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Merci, merci à Patrice et au mois de livres de langue allemande en novembre 2019. C'est un vrai cadeau ce livre et je vous le conseille à toutes et tous. Mais vous l'avez peut-être déjà lu, puisque Maxim Leo a reçu le prix du livre Européen en décembre 2011 pour cet essai. Prix tellement mérité, car rien ne peut plus contribuer à la construction européenne que ce genre d'essai qui décrit si minutieusement les malheurs d'une Europe en guerre puis divisée par un mur infranchissable pour les habitants de la RDA. Maxim va nous faire comprendre tous ces aspects de l'Europe grâce à sa famille qui est à la fois originale et tellement ordinaire. En tout cas pour sa famille paternelle, si son père n'est jamais totalement entré dans les cases des critères de la RDA, son grand-père a été un nazi ordinaire puis un habitant de la RDA tout aussi ordinaire. Mais cette phrase traduit trop pauvrement la compréhension que nous aurons de Werner ce grand père qui s'est si peu intéressé à son fils. En revanche, la famille de sa mère est beaucoup plus originale . Son grand père Gerhard Leo a été obligé de fuir avec son propre père l'Allemagne nazi parce qu'il était d'origine juive. En France, Gerhard rentrera dans la résistance et devient un véritable héros, il a raconté ses exploits dans un livre que je lirai peut-être. S'il est resté en RDA , c'est parce qu'il a trop vu en RFA d'anciens nazis ne pas être du tout inquiétés et même devenir des cadres de la nation. Ensuite, nous voyons la vie des parents de Maxim qui essaient de tout faire pour se plaire en RDA, sans pour autant adhérer complètement au système. Et enfin avec lui, Maxim ce petit garçon qui ne croit pas du tout aux valeurs communistes et qui ressemble tellement à tous les enfants du monde. Son parcours permet de toucher du doigt la vie de l'Allemagne de l'Est. C'est à la fois tragique et ridicule. Tragique, car il a failli ne pas pouvoir poursuivre ses études et qu'il craint toujours d'être repéré par la Stasi. Ridicule, quand on voit les efforts de la directrice pour convaincre les enfants qu'ils ont de la chance d'être des enfants choyés de la RDA alors qu'ils n'ont presque rien pour jouer ou pour se distraire. Et lorsque le dernier chapitre arrive avec les manifestations de Leipzig qui annonceront la fin de ce régime absurde on sent que cela s'est joué à très peu de choses. Mais les Allemands sont maintenant réunis dans un même pays, on se demande alors si Maxim Leo écrira la suite pour nous expliquer pourquoi le parti néo-Nazi se réclamant ouvertement des théories d'Hitler fait un si bon score dans son ancien pays. À ce propos vous pouvez écouter sur le podcast du Nouvel Esprit Public une émission qui compléterait bien cette lecture.
Lien : https://luocine.fr/?p=11280
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Trente ans après la Chute du Mur de Berlin, l'histoire de la RDA reste omniprésente dans la littérature contemporaine allemande. On peut évoquer récemment le succès de Quand la lumière décline d'Eugen Ruge. Une littérature qualifiée d'ostalgie a même vu le jour. Dans Histoire d'un Allemand de l'Est, qui a valu à son auteur, Maxim Leo, le Prix du livre européen, c'est une part importante de l'histoire allemande, notamment de la RDA, qui se déroule sous nos yeux, vécue par la famille de l'auteur.

La traduction de certains titres peut parfois laisser interrogatif. Je rangerais volontiers le présent roman dans cette catégorie. En effet, publié en allemand sous le titre « Haltet euer Herz bereit – Eine ostdeutsche Familiengeschichte » (littéralement « Tenez votre coeur prêt – Une histoire de famille est-allemande »), la version française devient « Histoire d'un Allemand de l'Est ». Il fait ainsi croire au lecteur que c'est autour d'une personne que se déroule l'histoire. Or, c'est l'avantage l'histoire d'une famille. Maxim Leo est bel et bien là, mais plus souvent comme enquêteur.

