L'Averti, tome 3 : Les héritiers

Avec une expression de paix sereine, l'abbé Régis prit ses outils de jardinage. Son visage était si profondément calme que Guillaume se surprit à penser que c'était un repos de le contempler.
-- Tenez. Le saint homme lui tendit une petit bêche et reprit sa pause méditative. La quiétude du dehors apaise les agitations de dedans, ajouta-t-il comme s'il se parlait à lui-même.

L'uniforme, obligatoire, servait chaque année d'inspiration au recteur lors de son discours de bienvenu : "... Regardez autour de vous. Ici, il n'y a plus de classes sociales : vous commencez l'année sur le même pied d'égalité. Seuls votre rendement académique, votre discipline, votre camaraderie, votre esprit d'équipe, votre caractère vous distinguent les uns des autres. Il ne tient qu'à vous, mesdemoiselles, messieurs, de devenir la meilleure version possible de vous-mêmes."

Un homme, poursuivit-il gravement, qui traite son prochain avec prévenance et courtoisie, peu importe le milieu duquel il est issu et peu importe leurs différends, est un homme d'honneur, Anthony. Ne perds jamais ce trait de caractère. Il te mènera loin.

Il faut bien que quelqu'un s'occupe de l'éducation des petits, que je leur enseigne le catéchisme, les chiffres, les mots... Comme ma mère avait coutume de le dire : "Ce n'est pas parce qu'on est pauvre qu'on n'est pas intelligent."

-- Joyeux Noël, cher Papa. Je...
Elle s'arrêta, trop émue pour en dire davantage. "Je vous aime, Papa." Elle ne prononça pas les paroles qui lui étaient venues à l'esprit, mais son père les entendit malgré tout.