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4,08

sur 244 notes
Juliana Léveillé-Trudel vous embarque en terre innue, tout au nord du Canada, dans la baie d'Hudson. le livre est construit en deux parties : la première intitulée Eva, une amie de la narratrice portée disparue et la seconde Elijah, le fils d'Eva. J'ai vraiment apprécié l'immersion dans cette terre « sacrifiée » par l'activité minière qui redistribue une partie de sa richesse aux autochtones lors du Raglan Money Day. J'ai aimé le regard porté par la blanche sur le premier (l'inuit), celui qu'on a forcé à se sédentariser dans les années 50. La narratrice s'exprime en quelque sorte à travers la tenue d'un carnet de bord tout en s'adressant régulièrement à Eva. Elle parle avec amour de ce Nord où elle se consacre aux enfants l'été pour repartir l'hiver à Montréal. Elle décrit la beauté des paysages de toundra et des étendues de sable, la beauté des hommes et des femmes de cette communauté de même pas 1500 âmes. Elle évoque crûment le quotidien de Salluit où règnent drogues, alcool, violences et détresse sociale. L'auteur fait mouche et réussit à nous faire « brailler » car décidément non, l'homme n'est pas bon pour l'homme. Dans ce monde de silences, on entend finalement le Cri de Juliana et la souffrance d'une minorité . C'est un premier roman poignant et efficace.
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Mon dernier coup de coeur.

Une petite pépite brillante et lumineuse comme la neige des Inuits. Une écriture sombre et terrible comme l'alcool et la drogue des Inuits. Un petit chef d'oeuvre à lire de toute urgence (180p).
Nirliit de Juliana Léveillé-Trudel
1er roman de cette canadienne née à Montréal.



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"Nirliit"est un cri. Un cri d'impuissance, de frustration, de détresse. Un cri d'amour aussi... surtout un cri d'amour.

Ce cri est poussé par la narratrice, une québécoise de Montréal qui chaque été se rend à Salluit, ultime bourgade sur la route qui monte vers le Nord -seuls certains migrateurs poussent au-delà- pour s'y occuper des enfants de la communauté Inuit qui peuple le village. Un village qui n'a rien de bucolique, et ce non pas tant en raison du froid qui rend les lieux hostiles et la vie impitoyable la majeure partie de l'année, que du marasme économique et social qui plombe le quotidien de ses habitants.

Créant un sentiment d'urgence désespérée en s'adressant avec une intensité incantatoire à son amie Eva, dont on apprend d'emblée que le corps gît au fond de l'eau glaciale d'un fjord, elle dresse le sordide et triste tableau de ces laissés-pour-compte pour lesquels elle éprouve un irrémédiable attachement.

C'est pourtant un bel endroit que ce lieu du bout du monde où la rivière Hudson se jette dans l'océan... à condition d'occulter l'autre rivière, celle que constituent les déchets de la décharge municipale. D'oublier la banalité des violences conjugales, la récurrence des désordres publics, des actes de vandalisme et des fusillades. D'ignorer le niveau effarant qu'atteignent les taux de criminalité ou d'alcoolisme, le nombre de viols ou de suicides. de fermer les yeux sur ces enfants livrés à eux-mêmes, élevés aux chips et au Pepsi, que la drogue et les tragédies font vieillir prématurément.

Qu'est-il arrivé à ce peuple pour qu'il en arrive à cette impasse, et à se conformer à l'image méprisante et indigne qu'ont de lui ces "autres", comme il les désigne, ces gens du sud qui vilipendent sa paresse et sa propension à l'assistanat, à la délinquance et à l'ébriété ?

Dépossédé de ses territoires, de son mode de vie, de ses coutumes, il est condamné à survivre de la charité hypocrite et arrogante d'un état qui a depuis longtemps oublié ces autochtones des terres reculées, destination de quelques missionnaires blancs porteurs de la bonne bonne parole -"ayez une vie saine, soyez écolos, contrôlez vos naissances, et stérilisez vos chiens"- sans réaliser le monde qui les sépare, d'aventuriers marginaux qui font des enfants à de jeunes femmes naïves avant de repartir, ou d'ouvriers en mission sur les chantiers, qui abusent de filles parfois même pas pubères dont ils achèvent de tuer l'enfance. Alors, il imite certains comportements du monde moderne et occidental dont on l'exclue, s'adonne à la consommation de superflu, de tape à l'oeil -quad, motoneiges, bateaux...- bercé par l'illusion de posséder un semblant de richesse, pour oublier ce qu'il a perdu, coincé entre le délitement de son héritage et la vacuité d'un présent de misère médiocre et sans perspective d'avenir.

