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Lire Babbitt, ce fut pour moi des retrouvailles avec les aimables comédies américaines d'avant-guerre de Frank Capra avec Mr Smith, Mr Deeds ou John Doe, respirant la satire, les bons sentiments et dynamitant avec élégance les conventions.
Auparavant, en 1920, à Zénith, ville commerçante et prospère, au coeur du Midwest, s'épanouit Babbitt, replet marchand de biens, ou, comme il le préfère, courtier en immeubles. Personnage sympathique et débonnaire, suivant son petit bonhomme de chemin il est l'archétype de l'Américain moyen adhérant à son milieu, à son confort, et à ses loges ou clubs.
Jusqu'au jour où un doute s'immisce subrepticement. En partie dû à l'échec de ne pas avoir été pleinement admis parmi les notables de la classe sociale supérieure Babbitt a le sentiment d'avoir une vie terne et machinale. Il perd son estime de soi et se laisse aller à des aventures féminines et à des soirées trop arrosées en pleine période de prohibition. Une sérieuse remise en question.
Ce roman est très daté. Des préjugés sur les femmes, les noirs, les étrangers, les pauvres, les syndicats...Tout y passe. C'est un catalogue ! Et pourtant Babbitt n'a pas disparu du paysage. Il est en plein revival.
La grande force de Sinclair Lewis est l'ironie et la bienveillance. C'est aussi sa faiblesse. Les errances de Babbitt ne lui permettront pas de trouver le courage d'aller réellement à contre-courant. Je ne saurais dire si la critique de Sinclair Lewis était novatrice ou s'il s'agissait déjà d'une tendance forte dans les années 20. La réception et le succès du livre laissent penser que Lewis a su exprimer un malaise profond et dérangeant et qu'il a fait mouche.



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Georges F. Babbitt est un homme d'affaires prospère, un agent immobilier plus précisément, qui vit avec sa famille (une épouse et trois enfants dont l'aînée a 22 ans) dans la petite ville de Zenith. Il possède, dans un quartier résidentiel, une belle maison pourvue de tout le confort moderne, semblable à celles de la plupart de ses voisins, et une voiture.

Le roman débute en avril 1920, Babbitt a 46 ans, l'âge de la plénitude, et il représente l'américain moyen dans toute sa splendeur.

"Pour Georges F. Babbitt, comme pour la plupart des gens aisés de Zenith, son automobile représentait à la fois la poésie et le drame, l'amour et l'héroïsme. le bureau était son navire de pirates mais son auto la périlleuse descente à terre."

Babbitt est bien évidemment l'un des piliers de la chambre de commerce de sa ville. Il est membre de plusieurs clubs, grâce auxquels il pense faire partie de l'élite, n'a une opinion sur un quelconque sujet que si l'Advocates Times, le journal qu'il lit, s'en fait l'écho,

En homme d'affaires pragmatique, seule la réussite matérielle importe à ce Républicain aux idées étroites, toujours prompt à mépriser la culture. Enfin, pas tout à fait. L'opinion de ses estimés concitoyens compte peut-être encore davantage. Ses collègues en affaires font partie des mêmes clubs que lui et tout ce petit monde s'autocongratule à qui mieux mieux. Certes, Babbitt n'est pas tout à fait le citoyen parfait : sa femme l'ennuie, ses enfants s'opposent à lui sur divers sujets et il n'est pas, à l'occasion, contre une aventure-extra-conjugale ni un bon verre d'alcool. Mais il n'en demeure pas moins un commerçant des plus estimables.

Alors, ennuyeux et banal Georges Babbitt ? Pas tout à fait. Son talon d'Achille est son meilleur ami, Paul Riesling, qu'il considère comme son frère. Lequel a gardé une âme un peu bohème et est flanqué d'une femme frivole et égoïste, limite hystérique. Avec Paul, Georges Babbitt admet enfin ses fêlures et son insatisfaction. Car cet homme si prévisible, si imbu de lui-même, conscient de son admirable importance, ne mène pas la vie dont il rêvait. Même son mariage repose sur un malentendu. Babbitt étouffe, panique, se sent piégé, a des envies de rébellion. Cette nouvelle soif de liberté, provoquée par de menus événements et une amorce de réflexion sur sa place dans la société, pousse ce conventionnel hommes d'affaires à dire et faire des choses dont il ne serait pas cru capable. Peu à peu, son attitude est mal perçue par ses amis et collègues. Ce changement de pensée est remarquablement retranscrit par l'écrivain qui observe à la loupe les hésitations, et emportements de son anti-héros.

