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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Je m'appelle Jasmine Dooyun. Je vais bientôt fêter mes quinze ans et je veux vivre ». C'est lors d'une enquête sur la prévention du sida dans le milieu de la prostitution que la journaliste Serena Monnier rencontre Jasmine, une rescapée, une fugitive prête à tenir tête aux souteneurs qui ont fait d'elle une esclave sexuelle à Paris. Bouleversée, Serena part au Nigeria, décidée à remonter le parcours de Jasmine et la piste du vaste réseau de proxénétisme franco-nigérian ... au même moment où le sergent Oni Goje découvre à Kaduna ( Nord du Nigeria ) deux corps de jeunes prostituées jetées nues au milieu d'ordures.

Est-ce qu'un mec bien fait un bon écrivain ? Est-ce que les bonnes intentions font les grands romans ? Après avoir refermé Free Queens, le « oui » s'impose avec force. Ce n'est pas la première fois que Marin Ledun trempe sa plume à la colère froide et l'indignation pour dénoncer les dérives et le cynisme d'un capitalisme éhonté. Son précédent roman, Leur âme au diable, s'attaquait à l'industrie du tabac. Ici c'est l'industrie brassicole et son côté obscur qui est dans son viseur.

Marin Ledun s'est inspiré de faits réels, plus particulièrement du reportage d'Olivier van Beemen, Heineken en Afrique, qui décrypte comment la multinationale néerlandaise s'est implantée dans le continent, travaillant avec les réseaux mafieux, s'alliant avec des politiciens et flics corrompus, tout un bataillon de prostituées à son service pour convaincre les clients des bars de consommer sa bière. La bière Primus est devenue First dans son livre, la Nigerian Breweries la Master Brewery Nigeria Inc.

Le récit est incroyablement dense, documenté, ancré dans le réel, dessinant le portrait sombre du Nigeria, pays ravagé, pêle-mêle, par la pauvreté endémique, le sida, la corruption des élites, les attaques terroristes perpétrées par Boko Haram et l'ISWAP ( Daech ). le Nigeria, « un enfant magnifique et insatiable né du viol colonial et de l'union forcée entre des peuples incapables de s'entendre. Depuis l'enfant avait grandi jusqu'à devenir un monstre incontrôlable, répandant rancoeur et haine dans le coeur des hommes ».

Les descriptions de la tentaculaire Lagos et de la non moins chaotique Kaduna, ville déchue du Nord du pays, sont saisissantes de réalisme et apportent beaucoup de profondeur à un récit à la construction virtuose. Les enquêtes parallèles de Serena Monnier et Oni Goje finissent par se croiser brillamment pour révéler la terrible vérité. le rythme monte crescendo sans aucune approximation, juste peut-être quelques longueurs ou sensation de redondances dans le troisième quart.

Mais ce qui frappe le plus, c'est la capacité de l'auteur à manier les personnages qui peuplent son intrigue. Malgré leur nombre assez impressionnant, ils sont tous formidablement incarnés, qu'ils s'agissent de ceux qu'on ne croise que sur quelques pages ( comme des prostituées nigérianes au service du système First ), ou les premiers rôles. Serena Monnier, la journaliste que l'on voit évoluer à mesure qu'elle saisit l'ampleur du crime, décillant ses yeux d'occidentale blanche privilégiée. Oni Goje, le flic intègre qui ne veut plus être aveugle ou sourd, et décide d'endosser la lourde mission de rendre identité, justice et dignité aux jeunes filles assassinées. Toutes les militantes de la Free Queens, l'association féministe qui guide Serena. Et surtout Ira Gowon, bras armé de la MB Nigeria Inc, tellement plus complexe que ses atours crades de flic corrompu de la SARS ( brigade spécial anti-vol ) le laissent entrevoir au départ.

Il y a clairement des bons et des méchants. Il y a clairement un auteur engagé qui sait choisir un camp. Et pourtant, son roman ne sombre jamais dans le manichéisme. Marin Ledun sait trouver la bonne distance. C'est avec lucidité qu'il pose les questions justes pour essayer de comprendre la violence du monde, sans chercher pour autant à imposer sa façon de voir les choses ou une pensée unique ou encore politiquement correcte. le lecteur est invité à réfléchir par lui-même et ça fait du bien ... même s'il en ressort indigné et sonné. Les derniers mots sont un uppercut dévastateur.

