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sur 343 notes
Anna Wulf, artiste en proie à la panne d'écriture, par désir de protection, cloisonne bien proprement sa vie. Elle tient des carnets qui sont l'expression de son besoin irrépressible d'analyse et de retour sur soi. Ils sont au nombre de quatre : un noir, qui concerne Anna Wulf l'écrivain, un rouge, pour la politique, un jaune, pour des fictions tirées de son expérience personnelle, et un bleu, qui est un journal intime proprement dit.

Le roman débute par un récit assez conventionnel, qui permet au lecteur, par un regard extérieur, de se familiariser avec le personnage principal et son amie. C'est ensuite que tout se corse, les carnets se succédant et les récits s'entremêlant.

C'est un roman complexe, foisonnant, protéiforme, et un peu nébuleux, il faut bien l'avouer. Certains passages sont prenant, comme l'évocation de ce groupe de jeunes britanniques dilettantes, cyniques et désabusés, dans un paysage sud-africain de rêve. D'autres épisodes font penser à une éternelle variation sur les mêmes thèmes (certaines créations d'Anna ne sont qu'une simple projection d'elle-même) et je n'ai pu me défendre contre une certaine lassitude, compte-tenu de la grosseur de l'oeuvre (près de 800 pages!). A cette lassitude s'ajoute une sensation de véritable malaise, les personnages baignant dans une atmosphère oppressante de névrose continuelle, vivant une époque ô combien angoissante par elle-même, celle de la guerre froide, avec ses chasses aux sorcières, ses suspicions et ses trahisons. Dans ce livre, les hommes sont joliment arrangés, avec leur lâcheté et leurs travers, leur peur viscérale de l'engagement et leur inconséquence. Une oeuvre profondément féministe dans son essence donc, que les hommes tireraient profit à lire...
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Anna Wulf a rencontré un certain succès à la publication de son premier roman, sur les ventes duquel elle parvient d'ailleurs encore à vivre. Malgré tout, l'inspiration manque désormais, la crise existentielle est elle, au contraire, omniprésente. Contre ces diverses crises, amoureuse, identitaire, politique, littéraire, Anna se raconte, enfin raconte plusieurs pans d'elle-même, dans quatre carnets qui lui servent tant d'exutoire que de pont entre tous ceux-ci, désormais éclatés, pour se retrouver, entière, et donc elle-même.

En mettant au jour les carnets d'Anna, au même titre que l'histoire qui nous mène tant à la découverte de ces carnets qu'à leur écriture, Doris Lessing montre avec brio, dans une mise en abyme particulièrement réussie, le processus d'écriture en cours, le dérèglement de soi qui nuit à ce processus, toute la personnalité de sa protagoniste, dans ses bons comme dans ses mauvais côtés, et derrière elle toute l'histoire aussi, d'une époque, celle de l'après Seconde Guerre Mondiale en Angleterre.

Quant à la forme, j'ai été vraiment convaincue, enchantée par la structure narrative éclatée choisie qui correspond totalement à ce qui veut nous être décrit ; quant au fond, cependant, j'ai fini par me lasser et de certains carnets, un peu trop rébarbatifs au fil des pages, et d'Anna, qui m'est devenue de plus en plus antipathique et creuse - comme ses carnets en somme -.

Une découverte en demi-teinte de la Prix Nobel anglaise, dont j'ai surtout apprécié la modernité narrative.

