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4,05

sur 391 notes
"L"apiculteur d'Alep" est un de ces romans dont il est difficile de faire la critique à chaud, il faut d'abord s'imprégner de tous les aspects, revenir sur certains passages, prendre un peu de recul. Je l'ai terminé il y a 4 jours, il a inspiré mes rêves les deux nuits suivantes (entre les réfugiés et le covid, c'était pas très joyeux ), et j'ai lu tout à fait autre chose entre-temps. Là c'est bon, je me sens prête !
Merci encore à Babelio et aux éditions du Seuil pour l'envoi de ce livre en Masse Critique Privilégiée. D'emblée le sujet m'intéressait, donc j'étais ravie de la proposition. Mais je ne m'attendais pas à être aussi touchée par la façon dont Christy Lefteri le traite, on comprend très vite qu'elle a vu de près les situations dramatiques dont elle parle, ce n'est pas de descriptions extérieures dont il est question, même si les personnages principaux sont fictifs. Elle y a mis son vécu, de l'empathie et nous immerge totalement dans ces camps où les réfugiés sont trop souvent livrés à eux-mêmes, méprisés et renvoyés d'un endroit à l'autre sans savoir si leurs démarches vont aboutir un jour.
Le livre est construit en 14 chapitres, chacun scindé en 2 parties : la première nous relate le quotidien dans une pension londonienne de Nuri l'apiculteur (la petite abeille sous chaque numéro de chapitre nous rappelle l'importance de son métier) et de sa femme Afra, qui ne voit plus le monde depuis le décès de leur jeune fils Sami. sous ses yeux. La transition avec la deuxième partie se fait grâce à deux mots-liaison fin d'une phrase et début d'une autre. Là nous découvrons le long voyage depuis la fuite d'Alep en ruines suite aux combats entre les partisans de Bachar El-Assad et les opposants au régime.
Les passeurs plus ou moins fiables, les conditions de plus en plus précaires, d'abord en Turquie, puis par bateau jusqu'à une île grecque, et une autre, et ensuite à Athènes (là où l'auteure a travaillé en tant que bénévole), pour espérer rejoindre leurs proches en Angleterre, cet Eden qui semble de jour en jour plus inaccessible.
Au cours de cet exode, Nuri se remémore sa vie d'avant à Alep, quand tout leur souriait, son affaire montée avec le cousin Mustafa qui lui a transmis son savoir et son amour des abeilles, les tableaux peints par Afra, une artiste reconnue, le bonheur avec leur petit Sami...
Il essaie aussi de "retrouver" sa femme, perdue dans les ténèbres de sa tristesse et qu'il ne reconnaît plus.
Leur route croise celle de nombreuses personnes souvent encore plus démunies qu'eux-mêmes, parfois aussi animées de mauvaises intentions. Certains marquent durablement, comme par exemple Mohammed, un petit garçon isolé auquel Nuri va s'attacher. Mais d'où vient-il vraiment ? A Londres, la pension abrite d'autres réfugiés en attente de régularisation : le Marocain, un vieux monsieur compatissant, et Diomande, un jeune Ivoirien qui a lui aussi traversé bien des épreuves pour arriver à Londres. Ils attendent ensemble le fameux entretien qui leur permettra peut-être d'obtenir le sésame pour ne pas être expulsés. Nuri s'échappe dans ses rêveries et perd parfois le contact avec la réalité.
Certains penseront peut-être que j'en dis trop, mais ce récit est tellement riche qu'on ne peut en donner qu'une brève impression, il faut vraiment s'immerger dedans pour le ressentir, et je n'emploie pas ce mot par hasard, c'est réellement une expérience sensorielle, on voit les différents lieux où Nuri et Afra séjournent, on sent les odeurs autour d'eux, on entend le bourdonnement des abeilles et les cris dans les camps, on goûte le miel des ruches de Mustafa et on ressent la dureté du sol où dorment les migrants dans les camps.
C'est une lecture difficile et douce en même temps, car il n'y a pas de misérabilisme et l'espoir est présent malgré les aléas. Et elle nous fait prendre conscience, si ce n'était pas encore fait, de la façon indigne dont sont traités ceux qui ont déjà tant perdu.
Un livre qui laissera sa trace en moi.
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À Alep, en Syrie, Nuri est apiculteur, avec son cousin Mustafa. Sa femme, Afra, est artiste. Ils ont un petit garçon, Sami, et sont heureux jusqu'à ce que la guerre civile éclate et ravage tout , leur ville et leur existence. Les ruches incendiées, leur petit Sami assassiné, Nuri menacé de mort… Ils n'ont d'autre choix que la fuite.
Commence alors leur longue errance vers l'Angleterre où Mustafa et sa famille ont trouvé refuge, avec l'espoir de renaître à une nouvelle vie.
Les passeurs, la traversée de mers hostiles où certains de leurs compagnons laisseront leur vie, les différents camps de réfugiés où règnent le froid, la misère et la peur, les passeurs encore qui profitent de leur faiblesse et de leur découragement, la perte de leur identité … tant d'obstacles avant d'atteindre enfin l'Angleterre et une attente sans fin d'un statut de réfugié.

