AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,85

sur 342 notes
Un livre pas facile, mais comme pour l'ascension d'une montagne, l'ivresse ressentie et la vision qu'on a au sommet valent l'effort qu'on y met.

Un bouquin pas facile à cause de son format rébarbatif, plus de760 pages en format poche, en peu de chapitres, très denses, avec de pleines pages sans alinéas. Pas évident à concilier avec les interruptions de lecture inévitables dans la vie quotidienne.

Cette oeuvre de la récipiendaire du Nobel 2007 est un texte difficile aussi par sa structure, avec une héroïne qui vit dans les « femmes libres » et qui écrit des carnets qui sont des romans, des commentaires ou des journaux intimes. Pour compliquer les choses, son héroïne a réutilisé les noms : dans le texte qu'elle écrit, le fils prend le nom de l'ex-amant.

Pas faciles non plus les thèmes abordés. On traite de la condition des Noirs en Afrique et ensuite des divers rôles de femmes, de la bonne épouse au foyer à la maîtresse, de la mère consolatrice ou castratrice. Toute la gamme des émotions y passe, du grand amour à la culpabilité, du désir sexuel à la froideur, de l'amour maternel au cynisme ou à la folie.

Le processus d'écriture lui-même est très présent, vécu et commenté par l'héroïne écrivaine. Elle partage ses doutes, ses nécessités et ses questionnements, à travers ses multiples cahiers.

On y trouve aussi le thème de la politique, à travers les adeptes du Parti communiste dans les années 50, parti rigide qui cultive le mensonge stalinien et dont les membres éprouvent douloureusement les contradictions. Ce n'est pas unique aux socialistes de l'époque, c'est inhérent à l'expérience militante, car dans les syndicats ou les mouvements étudiants, après le « high » des manifestations et la solidarité, les activistes retombent difficilement dans le quotidien de leur travail ou de leurs études.

Si vous êtes un bon public, la qualité de la prose vous entraîne, vous sentez la chaleur de la vallée africaine, tremblez de peur ou vous émouvez de joie par la lecture. Mais lorsqu'une histoire touche la santé mentale, comment ne pas être mal à l'aise aussi? Difficile de ne pas se laisser atteindre par le désespoir et la confusion mentale, par l'angoisse et la désintégration des personnes…

Une grande oeuvre littéraire à parcourir, si on a l'énergie pour envisager la longue randonnée…
Commenter  J’apprécie          800



Ce roman n'est pas un roman au sens classique du terme, car pour Doris Lessing, la littérature doit avoir une portée sociale : il ne s'agit pas seulement de raconter une histoire, mais de transmettre une expérience. Ce roman a donc une structure très particulière. D'un côté, le carnet d'or raconte une histoire intitulée "Femmes libres" qui met en scène deux amies, Anna et Molly, vivant à Londres dans les années cinquante et qui ont des vies très semblables : toutes deux sont artistes, communistes et élèvent seules un enfant, ce qui, à l'époque, en fait des marginales.

L'histoire commence comme une pièce de théâtre et montre les deux amies préoccupées par Tommy, le fils de Molly, un adolescent sans désir et sans volonté qui ne sait que faire de sa vie. Par ailleurs, l'auteur nous donne à lire les carnets d'Anna. Car Anna, écrivaine, a renoncé à écrire des romans mais couche sa vie et ses expériences dans quatre carnets, chacun étant réservé à une facette de sa personnalité : l'écrivain, la communiste, la femme amoureuse, l'Anna intime.

J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans l'histoire, ou plutôt dans les histoires, puisque les anecdotes se succèdent, chacune avec son atmosphère particulière, et on se demande sans cesse : "Où cela va-t-il nous mener ?". Et puis, sans vraiment m'en rendre compte, je me suis laissée embarquer dans la vaste toile que tissent toutes les vies d'Anna. Anna a une écriture très analytique : elle se regarde vivre et interroge chacun de ses comportements. C'est parfois très fastidieux de la lire.

