AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Aymeric Leroy (Traducteur)
EAN : 9782360540099
816 pages
Le Mot et le reste (20/10/2011)
4.83/5   3 notes
Résumé :
Enfant, Bill Graham a fui l'Europe pour échapper aux armées d'Hitler. Après avoir passé sa jeunesse dans les rues du Bronx, puis dans les salles de restaurant des grands hôtels, c'est à San Francisco qu'il ouvrira, à la veille du Summer of Love, le mythique Fillmore, où il fera connaître les icônes rock de toute une génération. Jefferson Airplane, le Grateful Dead, Janis Joplin, Cream et bien d'autres. Personnage complexe, adoré ou détesté, il est raconté ici par lu... >Voir plus
Que lire après Bill Graham présente : une vie rock'n'rollVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Dire d'une personne que sa vie est un roman est un cliché complètement éculé. Concernant Bill Graham, c'est vrai, sa vie est un roman, en plusieurs volumes tellement elle est remplie.

Wolodia Grajonca naît dans une famille juive de Berlin en 1931. En 1938 il est évacué en France, puis il fuit aux États-Unis où il est adopté par une famille newyorkaise en 1941, il ne reverra jamais certains membres de sa famille et ne retrouvera ses soeurs que des années après.
Sa scolarité est compliquée, il change de nom et devient Bill Graham en 1951, participe à la guerre de Corée d'où il revient médaillé, prend un poste de serveur dans des hôtels de luxe et enfin un boulot de secrétaire dans une troupe de théâtre alors qu'il essaie de devenir acteur. Pendant ces deux cents premières pages couvrant une trentaine d'années, il n'est pas du tout question de musique, et encore moins de rock'n'roll, mais il ne faut pas passer à côté, le tragique y cotoie l'humour, l'insolence et une roublardise démesurée.

C'est quasiment par accident que Bill Graham devient, ou plutôt créé son métier d'organisateur de concerts et de tournées.
Des premières soirées au Fillmore Auditorium puis au Fillmore West et au Winterland à San Francisco, à l'ouverture du Fillmore East de New York jusqu'aux énormes tournées pour Amnesty International dans les années 80, et aux événements comme The Last Waltz ou le Live Aid, Bill  Graham est incontournable.
Robert Greenfield, que l'on connait pour ses trois bouquins sur les Stones, a longuement interviewé B. Graham, ainsi que des membres de sa famille et de son entourage professionnel, des musiciens, des agents, etc, une grosse centaine de personnes. Il a découpé et assemblé ses interviews pour en faire cet énorme livre, "Bill Graham présente–une vie rock'n'roll".
On découvre que Graham est un furieux combattant, il défend les gens qu'il apprécie ou qui travaillent avec lui, et surtout le public. C'est un acharné, irascible, parfois insupportable et pourtant je n'avais pas envie de le quitter au bout de ces presque huit cents pages. C'est réellement une personnalité captivante et attachante.

Le livre est traversé par de nombreux artistes, Grateful Dead et Jefferson Airplane, les Doors et Janis Joplin, Jimi Hendrix et Otis Redding tous deux adorés par B. Graham. Bien d'autres encore,des Who à Peter Gabriel, des Sex Pistols à van Morrison cet autre adorable teigneux.
Certains n'en ressortent pas grandis, c'est le cas de Crosby, Stills, Nash & Young : des divas pendant leur immense tournée de 1974 ; Led Zeppelin et leur manager c'est bien pire, de véritables connards, je n'ai jamais aimé leur musique et ce n'est pas avec ce que j'ai lu que ça va changer.
Pour d'autre c'est assez conforme à l'image qu'ils renvoient : il est très souvent question d'argent dans ce livre, de très grosses sommes d'argent, pour les Rolling Stones il s'agit de montagnes de fric, la musique passe presque au second plan.
Certains passages sont assez drôles, parfois aux dépens des uns ou des autres. La manière dont il dégage Robert Stigwood, le manager de Cream, de la salle de concert illustre cet aspect du livre. le retard de Roger McGuinn des Byrds pour un concert au Fillmore West en 1967 raconté par Bob Weir est un autre exemple hilarant.
On découvre également l'émergence des hippies à San Francisco par les yeux de quelqu'un qui n'en est pas un mais qui les fréquentera de très près, parfois avec fracas.