C'est sur sa mère que s'apesantit d'abord l'auteur. Il lui consacre d'ailleurs un joli portrait. Communiste souhaitant allier la vérité à la doctrine du parti, elle se rend compte progressivement des incohérences du régime mais ne s'affranchira que beaucoup plus tard :

La figure tutélaire de la famille est en fait le grand-père maternel de Maxim, Gerhard. Il a 9 ans en 1933 quand son père Wilhelm, juif, est mollesté par les SA après l'incendie du Reichstag. Arrêté puis déporté au camp d'Oranienburg, il finit par prendre l'exil en France. Un exil qui ne sera pas de tout repos car, en tant qu'allemand, il sera interné à nouveau dans un camp, dès que l'Allemagne et la France seront en guerre. Gerhard se lancera très jeune dans la résistance et passera de peu à côté de la mort, sauvé par les FTP dans une gare française. On a donc peu de mal à imaginer à quel point l'antifascisme et les contacts avec les communistes (notamment le journaliste et écrivain communiste praguois, Egon Erwin Kisch – une incitation à découvrir son oeuvre, peut-être dans le mois de l'Europe de l'Est !) ont façonné Gerhard :

Du côté paternel, c'est une toute autre histoire. le père de Maxim, Wolf, vécut une enfance dans une Allemagne dévastée, loin de son propre père, Werner, qui restera prisonnier pendant 3 ans en France. Un Werner qui sympathisera quant à lui avec le mouvement national-socialiste, avant de rejoindre également le parti. Il fait partie des gens qui s'accomodent des systèmes en place pourvu qu'ils lui offrent des opportunités. Là encore, c'est une réflexion intéressante qu'offre Maxim Léo sur les origines de l'attachement de ses grand-pères à la RDA :

"Je crois que, pour mes deux grands-pères, la RDA était une sorte de pays de rêve où ils ont pu oublier toute ce qui les avait accablés jusque-là. C'était un nouveau départ, une chance de recommencer depuis le début. La persécution, la guerre, la captivité, toutes ces choses effroyables que Gerhard et Werner ont vécues, pouvaient être enterrées sous le gigantesque tumulus du passé. Désormais seul l'avenir comptait. Et le cauchemar s'est transformé en rêve. L'idée de construire un Etat fasciste était un baume pour ces deux hommes. Gerhard pouvait se laisser bercer par l'illusion que les citoyens de la RDA n'avaient rien à voir avec ceux qui, jadis, avaient chassé sa famille du pays. Quant à Werner, il pouvait faire comme s'il avait toujours cru au socialisme. Toutes les blessures, toutes les erreurs étaient oubliées et pardonnées lorsqu'on était prêt à devenir un rouage de cette nouvelle société."

On perçoit bien que cette fidélité s'estompe au fil des générations. Wolf, le père de Maxim, avait été critique dès le début et Anne s'affranchira petit à petit. Quant à Maxim, on sent bien que le lien qui le relie à ce pays est ténu ; de plus, il ne sera pas autorisé à passer le baccalauréat. Ce n'est paradoxalement qu'après la chute du mur qu'il se rend compte de son appartenance.

C'est un livre d'une grande finesse. Je trouve que les personnages et leurs motivations sont très bien décrits. On revit également une grande partie de l'histoire allemande des années 30 aux années 90, l'enthousiasme des fondateurs de l'Etat est-allemand mais aussi les contradictions, qui traversent le pays aussi bien que les protagonistes. J'ai appris beaucoup de choses, comme par exemple le fait que les communistes, après le Congrès de Moscou de 1928, ont considéré les socio-démocrates commes des ennemis, contribuant de facto à la montée d'Adolf Hitler. Enfin, comme le rappelle Maxim Leo, l'issue n'était pas écrite d'avance. En 1989, la Chine réprimait la révolte de la place Tien-Anmen dans le sang ; cela aurait pu être le cas en RDA. A l'heure où nous célébrons le trentième anniversaire de la chute du mur, ce qui parait peut être logique aujourd'hui aurait pu prendre une autre voie. Là encore, la fin du livre n'est pas caricaturale. On perçoit bien que cette chute du mur n'a pas été complètement synonyme de liberté, elle s'est accompagnée de beaucoup d'incertitudes sur l'avenir (notamment pour les parents).
Lien : https://evabouquine.wordpres..
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Le titre, en français, est réducteur : histoire d'un allemand de l'est alors que c'est l'histoire d'une famille de l'Allemagne de l'est. Eine Ostdeutsche Familiengeschichte.
Alors une fois que l'on sait cela, on comprend mieux ces longues pages sur la période nazie traversée à leur façon par les deux grands-pères de Maxim Leo. Ces pages sont à mon avis les plus intéressantes. C'est, arrivé à la page 162 que je me suis enfin convaincu que je n'étais pas en train de perdre mon temps. Maxim Leo nous explique alors simplement et concrètement comment « der kleine Mann » est devenu partisan d'Hitler, c'est-à-dire comment l'Allemagne a basculé dans le nazisme.

