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J'avais découvert que le héros de ce livre, était André Chaix, dont le patronyme figure sur le mur de la maison acquise par l'auteur. Je voulais vérifier si ce jeune homme à la vie brève était apparenté à une autre famille Chaix, qui s'impliqua, elle aussi dans la Résistance, résidant dans le Vercors et dont une fille épousa un autre résistant venu de Lyon , qui fut l'ami de mon père. A priori non, le nom de famille Chaix est courant en France (cinq mille, selon l'auteur et plus de 50 Chaix figurent au fichier administratif de résistantes et résistantes du musée de la Résistance). Ce récit permet de rendre hommage à ce jeune drômois disparu tragiquement mais
Hervé le Tellier pousse beaucoup de portes qui s'ouvrent largement donnant à voir la vie quotidienne durant ces années de guerre, de rencontrer d'autres Résistants ( et oui, Camus est encore évoqué), de faire résonner d'autres drames, il nous livre ses réflexions, ses propres souvenirs liés à cette période de l'histoire ( visite de musée, film, lectures…) qui vont à la rencontre des nôtres.
Le 23 mai 2024, André Chaix, aurait pu être, peut être, centenaire.
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À un moment de son récit, l'auteur nous livre la clé de lecture de son dernier ouvrage : « Ce que je sais, c'est que sans ce nom gravé sur un mur, sans André Chaix comme fil à plomb, je n'aurais su explorer cette époque où la générosité et le courage ont côtoyé comme rarement l'égoïsme et l'abject. »
Il ne raconte pas uniquement l'histoire d'André Chaix, mais nous dit comment cette histoire permet de comprendre l'époque dans laquelle elle se déroule et pourquoi elle ne peut exister sans cette référence à l'histoire.
Résistance :
« (…) la résistance est loin d'être un corps chimiquement pur; C'est une nébuleuse que prendra son temps pour trouver son centre, si elle le trouva jamais. » André Chaix, comme un bon élève, porte sur lui les documents qui lui permettent de s'y retrouver dans cette nébuleuse. Hervé le Tellier analyse ces documents pour comprendre et nous faire comprendre les distinctions entre les mouvements politiques et les forces combattante qui leur sont rattachées.Francs Tireurs et Partisans ; Main d'Ouvre Immigrée ; Front National ; Mouvement Unis de la Résistance ; Armée Secrète ; Forces Françaises de l'Intérieur ; Conseil National de la Résistance
Ces documents racontent aussi « (…) les relations difficiles entre la Résistance intérieure et l'état major de De Gaulle. ». le général lors d'un défilé des FTP-MOI à Toulouse, «  (…) se montre méprisant, murmure entre ses dents : « Quelle mascarade… »
STO :
La volonté d'échapper au STO explique-t-elle, à elle seule, le choix des réfractaires à intégrer un mouvement de résistance ?
Artistes et écrivains pendant l'occupation :
« Il serait malvenu de décréter, des décennies après l'Occupation, qu'un comédien, une chanteuses auraient dû s'interdire de monter sur les planches , alors qu'on ne sait soi-même ni jouer la comédie ni chanter… »
Et Hervé le Tellier, de citer, Pierre Bayard et son ouvrage Aurais-je été résistant ou bourreau ? » mais aussi Stanley Milgram et son expérience démontrant que « Tout le monde ou presque peut devenir un bourreau, s'il existe une autorité supérieure pour le décharger de toute responsabilité. »
Soyons précis, le roman de le Tellier ne cherche ni à pardonner ni à excuser, simplement à comprendre et à démonter des mécanismes qui peuvent se mettre en mouvement y compris dans notre société.
Il propose une analyse implacable de ce que j'appellerai l'arithmétique ou la statistique sociale, face à l'occupant et à ses oukases, les réactions des individus se répartissent selon une courbe de Laplace Gauss. Aux asymptotes peu de résistants et de collabos, et au centre une masse de personnes - dont les réactions oscillent selon les événements - pouvant faire preuve comme déjà cité de générosité et courage ou d'égoïsme et d'abject. 
Chaque individu se comporte en fonction de son appartenance sociale, de sa culture, de ses intérêts économiques.
En citant l'exemple des auteurs qui acceptent d'être publiés, pendant la guerre, aux éditions Balzac, société résultant de « l'aryanisation » des éditions Calmann-Lévy le Tellier répond à la question du choix individuel et de sa signification. Ce fut le cas de Jean Anouilh et Brasillach

