne émigrée à Paris.

Le style de l'auteure est parfois assez difficile à soutenir, dans le sens où elle utilise de nombreux archaïsmes ou des mots assez rares, obligeant son lecteur à recourir au dictionnaire pour les comprendre. Par contre, elle a su adapter ses niveaux d'écriture à la personnalité de chacun de ses personnages, à tel point qu'il ne serait même pas nécessaire de préciser qui « parle » au début de chaque chapitre : van et Ulma ont un style plus verbeux, Lou utilise un vocabulaire et une syntaxe plus classique tandis que Laure reprend les expressions typiques d'une adolescente de 16 ans.

La lecture de ce roman m'a également donné envie d'en apprendre davantage sur l'histoire du Vietnam et l'Asie en général, chose que je connais fort peu.

C'est donc un très joli roman, parfois assez dur, que je conseille à ceux qui voudraient découvrir ce que nous réservent les auteurs francophones. A noter que, comme le reste de son oeuvre, Lame de fond a connu une très bonne réception auprès des critiques littéraires.
Lien : http://maghily.wordpress.com..
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Je n' avais jamais osé ouvrir un livre de Linda Lê jusqu'à aujourd'hui, sans doute intimidée par ces couvertures aux motifs abstraits qui semblaient présager un effort d'attention nécessaire.

Une fois franchie la couverture, le récit ne nous précipite finalement pas dans l'abstraction. le milieu est cultivé, certes. Il y a beaucoup de références obscures à mes yeux. le vocabulaire est original mais intégré, il ne tombe pas comme une paillette sur une motte de beurre.

Nous entrons plutôt dans un mille-feuille. Chacun des quatre protagonistes y donne de la voix tour à tour. Récits de l'incompréhension, des abîmes qui sous-tendent les apparences, de la transmission entre générations qui se fait malgré tout, mais pas forcément de la façon qu'on pense. Chacun défend sa petite part d'individualité, son confort précaire, se débat avec l'identité que ses proches dessinent pour lui et renforcent pour se rassurer.

Un débroussaillage psychologique organisé avec maestria et sans piapiater. Une lecture enrichissante.
Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Les chapitres, présentés à tour de rôle dans la bouche de l'un des protagonistes, clairement identifié (ouf), sont regroupés autour du déroulement d'une journée métaphorique (au coeur de la nuit, aube, midi, crépuscule), puisqu'en fait, ils se déroulent sur des mois avec des retours sur des dizaines d'années, et non sur le récit d'une journée. Une langue riche et ciselée, qui me convient beaucoup mieux que l'écriture trop familière de Les affreux de Chloé Schmitt. le récit est l'occasion d'aborder la question de l'émigration, l'histoire du Vietnam dans les années 1960-1970, de l'intégration dans la société française : la belle-mère bretonne n'a jamais accepté le choix de sa fille de vivre avec un étranger, van a perdu l'usage de sa langue maternelle et s'est toujours refusé à retourner au Vietnam. Si j'ai apprécié la lecture, c'est aussi parce que ces sujets ne me sont pas totalement étrangers, sinon, il me semble qu'il vaut mieux lire rapidement un livre sur l'histoire du Vietnam avant de se lancer dans ce roman dont la lecture nécessite un certain nombre de pré-requis historiques, mais aussi un bagage lexicologique conséquent.
Lien : http://vdujardin.com/blog/ar..
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Une lecture qui bouscule. Un mort. Quatre coupables ? même plus si l'ont prend en compte les géniteurs. On est aussi replongé dans un conflit vieux de cinquante ans qui a entraîné des manifestations mondiales. Un ouvrage qu'on ne lâche pas.
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