Lire un roman de
Clarisse Sabard c'est toujours un moment magique parce que je sais que je vais aimer et qu'il y aura certainement un coup de coeur comme pour ses autres romans, mais je me demande surtout ce qu'elle va pouvoir trouver comme intrigue pour me charmer à nouveau, j'oublie que l'autrice n'est jamais à court d'idées, qu'elle a une imagination débordante et effectivement, pour ce dernier roman je suis une nouvelle fois bouleversée par cette lecture qui dépayse totalement et m'entraine dans cette époque noire de la seconde guerre mondiale, un thème que j'affectionne particulièrement.
Une nouvelle fois l'autrice jongle sur une double temporalité et elle fait ça à la perfection. L'héroïne du présent c'est Lisa, une maman solo que j'aime tout de suite, elle est traductrice et vit dans une petite maison du village de Châtillon-sur-Indre son compagnon est décédé dans un accident de la route, c'est seule qu'elle élève son petit Tim, la prunelle de ses yeux. Elle a la chance d'avoir son grand-père Louis, alias Loulou, qui vit un peu plus loin dans la maison familiale et sa mère ne va pas tarder à la rejoindre, elle va l'héberger, le temps qu'elle se reconstruise, elle vient de passer des années douloureuses avec un compagnon violent.
Tout serait pour le mieux si Loulou ne venait pas de faire un gros malaise, il faut dire qu'avec la rénovation de sa maison il est un peu surmené, le médecin demande à Lisa de l'héberger, le temps des travaux, Lisa accepte tout de suite mais Loulou traîne un peu des pieds, il ne veut dépendre de personne et ne veut surtout pas qu'on lui dise qu'il est vieux ! Il finit cependant par accepter, puis il y a Tim, son petit fils qu'il chérit particulièrement. Vous l'avez compris, Loulou est un sacré personnage au fort caractère qui n'a pas sa langue dans sa poche, ça promet des scènes truculentes dont seule, l'autrice a le secret, d'ailleurs les ennuis risquent de bien vite commencer puisque Cécile, la mère de Lisa, ne va pas tarder à arriver et que Loulou n'est pas encore au courant, Lisa ne sait comment lui annoncer parce que Loulou est en froid avec sa fille depuis des années et Lisa a bien peur que son grand-père se fâche et rentre chez lui.
Mais la cohabitation se passe à merveille. Ouf, voilà une histoire rondement menée, mais Lisa est loin d'imaginer ce qui se profile à l'horizon. En partant inspecter les travaux de la maison de Loulou, elle découvre une pièce secrète qui abrite un coffret dans lequel elle trouve une casquette ayant appartenu à un SS, une enveloppe contenant des vieilles photos en noir et blanc, des chaussons de danse et un carnet en cuir noir dont les pages sont jaunies par le temps, les premières pages du journal commencent en juillet 1939 et sont rédigées par Aurélia.
Mais qui est donc cette Aurélia ? et pourquoi Loulou n'a jamais voulu parler de cette époque alors qu'il n'était qu'un enfant. A l'évocation de ce coffret, de la pièce cachée et du prénom d'Aurélia, Loulou se met en colère et se referme comme une huitre. Voilà qui est bien mystérieux mais Lisa ne veut pas en rester là, elle est hantée par Aurélia et décide de mener sa propre enquête et de lire le journal -même si Loulou le lui a interdit- l'histoire se corse encore un peu quand on apprend, que pas loin du village, des ossements d'un soldat Allemand viennent d'être retrouvés et que Loulou est particulièrement mal à l'aise avec cette nouvelle. Que cache son grand-père ? Lisa est bien décidée à percer le secret.
Clarisse nous embarque à l'aube de cette seconde guerre mondiale avec Léandre Moreau qui n'est autre que le grand-père de Loulou, Aurélia et Marie ses filles. Léandre vit à Paris avec Aurélia -la tante de Loulou- qui rêve d'être danseuse. Marie vit dans la demeure familiale de Châtillon-sur-Indre avec son fils Loulou. Quand la guerre éclate, les parisiens viennent se réfugier dans le Berry. Léandre est un homme mystérieux, chanteur très connu pour le côté face avec une vie parallèle basée sur l'espionnage pour le côté pile, il possède un tissu de connaissances haut placé. Ensemble ils vont monter un réseau de résistance.
C'est la guerre, c'est aussi le moment des premiers émois amoureux et Aurélia découvre le grand amour avec Antoine, un jeune circassien qui va entrer en résistance avec eux. Les jeunes gens sont très courageux et n'hésitent pas à braver tous les dangers pour sauver des familles juives prises au piège des monstres nazis. Clarisse nous décrit cette époque avec beaucoup de lucidité et mêle habilement fiction et faits historiques. C'est très prenant et surtout très bouleversant. Je m'attache tout de suite aux personnages, que ce soit Léandre, Aurélia ou encore Antoine. J'ai moins d'attirance pour Marie que je trouve un peu effacée, peut-être est-ce simplement de la prudence, n'oublions pas qu'elle est la maman de Loulou et qu'elle doit protéger son petit.
Au fur et à mesure qu'on avance dans la lecture, on découvre l'histoire de la famille Moreau, leur implication dans la guerre et la résistance, leur vie très dure, le froid, la faim, les privations, les risques qu'ils prennent, et cette belle histoire d'amour entre Aurélia et Antoine, on a peur pour eux, tout cela semble si fragile. Mais la guerre est tragique, inhumaine, horrible, sans pitié, et l'horizon s'assombrit, on finit par découvrir le secret que Loulou gardait si précieusement et qui devait être un sacré poids pour le petit garçon qui a du se construire avec ça. Après tant de temps, Loulou ne veut toujours pas en parler !
Mais revenons au présent avec Lisa, parce qu'il se passe des choses intéressantes aussi que je ne peux dévoiler au risque de spoiler. Sachez cependant qu'elle va se laisser une chance de retrouver l'amour, et ce n'est pas tout, Cécile pourrait bien, elle aussi, succomber au charme d'un directeur de Haras. Vous l'avez compris, ce roman est plein de rebondissements que ce soit dans le passé ou le présent. Il n'y a pas de temps mort, tout est rédigé d'une main de maître, c'est du
Clarisse Sabard et je me délecte de cette plume si particulière que j'affectionne énormément.
Ce roman est complet, il y a le sens de la famille avec cet amour filial qui réchauffe et fait du bien. Il y a cet héroïsme de la guerre avec les actions de résistance, comment ne pas avoir de l'admiration pour ces gens qui ont tout risqué pour aider les autres et défendre leur pays. Il y a l'amour et là aussi c'est une marque de fabrique dont l'autrice a le secret. Il y a des rebondissements et toujours ces secrets de famille qui font vibrer le lecteur. Bienveillance et leçons de vie émouvantes, courage, héroïsme, cette histoire pétille et fait du bien, je l'ai lu en deux jours, il a fallu aussi que je sorte un mouchoir !
C'est encore une fois un vrai coup de coeur, et c'est le douzième roman de l'autrice qui me met des étoiles plein les yeux. Je vous le recommande et je ne sais plus maintenant lequel est mon préféré, il se pourrait bien que dans les douze, il soit sur la première marche du podium !
J'ai cru comprendre que Clarisse prépare une saga familiale, peut-être sur plusieurs tomes, j'ai vraiment hâte de la découvrir.
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