Ce n'est pas le premier livre que je lis sur ces «  exilés forcés » jetés sur les routes par les guerres et les atrocités qui les accompagnent mais celui de Christy Lefteri, inspiré par son travail de bénévole dans les camps de réfugiés en Grèce, le traite d'une façon très personnelle, en choisissant de centrer l'histoire sur un couple anéanti par le drame qu'ils ont vécu. Afra a perdu la vue en perdant son fils, et se mure dans un silence et une apathie totale, Nuri « voit » des clés aux arbres et des portes s'ouvrant sur les paysages bénis de sa Syrie natale…Qu'il leur est difficile de retrouver l'amour et la complicité qui les unissait, de lutter ensemble pour dépasser le deuil et les traumatismes psychiques !

Un roman qui porte malgré tout une certaine dose d'espoir , avec les amitiés nouées dans le centre d'accueil, les bénévoles s'efforçant d'adoucir les conditions d'exil….

Dans un style très sobre et qui sonne juste pour qui connaît un peu le vécu des demandeurs d'asile, Christy Lefteri signe un roman sensible et touchant.
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Un beau roman sur la crise migratoire suite à la guerre en Syrie. Nuri est apiculteur à Alep et vit paisiblement avec sa femme Arfa, artiste peintre, et leur fils unique Sami.
Malheureusement, leur bonheur est bouleversé par la guerre en Syrie. Il leur faudra partir et donc entamer un périble douloureux pour survivre.

Ce livre à la fois réaliste - l'auteure a été bénévole dans un camp de migrants à Athènes - et solaire, pose la question de "qu'est-ce que voir ?" en lien avec le traumatisme et par conséquent, avec la résilience.

Il y a certes beaucoup de souffrances dans L'Apiculteur d'Alep, mais aussi beaucoup de douceur et d'amour grâce à Nuri, un narrateur sensible qui, porté par sa passion pour les abeilles et son amour pour sa femme, choisit la vie malgré son immense malheur.
Lien : https://tomtomlatomate.wordp..
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La guerre et ses victimes collatérales : quand la guerre éclate en Syrie, Nuri, apiculteur et sa femme Afra, peintre, ne se sentent pas impliqués : ils rêvent de continuer leur vie tranquillement et d'élever leur fils Sami comme ils l'ont toujours fait ... situation impossible à tenir lorsque les bombes éclatent et que les rebelles exigent de tous les hommes de prendre une arme et de se battre.
Ils fuient donc vers l'Angleterre où les attendent leurs proches.
Un roman très touchant sur la perte, d'un proche, de ses repères, et sur le lent et difficile voyage que ce couple va effectuer vers une nouvelle vie.
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Ce livre m'a étreint le coeur, tant il est bouleversant ! On en sort chamboulé de l'histoire de Nuri et Afra qui fuient la guerre de Syrie.

L'auteur aborde la guerre du bout des doigts, jamais trop, mais sa présence est là par des anecdotes que racontent les protagonistes. Ils nous dépeignent la peur, l'horreur aussi…Mais aussi la souffrance. Après l'horreur de la guerre, la difficulté de ce long périple pour rejoindre une autre vie, un autre espoir en en ayant en tête le bourdonnement des abeilles.

L'écriture est sensorielle, et nous emmène à leurs côtés, Une touche poétique s'en dégage nous permettant ici et là de mieux respirer.
L'amour y est dépeint avec beaucoup de délicatesse. On y voit un couple meurtri dans leur coeur, leur chair en ayant perdu le plus cher mais qui se raccroche malgré tout à la vie. Il s'agit là oui d'une odyssée à l'espoir et je rajouterai...à l'humanité.

