Karine LEBERT, que j'ai découverte avec
les amants de l'été 44, sort de sa zone de confort avec ce roman qui est un beau thriller psychologique, et pour un premier essai dans ce genre, c'est parfaitement réussi.
Isaure et Lucille sont jumelles, de vraies jumelles très difficiles à différencier physiquement, pourtant côté caractère et façon d'être, elles sont aux antipodes. Isaure est le mouton noir de la famille, elle n'a pas vraiment réussi dans ce qu'elle entreprenait, possède des talents non exploités et surtout, elle n'a jamais été encouragée par ses parents, elle à fini par quitter la France à l'adolescence, sans aucun regret pour sa jumelle avec qui elle ne s'entendait pas, sans jamais donner de nouvelles aux parents qui lui préféraient sa soeur.
Lucille ne cumule que du positif, elle est bien dans sa peau, très sexy, charismatique et surtout très riche, elle a, hérité d'une jolie maison sur l'Ile d'Yeu qui appartenait à son défunt mari. Elle est sportive, aime le shopping, les soirées entre amis, une femme totalement accomplie à qui tout réussit.
Ce matin de février 2010, Isaure est de retour après des années à l'étranger, elle est seule, sans argent, sans endroit où loger, sans réelle perspective d'avenir, elle a suivi discrètement sa soeur jusqu'au lac du Jaunay, elle ne sait comment l'aborder, elle l'épie, se cache car elle ne veut pas être vue, Lucille s'adonne à son sport favori, la moto, elle fait des figures de style sur un ponton où l'engin est interdit, c'est glissant, elle fonce et c'est l'accident, elle tombe dans le lac glacé.
Que peut-il bien se passer dans la tête d'Isaure à ce moment précis ? elle est en panique, tente de retrouver sa soeur pour lui porter assistance mais sans succès, Lucille doit déjà être au fond du lac, Isaure ne réfléchit pas ou peu, tout à coup, elle décide d'endosser l'identité de sa jumelle, elle compte récupérer l'argent de son compte bancaire, vendre la maison de l'Ile d'Yeu et s'enfuir loin.
Tout semble parfait, après tout, qui se rendra compte que c'est Isaure qui se cache sous les traits de Lucille ? personne, elles sont identiques et Isaure a disparu de la circulation depuis trop longtemps pour que l'on se pose la question, mais…. Isaure a peut-être négligé quelques détails qui n'en sont pas et qui pourraient tout faire basculer. Et là,
Karine Lebert nous embarque dans la supercherie d'une façon magistrale parce que des tas d'embûches se dressent sur la route d'Isaure, à commencer par le plus important et inattendu, un bébé, celui de sa soeur dont elle ignorait l'existence !
C'est là que commence la solidarité et l'empathie du lecteur pour l'héroïne, c'est incroyable comment on peut soutenir Isaure dans sa démarche alors qu'elle usurpe quand même une identité et qu'elle ment à tout le monde ! c'est l'histoire d'une revanche, celle d'Isaure qui a été brimée dans sa jeunesse, ignorée par des parents qui valorisaient sa jumelle, une Lucille infecte et nombriliste qui faisait cavalier seul et n'hésitait pas à enfoncer sa soeur. L'auteure nous promène habilement entre présent et passé et nous dévoile la jeunesse des jumelles, les passe droit de l'une, les déceptions de l'autre, l'injustice, et la façon pitoyable des parents quant à la différence de traitement entre les deux soeurs.
Puis arrive le stress, il y a tant d'écueils à passer pour atteindre le but fixé qu'on se dit qu'à un moment donné, Isaure va trébucher et ça sera terminé. L'atmosphère est assez anxiogène et pesante, digne des bons thrillers parce que bien sûr il y a du rebondissement. Si dans la première partie du roman Isaure tire plutôt bien son épingle du jeu en jouant continuellement avec le feu, arrive des moments plus scabreux où il faudra peut-être un petit coup de pouce du destin, mais je n'en dirai pas plus, ça serait trop en dévoiler. Je peux juste vous dire que c'est du bon stress, on a peur parfois, c'est délicieux, très addictif, on est accroché au livre, on retient notre respiration, on termine en apnée, j'ai adoré !
Bravo à
Karine LEBERT pour ce roman qui se lit très vite, trop à mon goût, on veut connaître la fin alors on carbure mais quand on en voit le bout, on aimerait que l'histoire continue, c'est très paradoxal finalement. Un bon roman que je vous conseille !
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