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"Je vais posséder quatre carnets, un noir qui concernera Anna Wulf, un rouge pour la politique, un jaune où j'écrirai des histoires à partir de mon expérience, et un bleu où j'essaierai de tenir mon journal." Je choisis cet extrait pour souligner le propos de l'auteur. Quant à résumer ce livre, j'avoue que cela me poserait problème tant il est monumental, dense et complexe. Anna Wulf, anglaise d'une trentaine d'années, élève seule sa fille dans le Londres des années cinquante. Libre de tout travail, puisqu'elle vit sur les droits d'auteur d'un roman qui lui a fait connaître le succès, "Frontières de guerre", Anna est bénévole pour un mouvement communiste. Son équilibre personnel est précaire cependant et Anna traverse des mois de dépression. Tout est remis en cause : son attachement au communisme, qui a entraîné une grande désillusion; son goût pour l'écriture qui se heurte au blocage de la page blanche; sa relation au passé et les relations sociales qu'elle tente de maintenir. le livre est foisonnant. Les expériences amoureuses négatives d'Anna sont décrites avec précision. Son analyse est évoquée ainsi que tout son cheminement intérieur tant sur le plan social qu'affectif ou encore politique ou introspectif. Ce livre est le portrait d'une époque à travers les heurts et malheurs d'une femme écrivain, grande observatrice du monde et fine analyste d'elle-même. J'ai aimé le côté très charnel du texte, le fait que les êtres y sont montrés sans complaisance par le biais des Carnets qui offrent différent points de vue. le "Carnet d'or",somme des quatre autres, remet Anna en phase avec elle-même de façon douloureuse et dure. Mais le fait est que l'écriture revient, comme ciment de son être...Voici donc mes pensées sur cette oeuvre assez incroyable. La lecture du "Carnet d'or" demande constance et discipline car le propos est complexe. En même temps, elle réserve au lecteur des temps merveilleux. Pour moi, l'évocation de la jeunesse africaine d'Anna, ainsi que la présentation de son livre "Frontières de guerre", sont des passages extraordinairement bien écrits et prenants. Doris Lessing est un écrivain de premier plan, tout en engagement et force.
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Ce livre est un fourmillement d'idées sur tous les sujets, très stimulant pour écrire. C'est extraordinaire comment la fiction et la réalité sont mêlées dans ce récit pour en extraire de vraies réflexions sur la liberté de penser, d'être, l'idéalisme, et la réalité crue de l'état de femme. Il y a aussi la psychanalyse, la lutte contre les principes éducatifs pour faire jaillir une personne auto déterminée… C'est très prenant et ardu comme la vie. Il faut un peu se battre pour suivre ses débats intérieurs, surtout lire ses pastiches de mauvaise littérature réalisés à la demande de personnes de télévision pour de mauvais scénarios. Bref, c'est éblouissant.
Lien : http://objectif-livre.over-b..
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Un livre que j'ai lu passionnément quand j'avais une vingtaine d'années, un roman foisonnant, avec une introspection quasi permanente contrebalancée par une approche sociale et politique de la vie des années cinquante : j'ai été énormément marquée par ces pages, qui m'ont aidée à me construire à la façon d'une sorte de miroir que l'auteure me tendait. Dérangeant et inclassable, le Carnet d'Or est pour moi, et pour beaucoup de femmes de ma génération sûrement, une oeuvre majeure.
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Hello !
J'ai eu ça en cadeau de Noël et, vraiment, cette lecture me fait suer. J'en suis à la page 123 et je n'ai ressenti jusqu'ici qu'agacement et ennui.
Doris Lessing est prix Nobel de littérature et cet ouvrage est censé être son oeuvre majeure, la synthèse de sa vie, de son art, de sa pensée or je me fais chier comme un rat mort.
Le livre est découpé en sections:
- celles intitulées "Femmes libres" où deux connasses, euh deux copines, se retrouvent après une absence d'un an. C'est très théâtralisé et leur conversation à propos de leur psy et de leur haine des hommes ne m'intéresse absolument pas. le fils de l'une est un petit bourgeois oisif qui ne veut ni étudier ni travailler et j'ai envie de le gifler.
- celles intitulées "Les carnets" qui sont les carnets de notes de l'une des 2 copines censée être écrivain.
Je lis le premier de ces carnets qui rassemble les souvenirs d'Anna quand elle était en Afrique du Sud et qu'elle évoluait dans une cellule communiste. Tu parles d'une cellule communiste ! Un groupe de bourgeois blancs alcooliques oisifs, donneurs de leçons, méprisants, boursouflés de suffisance et persuadés de participer au Grand soir alors qu'en réalité ils passent leur temps à picoler dans un hôtel, servis par des boys.
Bref, je n'en peux plus.
Donnez-moi s'il vous plaît de bonnes raisons de continuer ou de bonnes raisons d'abandonner.
Merci d'avance.
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Le roman d'une vie, sans conteste son chef d'oeuvre.
Un livre à l'accès, la forme, le rythme difficiles mais si on s'accroche on embarque dans la vie d'Anna à travers ses 4 carnets rouge, jaune, noir et bleu, puis son carnet d'or, l'aboutissement de sa pensée voir le tournant important de sa vie.
On est en Angleterre dans les années 50. Anna est écrivain, mère de Janet, adolescente, amie de Molly, toutes les deux sont des femmes libres vivant seules avec un enfant. Anna écrit son parcours de vie sous différentes formes dans ces carnets, on y découvre ses souvenirs d'Afrique dans sa jeunesse communiste, une fiction où elle se met en scène sous les traits d'Ella, sa vie d'auteure qui n'arrive plus à écrire autre chose après la publication d'un best-seller qui lui permet de vivre sur ses rentes et puis l'Anna intime, amoureuse, mère de Janet.
Anna est présente dans ses multiples facettes et pousse l'introspection jusqu'à la folie, la schizophrénie dans le carnet d'Or. Un voyage dans l'écriture d'une vie qui ne laisse pas indemne.