Dans ce roman, le Tellier fait oeuvre pédagogique. Il renoue avec la tradition des auteurs qui ne se contentent pas de raconter pour divertir mais racontent pour faire réfléchir, pour alerter, pour mettre en garde.
Dans ce sens cette lecture est une lecture salutaire qu'il convient de prescrire au plus grand nombre…
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Après le triomphe absolu de L'Anomalie, le champ des possibles s'ouvrait très largement pour Hervé le Tellier, assuré, quoi qu'il écrive, d'être suivi en nombre. Mais de cet auteur à la reconnaissance tardive, ne fallait-il pas attendre l'inverse de son livre à succès, à savoir un texte dénué de la flamboyance de la fiction mais sur un sujet au coeur de ses préoccupations ? Résister aux idées fascistes et à leur résurgence sournoise est quelque chose qui le meut depuis toujours et s'il n'a découvert l'existence de André Chaix que par hasard, peut-être que ce n'en est pas un et qu'il était destiné à rendre hommage à ce garçon drômois fauché peu après ses 20 ans, un jour de 1944. le nom sur le mur est un livre hybride : pas une biographie historique ni un essai mais l'évocation d'une vie et d'une époque où choisir l'engagement signifiait mettre sa vie en péril. Hervé le Tellier dit ce qu'il a appris sur cette brève existence dans une Drôme de guerre, avoue ce qu'il ignore, imagine parfois et contextualise une période qui s'éloigne de plus en plus dans le temps et dont il ne faut pourtant jamais oublier ce qu'elle a été, en guise d'avertissement pour le futur. le livre en dit beaucoup sur André Chaix, sur la Résistance et sur l'idéologie nauséabonde qu'elle combattait, et un peu sur l'auteur lui-même, de manière humble et pudique. le nom sur le mur, s'il est ouvert à de nombreuses digressions et à une variété de tonalités, y compris l'humour, ne perd jamais de vue l'essentiel de son propos autour d'un héros qui ne se considérait sans doute pas comme tel, un simple humain dans un monde qui alors ne l'était pas.
Lien : https://cinephile-m-etait-co..
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Un village immobile à travers les temps.
Un achat immobilier.
Une plaque découverte au mur de la maison.
Un nom : André Chaix.

La curiosité l'emporte.
De qui s'agit-il?
Le même nom se trouve sur la plaque commémorative du monument dressé aux morts de la seconde guerre mondiale.
Il faut savoir.

Et l'auteur interroge, rencontre.
Et les mots s'écrivent.
Hervé le Tellier crée une conversation entre lui et le lecteur.
Il nous livre l'histoire de ce jeune résistant oublié.
Il amène son souvenir à travers les années passées où se diluent dans le temps tant de noms perdus dans les limbes de l'Histoire.
Un nom pour plusieurs et nous plongeons dans cette époque où les chants patriotiques galvanisaient ceux et celles qui combattaient la tyrannie.

Nous croisons les souvenirs de l'auteur suscités par des mots, des noms, des endroits mais aussi le rappel de la collaboration, le fait politique, les ignominies jusqu'à la nausée et la tolérance mise à mal.
L'auteur nous offre de magnifiques phrases concernant cette tolérance et la mansuétude.

Nous croisons ce qui constituait la vie d'alors : chansons, cinéma, lieux, atmosphères, menaces, horreurs…
De si jolis lieux, le ravissant sourire d'un jeune homme qui s'apprête à aimer au-delà de la dureté des temps…
Une vie broyée comme tant d'autres dans ce conflit qui résume tous les conflits.

Le livre touche par son humanité, ses courtes digressions qui plus que de grandes diatribes touchent notre humanité jusqu'à l'émotion et font connaître ou apprennent à connaître la folie des hommes telle qu'on peut encore l'observer en nos jours incertains.

« Rien n'est jamais acquis à l'homme
Ni sa force, ni sa faiblesse, ni son coeur
Et quand il croit ouvrir les bras
Son ombre est celle d'une croix » … Louis Aragon

Voilà ce qui trottait dans ma tête après cette lecture.


