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4,08

sur 245 notes
Voilà un petit livre hybride qui avait tout pour me plaire, mais qui m'aura au final laissé sur ma faim. Nirliit de Juliana Léveillé-Trudel m'a fait l'effet d'un de ces livres où je me retrouve en position de spectateur d'une histoire dans laquelle je n'ai jamais réussi à rentrer. RDV un peu raté. Dommage.

Livre hybride car sous un même thème et dans une même histoire, ses deux parties sont bien différentes. Dans la première, la narratrice canadienne profite d'un de ses voyages annuels en terre du Grand Nord pour nous compter la vie de ce petit village de Salluit et du peuple inuit qui l'habite. Regard émerveillé face à la beauté des paysages ; regard désolé sur un peuple de plus en plus déraciné ; regard amoureux sur ces enfants attachants qu'elle vient aider chaque été.

C'est surtout l'occasion d'évoquer Eva, l'amie disparue dont la deuxième partie, plus noire et romancée, s'attachera à suivre la vie de son fils Elijah. Une histoire d'amour qui finit mal (mais les Ritas nous avaient bien prévenu), complexe, passionnée, torturée. Avec en toile de fond, la reprise sous un angle différent de la thématique d'un peuple inuit livré à lui-même, pour le pire plus que pour le meilleur.

Si j'ai vraiment apprécié le style de l'auteure, notamment dans la première partie plus naturelle, je n'ai jamais réussi à trouver d'empathie pour chacun de ces personnages, rarement présentés sous leur meilleur jour, souvent faibles, dérangés et inactifs, et en particulier ces femmes, soit soumises soit torturées. Difficile alors d'entrer dans cette histoire dont les caractères forment le coeur.

Mais pas grave, car ce livre a déjà et heureusement trouvé son public !
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« J'ai souvent le goût de brailler, je ne suis pas nécessairement triste, c'est juste que c'est trop ici, trop beau ou trop dur. »
Ces mots de la narratrice pour évoquer son rapport au Nord, vous pouvez l'appliquer à ce livre - « brailler » signifiant « pleurer » en français québécois – c'est beau, c'est dur, c'est trop.
La narratrice raconte Salluit, village du Nunavik, et ses habitants. Elle, la Montréalaise, quitte une fois l'an la grande ville pour venir s'occuper des enfants de la communauté inuit. Cette année, Eva son amie n'est pas là pour l'attendre à l'aéroport. Eva a disparu dans un fjord. Disparue comme d'autres, un détail.  Alors elle parle à l'absente. Elle lui dit la beauté des paysages, de cette toundra, de ces grands espaces. Elle lui dit les incompréhensions entre ceux du Sud et ceux du Nord, les blessures du passé, la violence, l'alcool, la drogue, la misère.
Sans complaisance envers elle-même et les blancs en général, sans complaisance avec les autochtones, elle dit cet amour difficile.
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Juliana Léveillé-Trudel vous embarque en terre innue, tout au nord du Canada, dans la baie d'Hudson. le livre est construit en deux parties : la première intitulée Eva, une amie de la narratrice portée disparue et la seconde Elijah, le fils d'Eva. J'ai vraiment apprécié l'immersion dans cette terre « sacrifiée » par l'activité minière qui redistribue une partie de sa richesse aux autochtones lors du Raglan Money Day. J'ai aimé le regard porté par la blanche sur le premier (l'inuit), celui qu'on a forcé à se sédentariser dans les années 50. La narratrice s'exprime en quelque sorte à travers la tenue d'un carnet de bord tout en s'adressant régulièrement à Eva. Elle parle avec amour de ce Nord où elle se consacre aux enfants l'été pour repartir l'hiver à Montréal. Elle décrit la beauté des paysages de toundra et des étendues de sable, la beauté des hommes et des femmes de cette communauté de même pas 1500 âmes. Elle évoque crûment le quotidien de Salluit où règnent drogues, alcool, violences et détresse sociale. L'auteur fait mouche et réussit à nous faire « brailler » car décidément non, l'homme n'est pas bon pour l'homme. Dans ce monde de silences, on entend finalement le Cri de Juliana et la souffrance d'une minorité . C'est un premier roman poignant et efficace.
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Elle s'appelait Eva et s'est donnée la mort en se jetant dans le fleuve.
Son amie, l'autrice, nous décrit ce qu'était sa vie et celle de son village inuit rythmé par les aller-retours entre le nord (le Nunavut) et le sud (le Québec).
Nirliit, les oies sauvages en inuktitut est le nom donné à ces travailleurs blancs venus du sud pour du travail estival souvent bien rémunéré. Ces ouvriers apportent avec eux dollars et désir. Dollars qu'ils boiront et désir qu'ils assouviront auprès des femmes jeunes voire très jeunes autochtones par goût de l'exotisme et pour tromper l'éloignement...
Premier roman uppercut d'une jeune autrice québécoise, Nirliit nous raconte les ravages qu'engendre la société occidentale sur les peuples premiers qu'elle pille et transforme irrémédiablement
Dans une langue à la fois poétique et crue, mêlant la langue inuktitut et le québécois, Juliana Leveillé-Trudel nous présente une galerie de personnages blessés quelquefois ravagés par l'alcool ou la drogue, fatalistes et résignés mais aussi aimants et lumineux...