Même si parfois la lecture est éprouvante, sans respiration, Anna m'a emmenée avec elle, m'a émue, questionnée, fait sourire.
Je la conseille pour les lecteurs avertis.
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J'ai lu ce roman il y a pas mal d'années mais il m'avait beaucoup marquée par la particularité de sa construction qui fait alterner le contenu de plusieurs "carnets" ayant des périodes, des thématiques, des objectifs et des styles différents.
Ce tissage permet de découvrir la femme qui les tient d'une manière très originale, par diverses facettes.
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Annoncé comme le chef d'oeuvre de l'anglaise Doris Lessing, le Carnet d'or a connu un regain d'intérêt en 2007 lorsque son auteur obtint, à quatre-vingts ans passés, le prix Nobel de Littérature. Et il est vrai que ce Carnet d'or est un livre magistral, étonnant tant par sa forme que par sa liberté de ton et la finesse de son analyse. Véritable panorama de son époque, le Carnet d'or livre, à travers les yeux et les expériences de son héroïne, Anna Wulf, la pensée sociale, politique et intime des années 50-60 en Angleterre. Anna partage une maison avec son amie Molly. Les deux femmes vivent seules avec leurs enfants : un fils pour Molly, une fille pour Anna. Deux enfants issus de mariages malheureux qui ont fini par un divorce. Anna et Molly sont ce qu'on appelle des femmes libérées. Pendant que Molly vit de ses cachets de comédienne, Anna, elle, n'a pas besoin de travailler. Elle vit des revenus de son roman, Frontières de guerre, écrit quelques années plus tôt et qui a connu un bon succès. Anna est en prise avec le syndrome de la page blanche. Un blocage qui l'obsède. Par peur de l' « effondrement », elle décide de consigner dans quatre carnets ce qui fait sa vie, la fragmentant pour éviter le chaos. Un noir pour évoquer son oeuvre première entre souvenirs qui lui ont servi de toile de fond et rencontres liées à la publication. Un rouge pour parler de son engagement au parti communiste, de la lutte, de la grandeur des illusions mais aussi des doutes et de l'effondrement de l'idéal. Dans le jaune, elle ébauche un roman – l'histoire d'Ella, qui ressemble étrangement à la sienne. Enfin au carnet bleu, elle livre sa vie dans toute son intimité : ses liaisons et son analyse notamment. Malgré ses tentatives pour tenir debout, Anna plonge et se fragmente elle-même, jusqu'à friser la folie.