On finit par comprendre qu'Anna traverse une période de sa vie qui est cruciale, pleine de bouleversements. Et ces bouleversements sont à l'image de la société dans laquelle elle vit, où tous les repères changent, où le statut de la femme est en pleine mutation. Anna est une mère célibataire, qui crée un rapport nouveau avec les hommes. Ce n'est pas une situation facile. Elle aimerait se marier, "comme toutes les femmes", dit-elle. Elle voudrait être aimée. Elle vit très mal d'avoir été abandonnée par son amant. Elle pense qu'il est important d'être engagé dans la vie politique, d'avoir un regard critique sur le monde, mais elle se rend compte que le communisme n'est plus la solution. Elle a écrit un roman qui est devenu un best-seller et lui a rapporté beaucoup d'argent, ce dont elle éprouve une telle culpabilité qu'elle ne peut plus écrire. Elle se rend compte par l'intermédiaire de la réflexion qu'elle mène sur elle dans ses carnets qu'elle a échoué dans tous les domaines de sa vie, ce qui cause chez elle une grave dépression.

En fait, Anna traverse ce que les américains appellent la « middle-life crisis », cette période de la vie, où il faut renoncer à pas mal de ses illusions de jeunesse. Anna finira par s'en sortir, mais le lecteur en sort physiquement épuisé tant cette écriture analytique est déroutante et semble tourner dans un cercle infernal.

Est-ce qu'il faut vraiment s'approcher si près de la folie pour devenir soi-même ? Je n'en suis pas convaincue.

Ouf !! c'est le premier livre que je trouve aussi ardu, compliqué mais quel bonheur on retire de cette lecture aussi intéressante qu'initiative.



















Commenter  J’apprécie          360
Cette fois c'est fait, j'ai lu "le carnet d'or". Des jours, des semaines qu'il accompagne mes moments lecture. Pas n'importe lesquels, les rigoureux, les concentrés. Et je reste perplexe. Que dire de ce roman de plus de 600 pages dense, foisonnant et exigeant?
Ai-je aimé? Oui, aucune hésitation. Et pourtant il y a eu des interruptions, d'autres romans se sont intercalés, pauses nécessaires, respirations. Mais il y a eu aussi les jours d'immersion, les longs partages, la connivence, la jubilation et tout ces moments sans lecture mais avec dans la tête des réflexions, des questions. En fait je crois que je suis surtout admirative.


Je suis bluffée par ce portrait de femme dans l'Angleterre des années 50 qui nous propose une multiplicité de thématiques politiques et sociales ancrées dans le contexte historique de l'aprè guerre.
Anna écrivaine vit à Londres, elle élève seule sa fille. Indépendante, engagée, elle a soif de liberté. Elle est en plein bouleversement comme l'est la société dans laquelle elle est plongée. Anna écrit, Anna questionne le monde, remet en cause le communisme auquel elle adhère, Anna vit sa sexualité de manière assumée et libre, Anna aime, Anna perd la raison.


Mais surtout je suis bluffée par ce travail de construction, cette réflexion sur la fiction, l'écriture. le carnet d'or est un récit fragmenté qui par petites touches construit une réalité, un portrait sensible et profond d'une femme, d'une époque, d'une societé. le roman se structure en différents écrits:
un roman "femmes libres" scindé en cinq parties entrecoupées de carnets: "un noir qui concernera Anna Wulf l'écrivain, un rouge pour la politique, un jaune où j'écrirai des histoires à partir de mon expérience et un bleu où j'essaierai de tenir mon journal".
Textes multiples, écritures multiples: récits, dialogues, pensées, analyses, descriptions, notes qui s'entrelacent, se répondent, se questionnent. Anna (Doris Lessing ?) aborde la politique, le racisme, les relations parents/enfant, la sexualité, les relations, homme/ femme, la folie...
Cette forme interrroge le travail de l'écrivain. D'une réalité, d'une expérience à la fiction par le travail d'écriture. Comment rendre compte de la complexité du réel et de l'être humain sans fragmenter, sans compartimenter? Comment ne pas trahir ce réel, ne pas le rendre fade?

Il faudrait plusieurs lecture pour être sûre de ne pas trahir, pour construire une analyse. Ces quelques phrases sont mon ressenti immédiat, sans trop de recul. Tentez l'expérience, c'est rude mais impressionnant!

Commenter  J’apprécie          222
Il ne va pas être facile de parler de cette lecture car c'est une oeuvre qui tient à la fois du roman, d'un journal, d'un essai à la fois politique, sociétal, mais également sur le travail d'écrivaine et en filigrane une biographie.

