Nina Simone, roman

C'est le public blanc qui a fait le succès mondial de My Baby Just Cares for me... C'est la publicité Chanel. Trois milliards de disques vendus. Crois-moi, ce ne sont pas les gamins des ghettos qui achetaient ça. Et finalement, sur les millions de royalties que me doit Melvin Records, je toucherai à peine cent mille dollars. Alors oui, quand tu réalises que ça fait quarante ans qu'on te baise ainsi, il t'arrive de voir rouge, de sortir ton gun et de vouloir saigner à ton tour ceux qui te saignent depuis toujours. Soit dit en passant, et pour revenir à des choses plus futiles, j'attends toujours que Chanel m'envoie un flacon de N°5. Ce serait chic de leur part.

Il faut lire, sans quoi tu vas rater ta vie. Il faut écouter la musique, aller au cinéma, et lire des romans, de la poésie, de l’histoire. Sans quoi tu seras tout juste bon à t’avachir devant la télé pour mater du foot et des clips de rap.

J'étais si heureuse dans ses bras, j'aurais voulu qu'on me couse à lui, centimètre par centimètre, avec un fil indestructible. Qu'on nous couse ensemble et que jamais rien ne nous délie.

Parfois, c'est à se demander si ce que nous apprenons de l'existence a un quelconque intérêt. S'il ne vaudrait pas mieux être ignorant comme les bêtes car elles, au moins, savent tout ce qu'elles ont besoin de savoir pour leur survie.

Tu vois à quoi nous pousse le système blanc américain : il nous inocule ce poison du racisme de sorte que nous ne pouvons plus penser hors de ce manichéisme, blancs contre noirs, noirs contre blancs et il nous fait devenir bêtes à notre tour. Il nous viole trois fois, il torture nos corps, il brise nos coeurs et à la fin, il nous ampute de notre intelligence.

L'argent vous fait mentir à vous-même, on se trahit par une sorte d'étourderie ou de fausse ingénuité.

Eunice, c'était mon vrai nom. Maintenant je l'ai oublié. Cinquante années passées dans la peau de Nina Simone m'ont fait oublier mon nom. Et c'est une drôle de chose, à la fin, que de devoir porter un nom qui n'a jamais été le sien. Pour vivre un destin qui n'était pas le sien.

J'étais jeune, j'étais grande, j'étais mince, je portais une robe qui me rendait belle et j'avais ce don de Dieu : au piano je m’asseyais, au piano je triompherais."

Les mots ne peuvent exprimer l’immense mépris que j’ai pour ce pays. Je l’appelle United Snakes of America. Des serpents, c’est ce que les américains sont devenus. Stupides et mortels comme les crotales du Texas. Ils vendraient leur âme, ils prostitueraient leur mère, leurs sœurs et frères pour du pognon.

Ses longs doigts tournent inlassablement le verre bu d’un trait où les glaçons s’entrechoquent et c’est comme si elle entendait une percussion, le commencement d’un rythme.