Grâce à la narration complexe et intelligente qui mêle roman et carnets d'Anna Wulf, le lecteur est directement plongé dans l'éparpillement de l'héroïne, partageant au plus près son intimité faite d'expériences sexuelles et politiques, de réflexions aiguës sur cette pseudo liberté. Car finalement, malgré cette vie choisie ( ?), Anna souffre de ses relations avec les hommes. Parce que même libre, Anna est avant tout une femme qui a envie d'être aimée. Et c'est sûrement ce qu'il faut retenir de ce roman, l'incroyable épopée intérieure d'une femme à la recherche de son identité personnelle et politique. Un livre dense - parfois un peu longuet, il est vrai – d'une incroyable richesse. Ma première rencontre avec l'oeuvre de Doris Lessing et certainement pas la dernière !
Lien : http://lencreuse.over-blog.c..
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Doris Lessing a reçu le prix Nobel de littérature en 2007. (Magnifique discours)

Le carnet d'or a reçu le prix Médicis étranger en 1976.

Comment parler de ce livre qui a été tant commenté, étudié, critiqué, chroniqué ? Peut-être en livrant simplement quelques ressentis à la lecture de cette oeuvre ; ce fut une lecture commune avec Brigitte et Victoire qui donnent ainsi leurs avis.

- B : le(a) lecteur(trice) peut avoir du mal au début, mettre du temps à comprendre qui est qui ; mais quand on est accroché, on ne le lâche plus.

- V dit avoir bien aimé tout ce qui concerne le communisme, car l'auteure fait des analyses et des réflexions très intéressantes ; si la partie sur l'Afrique est particulièrement passionnante et riche en questionnements, le quotidien de la vie d'Anna, principale héroïne du livre peut être parfois lassant.

- B a beaucoup aimé tout ce qui concerne L Histoire, avec un grand H ; la cruelle désillusion de beaucoup de communistes face à ce qu'a fait Staline.
Doris Lessing ne s'est pas vraiment revendiquée comme féministe, mais elle évoque souvent sa vie et celle d'autres femmes, et se retrouve la figure de proue de l'émancipation féminine des années 50 en Angleterre. La partie sur l'Afrique est superbe.

-V : Anna se retrouve en porte à faux par rapport à ses ami(e)s car elle a écrit un livre à succès ; l'ensemble de l'oeuvre est dense, lourd. Anna se pose des questions que je ne me suis jamais posées...

- B : Anna ne s'en sortira pas sans écrire ; ce livre parle magnifiquement de la création littéraire.

Doris Lessing était une personnalité originale, une femme très en avance sur son temps : sexualité libre, psychanalyse avec "maman sucre", idées politiques affirmées... Une femme capable de faire un pas de côté pour appréhender la vie, prendre de la distance pour mieux décortiquer événements et réflexions.

Un univers extrêmement riche à découvrir ou à redécouvrir, une lecture indispensable !

Extrait (p 118) : "Je me rappelle très précisément le moment où ce roman est né. Mon pouls battait violemment ; après, lorsque je compris que j'écrirais, je mis au point ce que j'allais écrire. le "sujet" était presque immatériel. Et voilà justement ce qui m'intéresse maintenant - pourquoi n'ai-je pas écrit un compte rendu de ce qui était arrivé, au lieu d'inventer une "histoire" qui n'avait rien à voir avec la matière qui l'avait alimentée , Bien sûr, le compte rendu direct, simple et non structuré n'aurait pas constitué un roman et n'aurait pas été publié, mais je ne m'intéressais sincèrement pas à "être écrivain" ou à gagner de l'argent. Je ne parle pas de ce jeu que les écrivains se jouent à eux-mêmes lorsqu'ils écrivent, ce jeu psychologique - tel incident écrit provenait de tel incident réel, en était le jumeau psychologique. Je me demande simplement ceci : pourquoi une histoire ? "

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