Vous êtes probablement nombreux à découvrir un peu tard et par hasard
Babbitt et son auteur, Sinclair Lewis. Comme moi, pour tout dire.
En fait, pendant longtemps, j'ai assimilé l'auteur Sinclair Lewis a un de ses contemporains, à la renommée plus importante, appelé
Upton Sinclair (l'auteur du phénoménal
Pétrole ! et du très célèbre
La jungle).
Mais voilà : un jour, je tombe sur le résumé de
Babbitt, puis sur la notice biographique de l'auteur qui fut, rappellent tous les sites littéraires, "le premier américain a recevoir le prix Nobel de littérature, en 1930".
Alors, comme je suis un petit curieux (non, en fait, un terrible curieux !), je me suis emparé de ce gros roman de
Babbitt, publié il y a tout juste un siècle (en 1922)... et je m'en suis régalé. Quel bouquin original !
A vrai dire, ce récit naturaliste décrivant quelques années de la vie de Georges
Babbitt - ce bon vieux Georgie, comme le surnomme tout son entourage ! -, patron d'une agence immobilière dans une grande ville imaginaire du centre des Etats-Unis, ne ressemble à aucun autre.
Babbitt vient de passer les 45 ans, il est un entrepreneur "qui a réussi" socialement à tout point de vue : propriétaire d'un maison moyenne dans une agglomération moyenne, mari d'une femme moyenne, de deux enfants moyens, fréquentant un club pour homme moyen et quelques couples d'amis moyens, il est l'incarnation de l'américain moyen.
Un bourgeois moyen, bourré de certitudes, de principes, d'idées convenables, il incarne l'Amérique de l'après-guerre (la 1ère guerre mondiale) en plein essor capitaliste.
En un lent et précis développement au cours duquel on suit les méandres prévisibles de sa vie quotidienne, le lecteur découvre avec effarement jusqu'où peut aller le conformisme accepté.
Même s'il agit tout le temps comme s'il l'était,
Babbitt n'est pas complètement stupide, c'est juste quelqu'un qui ne se pose pas de questions.
C'est un être a priori profondément satisfait de son existence, mais qui découvre, à mi-parcours du livre et de sa vie, qu'il lui manque quelque chose. Et il se pose cette question terrible : est-il vraiment heureux ?
A partir de là, il va tenter, pitoyable, de s'affranchir du carcan dans lequel il s'est enfermé tout seul, au point de risquer de briser tout ce qui constitue sa vie : son boulot, son couple, sa vie de famille, ses relations sociales...
Je vous laisse le soin de découvrir le dénouement, qui démontre que Sinclair Lewis ne cherchait pas à produire un récit à charge, mais plutôt une petite parabole à visée philosophique.
Ce qui fait toute la qualité de ce roman étonnant, c'est la capacité de l'auteur a décrypter son époque, la civilisation dans laquelle il vit, et à passer le tout au laser de son analyse critique.
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