Les pages sur le régime politique de la RDA sont un peu fadasses, elles manquent de fond et d'anecdotes croustillantes. A l'Est rien de nouveau !

Ensuite la période relative à « Die Wende » est survolée. On sent bien la fin du règne socialiste ; mais Maxim Leo aurait pu passer plus de temps à nous expliquer cette possibilité d'une troisième voie : ni le communisme d'avant, ni le capitalisme consumériste de l'Ouest. Comment les Ossies ont pu se remettre aussi facilement entre les mains des Wessies ? la question n'est même pas évoquée.

Enfin rien sur l'après. 89 chute du mur ; le livre fut écrit en 2009. Que sont devenus les protagonistes pendant cette période ? Contents de leur nouveau sort ; plus ou moins heureux, ont-ils eu des regrets, Ont-ils eu l'impression d'être pris au piège de la Real politique?

Somme toute un bon livre qui se lit agréablement, mais malgré tout superficiel.
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Voici une autobiographie des plus passionnantes. Maxim Léo a une histoire familiale loin d'être banale et à travers elle, on suit 60 ans d'histoire de la RDA puis de l'Allemagne réunifiée. J'ai appris énormément de choses sur l'Allemagne de l'Est, le communisme, la résistance. le texte est particulièrement bien écrit et structuré, c'était pourtant une gageure pour l'auteur que de lier l'histoire personnelle de ses parents et grands-parents, aux événements politiques de chaque époque. Maxim Léo a fait une étude très approfondie de son histoire familiale et en a interviewé chacun des membres pour y parvenir.
Certains passages sont assez durs ( évocation de la torture, du nazisme, de la résistance, des pressions psychologiques du parti), d'autres beaucoup plus touchants (les relations familiales) mais rien n'est anodin. Ce livre est très riche et très intéressant.
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Un cours d'histoire en accéléré. Une fracture idéologique divise cette famille. Elle divise également le pays. Et puis la réunification.
Le narrateur tente de comprendre les choix de vie de ses deux grand pères, et, à travers leur destins, il souhaite comprendre ses parents et … peut-être même le destin de l'Allemagne.
Adhérer au régime, malgré les milles doutes, comme sa mère ? Se poser en dissident passif, comme son père ? Passer à l'Ouest ?

J'ai adoré cette autobiographie. C'est aussi – en partie uniquement – mon histoire. Pour moi aussi la chute du mur a été le grand tournant de ma vie, car j'ai grandi à l'est du mur.
Une écriture limpide, un propos dense ; ni pathétisme ni jugement face aux combats ou illusions ou même mensonges de ses ainés, juste le désir de comprendre. L'empreinte de l'histoire sur le destin individuel : impossible de juger en noir et blanc.

Extrait :
« Je crois que pour mes deux grands-pères la RDA était une sorte de pays de rêve où ils ont pu oublier tout ce qui les avait accablés jusque-là. C’était un nouveau départ, une chance de recommencer depuis le début. La persécution, la guerre, la captivité, toutes ces choses effroyables que Gehrard et Werner [les deux grands-pères] ont vécues, pouvaient être enterrées sous le gigantesque tumulus du passé. Désormais, seul l’avenir comptait. [ ]
Nouvelle foi contre ancienne souffrance : tel était le pacte fondateur de la RDA. Ainsi s’explique aussi la fidélité enthousiaste avec laquelle Gerhard et Werner sont restés liés à ce pays jusqu’à sa triste fin. Ils n’ont jamais pu voir le grand mensonge qu’était ce grand rêve - parce que leurs propres mensonges existentiels auraient alors été révélés.
Et leurs enfants ? Projetés dans l’univers onirique de leurs pères, ils ont dû partager leurs rêves, qu’ils l’aient ou non voulu. Ils ne connaissaient pas le pacte originel. Et comme ils n’avaient rien à surmonter ni à dissimuler, la foi leur pesait lourd.» p199

