L'Affaire Margot

La fille cachée, le ministre et la comédienne

Ce premier roman venu des États-Unis est une double (bonne) surprise. Pour l'histoire de la fille cachée du ministre de la culture et d'une comédienne et pour la découverte d'une primo-romancière au talent indéniable.

Margot vit à Paris avec sa mère, comédienne et metteure en scène. Cette dernière entretient une liaison avec son père qui a été nommé ministre de la culture et qui s'affiche officiellement avec une autre femme, riche et célèbre. Une double-vie et un lourd secret pour l'adolescente qui s'estime sacrifiée par cette raison d'État et par la carrière professionnelle de sa mère, pavée de gloire, alors qu'elle doit rester dans l'ombre. Margot entend dès lors prendre ses distances et choisit d'appeler désormais sa génitrice par son prénom, Anouk, plus que par maman.
Un jour, alors qu'elles prennent un verre à une terrasse non loin du jardin du Luxembourg, le regard d'Anouk croise celui de la femme qui partage officiellement la vie de son amant. Après quelques secondes de sidération, elle choisit de fuir avec sa fille. Mais cette silhouette va désormais obséder Margot qui, le jour de ses dix-sept ans, forme le voeu qu'elle disparaisse et que son père choisisse leur foyer.
Lors d'une soirée de première, autour des petits fours elle fait la connaissance de David. Elle va sympathiser avec ce journaliste jusqu'à finir par lui révéler son secret. Car elle imagine que si la vérité venait à s'étaler à la une des journaux, elle pourrait voir son voeu se réaliser. Ce jour fatidique arrive: «Le ministre de la Culture entretient une liaison avec l'actrice Anouk Louve! L'homme politique, marié à Claire Lapierre, mène une double vie.» À la déflagration de l'annonce suit un communiqué niant les faits avant que, huit jours plus tard, le ministre reconnaisse sa liaison et sa paternité. Quant à Margot, elle doit se contenter d'un long silence. Et de questions qui resteront sans réponses. Car après quelques semaines, son père est retrouvé mort.
«Parfois, je m'assieds par terre dans ma chambre et je ferme les yeux pour imaginer ce qui se serait passé si je n'avais pas rencontré David. Si je n'avais pas ouvert la bouche. J'aurais dû savoir que ça pouvait le tuer. (...) Quand je pense à ce que j'ai fait, je n'ai qu'une seule idée en tête: tout effacer.»
La seconde partie du roman, tout aussi passionnante, nous montre comment Margot va essayer de se reconstruire après ce choc. Par l'écriture. Un peu comme l'avait fait Mazarine Pingeot, la fille de François Mitterrand, en publiant Bouche cousue, en 2005. Cette fois, ce n'est pas Margot qui prend la plume, mais elle se confie à Brigitte, la compagne de David qui prête sa plume pour la rédaction de livres. En décidant de livrer sa vérité, elle veut se libérer de son lourd passé, mais aussi explorer toutes les zones d'ombre, savoir qui était son père, quelles relations il entretenait vraiment avec sa mère et avec Claire Lapierre. Ce qui l'oblige à son tour à élaborer une stratégie du secret pour ne pas heurter sa meilleure amie Juliette, pour ne pas dévoiler son projet à sa mère. Au fil des jours, elle ne va plus vivre que pour David et Brigitte, ses nouvelles boussoles. Fascinée et attirée comme un papillon vers la lumière.
Sanaë Lemoine retrace avec beaucoup de finesse cette période charnière de la vie d'une adolescente en passe de s'émanciper. Et de comprendre combien, il est important de choisir par soi-même plutôt que de se laisser guider par les autres. Et d'écrire soi-même son histoire.



Lien : https://collectiondelivres.w..