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Avec l'achat d'une maison qu'il voulait de famille, Hervé le Tellier découvre l'histoire de celui qui y a habité. La maison est située dans la Drôme provençale à La Paillette, un quartier de Monjoux à côté de Dieulefit. Lentement, le lecteur remonte avec l'écrivain à ses côtés, la vie d'André Chaix. Il est né en 1924. Il vivra 20 ans, 2 mois et 30 jours.

A partir des objets retrouvés appartenant à André, Hervé le Tellier fait revivre toute une époque, celle de l'engagement d'André dans la Résistance, en France, lors de la Seconde Guerre Mondiale.

Hervé le Tellier est un formidable conteur. Non seulement, la vie de ce jeune résistant, emporté par la Grande Histoire, est détaillé à partir des menus objets retrouvés, de minuscules photographies, des extraits de journaux, mais c'est toute une époque qui défile devant nous.

Tout est prétexte à la digression et c'est savoureux. André avec Simone, sa belle, devait aller au cinéma et c'est Marcel Carmé qui s'invite dans le récit. André a travaillé deux ans comme céramiste dans le bourg de Dieulefit qui était devenu le village refuge d'un certain nombre d'enfants orphelins mais aussi d'artistes et d'écrivains. Hervé le Tellier nous en présente quelques uns. Ect…

Pour que la commémoration de la naissance d'André Chaix ne soit pas qu'une énième célébration, oubliée dans le flot continu des nouvelles qui nous abreuvent et nous asphyxient, Hervé le Tellier rappelle ses positions par rapport à la banalisation des partis européens d'extrême droite et plus précisément en France. Et, cela fait un bien immense !

Et concluons avec Hervé le Tellier « Ce que je sais, c'est que sans ce nom gravé sur un mur, sans André Chaix comme fil à plomb, je n'aurais su explorer cette époque où la générosité et le courage ont côtoyé comme rarement l'égoïsme et l'abject. »
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Beau texte, vivant et habité qui rend hommage, à travers l'histoire simple de ce jeune maquisard de la Drôme mort à 20 ans, à tous ceux et celles qui ont résisté.
Et si tout a été probablement écrit, ce rappel mémoriel des differentes positions des français et notamment des personnes se rattachant aujourd'hui au FN/RN demeure d'une actualité vibrante, et salue la fraternité et l'amour qui unifiaient ces hommes et ces femmes par delà leurs origines.
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Intéressée par les périodes les plus sombres de notre histoire au cours desquelles la bravoure et l'humanité se sont confrontées à l'infamie, je me suis dit, en ouvrant « Le Nom sur le mur », que j'allais lire un énième livre auquel la production littérature nous habitue ces derniers temps, avec plus ou moins de bonheur, en s'emparant d'un personnage réel pour créer un « roman » mêlant faits authentiques et inventés.
C'est un « objet » différent que nous propose l'oulipien Hervé le Tellier, homme sans racines comme il se définit, à la recherche d'une « maison natale » pour s'inventer une filiation.
C'est non loin de Dieulefit qu'il pose ses valises. Gravée sur l'un des murs de sa nouvelle demeure, il découvre une inscription en majuscules : ANDRÉ CHAIX.

Quelque temps plus tard, en déambulant dans les rues de son village, il s'arrête devant le monument aux morts. Y figure la même épigraphe accompagnée des dates mai 1924 – août 1944.
La double découverte l'amène à en savoir un peu plus sur ce jeune homme trop tôt disparu. C'est cette courte existence qu'il va nous raconter à partir de sources avérées et d'une boîte contenant « beaucoup de choses, toutes précieuses et minuscules », des poussières de vie, dont des lettres et des photos d'André. Hervé le Tellier va ajouter à ce récit sa patte d'écrivain en inventant ce qui n'a été ni dit ni transmis.
Sa curiosité pour ce résistant tué par les Nazis s'étend à un intérêt pour une époque « où la générosité et le courage ont côtoyé comme rarement l'égoïsme et l'abject ».
En se plongeant dans ces moments où les Français se sont fracturés, c'est un cadeau que l'auteur fait au lecteur.
Agrémentée de clichés du héros tombé dans les abysses de l'histoire, la narration vagabonde dans le temps au moyen de digressions toujours pertinentes : de l'organisation de la résistance pendant la guerre à un pont avec la situation actuelle avec son lot pernicieux de populisme et de nationalisme (lire les pages édifiantes sur le parcours de ceux qui ont fondé le FN en 1972) en passant par des considérations sur la banalité du mal et la manipulation des masses ou encore par le « blanchiment » de la collaboration pour faire croire en une unité nationale illusoire.
Avec ce tableau à la fois intime, historique, politique et philosophique, Hervé le Tellier a composé un texte intelligent et touchant qui a la grâce, celle d'un garçon sacrifié sur l'autel de la liberté, cette liberté que nous devons préserver à tout prix.