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Maxim Leo, comme beaucoup de Berlinois de l'Est, vit encore aujourd'hui dans le quartier qui l'a vu grandir, et qu'il a vu évoluer au cours de sa vie mais aussi, surtout, au cours de l'histoire incroyable de sa famille. Ce livre évoque les destins incroyables, parfois profondément opposés, de ses grands-parents et de ses parents, dans une Allemagne et une France bouleversées par les événements successifs du XXe siècle.
L'auteur parvient à ancrer parfaitement la diversité des parcours des membres de sa famille dans les guerres successives et la douloureuse séparation des deux Allemagnes. Cette histoire résonne encore dans la vie berlinoise contemporaine : une lecture indispensable si vous connaissez bien (ou souhaitez connaitre) la ville. le récit de Maxim Leo est captivant, dans un style littéraire très accessible et agréable.
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Roman, autobiographie ?
Peu importe, la plume est avisée, l'écriture fluide et agréable. L'histoire se déroule tel un film, où il est facile de s'attacher à la multitude de personnages et de membres de la famille.
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C'est un livre que j'ai lu il y a déja quelques années, mai je tenais à rédiger une critique pour peut-être donner l'envie à d'autres de le lire. Ce n'est pas un roman, mais l'on suit la vie de la famile de l'auteur au travers de l'histoire de l'Allemagne ces 60 dernières années. C'est un récit captivant et bien menné qui nous permet de mieux comprendre la vie en RDA.
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Gerhard, le grand-père maternel de l'auteur a combattu le nazisme avec des résistants français, malgré ses origines allemandes. Après la guerre, la formation de la RDA est pour Gerhard un moyen de créer une société nouvelle capable d'empêcher une résurgence du fascisme. Ce héros de guerre transmet une partie de ses convictions et espoirs à sa fille Anna, la mère de l'auteur.
Côté paternel, la relation de l'aïeul de l'auteur avec le nazisme a été moins glorieuse… Wolf, le père de Gerhard ne partage en outre pas la naïveté et les espérances de son épouse Anna. A l'époque de la RDA, les relations au sein de la famille de Maxim étaient donc plutôt compliquées, et l'ambiance y était pesante. Il fallait en outre se préserver de possibles décisions arbitraires de gouvernants qui cherchaient avant tout à préserver leurs avantages. La chute du Mur de Berlin puis la réunification de l'Allemagne n'ont d'ailleurs pas tout résolu. Les engagements politiques ou idéologiques des uns ou des autres, ou leur passivité vis-à-vis d'événements auxquels ils ont été confrontés, nous semblent souvent faciles à juger rétrospectivement, après que L Histoire a pu donner tort ou raison aux uns ou aux autres. En réalité les choses sont plus complexes : ainsi, si l'on peut louer le courage de Gerhard pendant la guerre, son aveuglement ultérieur sur la nature du régime qu'il a soutenu en RDA jette le doute sur les motivations de cet homme durant sa vie. Dans son prologue, l'auteur résume ainsi des contradictions auxquelles sont confrontés des allemands de l'Est : « Notre famille était une sorte de RDA en miniature. C'est là que se déroulaient les affrontements qui ne pouvaient pas avoir lieu ailleurs, c'est là que l'idéologie rencontrait la vie. »
De fait, l'hypocrisie ou la gymnastique intellectuelle qu'il fallait déployer pour vivre sous ce régime totalitaire sont impressionnants : les tentatives de contrôle de la pensée par le pouvoir et la surveillance de la population sont omniprésents. Par exemple, la STASI a de nombreux correspondants, la presse ne diffuse que ce qui est approuvé par le Parti Communiste (unique, et au sein duquel les débats internes sont proscrits), le premier critère de notation de certains devoirs scolaires est leur concordance avec des thèses officielles farfelues (le Mur de Berlin construit en 1961 serait un « mur de protection antifasciste », et sept ans plus tard la répression du Printemps de Prague une réaction à l'impérialisme occidental, …).

C'est surtout le cadre historique de ce récit autobiographique qui le rend intéressant. Cette lecture a évoqué chez moi l'ambiance de l'excellent film « La vie des autres » (Florian Henckel von Donnersmarck, 2006), mais aussi celle du plus léger « Good Bye Lenin ! » (Wolfgang Becker, 2002). Outre son intérêt historique, cet ouvrage amène le lecteur à s'interroger sur la manière dont lui-même aurait pu s'accommoder d'événements aussi tragiques provoqués par la succession de deux formes de totalitarismes qui se sont momentanément affrontés...

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L'auteur est un journaliste allemand qui a vécu son enfance en Allemagne de l'est. Il a dix-neuf ans quand tombe le mur.

A travers les journaux laissés par ses deux grands-pères et les récits de ses parents, il retrace la vie de sa famille dans l'entre deux-guerres, durant le troisième reich et dans la R.D.A. naissante jusqu'à sa chute.

Il nous narre les utopies successives qu'ont poursuivi ses parents.

C'est une autre vision de l'histoire qui nous est ainsi présentée.

A lire assurément.
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