La jeune auteure de ce premier roman a un père breton , une mère japonaise, l'Argentine l'a vue naître et l'Australie grandir, elle vit aux E.U.
Alors qu'elle est jeune documentaliste , une journaliste américaine lui demande de s'intéresser à l'affaire Mazarine Pingeot et à son roman "Bouche cousue".
Quelques mois plus tard, son propre père lui avoue avoir une double vie avec de la descendance déjà.
C'est à partir de là qu'elle aussi à envie de raconter son histoire à travers la fiction.
Comme toute jeune fille qui a rêvé de la France , elle a des idoles; F Sagan(Bonjour tristesse), J.Deray (la piscine), M;Duras (l'amant), et ces inclinaisons sont évidentes dans le roman.
Roman qui narre les troubles de l'adolescence, les rapports aux parents, naturellement pas faciles mais surmultipliés pour une enfant cachée non reconnue par son père(dans le roman), et qui meurt d'envie de pouvoir être enfin "elle".Une mère comédienne plutôt égocentriste mais qui veut endurcir sa fille afin qu'elle accepte cette vie cachée et les ragots qui l'accompagnent. le père est un ministre.
C'est un page-turner de lecture très agréable, d'une qualité de papier remarquable; mais c'est un premier roman qui manque de "chair" et déjà destiné à une série télévisée.

J'ai eu la chance mardi dernier de participer, via zoom, à la rencontre organisée par Babelio avec Sanae Lemoine. "L'affaire Margot "qui vient de paraître en France a connu un grand succès aux États-Unis l'an dernier.

Sanae a répondu avec gentillesse et intelligence à l'ensemble des questions. le livre de Mazarine Pingeot "bouche cousue" l'a inspirée. Mais aussi son histoire personnelle ayant découvert que son père français, avait aussi deux familles.

Margot est la narratrice. Ce livre est une sorte de journal intime portant sur l' année charnière dans la vie de Margot.

Margot est une jeune fille de 17 ans, élève brillante en classe de terminale. Elle est la fille naturelle d'un homme politique. Elle est élevée par Anouk, sa mère, comédienne de théâtre. Juliette est sa meilleure et seule amie.

Souffrant de cette situation, Margot décide de sortir de l'anonymat. Elle confie à David, un journaliste qu'elle a rencontré, le nom de son père et l'autorise à le communiquer dans la presse. L'affaire fait grand bruit. Malheureusement son père décède sans avoir repris contact avec elle.

Dans la deuxième partie de l'ouvrage Margot évolue, elle quitte l'adolescence et entre doucement dans le monde des adultes. Naïve elle confie son histoire à Brigitte - femme de David- pour rédiger un projet de livre. Elle s'est sentie valorisée par l'attention qu'ils semblaient lui donner. Elle a cru à leur amitié, la déception n' en est que plus grande. Heureusement ses liens avec sa mère, se resserrent : "je voulais absorber ma mère en moi pour n'être jamais seule. Je n'avais pas peur."

Excellent livre. Rédigé en anglais, bien traduit, une écriture fluide. Je n'ai pas été gênée par l'absence de ponctuation dans les dialogues. Je m'y suis habituée très rapidement.

Ce premier roman est d'excellente facture même si ses qualités fléchissent à mi-course après un rebondissement à couper le souffle. On ne sent pas que c'est une Américaine qui tient la plume. Margot adore son père à temps partiel. Elle se plaît à croire que cet homme politique en vue la préfère à ses deux fils légitimes, qu'un jour il quittera son épouse légale pour vivre avec sa maîtresse attitrée et sa fille. La mère de Margot, Anouk, paraît se contenter de cette vie dans l'ombre. Elle ne cesse de rassurer Margot sur les sentiments du mari volage à leur égard.
Mais monsieur reste dans son appartement confortable avec sa famille officielle. Margot imagine un stratagème pour le décider à sauter le pas. Sa relation avec un couple de journalistes constitue un livre dans le livre. Margot se frotte à la rouerie des adultes à la veille du bac. Cette intrigue secondaire tirée en longueur nuit à la densité de la première partie, où l'auteure parle d'elle à travers Margot. Je m'attendais à ce que la relation mi-figue, mi-raisin entre Margot et Anouk évolue, qu'une connivence finisse par naître entre deux femmes, second choix d'un homme marié. Les dernières pages augurent d'un apaisement possible, par la voix d'Anouk au cours d'un spectacle seule-en-scène, écrit sur mesure d'une vie complexe, tellement dure à porter, voulue au mépris des conventions et fondée sur l'égoïsme, dommageable pour tous.




Lien : http://cinemoitheque.eklablo..