J'ai adoré ce roman, adoré la traduction de Maurice Rémon qui est excellente. Tout repose sur des détails, sur la dissection des petits rituels qui ponctuent la vie domestique de Babbitt, sur cette analyse implacable, ironique mais humoristique des conventions sociales. Il y a du César Birotteau chez cet Américain moyen. Personnage à la fois tragique et comique, broyé impitoyablement pas la société capitaliste de ces années là et cependant victime consentante. le roman est un peu comme une radiographie de cette époque, de ce milieu. Qu'y avait-il à envier dans l'American way of life ? Tous les personnages décrits par Sinclair Lewis sont désespérément mesquins et ennuyeux, poursuivant une existence vide de sens. Un vrai bonheur de lecture, une oeuvre magistrale que je suis ravie d'avoir découverte, même si cela est arrivé bien tardivement.
Lien : http://lectures-au-coin-du-f..
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Que celui qui recherche l'insouciance et la juste "un bon moment futile" passe son chemin.
Voilà un roman puissant, presque dérangeant car il oblige à analyser nos vies sans concession.
Voilà une description caustique du rêve américain ou tout peut réussir à celui qui le veut...surtout s'il est prêt à s'assoir sur ses principes.
On ne sait s'il faut mépriser ou plaindre Babbitt. Un homme qui au fond ne cherche qu'un chose, être un homme bien, aimé par ces concitoyens, sa famille, ses amis. Mais qu'est qu'un "homme bien" ? Un homme qui réussit, qui fait parti de tous les clubs "qu'il faut", qui aime et protège sa famille ? même s'il doit pour cela vendre son âme ? ou un homme qui est heureux, et qui aime et aide tous ses prochains autant que possible ?

Bien sûr, un siècle aura bientôt passé depuis les faits décrits dans ce roman, la société a évolué, en mieux...mais à quel point ? et tout comme Babbitt, combien d'entre nous continue "de ne jamais ,dans toute notre vie, faire une seule chose que nous désirons".
Nous suivons le flot, mais au fond - tout comme Babbitt - nous suivons notre petit bonhomme de chemin, nous avançons "d'un quart de pouce sur une centaine de milles possible. " Car nous hésitons toujours à "les" envoyer promener.
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Challenge Nobel 2013-2014
Commencé dans la traduction libre de droits de Maurice Rémon et fini (difficilement) en VO.
Et c'est là le handicap de Babbitt: une traduction approximative qui gêne la lecture. Parce que l'on ne peut pas être gradué d'un collège, ou nourrisson d'une université...Agacements continuels, et lecture difficile en anglais pour moi.
Babbitt est l'archétype de l'Américain qui a réussi: en pleine prohibition, il sait se procurer de l'alcool, il habite une belle maison, avec salle de bains, véranda, épouse, voiture et enfants, il pérore sans fin sur des sujets dont il ignore le premier mot, il avance, de demi-échecs ( la liaison avec une cliente) en vaniteuses réussites (vice-présidence de clubs et comités...). S.Lewis fait preuve d'une belle clairvoyance dans un portrait cynique.
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Roman qui a valu presque à lui tout seul le prix Nobel de littérature à son auteur Sinclair Lewis, Babbitt est un grand classique du roman américain du XXe siècle. J'étais donc curieux de découvrir cette oeuvre, et elle a plutôt répondu à mes attentes, c'est à dire que ce n'est en rien un coup de coeur mais la description de la société américaine bourgeoise de cette époque (au sortir de la 1ère guerre mondiale ) est très intéressante et ne manque pas de mordant.

Babbitt est l'entrepreneur américain moyen qui a plutôt bien réussi sa vie en suivant les voix de l'american way of life. Mais Babbitt est un peu un Winston Smith (du roman ''1984)'' qui va un jour avoir un réveil de la conscience et va peu à peu remettre en question sa vie si rondement menée et si bien encadrée. Mais il va s'apercevoir que sortir quelque peu des sentiers battus, oser vouloir s'extirper de la caverne de Platon ne va pas sans conséquences. C'est donc une critique assez acerbe du rêve américain qui est faite ici, où tout va bien tant que l'on pense et agit comme tout le monde, et le tout avec un humour très présent. Mais il ne s'agit pas d'un humour gras si typique des américains, l'humour et la critique sont en fait très subtils, beaucoup plus proches de l'humour et des trait d'esprit britanniques. Cependant Babbitt est au fond un personnage qui ressemble à Mr tout le monde: il sait que quelque chose ne va pas, prend des dizaines de résolutions par semaine, en tient certaines plus de temps que d'autres, mais au final il restera dans la voie. Il attire parfois l'antipathie, d'autres fois la sympathie, et toutes ces choses font au final de lui quelqu'un de très réel, de très humain. Ce roman est également un roman de la névrose, un peu comme ''Madame Bovary''. Bien sûr selon Freud nous sommes tous des névrosés, mais certains le sont plus que d'autres et cela transparait très clairement dans cette histoire.

