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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un coup de coeur pour ce roman noir qui n'est ni un roman policier avec une enquête et l'élucidation d'un crime, ni un thriller. C'est un roman qui vous plonge dans les vices d'une société, et qui, même s'il met bien le crime au coeur de l'intrigue, ne laisse que peu d'espoir : l'identification du coupable ne changera pas la face du monde pour autant.
Free queens nous emmène au Nigéria, pays très pauvre et où les perspectives d'avenir sont assez limitées, « un enfant magnifique et insatiable né du viol colonial et de l'union forcée entre des peuples incapables de s'entendre. Depuis l'enfant avait grandi jusqu'à devenir un monstre incontrôlable, répandant rancoeur et haine dans le coeur des hommes ».
Gros bras = bodyguards ou voyous en tous genres, belle plastique = prostitués. Ajoutez à cela un gouvernement corrompu, des flics véreux, des tensions ethniques et religieuses et vous obtenez ce roman aussi dérangeant que plaisant.
Très documenté, l'auteur s'est inspiré de "l'aventure" Heineken et y a lié le problème de la prostitution, des droits des femmes (notamment à la parole), de la violence policière.
Un magnifique roman que je ne peux que vous conseiller. Je suivrai avec intérêt cet auteur!
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Dans son précédent roman Leur âme au diable, Marin Ledun avait fait oeuvre d'investigation quasi journalistique sur le sujet de la femme objet de publicité, lorsque l'attraction de son corps devient argument de vente pour un produit. Il récidive avec une présentation africaine des méthodes de vente au Nigéria : cette fois la bière a remplacé la cigarette. Cependant nous avons bien un livre original dans son traitement, son sujet et son style, moins journalistique et davantage romanesque. Même si le parallèle entre ces deux titres est évident sur les messages que souhaite partager l'auteur, les manifestations et l'organisation de l'engouement pour le bière et l'exploitation des jeunes filles est fort probablement pour la plupart d'entre nous, une découverte. Nous savions que les proxénètes européens, français notamment, se fournissaient en main-d'oeuvre auprès de familles miséreuses, qu'il n'est pas réjouissant de naître fille au Nigéria, cependant le volet local de l'organisation de la dépendance et de la corruption des hommes de pouvoir était moins médiatisés. Donc postulat un : les filles doivent être prises en main par le système de proxénétisme local et international. Postulat 2 : hors la consommation de bière de sorgho produite par des travailleurs exploités à la solde des amis du pouvoir, point de salut. Il y a un véritable esclavagisme des êtres humains à tous les étages !
Des agents des forces de police nous ouvrent les portes d'un trafic et de dissimulation de preuves et nous assistons, spectateurs, aux pires manigances et maltraitances. A la suite de son évasion d'un réseau de trafiquants à Paris, une jeune Nigériane, Jasmine, va être contactée par Serena, une journaliste qui décide d'enquêter à Lagos et d'approcher les associations humanitaires de défense des femmes, notamment Free Queens. Nous allons être immergés dans une lutte d'influence des puissances financières étrangères, prêtes à corrompre les politiciens, acheter des jeunes filles pour les prostituer au Nigéria ou en Europe. La finance aura-t-elle le dernier mot face à l'acharnement douloureux des militantes et d'un policier intègre agissant en sous-marin parce qu'écarté de l'enquête, contraint de demander une mutation. Qu'en sera-t-il de la parole des victimes, du sort des familles maintenues dans l'ignorance ? La corruption, payée par le nouveau carburant qu'est la bière, présente dans toutes les strates du pouvoir et de son administration, sera-t-elle confortée comme valeur incontournable ?
Bouleversante de cruauté et d'humanisme, cette immersion de plus de 400 pages, exotiques et universelles, m'a beaucoup appris. Son dénouement est déroutant et inattendu. J'ai particulièrement apprécié l'efficacité du ton sans voyeurisme, le suspense de cette intrigue africaine très documentée et les personnages féminins inoubliables. A lire sans modération !



Lien : https://collectifpolar.blog/..
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La 1ere fois que je lis un livre comme celui-ci. Un livre sur un réseau de prostitution africain vers l'Europe au goût amer de la misère et de la bière.