Margot, issue de la relation secrète entre un homme politique / ministre et d'une réalisatrice / actrice dont les premiers rôles au théatre ont fait sa consécration, est la narratrice de ce roman très actuel qui va guider ses lectrices et lecteurs sur son parcours initaitique et révolté. C'est toute une galerie de portraits très pointus qu'elle va nous présenter de manière quasi chirugicale et c'est en soi déjà peu classique, dans l'ordre chronologique de sa propre évolution. 

Pris dans une relation amour / rejet avec une mère qui a assumé seule son éducation, Margot entre en révolte contre ce qu'elle avait supporté jusqu'à son adolescence ; à savoir le choix assumé par son père, homme politique et ministre de la culture comme sa mère d'avoir fondé une famille secrète en marge de sa propre famille officielle. Un père que Margot adore et admire et dont les quelques moments clandestins passés ensemble ont crée de très forts liens. 

Cette première vie, Margot n'en veut plus, pour elle son père doit la reconnaitre officiellement et quitter femme et fils pour vivre avec Anouk sa mère. C'est pourtant une enfance confortable qu'elle a connu jusque là avec la prise en charge pécuniaire de son père pour l'appartement qu'elle partage avec sa mère, une amie intime depuis l'enfance ; Juliette et un couple d'amis intimes d'Anouk, Mathilde et Théo, sorte de parents de substitution mais ce sont les seuls à connaitre l'histoire et la paternité de Margot. Des gens proches mais qui de surcroît vivent une vie normale sociale, des parents établis pour Juliette ....  cela ne suffit plus.

C'est ainsi que Margot, après avoir, en vain, exigé de sa mère qu'elle demande à son père de les reconnaitre et les rejoindre, va monter, plus ou moins volontairement sa revanche... à savoir faire connaître ce secret au grand public et probablement bouleverser la vie de la famille de son père et bousculer Anouk. Tout d'abord en orchestrant avec David, un journaliste, les fuites et la révélation de cette double vie puis avec Brigitte sa compagne la publication d'un livre sur ce sujet. Ces deux là vont là aussi être des parents de substitution aux sentiments troubles, parfois complices de Margot, parfois manipulateur...

Le décor est planté, les sentiments et drames ourdis mais l'ensemble aura des répercussions considérables sur la vie de cette petite communauté, des répercussions inévitables et irréversibles. le jeu en vaut-il la chandelle c'est tout le cadre de ce roman.

Galerie de portraits, histoires de vies croisées, roman d'apprentissage, drames et conflits, de multiples questions philosophiques et sociales (relation mére absolue / fille, paternité, filliation, vie politique secrète, appropriation, rapports trop fusionnels). Tout cela est simplement passionnant et brillant, merci.
Lien : https://passiondelecteur.ove..

Un grand merci à Babelio et aux Editions Eyrolles pour l'envoi de ce texte et la rencontre visio à laquelle j'ai pris grand plaisir à participer.
Dans ce roman, on retrouve Margot, la narratrice, une jeune fille blessée par le secret imposé par son père, ministre de la culture. Elle souffre d'être reléguée au second rang, après la famille légitime.
Le parallèle avec Mazarine Pingeot est évident et bien traité dans le roman.
Margot se construit comme elle peut, étouffée par ses 2 parents, personnalités publiques fort occupées et préoccupées par leurs propres personnes. Derrière l'impressionnante Anouk, Margot cherche des figures maternelles avec plus ou moins de succès, Mathilde, Brigitte et Madame Lepierre.
Margot est une adolescente forte et, même si ses choix sont discutables et excusables du fait de son jeune âge, il est impossible de ne pas s'interroger sur ses propres réactions à sa place.
Pour ma part, ayant grandi sans père, ce roman a fait écho en moi, je me suis retrouvée sans ses envies de petits-déjeuners familiaux le week-end.
Au cours de la rencontre Zoom, j'ai appris que l'autrice avait vendu les droits à Disney. J'ai hâte d'en voir le résultat.

Depuis sa sortie, j'entends beaucoup parler de ce premier roman. Écrit par une autrice américaine, ayant un père français et une mère japonaise, cette histoire, inspirée d'éléments de sa vie personnelle, est une ode à l'amour maternel et amène son lecteur à s'interroger sur les relations intrafamiliale, le poids d'un secret et toutes les questions que l'on se pose quand on est adolescent.