Un thriller politique ambitieux, maitrisé, remarquable.
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« le sexe, le fric et une First » Telle est la sainte trinité en terme de stratégie marketing pour Peter Dirksen dans le Nord du Nigeria dont il a la charge. Pour développer sa marque de bière et ses parts de marché face à ses concurrents, le hollandais a mis en place une batterie de vendeuses habillées aux couleurs de la marque, qui vendent leur charme dans les bars de Kaduna afin d'aguicher le chaland voire plus si le client paie bien et boit beaucoup de First. Des prostituées au service de la marque qui sont surveillées de près par deux agents de la SARS -la Special Anti Robery Squad - à la solde de MB Nigeria Inc, filiale locale d'un célèbre brasseur hollandais. Gowon et Udo n'hésitent d'ailleurs pas à se débarrasser des filles qui parlent trop comme deux d'entre elles qu'ils ont dû abandonner à la hâte sur une aire d'autoroute.
C'est justement sur cette aire que le sergent Oni Goje, membre de la Federal Road Safety , découvre ces deux corps sans vie. Il a bien l'intention de mettre des noms sur ces corps et de les rendre à leurs familles mais aussi de faire payer très cher ceux qui ont commis ces crimes ignobles..
C'est dans ce contexte que débarque sur le sol du Nigeria , la journaliste française Serena Monnier, bouleversée par le témoignage d'une prostituée mineure nigériane qu'elle a rencontrée à Paris et bien décidée à enquêter sur place sur les réseaux de prostitution organisés depuis le pays d'origine.
Accueillie par une ONG locale , les Free Queens, des femmes décidées à défendre leurs droits et celui de leurs soeurs dans ce pays aux coutumes patriarcales ancrées dans les gênes, dont la plupart des strates de l'Etat comme dela Police sont gangrenées par la corruption . Alors, au nord du pays, loin de la capitale économique Lagos, l'existence d'une jeune femme violée puis victime de prostitution forcée n'a nécessairement pas le même prix qu'une bouteille de First.

Le choc de l'écriture pour réveiller les consciences ? Marin Ledun n'a sans doute pas cette prétention. Mais son roman est pourtant d'une force implacable. Dans un style romancée mais sans concession il dénonce les pratiques de ces industriels, peu scrupuleux des droits humains tant qu'ils peuvent écouler leur produit. Quitte à user et à abuser d'une main d'oeuvre bien dressée de prostituées pour en faire la promotion. Tant pis pour les dégâts collatéraux, tant pis pour les méthodes utilisées : la force et la corruption et quand il faut faire taire un témoin gênant ou un journaliste au fait de leurs combines l'utilisation de moyens …plus définitifs.
Passionnant, très fouillé et documenté , le récit nous embarque immédiatement dans les remous nauséabonds de ces juteuses affaires contrebalancées par ces deux enquêtes croisées, l'une journalistique, l'autre empreinte d'humanité et de justice. Construit autour de quelques personnages principaux, le récit n'en compte pas moins de multiples protagonistes jouant leur rôle et leur partition dans les nombreux écheveaux qui supportent les différentes histoires, celles-ci finissant comme on s'en doute par se rejoindre.
La fin n'est sans doute pas là pour nous réjouir mais pour confirmer que le combat doit continuer, malgré les risques, malgré la peur, malgré la pression afin que le rêve de liberté de toutes ces femmes deviennent un jour une réalité.


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Un polar engagé d'une noirceur absolue, en plein coeur de la prostitution nigériane.

A Paris, en juin 2019, Serena Monnier, journaliste au Monde, fait la connaissance de Jasmine, jeune prostituée nigériane. Jasmine parvient à s'enfuir, son affaire fait grand bruit, elle se porte partie civile, soutenue par une association, et dénonce le proxénétisme nigérian. Serena décide de se rendre au Nigeria pour remonter la filière et enquêter.

« La fugitive jaugea longuement Serena Monnier, avant de passer la langue sur les lèvres et de s'éclaircir la voix.

– Je m'appelle Jasmine Dooyum, dit-elle d'une voix franche. Je vais bientôt fêter mes quinze ans et je veux vivre. »

En janvier 2020, Oni Goje, ancien flic muté à la sécurité routière, 53 ans, découvre lors d'une patrouille de routine au Nord du Nigeria, les corps de deux jeunes filles, déposées nues sur un tas d'ordures. Au même moment, Serena débarque au Nigeria, accueillie par une ONG locale luttant pour le droit des femmes, « Free Queens ». Ce que la jeune femme va découvrir est bien loin de ce qu'elle imaginait.