En dépit de toutes ces bonnes observations que je me suis fait, le récit n'est pas passionnant non plus, il souffre de certaines longueurs je pense. Mais à chaque fois que l'histoire commence à s'étirer un peu en longueur, il se passe un évènement qui relance l'intérêt du lecteur. Ca reste donc une lecture positive, mais je pense étrangement que je l'apprécie plus maintenant que je l'ai fini que durant ma lecture.
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L'archétype de l'américain moyen des années 20, le bon père de famille, sûr de son bon droit, content de lui et très critique envers tous ceux qui ne suivent pas le même sillon. le trait semble si poussé que ça en devient une caricature, ce Babbit est pratiquement devenu un nom commun en Amérique !
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Babitt de Sinclair Lewiss
Voici George Babitt: petit homme rondouillard, la quarantaine, bon époux, bon père de famille, négociateur en immobilier, content de lui et de : sa belle maison équipée du dernier cri : confort moderne - 1920 -, sa voiture, ses amis, son club. La vie de Georges s'écoule avec une monotonie routinière, dans une ville de province : Zénith, peuplée de petits bourgeois bien pensants. Ce mode de vie conventionnelle représente pour lui le devoir et l'idéal du bon Américain. Faire de bonnes affaires, gagner toujours plus d'argent , respecter les règles de cette société, voilà ce qui remplit la vie de George. Il appartient pour son bonheur à la bonne classe. Les autres, les pauvres, les étrangers, les ouvriers, les chômeurs (qui le veulent bien) , sont à ses yeux des sortes de hors la loi, des socialistes, qui mèneraient le pays à sa perte si par malheur on ne les surveillait pas. Avec ses amis, Georges tient des discours de "beaufitude", dont il n'a même pas conscience.
Pourtant, il lui arrive quelquefois dans un moment de fatigue de s'évader, de réver avec un bon cigare, un petit verre de whisky (en cachette), c'est encore la prohibition, de jeter un bref regard sur une ou deux jeunes femmes follettes ou plus gaies que sa chère épouse, mais un écart maladroit aurait un écho désastreux sur sa réputation. Il a osé réver une fois sous couvert d'un voyage d'affaire inventé de s'aérer quelques jours avec son meilleur ami Paul dans une partie de pêche à la campagne, loin du quotidien. Voilà que Georges va même se laisser tenter par une aventure sentimentale en cachette. Il s'éloigne un peu de sa famille, n'accepte pas que son fils préfère étudier la mécanique au lieu de poursuivre ses études de droit.
"J'ai toujours fait ce qu'on m'a ordonné de faire, moi, lui dit-il". On rapport ici et là que Georges a été vu par un voisin batifolant avec une bande de joyeux compères dans un quartier peu recommandable. On commence à lui tourner le dos, il râte des affaires, bref cela va mal pour George. Il aurait tenu des propos inappropriés, presque socialistes. Il est malheureux Il refuse de signer la chartre du bon citoyen. Son épouse à des soupçons, elle s'éloigne, sa fille se marie, Georges, fait amende honorable et faisant acte de contrition il retourne bien content à ses habitudes de bon citoyen. C'est alors qu'il tient ce discours à son fils " Je n'ai jamais dans toute ma vie, fait une seule chose que je désirais. Je ne crois pas avoir réussi quoi que ce soit, sinon à suivre mon petit bonhomme de chemin. Mais j'éprouve une sorte de satisfaction furtive à voir que tu savais ce que tu voulais et que tu l'as fait. Je te soutiendrai.....Ne te laisse pas effrayer par la famille, non, ni par toute la ville de Zénith..ni par toi-même, comme je l'ai fait. En avant, mon petit, le monde est à toi".
Ce livre de 472 pages n'est pas facile à commenter..Il ne s'agit pas seulement de l'histoire de George, mais de montrer le mode de vie du citoyen américain de classe moyenne, dans les années 1920 obligé de contraindre par gré ou par force d' entrer dans "le rang" afin d'être accepté et d'atteindre la considération d'autrui. La lecture est un peu longue, mais pas casse-tête, pleine de malice et j'avoue que j'ai souvent souri.
. J'ai tiré une leçon : ne pas se laisser étouffer par les habitudes, la routine et savoir quelquefois dire NON !
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Tranches de vie, une satire convaincante. Portrait de Babbitt, le vaillant agent immobilier du Middle-West, qui dit : « Bon Dieu, je me sens d'attaque ce matin ! » p47
« Sinclair Lewis, comme Babbitt, trouve le Middle-West affreux mais il ne saurait s'en passer ; [notre héros] habite un bungalow sur les Hauteurs Fleuries où d'ailleurs pas une fleur ne pousse », nous rappelle le préfacier. « Quand on appelle le bonheur, c'est le confort qui répond ».
Lecture gâchée en grande partie par la mauvaise traduction, je retire une étoile. Un échantillon : « Tous étaient d'accord sur ce point qu'il faut maintenir la classe ouvrière à sa place, et tous se rendaient compte que la « Démocratie américaine » n'implique aucune égalité des fortunes, mais exige une identité salutaire de pensée, de costume, de maquillage, de morale et de vocabulaire ». P462 Affreux !
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Vous êtes probablement nombreux à découvrir un peu tard et par hasard Babbitt et son auteur, Sinclair Lewis. Comme moi, pour tout dire.