Nous faisons ici connaissance avec Margot, une adolescente de 17 ans qui vit à Paris avec sa mère, Anouk. Son père est un ministre qui cache sa double vie à son épouse et ses deux fils. Margot vit de plus en plus mal d'être cachée et de vivre dans l'ombre de ses parents célèbres. Un jour, elle décide de parler à un journaliste qui, sans citer sa source, révèle son existence. Quelles seront les conséquences de cette révélation sur Margot ? Sur sa mère ? Sur son père ? Sur « l'autre famille » ? Margot mesure-t-elle l'onde de choc provoquée par cette nouvelle ? Et a-t-elle raison de faire confiance à ce journaliste et à son épouse ? Pourquoi sont-ils si attentionnés avec elle ?

Margot est une jeune fille qui est un peu perdue. Elle a une relation particulière avec sa mère qui peut se montrer tantôt très tendre, tantôt distante. Elle s'entend bien avec son père, qu'elle aime beaucoup, mais souffre de ne pas le voir aussi souvent qu'elle le voudrait. Lorsqu'elle croise, par hasard, l'épouse de son père, elle se met à rêver d'une vie différente. Séduite par David, un journaliste rencontré après une représentation de sa mère, elle lui confie son secret mais tout ne se passera pas comme elle l'avait pensé. Margot est, finalement, une adolescente comme les autres, en recherche de l'affection de ses parents et qui a du mal à se projeter dans le futur. Sa mère Anouk semble froide, distante, plus préoccupée par sa carrière que par sa fille. Au fil des pages, on découvre d'autres pans de sa personnalité, plus attachante et plus en adéquation avec l'image qu'on peut avoir d'une mère. Son père est un homme politique de premier plan qui, même s'il n'a pas grandi dans un milieu favorisé, a appris à faire attention aux apparences. Ainsi, même s'il est présent pour sa fille, il fait le choix de la garder cachée et il ne va pas se montrer sous son meilleur jour, vis-à-vis d'elle, au moment de la publication de l'article. Enfin, il y a David, le journaliste, et Brigitte, son épouse. Tous les deux vont se montrer très prévenants et avenants envers Margot, en lui servant d'amis mais aussi de confidents. Mais sous leurs airs parfaits, que réservent-ils à la jeune fille ?

Ce premier roman est une réussite. En effet, on entre tout de suite dans le vif du sujet et je me suis très vite attachée à Margot. La plume de l'autrice est très visuelle et émotionnellement forte. En effet, l'intrigue et l'intensité émotionnelle vont crescendo et le lecteur termine l'histoire à bout de souffle. Beaucoup de thématiques sont abordées ici : on parle de maternité, de rapport au corps, des secrets de famille, de la confiance…. Tous ces thèmes se mêlent au fil des pages et nous amènent à nous interroger. L'originalité de ce livre réside dans l'absence formelle de dialogues. En effet, ils sont retranscrits à la forme indirecte, ce qui n'empêche pas de se représenter les différents protagonistes en train de discuter. En bref, Sanaë Lemoine frappe fort avec cette histoire, nulle doute qu'elle fera partie des autrices sur lesquelles il faudra compter dans l'avenir.

Pour conclure, « l'affaire Margot » est un roman marquant et très réussi qui amène le lecteur à s'interroger sur l'amour maternel, le poids des secrets et les relations de confiance. Je le recommande à tous les amateurs de nouvelles plumes et à tous ceux qui aiment les secrets de famille et les non-dits.
Lien : https://lesmisschocolatinebo..

Pour moi ce roman était l'histoire du manque, d'amour et de présence de la mère, l'absence du père, pour Margot, à la sortie de l'adolescence, qui cherche à se construire.
J'y voyais un récit thérapeutique pour l'autrice qui a découvert la seconde famille de son propre père toute jeune adulte.
Curieusement, ce point n'a pas été abordé lors de la rencontre zoom avec Sanaë Lemoine, posée, charmante.
Pourtant, viscéralement, ce vide qu'elle décrit si bien, je le ressens comme une souffrance vécue et partagée avec le lecteur. Ce qui explique les 8 années mises à accoucher de ce premier roman.