Marin Ledun nous livre un roman poignant. A travers les personnages d'Oni et de Serena, il nous dresse un portrait sombre du Nigeria. Ses trafics, sa corruption, ses réseaux de prostitution. Derrière tout cela se cache l'industrie de la bière. Il faut savoir que l'Afrique est aujourd'hui l'un des continents où l'on consomme le plus de bière, grâce notamment à l'élévation du niveau de vie. Cela représente une véritable opportunité pour les grands groupes brassicoles, qui voient là de nouveaux marchés à conquérir. La concurrence fait rage. Pour s'imposer dans le pays, une entreprise productrice de bière décide d'utiliser des méthodes plus que douteuses : elle va utiliser des prostituées pour vendre sa bière.

Marin mélange la réalité à la fiction (il y a réellement eu une enquête journalistique menée par Olivier van Beemen au sujet des dérives d'une grande marque de bière). Dans « Free Queens », la marque de bière est inventée, nous sommes dans un polar, pas dans un essai ou un témoignage. Néanmoins, la pauvre lectrice que je suis n'a pas pu s'empêcher de penser que tout cela existe réellement….

La plume de Marin est directe, sobre, acérée, sans concession, presque journalistique, faisant de « Free Queens » un roman époustouflant dans lequel il embarque le lecteur dans les tréfonds sociaux et politiques du Nigeria, et plus particulièrement des régions du Nord, à Kaduna, plus pauvres.

Marin nous parle de l'inconcevable et va jusqu'au bout de l'horreur. « Free Queens » est un roman ultra documenté, à l'enquête très poussée, le lecteur découvre une masse d'informations sur le Nigeria, et se rend compte avec effroi des répercussions de ces trafics d'êtres humains qui ont des ramifications jusqu'en France et en Europe. C'est juste glaçant.

« Grâce à la corruption, à l'instabilité et aux guerres de religion. Simple, efficace. Et déraisonnablement possible dans un pays comme le Nigeria. »

Les personnages sont poignants. Goje, tout d'abord, est un bon père de famille qui s'investit pour ses enfants et sa femme. Il n'aura de cesse de mettre un nom sur ces deux cadavres. Aucune enquête n'a été diligentée pour savoir qui elles sont et encore moins pour retrouver le ou les coupables de ces meurtres. Deux prostituées de plus ou de moins…Ce ne sont pas des femmes, ce sont « juste » des putes. Serena, quant à elle, prendra tous les risques pour aller jusqu'au bout de son enquête, afin de livrer au monde un article au plus près de la réalité. Elle fera fi des nombreuses menaces reçues. A trop remuer la merde…

Les personnages secondaires sont nombreux, chacun trouve sa place dans ce nid de vipères, ils apportent leur pierre à l'édifice, qu'ils soient bons ou méchants. On passe plus ou moins de temps avec eux, on essaye de tisser des liens avec certains.

Quant à la fin, OMG comment est-ce possible ? J'ai été achevée, tout simplement…

Je ressors de cette lecture totalement vidée, et surtout révoltée. J'aime les auteurs qui ont le courage de dénoncer des pratiques horribles, de lancer un pavé dans la mare. Une lecture éprouvante mais nécessaire. Bon, perso, je ne suis pas prête à reboire une bière…

« le sexe, le fric et une First. On n'avait rien inventé de mieux pour réconcilier un imam, un prêtre, un sorcier et un militaire nigérians, tous quatre la main dans la culotte et le nez vissé dans le soutien-gorge balconnet d'une très belle et très jeune hôtesse telle qu'Ebele. »

Je remercie les Éditions Gallimard et Polar Connection pour cette lecture.

#FreeQueens #MarinLedun #Gallimard
Lien : https://soniaboulimiquedesli..
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Free Queens de Marin Ledun, présentation
2019, Paris, l'association Bus des Femmes est porte de Paris. Elle essaie d'aider les prostituées nigérianes. Une très jeune femme arrive à entrer dans le bus. Jasmine Dooyum, 15 ans, a décidé de vivre.

Serena Monnier est journaliste au Monde.