Ce qui est d'autant plus intéressant l'auteur avait été bénévole en 2016 dans un camp de migrants à Athènes et a pu écouter les témoignages de ces personnes en quête de jours meilleurs.
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Un roman d'actualité sur une tragédie humaine qu'on voit régulièrement à la télévision, l'échouage des centaines de réfugiés sur les côtes de l'Europe.
Christy Lefteri s'est inspirée de son expérience de bénévole dans un centre de migrants à Athènes pour raconter une histoire très crédible. Elle nous éclaire sur les motifs qui poussent ces gens à entreprendre un voyage long, au péril de leurs vies. Contrairement aux idées reçues, la plupart de ces gens ne quittent pas de bon coeur leurs pays, leurs familles et leurs anciennes vies.
La guerre civile fait rage en Syrie. Persécutés, NURI et sa femme fuient Alep où les bombes leur ont tout pris, la maison, les ruches et un enfant.
Le livre suit leur exode et leur arrivée en Angleterre où ils espèrent obtenir le statut de réfugiés.
Une histoire triste, qui fait mal, mais tellement réelle.
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Avant tout merci aux Éditions Points de m'avoir fait découvrir ce livre. Christy Lefteri nous donne ici un témoignage, elle lève un voile pudique, sur ce que parfois, nous refusons de voir. le style est fluide, clair, et je souligne le travail de la traductrice Karine Lalechère, qui a laissé brutes les réponses d'Angeliki ou de Diomande. L'histoire est celle de Nuri, Afra, et Sami, la famille Ibrahim, lui est apiculteur à Alep avec son cousin Mustafa, elle est peintre, Sami leur fils de 7 ans est une des victimes de la guerre, une bombe s'abat près de lui, sous les yeux de sa mère qui pour se protéger de ce traumatisme va devenir aveugle.
Après ce terrible malheur, ils décident de quitter Alep, et tentent de rejoindre l'Angleterre. Quitter son pays, ses racines, sans se perdre au propre ou au figuré, face à toute cette violence, voilà ce qui attend Nuri. Bien qu'Afra ai perdu la vue en perdant son enfant, grâce aux yeux de son coeur, et a son amour sans failles elle guidera son mari. C'est une histoire d'amour maternel, d'amour d'épouse, d'amour au-delà de la vie et de la mort. C'est un exil forcé, une agression vécue par l'exilé qui en plus agresse les habitants des pays traversés, où seuls les passeurs sont rois. C'est une terrible histoire de résilience, de mort, de perte de tout, où chacun doit trouver la clé pour se reconstruire. Magnifique et terrible histoire.
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Je vais finir par croire que les apiculteurs sont des humains supérieurs après « les abeilles grises » et « les abeilles d'hiver » voici l'histoire de deux apiculteurs pris dans la tourmente de la guerre en Syrie. le portrait de ces apiculteurs ont des points communs, ils résistent tous à l'ambiance totalitaire ou à la guerre. est-ce le fait qu'ils sont amenés à mieux comprendre le comportement des abeilles qui les conduit à relativiser les engagements politiques extrémistes ?

J'avais déjà bien aimé de la même auteure « Les oiseaux chanteurs » sur un drame se passant à Chypre le pays dont elle est originaire.

En tout cas le portrait de Nuri et de son cousin Mustapha, les deux apiculteurs d'Alep est de la même trempe que celui de Sergueï – héros involontaire ukrainien ou celui d'Egidius Arimond – cet homme qui cachaient des juifs dans ses ruches. Les deux cousins, non seulement récoltent le miel de leurs abeilles mais ils ont également crée une petite entreprise autour de l'exploitation des ruches : miel, cire et autres produits dérivés, leur affaire marche très bien. La guerre va hélas tout détruire et comme les deux cousins tardent à partir – pour ne pas abandonner leurs abeilles- leurs deux fils vont être tués. La douleur est trop intense, en particulier pour Afra, la femme de Nuri qui en état de sidération et ne veut plus quitter la Syrie alors que c'était encore assez facile de le faire. Elle finira par accepter et avec Nuri les voilà sur le chemin de cet exil si douloureux pour les syriens qui ne sont pas partis assez vite. Ils connaîtront la traversée vers la Grèce dans un canot pneumatique, les camps en Grèce. C'est d'ailleurs là que tous les deux rencontreront l'horreur absolue. On sent que l'écrivaine y a elle même séjournée longuement , car elle sait nous rendre palpable l'insoutenable. Puis finalement ils arrivent en Grande Bretagne où les attend le cousin Mustapha.
Ne vous inquiétez pas je ne divulgâche rien du récit , car Chrsty Leftery commence son récit en Grand Bretagne, dans la pension où Afra et Nuri attendent de recevoir un statut de réfugiés politiques. Cette écrivaine mêle avec talent les trois temps forts du récit : Alep et la guerre, les destructions par les bombardements russes, les meurtres gratuits de l'état islamique, et le parcours des exilés via la Grèce. Afra est devenue aveugle de trop de souffrance et Nuri a des crises de panique totale pendant lesquels il revit les horreurs de son passé récent.
Je ne dis rien d'un petit Mohammed de l'âge de leur fils (7 ans ) qui va les accompagner pendant leur fuite car je ne veux pas enlever l'effet de surprise que vous aimez tant.