Cette biographie orale se termine tristement, Bill Graham meurt en 1991 à 60 ans dans un accident d'hélicoptère qui coûtera la vie à deux autres personnes. Il laisse un incroyable héritage, d'abord une manière très personnelle de travailler, et surtout ces très nombreux albums live enregistrés aux Fillmore, au Winterland ou ailleurs, Jimi Hendrix, Taj Mahal, Peter Frampton, les Allman Brothers, Miles Davis, John Mayall, le Band bien sûr, etc, etc. Liste à compléter selon les goûts de chacun
Commenter  J’apprécie          100
Cette biographie est une somme et un must.
Une somme parce qu'elle n'omet aucun aspect de la vie de Bill Graham. Ses plus belles réalisation comme ses aspects les moins reluisants. Et la surprise, c'est que je n'ai pas retenu de ces pages son amour immodéré de la musique. En revanche, celui de faire du blé en organisant des concerts est décrit dans les moindres détails. La partie sur son installation à San Francisco ou comment un entrepreneur finalement assez vieux jeu s'est attaqué à ce que les hippies avaient de porte-monnaie est probablement la plus savoureuse.
Un must, parce que ce garçon a forcément côtoyé la crème du rock des années soixante et soixante-dix, ce qui fournit l'occasion de pas mal de vignettes sur nos personnages préférés. Et puis surtout parce que ce garçon est finalement très attachant, malgré ou à cause de ses défauts.
Commenter  J’apprécie          43

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Bill ne gérait pas son affaire avec autant de classe à New York que sur la côte Ouest. Je l'ai vu s'impliquer personnellement dans des bagarres. Je trouvais que ce n'était vraiment pas nécessaire. Je ne dis pas ça de façon hypocrite : il m'arrivait parfois de me bagarrer, moi aussi. Si quelqu'un montait sur scène, au lieu d'attendre qu'un videur le sorte, je lui filais personnellement un coup de pied. C'est d'ailleurs pour ça que j'ai fini au poste cette fois-là, après l'incendie – parce que j'avais agressé un policier.
Mais si quelqu'un essayait de rentrer par le toit, Bill se chargeait lui-même de l'attraper. Il leur disait "je suis le propriétaire de ce théâtre. Je m'appelle Bill Graham. N'oublie jamais ça : Bill Graham t'a jeté du Fillmore East. Note ça dans ton journal intime. Dehors !" (Pete Townshend des Who)
Commenter  J’apprécie          40
Il est rentré dans son pays maintenant – mais qu'a-t-il laissé derrière lui après avoir sillonné ce pays ? À chaque concert, il est arrivé en retard. À chaque concert, il a empoché l'argent des organisateurs et des spectateurs. De quel droit ce dieu descend-il ainsi sur ce pays ? J'ai grand plaisir à  révéler au public que Mick Jagger n'est pas le fils de Dieu. Je n'ai pas envie de tirer sur quelqu'un qui se trouve à quinze mille kilomètres. Mais vous savez ce qui me rend le plus triste ? Que ce salopard soit aussi un grand artiste. (Bill Graham en 1969 après la tournée des Rolling Stones et Altamont)
Commenter  J’apprécie          50
Tous les groupes de San Francisco voulaient faire la première partie d'Otis ! Le premier soir, ce fut le Grateful Dead. Janis Joplin s'est pointée à trois heures de l'après-midi le jour du premier concert pour être sûre d'être au premier rang. Tout le monde voulait absolument être présent. Je n'ai jamais revu quelque chose de semblable. Tous les musiciens sont venus. C'était le seul, le vrai, l'unique. Si tu aimais le rhythm'n'blues, le rock'n'roll, blanc ou noir, ou le jazz, tu venais voir Otis. (Bill Graham à propos des concerts d'Otis Redding de décembre 1966)
Commenter  J’apprécie          100
Peter Berg:
Graham a cessé de s'opposer à la ligne politique de la Mime Troup, parce qu'il avait compris qu'il y avait là un marché nouveau. Et il s'y est jeté à corps perdu. Je ne lui en veux pas. Il a fait preuve d'un certain génie dans l'histoire. De tous les gens impliqués dans la Mime Troup, c'est sans doute lui que l'histoire retiendra en priorité. La première soirée de soutien avait été un genre de trip initiatique pour lui. Après ça, son regard a changé : il s'est adouci d'un certain point de vue, et durci d'un autre. Adouci par rapport aux gens bizarres : avant, il restait sur ses gardes par rapport à eux, mais du jour au lendemain, il s'est mis à les apprécier. Mais il s'est durci aussi : le contenu de ce qu'on faisait, qui n'était pas bon selon lui, il l'a complètement laissé de côté.
Il y eut une réunion décisive entre les deux soirées de soutien, pendant laquelle il a soudain déclaré : "écoutez, toutes ces prétentions politiques que vous avez, ça commence à me fatiguer. Vous me demandez, en tant que manager, de vous trouver de l'argent. Je peux vous en trouver. Beaucoup. Il existe un créneau, là. Je l'ai vu." Et la deuxième soirée de soutien a été la sienne. Il s'y est investi à fond. C'est ce soir-là qu'il est devenu "Fillmore Bill".
Commenter  J’apprécie          20

Lire un extrait
autres livres classés : rock and rollVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus

Lecteurs (5) Voir plus



Quiz Voir plus

Arts et littérature ...

Quelle romancière publie "Les Hauts de Hurle-vent" en 1847 ?

Charlotte Brontë
Anne Brontë
Emily Brontë

16 questions
1085 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , littérature , art , musique , peinture , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *}