Un livre fascinant... on se glisse dans la peau du personnage, si réel, si proche. Sa vie pourrait être la nôtre, celle de nos proches. Il en faut si peu pour que tout bascule...et entrer dans la spirale de l'enfer.
Un livre à faire lire à tous les actionnaires des multinationales!!!
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Alain Delambre est un cadre de 57 ans, au chômage depuis 4 ans. Il a un petit emploi dans une entreprise, mal payé qui lui permet à peine de payer les dernières traites de son appartement que sa femme Nicole et lui ont acheté il y une vingtaine d'année. Il veut retrouver du travail, un vrai travail qui correpondrait à ses compétences ou son expérience, mais personne ne veut de lui. Trop vieux, aussi lorsqu'il tombe sur cette annonce qui correspond vraiment à son profil, l'espoir revient.
Le désespoir d'un homme face au chômage, son impuissance devant sa situation vont le pousser à des extrémités qu'il n'aurait jamais pu envisager.
L'auteur met en parallèle les actes de son personnage et les informations du monde économique sur les chiffres du chômage, le nombre de licenciements ou les primes des grands patrons. Ce qui crée un effet dramatique et on se prend de pitié pour cet homme qui ne demande qu'une chose : pouvoir travailler.
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Le fond : un quinquagénaire désabusé se rend à un entretien d'embauche organisé par une entreprise tentaculaire. Soudain, une prise d'otages éclate. Les cartes sont rabattues. Et si c'était une mise en scène pour mettre à l'épreuve les candidats au poste ?
La forme : une écriture simple et efficace qui restitue bien l'atmosphère oppressante et la psychologie du personnage principal.
Pour conclure, un thriller brillant, cynique, unique, sur fond de satyre sociale avec comme souvent chez l'auteur une dénonciation des travers de notre société et un questionnement sur le poids de l'individu face à une masse en marche.
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M'avez-vous déjà vu dire du mal d'un roman de Pierre Lemaître? Non.
Me lasserais-je un jour de faire des critiques élogieuses de ces romans? Certainement pas.
Est-ce que Cadres Noirs est à la hauteur de ses autres oeuvres? Cela et plus encore.
Vais-je arrêter de poser des questions pour enfin commencer ma critique? Pas du tout... Bon d'accord. Bande de rabat-joie.
On quitte le roman policier et le roman historique pour nous plonger dans le quotidien d'Alain Delambre. Cinquante-sept ans, marié, père de deux jeunes femmes qui ont bien réussi dans la vie. Jusqu'ici, rien qui ne sorte de l'ordinaire. Notre brave Alain est un ancien cadre qui, au chômage depuis quatre ans, peine à joindre les deux bouts. Son travail actuel consiste à trier des médicaments à destination de diverses pharmacies.
Et voilà qu'un matin, il pète les plombs et il réagit de manière disproportionnée à une provocation de la part de son employeur. Ni une, ni deux, le voilà viré. Retrouver un emploi rapidement à son âge? Mission impossible dans une société qui privilégie la jeunesse à l'expérience. Et pourtant, Alain n'a pas le choix. Sa femme et ses filles ignorent tout de chômage et il veut à tout prix que cela reste ainsi.
Alors forcément, cette lettre proposant un entretien d'embauche dans une grande société constitue l'ultime recours pour Alain, même s'il n'y croit pas trop. Un poste de DRH pour quelqu'un qui se rapproche de la retraite? Trop beau pour être vrai.
Et justement, si c'était vrai?
Dans Cadres Noirs, Pierre Lemaître nous décrit avec son style percutant et tranchant la triste réalité de notre société. Je ne l'ai lu que cette année et pourtant il date de 2010. Dix ans. Une décennie. Une éternité. Et pourtant, on a l'impression que le livre a été écrit hier.
On retrouve ici le côté spirale infernale déjà central dans le magistral Robe de marié. D'ailleurs tout pour ce roman, le titre de Cadres Noirs prend tout son sens vers la fin du roman.
Cadres Noirs se divise en trois parties. Avant. Pendant. Après. Pour en savoir plus, il vous faudra le lire. J'ai largement préféré le Avant et le Pendant au Après. le Avant présente bien les personnages, les enjeux et pose bien l'ambiance lourde, qu'on retrouvera pendant tout le Pendant. Après constitue bien entendu la conclusion mais, comparé aux événements du Pendant, j'ai remarqué une certaine perte de vitesse dans le rythme, en dépit de l'action.
Comment? Viendrais-je de critiquer Cadres Noirs? Que nenni, mes braves. Il s'agit là de mon ressenti ultra subjectif qui n'enlève rien au talent de Lemaître, toujours aussi efficace. Par certains côtés, je le trouve même plus efficace que Robe de Marié et Alex, qui sont mes romans préférés dans le thème du thriller/roman policier (je précise parce que ces deux romans sont surclassés dans mon coeur par Au Revoir là-haut). Sans doute parce que, comme je l'ai déjà mentionné, il y a ce côté ancré dans la réalité qu'on ne retrouve pas dans ses autres romans.
Nous vivons avec Alain. Nous souffrons avec lui. Nous crions au scandale avec lui. Nous voulons qu'il s'en sorte. Il le mérite. Parce qu'Alain existe. Vous l'avez peut-être croisé un jour, en sortant du métro mais vous n'y avez sans doute pas fait attention.
Un revers de fortune, un événement tragique, un drame et nous pouvons, nous aussi, du jour au lendemain, devenir des Alain
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Magnifique; cette machination infligée à un cadre au chomage par la société est formidablement écrite. Sans aucun à priori, aucun parti pris, c'est au lecteur de se placer au centre de l'histoire.
C'est formidablement bien écrit, on n'en sort pas indemne et on peut se poser de nombreuses questions sur notre société.
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