Paris 2019. La journaliste Serena Monnier sauve une prostituée Nigériane des griffes de ses proxénètes.
« Je m'appelle Jasmine Dooyum, dit-elle d'une voix franche. Je vais bientôt fêter mes quinze ans et je veux vivre ».
« Tu es journaliste, tu es une femme, tu es une citoyenne française, tu peux raconter ce que j'ai vécu, le monde entier t'écoutera et te croira ».
Serena Monnier n'hésite pas à se rendre à Lagos pour enquêter sur le réseau de proxénétisme, qui l'avait ramenée pour faire d'elle une esclave sexuelle, alors qu'elle n'avait pas encore quatorze ans.
Elle découvre que le réseau a des accointances avec une puissante multinationale de la bière.

J'ai été horriblement choqué par les méthodes du réseau qui a recruté Jasmine et des milliers d'autres Jasmine. Même les familles peuvent être complices.
« La veille de son départ pour l'Europe, la victime devait signer un pacte de fidélité et de non-renoncement à son voyage, en présence de sa famille, de ses futurs tortionnaires et d'un grand prêtre. Ce pacte prenait la forme d'une amulette, le juju, confectionnée à partir de prélèvements de cheveux, de rognures d'ongles, de sang menstruel, de poils pubiens, accompagnée de tout un cérémoniel mystique. En cas de rupture du pacte, c'est-à-dire du « contrat » de soumission, on lui promettait devant témoins la folie, l'infortune, la maladie, l'infertilité ou la mort ».

A l'opposé, j'ai énormément apprécié le cran des activistes des ONG locales qui dénoncent, essayent de changer les choses au péril de leurs vies. « Ils peuvent nous intimider, nous arrêter, nous menacer, nous torturer, nous prostituer, nous violer, et même assassiner certaines d'entre nous, mais ils ne peuvent rien contre ce mouvement de fond qui est en train d'émerger dans tout le Nigeria ».

Je m'arrête là et vous laisse découvrir ce polar qui se dévore à la vitesse V. Un polar suffocant, répugnant mais incroyablement bien écrit, passionnant de bout en bout.
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J'ai l'habitude de commencer mes post par une citation du bouquin chroniqué. Je n'en vois pas la nécessité pour le polar de Marin Ledun.

Il ne fait pas dans la punchline qui claque au vent Marin Ledun. Plus exactement, son livre, de la première lettre à la dernière, fait l'effet d'une claque ou d'un direct à l'estomac.

À nouveau, il s'empare d'un produit et en dissèque les répercussions de sa diffusion dans la société. Il avait déjà fait le coup dans son précédent et excellent opus Leur âme au diable sur l'industrie de la cigarette, comment contourner l'interdiction de la réclame et amplifier la propagation de la clope.

Free Queens est encore supérieur. Car il y a là un personnage supplémentaire, de première grandeur, lumineux et obscur, emprunt d'une certaine noblesse et sordide : le Nigéria. Un oxymore de 213 millions d'âme. S'appuyant sur un travail documentaire que l'on devine détaillé, rigoureux, d'une plume clinique et fluide, Free Queens dévoile implacablement le lien entre la principale marque de bière du pays et la prostitution féminine. Que les bénéfices florissants de l'une découlent de l'activité de l'autre, dans un pays au bord du chaos.

Winslow avait le Mexique, Ledun a le Nigéria. Et je ressens le même sentiment en lisant Ledun, ce pays regorge d'opportunités siphonnées et accaparées par les mêmes, toujours les mêmes. le tout nappé dans une corruption endémique. Pauvre Nigéria putain ! Accablé par une classe politique gangrenée, une police aux ordres n'oeuvrant que pour la conservation et l'optimisation du système... Certaines se battent, certains (moins nombreux) aussi.

Ledun déploie un choeur tragique, où plusieurs personnages du plus élevé au plus bas, des cimes au tas de merde, se côtoient, se frôlent, s'imbriquent dans un récit labyrinthique, d'une grande maîtrise. Une colère froide courre tout le long du livre, une tension sourde, une rage analytique qui ne verse jamais dans le slogan facile et réducteur mais qui sait choisir son camp. Celui qui morfle.

Que dire ? On n'oubliera pas Free Queens. Son ultime phrase qui retourne le bide. On ne boira plus jamais une bière fraiche sans un pincement.