Au centre figure Anna, écrivaine qui vit seule avec sa fille depuis sa séparation d'avec le père de celle-ci et elle est à la fois déstabilisée dans sa vie de femme mais également en panne d'inspiration pour l'écriture de son prochain livre, qui va succéder à un premier roman qui a eu du succès et qui lui a permis de vivre avec les droits reçus. Elle a une amie, Molly, actrice, divorcée et mère de Tommy, jeune adulte qui se cherche entre une mère artiste et un père, homme d'affaires.

La structure du récit est assez complexe et je vais tenter de faire simple. Anna a besoin de structurer son travail afin à la fois de bâtir son prochain roman mais également de poser les bases de sa nouvelle vie. Elle tient pour cela quatre carnets : un noir, une sorte de biographie de sa vie, de ses souvenirs et en particulier dans la première partie ceux d'Afrique du Sud touchant au colonialisme et au racisme, un rouge qui concerne ce qui se rattache à la politique car communiste désabusée des révélations sur le parti dans les années 1950/60, un jaune où elle ébauche des histoires à partir de ses expériences et un bleu qui tient lieu de journal intime. Autour de ces quatre carnets il y a la transcription de sa relation avec Molly sous le titre "Femmes libres", de leurs échanges sur leurs vies, leurs enfants et leurs relations aux hommes. Tous ces carnets mènent au Carnet d'Or, celui qui sera la quintessence des carnets, l'oeuvre ultime.

Alors disons-le tout de suite, ce n'est pas une lecture facile ou alors soyons plus précise, une lecture par moment laborieuse  et parfois fluide, suivant les thèmes abordés et que de thèmes abordés ! Quand je parle de l'oeuvre d'une vie c'est pour moi cela, l'auteure revenant et regroupant nombre de ses souvenirs, des ses sentiments, de ses préoccupations, qu'elles soient de l'ordre amoureux, maternel, amical, sociétal, politique ou organisationnel dans son quotidien de femme romancière.

J'ai abordé deux romans par le passé de cette auteure : Un enfant de l'amour, un court roman mais également  le rêve le plus doux  que j'avais abandonné car je n'arrivais par voir où elle voulait en venir, mais dans le carnet d'or j'y ai retrouvé justement cette construction, ce mélange d'idées, de sujets avec il me semble me souvenir des thèmes de l'amitié, de la cohabitation dans un logement (ici elle loue une chambre de son appartement), des engagements amoureux et sociétal

"(...) et puis le manque d'homme ne me réussit guère

-J'aimerais bien savoir à qui cela réussit, rétorqua Julia, mais je ne pense pas que n'importe quel homme vaille mieux que pas d'homme (p192)"

C'est un roman (puisqu'il est classé comme tel) à la fois sur le travail d'écrivain, sur la manière d'élaborer un roman, comment les idées, la source peut jaillir, qu'il s'agisse du passé de l'auteure, des ses positions vis-à-vis de la politique, de sa vie de femme mais sans que cela ne tombe dans le féminisme avec parfois une élucubration frôlant presque la folie, la frénésie qui habite Anna. Elle se voudrait indépendante et sûre d'elle, mais elle a plusieurs visages et devient parfois une amoureuse jalouse, exclusive sans oublier d'exposer sa relation aux hommes, pas contre les hommes, mais avec les hommes, défendant sa place de femme, son désir, le revendiquant, et les rapports entre les deux sexes.

"-Tu devrais te soigner davantage, Anna, tu parais dix ans de plus que tu ne devrais. - tu vieillis. Alors je lui ai répondu : Richard, si je t'avais dit : Oh oui, viens dans mon lit, tu serais en train de me dire comme tu me trouves belle ! la vérité doit être quelque part à mi-chemin ...? (p66)"

Ses carnets lui servent à tenir, à tracer son chemin de création et deviennent ses piliers, ses fondements,  composés parfois d'articles de presse, de détails intimes, de pensées ou de réflexions. Je n'ai pu m'empêcher de la rapprocher de Virginia Woolf (d'ailleurs Anna porte le nom De Wulf....) par l'importance de trouver son lieu d'écriture, la recherche d'indépendance, sa faculté d'observation de ce qui l'entoure mais également de faire le corollaire entre les idées, son besoin à la fois de s'isoler et rechercher le contact avec l'autre. le carnet d'or est également une sorte de psychanalyse personnelle, Anna étant elle-même en analyse depuis des années avec celle qu'elle nomme Madame Sucre, en appliquant les conseils de celle-ci ou en cherchant des pistes, des techniques, pour s'apaiser et pouvoir calmer son esprit et parfois son corps pour laisser place à l'écriture.