Un livre d'une beauté totale grâce à une écriture très en finesse. On sent bien la retenue de Christy Lefteri face aux horreurs qu'elle a rencontrées en Grèce.
Lien : https://luocine.fr/?p=15865
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Cette jeune romancière a écrit cette histoire après avoir travaillé comme bénévole dans un centre de migrants à Athènes. Deux cousins passionnés par les abeilles vont fuir la Syrie suite à l'éclatement de la guerre civile. Nuri et sa femme artiste peintre, qui a perdu la vue à la mort de leur fils sous une bombe, vont affronter un long et périlleux périple pour tenter de rejoindre leur cousin en Angleterre. Passage d'un pays à l'autre, échange de courriels et toujours, en toile de fond, le bourdonnement des abeilles. Original et talentueux.
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Un roman qui se butine.

Nuri est devenu apiculteur au grand désespoir de son père. Mais c'est un rêve qui se réalise grâce à son cher ami Mustapha. Sa femme Afra peint, dessine. Ils ont un petit garçon Sami et tous les trois savourent leur bonheur dans la magnifique ville d'Alep. Hélas, le paradis devient enfer, la guerre éclate, les exactions se multiplient, les bombes tombent. La Grande Faucheuse travaille à plein régime, les torturés, les charniers se multiplient. Mustapha part quand les ruches sont détruites par les forces du pouvoir, les escadrons de la mort devenant de plus en plus redoutables. Pour le jeune couple, plus d'autre option possible que de suivre le chemin dangereux de l'exil, abandonner sa terre, laisser ses souvenirs dans la poussière des combats. Surtout que leur appartement a été visité, puis une bombe a explosé. Emportant pour toujours le petit Sami et en rendant aveugle sa maman. Comment va se dérouler la traversée en Méditerranée et pourront-ils rejoindre l'Angleterre ?

Un récit plus vrai que nature qui met en lumière un couple magnifique mais proche de l'effondrement après tout le vécu de la guerre, de l'exil, des blessures qui ne pourront jamais se refermer, juste être colmatées. Sans forcer dans le trop tentant misérabilisme, Christy Lefteri narre une histoire avec toute la sensibilité que l'on peut éprouver face à la souffrance, face à la perte de repères et de la prise de conscience d'une reconstruction possible. Parce que la vie se doit d'être la plus forte.
De la tristesse du désarroi de l'exil, de la longue route de la régularisation des sans-papiers se calque la beauté de la résistance, de ces petits riens qui soudain prennent une force gigantesque dans le combat pour une renaissance.
Si le roman est très focalisé sur le personnage de Nuri, il n'en reste pas moins que ressort un très beau portrait de femme avec Afra et aussi avec cette africaine errant dans le camp de rétention. Si l'être humain est un roseau dans la géhenne, la femme est doublement victime car bien plus encore la proie de la violence des hommes…

Un livre à lire pour réaliser ce qu'est un aller sans retour et tout ce que le corps peut subir quand l'esprit plonge dans le désespoir, quand les larmes ne coulent plus tant la sécheresse d'une guerre les anéantit aussi. La ruche humaine est un ensemble d'alvéoles qui oscille entre l'âpreté des âmes noires et la succulence des mains qui se tendent vers vous, en amour, en amitié, en solidarité. Loin de donner le bourdon, l'histoire de cet apiculteur vous fera entendre un vol d'abeilles au dessus d'une citadelle de l'espérance et de ses murs représentant la capacité humaine à renaître des ruines.

Livre lu dans le cadre de Masse Critique du site communautaire Babelio



Lien : https://squirelito.blogspot...
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