J ai adoré !
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L'écriture est douce, fluide et quasi poétique, mais j'ai eu l'impression que ça nuisait aux propos. Là où il y avait des réflexions dures et des réalités douloureuses, j'étais prise dans la douce vague des mots. Les impacts n'étaient pas aussi efficaces que je l'aurais voulu. Il y avait aussi une alternance dans la narration qui était parfois à la 3e personne et parfois à la 2e personne du singulier. Je dois avouer que, dans ce contexte, je trouvais l'utilisation du « tu » dérangeante.

Une histoire qui se déroule au Nunavik est vraiment intéressante, mais j'ai ressenti un malaise tout au long parce que j'aurais tellement préféré lire cette histoire-là de quelqu'un né au Nunavik, avec ses yeux , ses réflexions et ses jugements si jugement de sa propre communauté il y a. Malgré que l'autrice habite là-bas depuis plusieurs années, je n'ai pas aimé le ton utilisé par son personnage principal. J'avais l'impression de ressentir un jugement alors que j'aurais préféré ressentir une description.

Il y avait aussi beaucoup de personnages. Qui ne sont pas explorés en détails , mais brièvement en surface. Ça ne m'a pas permis de les différencier, de les découvrir et de les comprendre.
Lien : https://youtu.be/LJNIKRDXvPA
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Un premier roman écrit par une canadienne, québécoise et fort talentueuse.
La narratrice, jeune femme venue du sud (comprenez Montréal) se rend chaque été à Salluit, dans l'extrême nord du Canada, là où vivent (survivent) les Inuit.
Elle y prend soin des enfants, qui dans ce village appartiennent à tout le monde, faute d'appartenir à de jeunes filles devenues mères trop tôt, à de jeunes hommes sans travail, désoeuvrés, alcooliques ou drogués ou les trois à la fois, à des hommes du sud venus le temps d'une saison gagner un peu d'argent.
Ce récit en deux parties est vraiment très sombre. Il raconte le peu d'importance d'une vie humaine dans ces villages, l'extrême violence, l'échec des politiques nationales.
Quand il ne reste comme espoir que celui d'être aimé, même mal, même trop peu de temps, même avec violence.
J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman d'une immense désespérance et d'une grande beauté.
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Mon dernier coup de coeur.

Une petite pépite brillante et lumineuse comme la neige des Inuits. Une écriture sombre et terrible comme l'alcool et la drogue des Inuits. Un petit chef d'oeuvre à lire de toute urgence (180p).
Nirliit de Juliana Léveillé-Trudel
1er roman de cette canadienne née à Montréal.



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Portrait sur le vif d'un Grand-Nord sauvage, une immersion vertigineuse dans le froid glacial du territoire de Nunavik, « la grande terre » du Nord-du Québec, territoire des "mangeux de caribous", du chaos ambiant, du blizzard qui achève des vies, des longs mois d'hiver sans lumière assassins, des étés sans nuit.

Le cri du coeur touchant face au drame, au désespoir, un cri aigu, rageur et déchirant qui retentit tout au long de ce voyage en terre hostile où la vie est belle et impitoyable à la fois. Une plongée en terres troublées et troublantes. Véritable plaidoyer pour la cause des Inuits.

L'envahisseur occidental a flairé l'argent sur ce territoire hostile, l'enjeu économique est de taille, les ressources minières abondent... alors tout comme on a parqué les Indiens, tout comme on les a privés de leur terre, obligés à se plier aux règles occidentales, on agit de même avec les Inuits. On leur apprend ce qui est bon pour eux, on leur enseigne l'anglais, le français, on les paie à ne rien faire, on les assiste, on menace leur mode de vie traditionnel.

« [...] la terre entière est remplie de connards qui ne pensent qu'à se remplir les poches, comment on fait pour rattraper toutes leurs conneries ? »

Et s'ils veulent continuer à manipuler le harpon et vivre dans des igloos, ils sont alors obligés de s'enfoncer encore plus loin sur le territoire, dans des contrées encore plus glaciales. Sous l'influence et la domination des occidentaux, la vie des Inuits sur le territoire du Nunavik s'est transformée et un décor âpre et féroce a pris place : drogue, suicides, viols, violences conjugales, argent flambé en alcool, les enfants abandonnés, livrés à eux-mêmes, la purge des chiens errants, purge que j'avais découverte lors de ma lecture de "Banquises" de Valentine Goby.