Je dois avouer que par moment j'ai eu beaucoup de mal à me concentrer sur ce pavé très dense mais également très riche d'idées, chaque lecteur peut trouver dans l'un ou l'autre des carnets une préférence mais les quatre carnets + la narration Femmes libres sont nécessaires pour la compréhension de l'ensemble, même si je n'en ai pas tout saisi, si parfois mon esprit s'égarait ou se perdait. C'est une lecture exigeante où Anna/Doris Lessing se livre, nous livre ce qu'elle a de plus personnel, que ce soit dans les moyens utilisés pour écrire, de sa vie personnelle, la manière de cloisonner sa vie afin d'y trouver l'armature de base de ce qui pourra être un roman et qui plus est, comme elle le note à la toute fin, un roman qui aura du succès.

J'ai aimé mais j'ai admiré le travail de l'avoir lu, dans sa totalité, d'avoir ouvert certaines portes sur un thème, le travail d'écrivain qui me passionne et c'est le genre de lecture qui reste gravée en vous pour longtemps par son originalité, son contenu et l'objectif de son auteure.
Commenter  J’apprécie          220
Lu dans le cadre du challenge Nobel 2013-2014.

Le Carnet d'Or vieillit très bien, ou ne vieillit pas du tout, car Anna, qui évolue dans les années 50, me semble plus avancée que bien des gens d'aujourd'hui. C'est une mère célibataire, auteur d'un livre à succès et en proie à la page blanche. Elle se dit libre et indépendante mais se trouve malheureuse dans la vie qu'elle s'est pourtant choisie. Ses convictions politiques sont trahies, son inspiration en berne, ses rapports avec les hommes empoisonnés. Anna est sujette à la folie. Et elle nous invite dans sa thérapie : ses échanges avec sa psy et ses réflexions-confessions dans 4 carnets de couleur. le rouge pour Anna la communiste, le noir pour Anna l'écrivaine, le jaune pour Anna l'amoureuse et le bleu pour Anna l'intime. Des écrits fragmentés pour une vie fragmentée. Mais Anna se pose plus de questions que ses carnets ne peuvent supporter. Demeure entre autres la question de son rapport aux hommes : aurait-elle intellectualisé les liens entre hommes et femmes au point de mutiler ce qu'il y a de plus instinctif, de primaire et d'inné dans les échanges humains ?
Ceci n'est pas un roman au sens des masses. Je l'appellerai plutôt un journal intime. Celui d'un désenchantement, d'une crise existentielle, d'un passage à vide. Un spleen d'écrivaine entre deux bébés de papier. C'est une lecture exigeante, épaisse et imprégnante au point de m'avoir assombri l'humeur, mais avec plaisir, car elle m'a donné à réfléchir. Et aussi à écrire.
Ce n'est pas mon premier Lessing. Et sûrement pas mon dernier. Mais je le pense déjà : un Nobel bien mérité.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          192
Un roman ardu, une autofiction largement inspirée de la vie de Doris Lessing (qui comme son héroïne Anna Wulf a vécu en Afrique du sud, s'est engagée au parti communiste), un livre en faveur de l'émancipation de la femme et de ses droits souvent bafoués.
Le carnet d'or tire son titre de l' ultime carnet ouvert par Anna l'écrivaine en panne d'écriture, il sera le symbole d'un redémarrage de l'énergie bloquée.
Le titre du manuscrit: Femmes libres indique bien la volonté des femmes d'accéder à une égalité avec les hommes, mais rien qu'en matière de sexualité une femme éprouvera des sentiments là où souvent l'homme ne manifesfera qu'un simple désir.
J'ai du mal à ordonner cette chronique vu l'aspect décousu(pour moi) de ce roman. Décousu, en fait, pour exprimer "le chaos" d'Anna, trentenaire célibataire mère d'une fille Janet, menue,timide et intelligente, en pleine crise existentielle, dont le quotidien croise celui de son amie Molly, "polyglotte", mère de Tommy (adolescent qui s'interroge sur le but de la vie ) ex-femme de Richard "financier" (à l'opposé de Molly et Anna communistes) dont la femme Marion est alcoolique.
Avant le carnet d'or, Anna en tient quatre autres:le noir est en rapport avec l'Afrique du sud,le bleu est son journal intime,le rouge parle de son engagement communiste et le jaune contient ses manuscrits et essais d'écriture.
Sur fond d'histoire (des années 1951 à 56), le carnet d'or conte les femmes, leurs doutes,angoisses,envies,engagements; espère le bonheur,se moque des hommes pédants comme Richard;évoque les écrivains et leur relation à l'écriture et aborde la psychanalyse ("Maman Sucre" étant l'analyste commune d'Anna et de Molly) libératrice.
Bien que Doris Lessing, écrivaine anglaise (du XX° siècle) née dans le Kurdistan, auteur d'essais de romans et de récits de voyages, ait obtenu le Prix Nobel de littérature en 2007 et que le carnet d'or ait eu un succés international j'avoue m'être perdue dans sa complexité et les multiples personnages tant réels que fictifs.
Commenter  J’apprécie          192
Je définirais "Le carnet d'or" comme un roman contemporain confessionnel. Il y a beaucoup de politique dedans, mais certains détails sont déjà périmés. "Le Carnet d'or" est donc aussi un roman social.