Quatre syllabes : sensationnel !
Lien : https://micmacbibliotheque.b..
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Free Queens, le nouveau roman de Marin Ledun, marche dans les pas de son prédécesseur, Leur âme au diable, l'enquête sur l'industrie de la cigarette au coeur de ce dernier laissant sa place à une plongée dans le marché de la bière, tout aussi mafieux, au Nigeria. Mais Free Queens ne se contente pas de creuser le même sillon, en remplaçant un produit par un autre : au contraire, il s'appuie sur les fondations de Leur âme au diable pour atteindre de nouveaux sommets. Si on retrouve ici tout ce qui fait la richesse de l'oeuvre de l'auteur – l'approche journalistique, le point de vue sur le monde, les personnages complexes mais au positionnement politique parfaitement explicité –, Marin Ledun arrive encore, après une vingtaine de romans, à se dépasser. Que ce soit en termes de style, de structure, de construction des personnages ou d'analyse du monde moderne, Free Queens coche toutes les cases avec brio, conservant le meilleur du roman noir, en lui greffant une conscience aiguë des enjeux socio-politiques actuels – la sournoiserie capitaliste, le féminisme, la situation écologique et sanitaire, la toxicité du pouvoir, les inégalités sociales… – le tout sans la moindre maladresse et en évitant tous les pièges.

Peter Dirksen, 37 ans, après avoir obtenu ses galons dans l'industrie du tabac – on peut aisément imaginer qu'il a été un disciple de David Bartels, spécialiste de la com et du marketing au coeur de l'intrigue de Leur âme au diable –, est devenu l'éminence grise de la filiale nigériane de Master Brewers, multinationale qui commercialise la First, une bière légère, considérée comme premium en Afrique. Sa stratégie pour faire exploser les ventes ? Une armée de serveuses, prostituées, exploitées et maltraitées, faisant la promotion du breuvage dans tous les bars du pays, du plus glauque au plus luxueux, sous la supervision de flics véreux, dont Ira Gowon, membre de la Special Anti-robbery Squad (SARS), la Brigade spéciale anti-vol, prêt à tous les compromis pour soutenir le redressement économique de sa ville. Face à eux, une galerie de personnages composées de : Oni Goje, policier intègre mais désabusé, qui a baissé les bras, ployant sous les injustices ; Serena Monnier, une journaliste du Monde et du Guardian, qui enquête sur les réseaux de prostitutions ; ainsi que des fameuses « Free Queens », figures d'une association locale qui lutte contre la violence, les viols et la domination masculine en général.

Free Queens s'immisce sans cesse dans la réalité, qui elle-même se retrouve éclairée sous un nouvel angle. Rien n'est gratuit. La fiction permet de lier les faits entre eux, de cartographier les situations, mais ne se substitue jamais aux atrocités réelles du monde et aux combats menés par les activistes : les manigances de Peter Dirksen font échos aux pratiques d'une célèbre marque de bière ; Jasmine Dooyum, prostituée de 15 ans à l'origine de l'enquête de Serena Monnier, s'inspire d'une jeune femme qui existe vraiment ; la narration compose avec l'arrivée du Covid et raccroche toujours les wagons avec les événements historiques, comme les manifestations qui ont débuté le 8 octobre 2020 au Nigeria pour protester contre les violences policières de la SARS. Par cette imbrication de la fiction et de la réalité, Marin Ledun ordonne la folie, clarifie l'inconcevable. Que demander de plus à un roman noir en 2023 ? Free Queens est la quintessence du genre.

Lien : https://www.playlistsociety...
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Coup de foudre ! Marin Ledun livre ici un roman des plus noirs et des plus profonds à la fois. Sa plume est merveilleuse, son approche presque digne du meilleur journalisme à certains moments, l'ensemble porté par une panoplie de sentiments forts qui nous portent du début à la fin. Une lecture bouleversante, et évocatrice en même temps. Foncez !
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« Free Queens » est un coup de coeur. Un coup de poing, aussi. C'est une lecture qui nous laisse hagard lorsqu'on parcours les dernières pages, qui bouscule nos émotions et nous donne des envies puissantes de révolte, d'amour également.

« Free Queens » est un roman noir qui prend place en Afrique, plus précisément au Nigéria. Pour ce qui est de l'intrigue, il y en a plusieurs qui se mêlent et se croisent intelligemment autour d'une même thématique : la prostitution. Reliées les unes aux autres elle dépeignent un environnement à faire froid dans le dos, mais qui ne se vante pourtant d'aucune fantaisie. Une journaliste française en quête de réponses, un policier nigérien en quête de justice et une marque mondiale de bières en quête de prospérité.

