Un couple de pêcheurs des Lofoten décide de gagner en bateau le sud, afin de fuir les heurts provoqués par l'afflux des migrants climatiques dans ces îles Norvégiennes. Mercedes, la bigote de Séville, accepte de suivre son prêtre à Rome, en réalité un escroc-gourou, qui n'a besoin d'elle qu'en tant qu'esclave sexuelle sur la longue route vers l'enclave de Davos. Paula Rossi, une Italienne et ses deux garçons sont en quête d'un médecin pour soigner le petit dernier ; à Milan ou alors plus loin, à Davos. Fernando a fui les griffes de sa mère pour se jeter dans celles des Boutefeux, un groupe de pyromanes toxicomanes, dont le chef entend bien couronner son oeuvre en calcinant l'enclave de Davos. le professeur Pradeesh travaille non sans succès sur un traitement génétique en vue d'accroître la longévité humaine, bien à l'abri sous le dôme qui protège la paisible ville de Davos des agressions extérieures ; qu'elles soient climatiques ou humaines d'ailleurs...
Après nous avoir dépeint dans Aqua™ un futur proche en proie aux premières pénuries d'eau,
Jean-Marc Ligny nous projette plus loin encore, dans un avenir post-apocalyptique où les dérèglements climatiques, qui surchauffent (au propre comme au figuré d'ailleurs) notre planète, ont provoqué des conflits mondiaux qui ont dépeuplé la Terre. Les survivants luttent pour leur survie quotidienne ou s'embrigadent dans des groupes mafieux, pyromanes, cannibales... Tandis que de rares privilégiés préparent déjà, à l'abri sous de grands dômes protecteurs aseptisés tels de grandes prisons dorées, leur fuite de cette planète devenue invivable.
L'histoire s'articule autour du récit entremêlé de protagonistes disparates, en Europe, qui vivent quotidiennement leur expérience du chaos et dont le point de convergence est l'enclave de Davos, dans les Alpes suisses. Ce procédé permet à l'auteur de dresser une situation assez complète de sa vision d'anticipation tout en laissant suffisamment de flou sur les mécanismes qui y aboutissent.
Bien sûr, cette vision est pour le moins très pessimiste pour les masses qui sont exclues de la civilisation des enclaves — bien que sous surveillance et parquée sous ces dômes de verre — et on ne retrouve pas dans les différents récits cet humour qui m'avait tant plu dans Aqua™. Il m'est également arrivé de me demander quelle était la finalité de ces récits ? Où l'auteur voulait en venir en utilisant des personnages qu'il nous attache et qu'il fait disparaître subitement ? Je crois finalement qu'il tente de démontrer la grande précarité de nos existences et le côté impitoyable d'un futur tel qu'il le décrit.
Reste que les histoires n'en demeurent pas moins intéressantes, bien construites et qu'au global,
Exodes est une excellente lecture. À éviter tout de même en période de déprime ou de questionnements sur son avenir.