Nina Simone, roman

Un tord-boyau allongé de limonade; Nina Simone, roman

La vie de Nina Simone est à elle seule un vrai roman bien noir, un blues profond, si profond que sa voix ne pouvait être que l'expression de ce qui nous prend aux tripes lorsqu'on l'écoute.

Eunice Kathleen Waymon, née en 1933 dans une famille dont la mère est pasteure, la petite Eunice que l'on a mise toute petite devant un piano, si douée que des femmes blanches ont payé ses études au Allen High Institute, sort major de sa promotion, prépare le concours d'entrée du Curtiss Institute à la Julliard School, sûre de devenir la première concertiste classique noire de tous les temps. Seule noire parmi huit cents candidats.

Lien : http://n.giroud.free.fr

Une Simone qui s'ignorait

Quand Ricardo, immigré Philippin, est engagé au service de la locataire de cette villa quelconque du sud de la France, il ne sait pas encore à qui il a affaire.

Sa patronne a un caractère difficile, jure et boit un peu trop. Elle est aussi, souvent fatiguée par ses nombreuses migraines et son mal au dos tenace.

Elle s'appelle Eunice Kathleen Waymon. elle est plus connue sous le nom de Nina Simone.

Ces deux êtres qui n'ont en commun qu'une certaine solitude vont se rapprocher et la Diva déchue va se confier à son employé.

On découvre alors le parcours de Nina.

Eunice passe son enfance de pianiste prodige vissée au tabouret de son instrument, dos droit, nuque tendue vers son destin de concertiste de musique classique noire.
Pour cela, il lui faut intégrer le prestigieux Curtis Institute de Philadelphie, la plus grande école de musique du pays.

Seule noire parmi les 500 candidats, elle joue du Bach, Beethoven, Chopin, Debussy…

Elle échoue pourtant à l'examen.
Prestation insuffisante de sa part ou un des signes du racisme qu'elle connaîtra toute sa vie ?
Ce doute n'en finira pas de la hanter.

En attendant, elle va embrasser par défaut, une carrière qui la fera Nina Simone, star internationale, passée du "Bar & Grill" d'Atlantic City, aux salles les plus prestigieuses du monde.

Mais si artistiquement la gloire et la réussite l'accompagneront souvent, elle sera aussi confrontée à une succession d'amours décevantes, de violences, d'escroqueries…avant de s'éteindre seule, amère, ruinée et malade.

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En utilisant la forme du roman, Gilles Leroy rend cette fausse biographie suffisamment intéressante pour nous entraîner dans le tourbillon de la vie d'une des plus grandes artistes de son temps et personnalité exceptionnelle. il arrive à rendre fluide, un recueil d'informations, sans découper la vie de la Nina en tranches.

Je n'ai pas trouvé pour autant, le style irrésistible. Il est même souvent, assez plat. Mais je reconnais qu'il est efficace, ce qui est déjà beaucoup.

Les principaux faits relatés ici sont connus pour la plupart et vraisemblables (je me demande quand même si elle a vraiment tenu des propos tels que : "Il y a eu Callas, il y a eu Rubinstein, il y a moi. Après moi, il y a David Bowie, et c'est tout").

La période "engagée" de Nina Simone est évoquée, mais peut être un peu trop rapidement. En revanche, son caractère orgueilleux et sa volonté permanente de ne pas devenir une "victime expiatoire des "Blancs" (ce qu'elle reproche à Billie Holiday), sa fierté quand elle reçoit un diplôme honorifique de l'Ecole qui l'a rejetée, son désarroi face à ses hommes qui la maltraitent, ses bébés qu'elle a perdus ou sa fille qu'elle ne voit plus…sont bien retracés.

Ce n'est sans doute pas un grand livre, mais une fois refermé, vous n'avez qu'une envie : vous plonger dans l'oeuvre de cette petite fille qui se rêvait un autre destin et finira exténuée par l'impossibilité de l'atteindre.

Durant tout le roman, on suit Ricardo, nouvellement embauché auprès de Nina Simone. A travers ce personnage, on découvre la chanteuse sur la fin de sa vie. Et cela ne fait pas rêver : fatigue et douleurs, entourée de personnes intéressées principalement par son argent, souvenirs d'une vie difficile... c'est un portrait sombre de Nina Simone.
Le roman se lit facilement, on se laisse voguer au fil des pages.

Tableau touchant de la fin chaotique de cette immense chanteuse

J'ai eu très peur!
Dès le début, on comprend que l'auteur a choisi de raconter Nina Simone, en lui donnant une voix qui dialoguera tout au long du roman, avec un jeune immigré Philippin, engagé à son service; et ça ne fonctionne pas!
Puis, grâce au personnage de la diva , à sa force, sa vie brisée, son extraordinaire don musical qu'elle cultivait sans relâche (faites un tour sur youtube, il y a des performances lives d'une intensité, d'une liberté...), Gilles Leroy emporte le morceau, malgré un style assez plat.
Il donne envie de se plonger dans l'oeuvre de l'artiste, c'est l'essentiel.