Marin Ledun nous raconte la réalité d'un monde qui existe bel et bien, à quelques milliers (ou centaines) de kilomètres. Avec un travail quasi journalistique, l'auteur emmène ses lecteurs avec lui et nous présente une société malade qui tante par tous les moyens de survivre, affrontant les Grands du beau monde qui eux, s'enrichissent sans âme ni conscience. C'est une histoire qui fait mal, mais nécessaire, peut-être même indispensable.

C'est un roman que je ne peux que recommander. Marin Ledun dénonce et dénonce bien. Par delà cette voix il nous livre une histoire avec de nombreux personnages riches et variés. L'ambiance des villes et leurs atmosphères sont particulièrement bien retranscrites ; on s'y voit. L'histoire est raconté avec beaucoup de fluidité, portée par une écriture d'une grande qualité.
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Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour vendre de la bière au Nigeria ? Quel est le lien entre ce grand brasseur et les deux jeunes filles trouvées mortes, nues, le long de la route ? Et ces deux cadavres ont-ils un rapport avec le témoignage, à Paris, de cette jeune prostituée qui a traversé la moitié du continent et de la mer pour espérer trouver liberté et avenir en Europe ?

A travers un polar choral, brulant de soleil à l'extérieur mais affreusement noir à l'intérieur, l'auteur nous livre une photographie de ce pays contrasté, de cette société multiple et des aspirations et exaspérations de chacun.

C'est vivant, bien documenté, écrit avec talent et le lecteur est happé par l'atmosphère. Et pourtant le fond est terrible. Tout comme la bière, les corps humains (des femmes) ne sont que des marchandises. Jouant de l'espoir d'un pays qui cherche à offrir un avenir à sa jeunesse, les hommes maintiennent une emprise totale sur toute velléité d'émancipation. Mais jusqu'à quand ? Qui fera craquer la maille du filet ?

Chacun à son petit niveau : journaliste, policier déclassé, organisations féministes ... tous ceux qui placent la foi en l'âme humaine au dessus de leur petit intérêt personnel.

Bravo à Marin Ledun pour ce roman noir, si réaliste qu'il nous donne des sueurs.
Lien : http://animallecteur.canalbl..
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"Free Queens", de Marin Ledun, se profile comme un roman engagé, plongeant au coeur de la prostitution nigériane avec une noirceur inébranlable. Bien plus qu'un polar, il s'agit d'un récit implacable qui expose les vices de la société, dévoilant sans ménagement la réalité nauséabonde et le scandale ordinaire des laissés-pour-compte. Dans cette oeuvre, le crime, au lieu de promettre une résolution salvatrice, reste ancré dans une authenticité dérangeante, érigeant ainsi "Free Queens" en un véritable roman noir, mordant et perturbant.
Marin Ledun excelle dans son exploration, avec un style élégant, précis, et dénué de tout surplomb théorique. L'intrigue, tissée autour de la prostitution, du Niger, du trafic, des Blancs, de l'alcool, de la misère, du journalisme, et de la sororité, évite habilement les écueils potentiels liés à son traitement par un homme blanc.
Free Queens, un roman noir, terrifiant et bouleversant.
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Ma première lecture d'un livre de l'auteur. Envie d'y revenir…. le Nigéria, ses excès, une journaliste française (fresh Fish), des policiers corrompus, un policier vengeur, un hollandais cynique, une société hollandaise encore plus cynique (vous ne boirez plus de la Heineken de la même façon après cette lecture. Si vous en buvez encore…), et encore le Nigéria, ses villes tentaculaires, ses politiciens corrompus, tout le pays corrompu.
Les personnages et l'intrigue se mettent en place rapidement. Cela n'empêche pas le rythme du bouquin de tourner à la frénésie après la moitié des pages avalées. Ce livre est un très bon polar politique, social. Il est extrêmement bien documenté. Un journaliste du monde a sans doute contribué à cette documentation. il y a les bons et les méchants. mais tous les méchants le sont-ils pour la même raison ? lisez et vous le verrez. Livre à ne rater sous aucun prétexte.
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