Je n'ai pas apprécié les dialogues sans ponctuation, qui rendent la compréhension difficile, mais j'ai compris la logique de l'autrice à qui la question a été posée et qui relevait d'ailleurs qu'elle avait eu les mêmes remarques de son lectorat américain : Cette façon d'écrire lui est venue spontanément dans la mesure où elle était vraiment dans la peau, et les pensées, de Margot : sans ponctuation !

Dommage aussi, à mon sens, que les personnages soient si ‘caricaturaux', le père ministre de la culture, la mère actrice, la fille (Margot, l'héroïne) excellent élève, brillante, précoce … Too much !

Mais, l'histoire de la vie, pas simple, des familles décomposées, monoparentales, avec leurs secrets : ces choses dont on ne parle pas, surtout pas aux enfants ! Dans lesquelles il est difficile de se construire !

Je suis curieuse de partager ce roman avec ma petite belle-fille, et échanger nos ressentis !

Avant tout, merci à Babelio et à Masse critique pour m'avoir donner la possibilité de lire ce livre. Sincèrement de moi même je ne l'aurai pas acheté.
J'ai découvert après lecture que l'auteure s'est inspirée d'un épisode réel de sa vie. L'écriture est fluide et incisive, sans fioritures, très peu de descriptions à part la nourriture, les menus, les repas. On sent l'inspiration à Marguerite Duras dans le style. le manque ou le désir d'amour de Margot se traduit par une sorte d'obsession pour la nourriture. Les dialogues n'ont pas de signalisation ce qui est déroutant au début. Les personnages sont complexes mais très bien présentés et analysés. Cette adolescente en recherche d'amour, d'existence officielle, de reconnaissance par son père va faire exploser cette vérité, en se confiant à des journalistes. Elle cherchait des amis, du secours, elle a du affronter des adversaires ( la presse), elle ne connaissait que sa vérité, elle a découvert l'autre vérité. Elle aurait voulu que sa famille illégitime devienne la famille légitime sur le choix du géniteur face à cette exposition médiatique, elle n'a jamais pensé à une autre décision de ce dernier, ni aux autres conséquences. L'adolescence qui se heurte au monde des adultes.

C'est avec beaucoup de plaisir que, grâce à masse critique, j'ai découvert un nouvel écrivain, Sanaë Lemoine, auteur de « L'affaire Margot ». Ce roman est un bel ouvrage, à commencer par la couverture un peu raide, au toucher un peu rugueux, et à l'illustration intrigante, puisqu'on y voit un être de dos, aux cheveux mi-longs, avec une chemise blanche, face à un décor flou mais qui est sans doute un théâtre ou l'Opéra Garnier, photo prise entre chien et loup, sur une place quasiment vide, même si des lumières évoquent un trafic automobile. Toute l'oeuvre se dit par cette couverture.
La traduction française de ce texte écrit initialement en anglais rend bien compte de l'adolescence. L'héroïne, Margot Louve, 17 ans, cherche à trouver sa place dans sa famille, à être reconnue. Elle s'oppose, s'interroge, se cherche. C'est à une quête d'identité que le lecteur assiste, qui se fait avec et contre parents, amis, rencontres, pour éprouver l'amour, s'en assurer, répondre à des interrogations intérieures incessantes, rendues par des dialogues fréquents qui ne respectent pas les codes de ponctuation traditionnels, et mettent régulièrement le lecteur dans l'incertitude de l'identité du locuteur. J'ai éprouvé plusieurs fois des hésitations dans l'identification d'un discours direct ou intérieur, contribuant à donner un caractère « flottant » au récit, qui rend bien les incertitudes de l'adolescence, cette recherche du « qui suis-je », de l'entre-deux entre adolescence et âge adulte, cette conviction que l'on est mature, autonome, responsable, et la découverte d'une naïveté encore présente, qui peut être lourde de conséquences. Les liens fille/père et fille/mère sont bien approchés, décrits, rendus, par le point de vue de Margot qui va découvrir qui sont ses parents, et en particulier sa mère, personnage amené lui aussi à se dévoiler.
Un beau roman d'apprentissage donc, comme annoncé en quatrième de couverture, qui m'a plusieurs fois fait penser que l'auteur n'était pas loin derrière son héroïne, ce qui rend l'oeuvre encore plus touchante car à fleur de peau.