Avis Free Queens de Marin Ledun

Tout commence lorsqu'une journaliste française, du Monde, Serena, pour les besoins d'un reportage, suit une association qui vient en aide aux prostituées. A Paris, cela tourne mal. Les souteneurs de ces jeunes femmes prennent violemment à parti leur bus, car une jeune femme a pu se réfugier dans le bus et par conséquent s'enfuir. Elle racontera à Serena son périple depuis le Niger jusqu'à Paris et tout ce qu'elle a pu endurer. Avec ce témoignage et les noms fournis, un procès peut avoir lieu. Serena ne veut pas en rester là et se rend au Niger pour donner plus de poids à ce témoignage, pour rencontrer ces femmes, ces prostituées.


Quand Marin Ledun s'attaque à une industrie, cela fait mal. Il n'en oublie pas le roman noir. Après le tabac et son roman fleuve, c'est l'industrie de la bière qui est au coeur de ce roman. La bière et tout ce qui tourne autour, les pots-de-vin envers l'Etat, les institutions, la police. Un marché florissant dans ce pays, le Niger, où la fracture entre le Nord et le Sud est très importante. La bière que l'on doit développer face à tous les concurrents. Personne ne doit se mettre en travers du chemin de cette société. Contourner les lois, les obstacles, pour faire des fêtes pour tous les nantis qui peuvent boire à profusion, aidés en cela par des jeunes femmes, recrutées comme hôtesses pour les bars, les boîtes de nuit et qui doivent accepter tout ce que demande ces messieurs, notamment des relations sexuelles.


Après la mort de deux jeunes femmes, découvertes par un policier de la route, celui-ci va enquêter, même s'il n'en a pas le droit. Il va prendre sur son temps libre et va constituer un énorme dossier, mais sans preuves, sauf ses dires, ses interviews, que faire ?


De son côté, Serena n'est pas en reste. Dans ce pays, elle va rencontrer plusieurs femmes, plusieurs associations qui tentent d'oeuvrer pour sortir les femmes de cette misère, ce cette prostitution. le rêve de ces femmes est d'avoir une meilleure vie, de rejoindre l'Europe. Sous couvert d'études, elles sont enrôlées par cette firme qui vend de la bière. On leur fait miroiter un bel avenir mais elles deviennent des prostituées; Celles qui tentent de rejoindre l'Europe tombent dans les réseaux des proxénètes car elles doivent payer leur passage. D'autres sont renvoyées dans leur pays et le cycle infernal recommence.


Le Niger est un pays où se côtoient plusieurs religions, et surtout Boko Haram qui enlève, tue au nom d'une idéologie salafiste. Comme je l'écrivais plus haut, le nord du pays est en proie à la misère, il est oublié de toutes les instances. Les associations oeuvrent contre la maltraitance faite aux femmes. Celles qui ont de l'argent, du pouvoir, ont décidé d'aider car elles sont pratiquement intouchables, mais c'est peu. Malgré les manifestations, les réseaux sociaux, la violence est toujours bel et bien là. On s'en rend compte aussi avec l'arrivée de la Covid-19. La police, l'armée ont pour ordre de tuer ceux ne respectent pas le confinement car ils n'ont pas les informations nécessaires et ils ont faim.


Merci Marin Ledun pour la dédicace de ce roman et des deux autres achetés. Je suis ravie de vous avoir rencontré à l'édition Quai du Polar 2023. Je ne dirai pas que Free Queens, comme le nom d'une association qui défend les femmes, est un coup de coeur. Toutefois, j'ai retrouvé votre plume acérée, votre envie de dénoncer, de donner toutes les informations que vous possédez à votre lecteur, afin que celui-ci puisse s'instruire, sans oublier ce qui fait de vous un auteur que l'on n'oublie pas par cette écriture, noire, qui peut déranger certains.
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"Free queens" de Marin Ledun

Ça vous dit de siroter une petite binouze en bord de plage dans un pays exotique genre le Nigeria ? allez c'est parti ; bon par contre oubliez vos tongs mais préférez plutôt les Rangers car ça ne sera pas une lecture de tout repos en mode « coquillage et crustacé , sur la plage abandonné », là abandonné vous le serez, mais avant vous serez passé à tabac.
Ah oui quand même, hardcore le truc !
Elle est où la douceur ? pas dans ce monde de brutes en tous cas . Mais pas d'inquietude Marin Ledun est aux manettes du coup vous avez toute les cartes en main pour passer un bon moment dans cette aventure mouvementée.