Féministe? Oui bien sûr. L'auteur s'intéresse au sort de deux femmes, que Lessing définit comme modernes. Anna, l'alter ego de l'auteur, une écrivaine qui n'a rien publié après la publication d'un seul livre, il y a plusieurs années, tombe le plus souvent amoureuse des hommes mariés, puis souffre de leur futilité et de leur indifférence.
Anna au fond de l'âme est une vraie femme, sensible et fidèle, il lui suffit d'être en harmonie avec le seul homme qu'elle aime. Cependant, l'égoïsme des hommes la fait souffrir et finalement elle se perd. Pour Anna qui change sous l'influence de l'amour, un nouvel être naît en elle, une Anna aimante, prête à devenir une nouvelle personnalité. Mais cette créature vulnérable se flétrit toujours par manque d'amour.

Ici, une autre question se pose: le livre est-il dirigé contre les hommes? À première vue, oui. Il y a très peu d'images masculines positives. Et cependant, il me semble qu'il est vrai qu'un certain nombre d'hommes comme ça existent vraiment, et ce sont précisément les hommes de ce genre qui s'avèrent en quelque sorte attirants pour Anna.

Anna passe par de nombreuses étapes pour se retrouver, y compris par un certain état mental qui s'apparente à de la folie. Au final, elle semble gagner en intégrité. Cela est symbolisé par le fait qu'Anna, qui avait précédemment enregistré dans quatre cahiers différents, commence maintenant à écrire sur elle-même avec un seul cahier. Cela signifie qu'elle cesse de diviser sa personnalité et vient à s'accepter avec tous ses doutes et ses pensées et intérêts divers.

Si vous aimez la dramaturgie de conversation, les films de Woody Allen ou de Jacques Rivette, ainsi que les pièces profondes et intelligentes, alors ce livre est pour vous. Mais soyez patient. À un moment donné, il est capable de vous ennuyer, comme cela m'est arrivé. La fin du roman, pour être honnête, ce n'était pas ce à quoi je me suis le plus attachée. Elle n'est pas toujours convaincante et donne envie de la réécrire. Oui, confusion, chaos - c'est la vie, mais s'arrêter, façonner la masse informe, essayer de saisir le sens, sa signification - c'est de l'art.
Commenter  J’apprécie          181
Note de contexte : Ce livre m'a été proposé dans le cadre d'un challenge du Club de Lecture de ma bibliothèque. L'objectif était de me trouver un défi "long et écrit petit" (sic) : cela ne me fait pas peur, au contraire. En découvrant la quatrième de couverture, j'étais ravie : je n'ai jamais lu de Doris Lessing (prix Nobel tout de même !) et les thèmes sont très alléchants pour moi (Féminisme, émancipation, année 1960, politique populaire, création artistique, écriture...)