En fait, pendant longtemps, j'ai assimilé l'auteur Sinclair Lewis a un de ses contemporains, à la renommée plus importante, appelé Upton Sinclair (l'auteur du phénoménal Pétrole ! et du très célèbre La jungle).

Mais voilà : un jour, je tombe sur le résumé de Babbitt, puis sur la notice biographique de l'auteur qui fut, rappellent tous les sites littéraires, "le premier américain a recevoir le prix Nobel de littérature, en 1930".

Alors, comme je suis un petit curieux (non, en fait, un terrible curieux !), je me suis emparé de ce gros roman de Babbitt, publié il y a tout juste un siècle (en 1922)... et je m'en suis régalé. Quel bouquin original !

A vrai dire, ce récit naturaliste décrivant quelques années de la vie de Georges Babbitt - ce bon vieux Georgie, comme le surnomme tout son entourage ! -, patron d'une agence immobilière dans une grande ville imaginaire du centre des Etats-Unis, ne ressemble à aucun autre.

Babbitt vient de passer les 45 ans, il est un entrepreneur "qui a réussi" socialement à tout point de vue : propriétaire d'un maison moyenne dans une agglomération moyenne, mari d'une femme moyenne, de deux enfants moyens, fréquentant un club pour homme moyen et quelques couples d'amis moyens, il est l'incarnation de l'américain moyen.

Un bourgeois moyen, bourré de certitudes, de principes, d'idées convenables, il incarne l'Amérique de l'après-guerre (la 1ère guerre mondiale) en plein essor capitaliste.

En un lent et précis développement au cours duquel on suit les méandres prévisibles de sa vie quotidienne, le lecteur découvre avec effarement jusqu'où peut aller le conformisme accepté.

Même s'il agit tout le temps comme s'il l'était, Babbitt n'est pas complètement stupide, c'est juste quelqu'un qui ne se pose pas de questions.

C'est un être a priori profondément satisfait de son existence, mais qui découvre, à mi-parcours du livre et de sa vie, qu'il lui manque quelque chose. Et il se pose cette question terrible : est-il vraiment heureux ?

A partir de là, il va tenter, pitoyable, de s'affranchir du carcan dans lequel il s'est enfermé tout seul, au point de risquer de briser tout ce qui constitue sa vie : son boulot, son couple, sa vie de famille, ses relations sociales...

Je vous laisse le soin de découvrir le dénouement, qui démontre que Sinclair Lewis ne cherchait pas à produire un récit à charge, mais plutôt une petite parabole à visée philosophique.

Ce qui fait toute la qualité de ce roman étonnant, c'est la capacité de l'auteur a décrypter son époque, la civilisation dans laquelle il vit, et à passer le tout au laser de son analyse critique.

[Lire la suite de ma critique sur mon site le Tourne Page]
Lien : https://www.letournepage.com..
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Une des gourmandises que sait nous offrir la littérature des Etats Unis d'Amérique.
La satyre y est a fleuret moucheté.
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