C'est sans doute pour tout cela que chaque fulgurance d'espoir, chaque acte de courage pour s'extirper de ce cloaque, chaque manifestation de douceur, acquiert ici un caractère douloureusement et fragilement lumineux. Atteinte d'un amour désespéré pour ces démunis qu'elle voudrait sauver, mais consciente de ne colmater que quelques brèches qui pour la plupart se rouvriront après son départ, la narratrice est sans complaisance envers elle-même qui, à l'instar des autres blancs, les abandonne avant l'arrivée de chaque hiver, ne faisant de sa mission qu'une parenthèse, une aventure de sa vie privilégiée.

Sa harangue lucide, vibrante et éperdue est suivie dans une seconde partie du récit de la relation compliquée unissant Elijah, fils d'Eva, à Maata, exprimée dans une langue moins intense, qui après l'étourdissante et éprouvante sarabande d'images et de personnages de ce qui précède, réintègre le lecteur dans une sorte de mélancolique apaisement.

C'est à la fois très beau et très fort, un gros de coeur !
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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assassinée semblerait-il et se trouvant au fond d'un fjord. Cette jeune femme va continuer à parler à Éva de la vie de son village, de son fils Elijah et de sa compagne Maata.

« Il y a des gens qui viennent pas au Nord pour faire de l'argent. Moi, j'aime ça, ici. J'aime les enfants, les gens, la langue, les chiens, le paysage, le soleil de minuit, les aurores boréales, les caribous, la toundra, les montagnes, les balades. »

Quel roman! Je suis une amoureuse du Canada et avec « Nirliit », j'ai fait connaissance avec le Grand Nord et ses habitants, le peuple Inuit, leurs conditions de vie précaires et les perspectives pas vraiment joyeuses d'avenir. Tout est raconté par la narratrice et elle le fait avec franchise. le peuple Inuit doit faire face à la nature pas vraiment engageante durant l'hiver; il doit faire face à la venue de tous ces « Blancs » l'été qui viennent travailler et partent dès l'approche de l'hiver. Leur cohabitation est assez difficile: les Inuites se sentent « colonisés » par les Blancs durant toute une saison. Ces mêmes Blancs séduisent les femmes Inuites qu'ils abandonneront à la fin de l'été. le peuple Inuite est un peuple désoeuvré où la violence, la drogue et l'alcool sont beaucoup trop présents. D'ailleurs, l'amie de la narratrice a été la victime de cette violence conjugale. Dans ce récit, j'ai senti toute la tristesse de la narratrice face à ces personnes qu'elle connait bien mais qui se perdent année après année. J'ai senti son envie de les aider au mieux car elles les aime. Il y a beaucoup de tendresse dans ses mots, de chaleur, voire d'admiration. Elle fait de son mieux pour aider ces enfants qui tombent trop vite dans la drogue et ces jeunes filles qui tombent trop vite enceintes… Mais la narratrice ne les oublie pas, ne les rejette pas, elle est là comme tous les étés et fait tout ce qu'elle peut pour les aider à ne pas passer du mauvais côté. La narratrice nous raconte aussi la vie de Elijah, le fils de son ami, qui subit sans le vouloir la présence des Blancs, de ce Blanc qui a séduit sa petite amie, Maata, pour l'été…

Dans « Nirliit », les émotions s'enchaînent: tristesse, espoir, amour, peur, colère… C'est la force de ce récit car je n'ai pas pu rester insensible face à ce peuple Inuit qui paraît avec été abandonné là-bas, dans le froid. Et pour nous raconter cela, l'auteure, Juliana Léveillé-Trudel, emploie le français, le québécois, l'anglais, l'innu. Elle écrit comme elle parle et cela est fluide, aérien. Cependant, j'ai plus accroché à la deuxième partie du roman, celle où elle nous raconte Elijah car les personnages sont bien ancrés dans le récit et je me suis attachée autant à Elijah qu'à Maata. Et cela grâce à la narration qui m'a parue plus construite dans cette partie. Mais tout cela en fait un roman très touchant et l'auteure y a mis toute son affection dans son récit. « Nirliit » est un roman qui doit être découvert!!
Lien : https://unbrindesyboulette.w..
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Lu l'an dernier. Une belle découverte, humaniste et littéraire.
Un récit aussi réaliste que poétique, aussi âpre que rude, à l'image du climat du Grand Nord canadien. La narratrice évoque des trajectoires de vie pour le moins chaotiques. A travers la vie de femmes et d'hommes, et surtout leurs relations, l'on ne peut être insensible à la véracité de leurs sentiments, remplis d'inconstance, de failles, de trahison et d'abandon...
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D'une plume acérée au style épuré, l'autrice choisit des mots qui tranchent dans le vif pour peindre un portrait coup de poing de la déchéance du peuple des réserves inuites du Québec.