Serena Une journaliste fait la connaissance en France d'une adolescente Nigériane prostituée qui a réussi a échapper à ses souteneurs, elle décide de remonter la piste du réseau de proxénétisme , pour cela elle se rend au Nigeria.Dans le même temps le sergent Goje découvre le cadavre de 2 jeunes prostitués dans le Nord du Nigeria.

Difficile de dire qu'il manque quelques choses dans ce roman, c'est du travail d'orfèvre. Marin à travers une enquête minutieuse ou rien n'est laissé au hasard insuffle un côté romanesque qui rend la lecture aussi savoureuse qu'une bonne bière fraiche mais avec quand même pas mal d'amertume.

Basé sur des faits réels cette histoire nous montre un pays gangréné par la corruption ou tout les coups sont permis notamment ceux donnés aux femmes. Avec des personnages féroces et inhumains pour la plupart courageux et tenaces pour les autres.

Les femmes et leurs luttes pour leur respect et leur dignité sont au centre du récit. les pouvoirs en place et leurs impunités , les multinationales et leurs profits à tout prix , la corruption et la violence qui va avec, tout y est et ça fait froid dans le dos. Et là on l'auteur est très fort c'est qu'il n'a pas de parti pris , il expose les faits, nous montrent les gens tels qu'ils sont et nous laissent réfléchir. Et au final le bouquin se dévore comme un très bon reportage avec en plus une bonne dose d'action, de suspens et des personnages hauts en couleurs. En gros c'est un peu comme si on regardait « envoyé spécial » mais filmé par Scorcese.

Donc pour résumé , ça prend aux tripes, c'est rondement mené, on ne s'ennuie pas , on apprend des choses, on cogite pas mal et en refermant le bouquin on se dit qu'il reste du boulot et que le combat continue &#xNaN