L'ouvrage s'ouvre sur un dialogue qui dure, dure, dure... La scène entre l'héroïne, sa meilleure amie revenue après une année d'absence et l'ex-mari de cette amie puis l'apparition furtive de leur fils, dure une soixantaine de pages, que j'ai fini par trouver interminables. J'aurais préféré que cette partie soit sous forme de morceau de théâtre je pense... J'avais déjà décroché avant l'arrivée du fils...
Le début du premier carnet m'a vaguement fait penser à Ulysse de James Joyce : c'est à ce moment-là que j'ai décidé de parcourir quelques pages de chaque carnet et d'abandonner...page 84...
Commenter  J’apprécie          140
Un petit bijou. L'introspection de la vie d'une femme dans l'Angleterre des années 50. Doris Lessing couche sur le papier, avec cette aisance qui lui est propre, le témoignage d'une femme amante, d'une mère, d'une amie, d'une militante politique ... Mille pages à savourer.
Commenter  J’apprécie          110
Doris Lessing - "Le carnet d'or" ("the golden notebook" – cop. 1962), traduction en français par Marianne Véron - Albin Michel "le livre de poche", 1976 - avec une préface de Doris Lessing écrite en juin 1971 (cop. 1984 LGF), le tout sous l'ISBN 978-2-253-02532-0.

Un pavé de 764 pages : j'ai mis deux semaines pour le lire, avec parfois un profond découragement, et même du dégoût, mais une attention toujours soutenue.

Grosso modo, le récit couvre principalement la période 1950-1960, incluant de nombreuses réminiscences d'évènements survenus pendant la seconde guerre mondiale, et colle de près à la biographie de l'auteur. Quasiment tous les personnages sont empruntés au cercle restreint des intellectuels britanniques et états-unisiens d'origine bourgeoise ou petite-bourgeoise, gravitant dans la mouvance du Parti Communiste de Grande-Bretagne ou des Etats-Unis, et les jugements de valeur émis ou implicites tout au long du récit s'articulent en fonction de cette idéologie particulière de la gauche communiste de ces années-là, dans ce milieu-là, juste avant et après la mort de l'idole Staline, le «Petit Père des Peuples».

Le deuxième pilier canonique de ces gens-là y est bien sûr largement évoqué, à savoir la sacro-sainte psychanalyse freudienne (là encore : de cette époque-là).

Entre ces deux piliers incontournables, l'auteur évoque le féminisme propre à cette caste dans ces années-là : rien à voir avec mémère Simone (de Beauvoir), c'est pourquoi la lecture de ce récit reste intéressante, quitte à devoir admettre des paragraphes parfois assez répugnants. le récit étant ainsi solidement cadré – et c'est le moins que l'on puisse dire ! – l'auteur évoque aussi des questions d'écriture littéraire, de rapport au texte, à l'écrit, souvent passionnantes.

Quatre pôles, dont le mode de restitution littéraire est exposé en page 548 (fin du chapitre "femmes libres 3, le carnet bleu") :
"Lorsque je suis arrivée dans ce nouvel appartement et que j'ai installé ma grande pièce, la première chose que j'ai faite fut d'acquérir la table à tréteaux et d'y poser mes carnets. [...] Je ne les ai pas achetés selon un plan. Je ne crois pas m'être jamais dit, avant d'arriver ici : Je vais posséder quatre carnets, un noir qui concernera Anna Wulf l'écrivain, un rouge pour la politique, un jaune où j'écrirai des histoires à partir de mon expérience, et un bleu où j'essaierai de tenir mon journal."

Doris Lessing structure donc le récit en le répartissant entre quatre carnets imaginaires tenus par une intellectuelle

Un témoignage passionnant.
Commenter  J’apprécie          112




Lecteurs (1721) Voir plus



Quiz Voir plus

Doris Lessing

Où est-elle née ?

en Angleterre
en Rhodésie du Sud
en Perse ( Iran actuel)
au Portugal

9 questions
70 lecteurs ont répondu
Thème : Doris LessingCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..