EXTRAIT
Je crois que j'ai voulu donner du sens à mon regard pour pouvoir sourire toujours avec fraternité face à ton nom sur le mur.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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Heureusement que ce texte de Hervé le Tellier est court. A tirer avec l'auteur sur la pelote de la courte mais dense vie d'André Chaix, vous allez en oublier la vie quotidienne. Impossible d'interrompre la lecture. Bien écrit comme si nous étions avec l'auteur à regarder ce nom d'André Chaix gravé sur le mur de sa maison familiale. On a envie d'en savoir plus sur le maquis Morvan, colaborateurs comme résistants. Quel bel hommage à ces combattants pour la libération de la Drôme du joug nazi et pour ces habitants silencieusement héroïques de ce village de la Drôme, Dieulefit et son histoire d'atelier de céramistes. Bien écrit, avec pléthore de références, digressions pationnantes, cet ouvrage laissé un goût de trop peu comme le peu d'effets personnels d'André Chaix dans le coffret de souvenirs.
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Lorsque l'ancien relais de poste du hameau de la Paillette dans la Drôme devient « la maison natale » dont Hervé le Tellier rêvait depuis longtemps, le passé de ses pierres est déjà un appel à évoquer les traces de l'histoire. La sensibilité de l'auteur est prête ainsi à les suivre et la lectrice que je suis a embrayé le pas. L'exercice fut aisé tant l'écriture du récit se prête à suivre la pensée de l'auteur qui vagabonde de lien en lien pour trouver au temps qui passe des accroches invisibles, pseudo- digressions lourdes de sens. Tout converge dans le récit d'Hervé le Tellier pour relier notre présent à ce qui l'a déterminé hier, dans le combat d'hommes et de femmes qui ont choisi de dire non à la barbarie nazie alors qu'elle s'imposait dans le pays.
La force du récit, qui fait sortir André Chaix de l'oubli, réside bien dans cette liaison entre hier et aujourd'hui et dans la volonté tenace de l'auteur de rechercher les traces de ce qui a forgé l'abîme
Il n'écrit pas une biographie, ni un roman historique, il livre ici un texte profondément humaniste, qui met en garde sur la fragilité des acquis démocratiques .
« Mais à regarder le monde tel qu'il va, je ne doute pas qu'il faille toujours parler de l'Occupation, de la collaboration et du fascisme, du racisme et du rejet de l'autre jusqu'à le destruction.
Alors, je n'ai pas voulu que ce livre évite le monstre contre lequel André Chaix s'est battu, ne donne pas la parole aux idéaux pour lesquels il est mort et ne questionne pas notre nature profonde, notre désir d'appartenir à plus grand que nous, qui conduit au meilleur et au pire »
Au-delà du centenaire de la naissance d'André Chaix, mort à 20 ans, avec 6 autres combattants FTP, à Grignan au chemin des Lièvres, sous les tirs d'une colonne de chars allemands, Hervé le Tellier éveille ses lecteurs à la vigilance et l'engagement au présent contre toute négation de la dignité humaine.
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Un texte court et percutant qui mêle réalité et fiction et nous plonge dans ces terribles années de guerre, où des jeunes sont morts alors qu'ils auraient pu avoir une belle vie. C'est un peu simpliste comme raisonnement, j'en conviens, mais c'est tellement vrai. Et tellement d'actualité alors que l'on sacrifie aujourd'hui encore des vies en réponse à la folie d'un homme, à son égocentrisme ou à une idéologie bâtarde.
L'auteur nous parle d'un homme, mais il aurait pu en évoquer bien d'autres qui ont défendu leur pays au prix de leur vie. André Chaix semble bien sympathique et ne méritait pas cela. Merci Monsieur le Tellier de nous l'avoir présenté !
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