Bravo Marin, je vous salue bien bas camarade.
Et vous qui êtes arrivés jusqu'à cette dernière ligne, lisez ce bouquin pis tout les autres qu'il a écrit car c'est du tout bon.
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Encore un beau roman de Marin Ledun qui trouve des sujets très interessants à chaque nouveauté.
Cette fois ci c'est une enquête dans le milieu de la prostitution entre le Nigéria et l'Europe et la traite des femmes qui est épouvantable.
Marin Ledun rentre dans cette histoire avec beaucoup de personnages et d'ONG, entreprises qui vont nous démontrer que l'économie libérale et capitaliste ne'a aucune restriction pour vendre, vendre et vendre encore.
On crée une bière attractive et on la vend avec des hotesses trièes par leur beauté et ces hotesses sont autorisées à aller plus loin dans l'usage de leurs charmes pour vendre encore plus de bière.
Bien entendu si cea ne se passe pas comme le souhaite la direction locale, il peut y avoir un voyage vers la lybie et les migrants de la méditerranée puis la prostitution en Italie ou en France.
Ou m^me le meurtre.
Sauf qu'une journaliste acharnée et un policier honnête et qui a honte de la tournure que prend la corruption dans son pays vont petit à petit dénouer les liens de cet imbroglio economique et policier.
Roman très documentée j'imagine et qui se lit assez facilment, une fois entré dans les différents acteurs et actrices du roman.
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Marin Ledun est un auteur qui sait s'écarter des poncifs du polar. Ses intrigues ne se déroulent pas dans les paysages enneigés de Scandinavie, dans les mégalopoles américaines ou encore dans les montagnes du Montana. Il varie les lieux et les enjeux avec bonheur. Ce qui suppose assurément un gros effort de documentation, dont bien d'autres auteurs préfèrent sans doute se dispenser. Des barbouzeries contre-terroristes au Pays Basque au management dysfonctionnel d'une plateforme d'appels, en passant par la contrebande de cigarettes dans les Balkans, Marin Ledun sait changer les toiles de fond et associer à ses intrigues des problématiques puisées dans l'actualité, parmi les faits divers les plus chargés de signification sur la marche chaotique de notre monde.
Cette fois, après un bref passage par la porte de Pantin -haut lieu de la prostitution bas de gamme-, Marin Ledun nous entraine au Nigéria et démonte les filières du trafic d'être humain dans ce pays riche de potentialités mais miné par une gouvernance calamiteuse et une corruption endémique de l'appareil d'Etat (sans parler des tensions interconfessionnelles et interethniques).
Une jeune journaliste pigiste française, aidée par une l'ONG locale de défense des femmes -« Free Queens »- remonte donc la piste des hommes qui ont conduit de sa patrie au trottoir parisien une adolescente qui a eu finalement le courage de se rebeller. Parallèlement, un modeste sous-officier de la Police de la route enquête, plus ou moins à l'insu de sa hiérarchie, sur le meurtre très intrigant de deux jeunes filles, hôtesses de bar employées par la filiale d'un important brasseur néerlandais à la conquête du très lucratif marché nigérian de la bière.
L'une et l'autre vont bien vite se heurter à des puissances de l'ombre, réunissant dans les mêmes cercles influents, affairistes sans scrupules, politiciens véreux et flics « d'élite » aussi violents que corrompus. Heureusement, la société civile se mobilise et sait s'attacher des compétences diverses mais utiles –de l'avocat vedette au mercenaire sud-africain- qui font avancer l'enquête en soutenant la détermination sans faille de l'investigatrice européenne. Dans le même temps le policier nigérian vertueux poursuit sa quête donquichottesque de la vérité et grâce à son expérience et à sa connaissance du terrain, progresse lentement mais sûrement dans l'identification des assassins et de leurs commanditaires.
Merci donc à Martin Ledun d'avoir traité de façon sensible et bien informée un sujet aussi douloureux et de nous faire mieux connaitre ce pays immense et fascinant qu'est le Nigéria. Les amateurs d'intrigues complexes seront peut-être un peu déçus. Sans être manichéen –chacun a ses raisons qui ne sont pas toujours complétement méprisables- le livre est tout de même assez prévisible. le récit est plutôt linéaire et les rebondissements peinent un peu à nous surprendre, ce qui n'appelait pas forcément un pavé de 400 pages bien remplies. Mais l'intérêt documentaire est bien là. Ce roman d'ailleurs entre en résonnance de façon saisissante avec un documentaire de Floriane Devigne récemment diffusé sur Arte (« Juste Charity ») qui montre que dans ces affaires d'immigration clandestine et de proxénétisme les méchants -heureusement- ne gagnent pas toujours, même si c'est souvent les petits poissons qui sont châtiés alors que les gros s'en tirent voire prospèrent...
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Se balader entre Maiduguri road, Bida road, Independence Way et Constitution road dans Kaduna (1) est une drôle d'aventure.
Aucun nom de rue ne nous sera caché, nous pourrions suivre sur une carte les lieux de l'action. J'avoue ne pas mettre passionnée pour cette course poursuite.
J'ai lu et j'ai écouté « suffering and smiling » de Fela Kuti (2) pour me remonter le moral.
« Free Queens » nous entraîne à Kaduna et à Lagos (3) deux villes du Nigéria (4) représentant la scission du pays entre le nord et le sud … deux mondes qui n'ont pas grand chose en commun si ce n'est la prostitution, vraie calamité, la traite et l'exploitation sexuelle qu'une partie de la jeunesse féminine nigériane considère comme un moindre mal.
Ce n'est pas une lecture plaisir.
La violence nous attend page après page.
Et pourtant … on le sait … que les marchands de rêve exploitent la naïveté d'une jeunesse condamnée à la misère … mais … pas que … la prostitution est parfois vue comme une issue pour accéder à nos pays du nord et un mauvais moment à passer !
Ce n'est vraiment pas une lecture plaisir.
On dénonce, on arrête ou on tue les responsables de ces trafics … dès le lendemain d'autres prennent la suite !
C'est une lecture pourtant indispensable pour nous rappeler que l'on ne doit pas se cacher les yeux devant ces drames et qu'il faudrait agir … oui bien sûr … mais que faire !

(1)
Kaduna est une ville du Nigéria septentrional, fondée en 1900 par les Anglais.
La ville est également le siège de l'académie militaire du Nigeria et de l'institut de recherche sur la maladie du sommeil.

(2)
Olufela Olusegun Oludotun Ransome-Kuti, ou Fela Kuti, ou simplement Fela, (1938-1997) est un chanteur, saxophoniste, chef d'orchestre, cryptarque et homme politique nigérian.
Fondateur de l'organisation République de Kalakuta, il est considéré comme l'inventeur de l'acrobeat, fusion des éléments afro-américains du funk, du jazz, de la musique d'Afrique occidentale, de la musique traditionnelle nigériane et des rythmes yorubas.