J'ai eu du mal à entrer dans l'histoire dans la première partie car il n'y en a pas vraiment. Tout le village de Salluit est présenté par petites touches poétiques, petits textes économes de mots. On va droit à l'essentiel : c'est nécessaire pour traduire la violence du quotidien des personnages. Nous rencontrons beaucoup de protagonistes dont je n'ai pas réussi à retenir les noms et la vague histoire. Un tour de l'auteur pour nous mettre sous les yeux l'insignifiance de ces vies de misère et de douleur qui flirtent avec la tragédie. Ce n'est que dans la deuxième partie qu'un fil conducteur nous lie à l'amie disparue de la narratrice et à sa famille qui continue à mener une vie misérable.

C'est un récit coup de poing et pourtant poétique, un récit hurlement qui dénonce les conditions de vie d'une ethnie ravagée par la déchéance et l'alcool dans l'indifférence. Un texte bouleversant que j'ai à la fois aimé pour sa beauté et détesté pour sa violence.
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La narratrice nous embarque pour une échappée dans le grand nord, dans ce village inuit. Chaque année, le temps d'un été sans nuit, elle se rend dans ces villages inuits, dans le grand nord. La simplicité de la vie et des gens, les paysages majestueux, ont contribué à faire de ce lieu son jardin d'éden. Et pourtant, cet endroit qui semble idyllique se pervertit petit à petit. D'été en été, les habitants ne sont plus les mêmes : abus, suicides, drogue, alcool, « amour », ce paradis se perd et la narratrice assiste avec impuissance à la déperdition de son refuge. Au gré de ses confidences nous rencontrons quelques autochtones… de brèves rencontres très vite balayées par le souffle glaçant de la « modernité ».

Un premier roman magnifique, glaçant. Un diamant brut qui nous souffle le désespoir et l'impuissance des autochtones face à ces travailleurs saisonniers qu'ils ne comprennent pas, face à ce monde qui les dépasse, et face à ces produits qui les enterrent trop tôt. C'est l'histoire d'un peuple innocent et naïf, qui très vite, part à la dérive du fait de l'influence des « blancs ».

Nirliit c'est l'histoire d'un coup de coeur pour une région, une communauté, un village et ses habitants. Nous assistons à cette déchéance avec impuissance et douleur. Un texte brut, en toute simplicité, qui pourtant m'a laissé une rage d'agir, de changer les choses.
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Ce qui m'a fait plonger instantanément dans ce livre, c'est la musique de son accent québécois : je pouvais l'entendre en lisant.
Une façon d'écrire comme on parle, saccadée presque essoufflée de phrases courtes, battant comme une émotion.
L'émotion qui guide tout le livre, du beau, du moche, du terrible, du triste, un fragile espoir entretenu sur un chemin présenté sans issue.

La 1 ère partie est consacrée à « vous autres «  les inuits : par petites touches, l'aventure pour aller au nord, le village où tout le monde se connaît et s'épie, la langue poétique - ou pas - le grand problème des peuples autochtones au Québec, l'extrême violence de leur vie au travers de la disparition de l'amie Eva.

La 2ème partie est la vie, sans Eva, qui continue
J'ai beaucoup aimé les personnages de la 2ème partie qui ne sont ni complexes ni compliqués, c'est la vie qui décide pour eux…qu'ils soient blancs ou inuits au fond. On les aime dans leur naïveté ou leur inconscience.

On ne choisit pas forcément ce qui est à portée de main. C'est triste, désabusé, doux et bienveillant aussi.

J'ai beaucoup aimé et j'admire Julianna pour ce qu'elle fait, au delà de ce très beau livre.




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Je n'aime pas du tout ce roman qui oppose Blancs et Inuits de façon simpliste. Manichéisme...
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Ce magnifique Roman est un hommage plein de tendresse aux INUITS du nord arctique du Québec. Il est construit comme un récit adressé par la narratrice, jeune femme du sud, à son amie disparue « dont le corps est dans l'eau du fjord et l'esprit partout », pour lui conter la vie de son village Salluit, qui se poursuit sans elle et ce qu'il advient de son fils Elijah dans un monde rude et tendre à la fois.
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