« Depuis les années 1950, le gouvernement fédéral a procédé à l'abattage massif des chiens de traîneau pour forcer les Inuits à se sédentariser. Cinquante ans plus tard, il leur a remis des millions pour s'excuser, c'est la façon de faire, on fout le bordel et on rachète tout avec l'argent, mais merci mon Dieu, ils ont appris la leçon, ces foutus nomades, ils les abattent massivement eux-mêmes leurs chiens maintenant. »

Le Sud versus le Nord, la civilisation versus la nature, les Blancs versus les Inuits, les conversations versus le silence.
Un monologue éloquent. La narratrice s'adresse d'abord à Eva, feue son amie, dont le corps repose au fond du fjord, un corps meurtri sous les coups d'un homme, et que la narratrice cherche encore.

« ...je l'aimais moi aussi, s'il-vous-plaît, expliquez-moi pourquoi je ne la verrai plus. »

Ensuite, c'est à Elijah, le fils d' Eva que la narratrice parle. Deux histoires, deux vies qui en croisent d'autres, et nous donnent une image de ce qu'est la crisse de vie dans l'arctique canadien, la vie et la folie des autres, dans cette contrée septentrionale douloureusement belle.

« .. ils marchent depuis tellement longtemps sur la ligne à ne jamais franchir, ils narguent la mort avec tellement d'irrévérences qu'ils sont intouchables. »

Il y a de la rage dans ces pages, mais il y a aussi beaucoup d'amour et de tendresse. Il y a du bonheur et de la joie dans ces mots empreints d'une si grande humanité.
Merci Juliana pour cette lecture devant laquelle je ne peux que m'incliner, genou à terre ou la démarche vacillante, quand les mots donnent le vertige, glacent et émerveillent à la fois, à vous briser le coeur, des mots qui saisissent et auxquels on se laisse prendre.

Sti que cette voix du Nord m'a marquée, émue ; et pourvu que celle-ci porte loin la cause des Nunavimmiut .
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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J'avais cette petite pépite dans ma bibliothèque depuis un long moment, je ne sais pas pourquoi je l'ai boudé aussi longtemps.
Nirliit, ce sont les oies sauvages dans la langue des Inuits au nord des provinces francophones du Canada, oies qui migrent vers le nord en été comme les travailleurs saisonniers blancs, dont la narratrice fait partie.
Le roman est divisé en deux parties, les deux personnes à qui la narratrice s'adresse : Eva sa collègue inuit décédée et Elijah, le fils de cette dernière.
Ce roman social et engagé m'a fait penser à Taqawan ou aux Moissons funèbres, même si les populations concernées ne sont évidemment pas les mêmes.
Le roman nous montre l'influence délétère de l'homme blanc sur les Inuits, dans le passé et encore aujourd'hui. Il foisonne de personnages, habitants du village de Salluit, nous montrant par là même que les dégâts sont très étendus.
J'ai beaucoup aimé.
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Salluit, « un nid de misère parfait pour nourrir une criminalité florissante et rafler année après année le titre de communauté la plus violente du Nunavik. »
La narratrice vit à Montréal.
Chaque été, elle rejoint le grand Nord pour s'occuper d'enfants à Salluit, un village canadien inuit, pourri depuis plusieurs décennies par la colonisation économique occidentale, à l'instar des communautés indiennes aux Etats-Unis.

Les populations locales ont été dépossédées de leur mode de vie ; le supermarché de la malbouffe a remplacé la chasse et la pêche traditionnelles ; le chômage, l'alcool, les armes et la promiscuité dans des logements exigus font des ravages.
Bagarres, accidents mortels, viols, suicides...

L'auteur rend bien compte de la misère, de la violence, du n'importe-quoi : les enfants qui traînent dehors, qui sont à tout le monde donc mal pris en charge, qui décrochent de l'école dès dix-onze ans ; les filles dont le destin bascule à l'aube de l'adolescence, au gré d'une grossesse (avec un local ou un 'blanc' venu travailler pour la saison), qui sombrent dans l'alcool, la drogue...

Mais l'ouvrage, bien que court, devient vite redondant, et l'on se perd parmi tous les personnages.
S'il s'agit de montrer que tout le monde est voué au même sort sinistre, c'est réussi.
C'est quand même dommage pour le lecteur. Je n'ai pas compris qui était Eva, ce qui lui était arrivé, et je me suis souvent égarée dans les tourments d'Elijah, de la femme qu'il aime, de l'homme du sud que celle-ci aime mais qui en aime finalement une autre, partie avec un autre homme...

Moins immersif, le témoignage de Julien Blanc-Gras sur son séjour en Arctique ('Briser la glace') me semble tout aussi instructif, montrant bien également la misère et la violence induits par "l'homme blanc" pour son profit, quand il détruit tout mais prétend réparer avec du fric ou des gadgets.

« [Elle] prie pour opposer la force de Dieu à celle puissante et autodestructrice des hommes de son pays, au suicide collectif à petites doses, à l'autogénocide programmé. »

« La meilleure façon de tuer un homme, c’est de le payer à ne rien faire. »
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