(3)
Lagos est l'une des grandes villes du Nigeria avec plus de 15,3 millions d'habitants et la deuxième plus grande ville du continent africain après Kinshasa qui a près de 15,6 millions d'habitants. C'est l'ancienne capitale du pays, jusqu'au transfert des institutions gouvernementales à Abuja en 1991, elle a aussi l'un des plus grands ports d'Afrique, et le principal centre industriel et commercial nigérian.

(4)
Nigéria est un pays d'Afrique de l'Ouest situé dans le golfe de Guinée. Avec plus de 219 millions d'habitants en 2022, le Nigeria est le pays le plus peuplé d'Afrique et le sixième pays du monde par son nombre d'habitants.
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Le roman raconte l'histoire de Serena Monnier, une journaliste qui enquête sur le trafic de prostitution à Lagos, au Nigeria, après avoir été bouleversée par le témoignage d'une prostituée nigériane. Elle est guidée dans son enquête par les militantes de l'ONG "Free Queens", qui luttent pour les droits des femmes dans cette région.

Au fil de son enquête, Serena découvre l'ampleur des réseaux criminels qui exploitent les femmes à travers la prostitution, ainsi que la complicité des multinationales qui utilisent la prostitution pour promouvoir leur commerce.

Le roman dénonce le cynisme capitaliste et la corruption politique, tout en mettant en avant le courage et la résistance des femmes de l'ONG "Free Queens" qui se battent pour défendre leurs droits et leur dignité.

"Free Queens" est un thriller politique engagé qui met en lumière les violences subies par les femmes dans les réseaux de prostitution internationaux et les enjeux économiques et politiques qui les sous-tendent.

Le style de Marin Ledun est incisif et percutant, il parvient avec dextérité à dénoncer le trafic de prostitution ainsi que la complicité des multinationales dans cette pratique scandaleuse. Cette lecture m'a profondément marquée et je suis ravie d'avoir eu l'opportunité de découvrir un roman aussi engagé et captivant.
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Au Nigeria, et plus particulièrement dans la ville de Kaduna, la population a bien trop peu d'occasions de se divertir, alors pour oublier la misère et la dureté de la vie, beaucoup d'hommes consomment de l'alcool et notamment la First, une bière d'importation bon marché, vendue à grand renfort de promotion dans les bars, grâce notamment à des vendeuses recrutées tout spécialement pour cette mission. Habillées aux couleurs de la marque, ces jeunes femmes en profitent également pour vendre leurs charmes. À la tête de tout ce business, il y a un certain Peter Dirksen, directeur marketing pour la Master Brewers Nigeria Incorporated, une énorme usine qui fabrique la First. Mais les choses vont se compliquer sérieusement pour notre homme et pour ses amis, deux flics ripoux, Udo et Gowon, quand deux filles vont être retrouvées mortes sur une aire d'autoroute par le sergent Oni Goge, qui travaille pour la police de la route. Celui-ci va chercher à comprendre ce qui est arrivé à ces deux femmes. Parallèlement, une journaliste française, Serena Monnier, enquête sur les réseaux de prostitution de mineurs entre le Nigeria et Paris, avec l'aide de militantes de Free Queens, une ONG qui lutte pour le droit des femmes.

Après avoir évoqué le lobby des cigarettiers dans son précédent roman, l'excellent Leur âme au diable, Marin Ledun s'intéresse ici aux méthodes peu ragoutantes employées par un fabricant de bière qui fait prospérer sa marque en utilisant de moyens répréhensibles, tirant profit d'un pays rongé par la pauvreté, la corruption et les maladies.

Comme dans son précédent roman, Marin Ledun, tisse une galerie de personnages très variée, autant du côté du mal que du côté du bien, dans une intrigue touffue, basée sur des faits réels et nourrie par une documentation ainsi que des témoignages de militants travaillant sur place.
Car derrière le polar, l'auteur dresse le portrait bien sombre d'un pays dans lequel les blancs sont venus faire fortune au mépris de toute considération humaine. Parmi les victimes collatérales de ce capitalisme néocolonial, les femmes prennent cher, exploitées, maltraitées, victimes pour certaines de violences qui les conduisent parfois jusqu'à la mort.

Un roman édifiant, un thriller éclairant sur les méthodes et les petits arrangements politico-économiques entre puissants, au Nigeria ou ailleurs, et dont les populations locales sont des victimes impuissantes.

Lien : https://www.benzinemag.net/2..
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