« Dix années se sont écoulées depuis la mystérieuse pandémie qui frappa la Terre et décima la quasi-totalité de la population. de celle-ci, naquit une nouvelle espèce : mi-homme mi-animale. Gus fait partie de ces enfants hybrides dont on ignore tout, livré à lui-même depuis la mort de son père. Au cours de son voyage à travers une Amérique dévastée, Gus croisera la route de Jepperd, homme massif et taciturne avec qui il se met en quête d'un refuge spécialisé. Mais sur leur route, les chasseurs sont nombreux. » (synopsis éditeur).
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Je mourrais d'envie de lire ce récit publié pour la première fois outre-Atlantique en 2009. Il a fallu attendre six bonnes années pour qu'il traverse l'océan et soit réticents à lire dans la langue de
Shakespeare.
Jeff Lemire a écrit cette série en quatre ans, elle comporte une quarantaine d'épisode… cette première intégrale en regroupe une douzaine.
Jeff Lemire est un nom qui ne vous est pas étranger si vous passez de temps en temps par ce blog. Il faut dire que j'accroche furieusement bien avec les univers qu'il crée : «
Essex County », «
Trillium », « Jack Joseph »… autant d'immersions complètent dans des univers fictifs très maîtrisés. Science-fiction, monde réaliste, fantastique…
Jeff Lemire est un touche-à-tout qui réussit chaque essai. Je n'ai pas les mots pour dire à quel point j'espérais que «
Sweet tooth » soit un jour traduit en français… la traduction providentielle qui me permettrait d'entrer dans cette histoire est enfin arrivée,
Benjamin Rivière – traducteur – l'a fait… et la collection « Vertigo Essentiels » d'
Urban Comics accueille diablement bien cette série.
On rentre à pas de loup dans l'univers de cet enfant doté de bois de cervidés. A pas feutrés, le lecteur s'approche pour ne pas l'effrayer. Car sous le crayon de
Jeff Lemire, on le sent fragile et peureux. Pourtant, très tôt, on a envie de côtoyer cet enfant qui vit en huis-clos avec son père. Leur cabane isolée est retranchée dans la foret, loin des regards, loin de la route. A l'abri du monde extérieur. Sous le regard bienveillant de son père, l'enfant Gus a grandi pendant neuf années… jusqu'à ce que le protecteur paternel expire, laissant l'enfant livré à lui-même. Très tôt après ce deuil, le danger se présente à proximité de la maison natale, exacerbant le fait que l'enfant pacifique est sans défense. Mais, comme une apparition providentielle, le personnage de Jepperd fait son entrée, prenant l'enfant sous son aile et assurant sa protection. En quelques pages à peine, nous voilà lancés dans la lecture, touchés par la naïveté et la pureté de cet enfant, rassurés par la présence imposante de cet homme dont on ne sait absolument rien. Et puis, il y a cette complicité entre eux, cette tendresse ambiguë aussi. «
Sweet tooth ». Gueule sucrée. C'est ainsi que le gros costaud de Jepperd surnomme Gus, l'enfant aux bois de cerfs. Les éléments narratifs se placent tour à tour et notamment les rêves prémonitoires de Gus qui alertent le lecteur, le mettent sur le qui-vive et le mettent en tension.
Jeff Lemire prend la main de son lecteur, le berce, le prévient, le surprend… l'émeut.
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