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3,9

sur 728 notes
Un livre indispensable pour les thèmes qu'il aborde, autant qu'un petit chef-d'oeuvre narratif sous une forme originale. Ken Liu adopte la forme d'un documentaire fictif pour imaginer l'impact du voyage dans le temps sur L Histoire et les sociétés, et traiter simultanément de questions douloureuses et essentielles.
Le pitch ? Un couple de chercheurs américains d'origine asiatique invente un moyen d'assister aux évènements historiques à partir du concept vertigineux, quoique bien réel, des photons intriqués (en mécanique quantique, ces photons jumeaux générés au même instant conservent des propriétés identiques quelle que soit la distance dont on les sépare et le temps qui s'écoule depuis leur apparition). du fait de leur histoire familiale, ces chercheurs mettent leur invention au service du devoir de mémoire, en levant le voile sur les exactions commises par les troupes japonaises en Chine durant l'avant et pendant seconde guerre mondiale. Ce faisant, ils ravivent des plaies dormantes et se heurtent à la controverse, d'autant que leur système ne permet d'effectuer le voyage qu'une seule fois par lieu et date : se greffent donc en plus les problématiques de la fiabilité des témoignages et de l'altération des preuves dont L Histoire a besoin pour se construire.
Ce texte court est du genre à vous enchaîner à ses pages, pris entre l'horreur des faits (la trop réelle unité 731 n'a rien à envier à son pendant occidental dirigé par le "docteur" Mengele...) et la profondeur de thématiques essentielles, comme la façon dont le nécessaire travail de mémoire doit composer avec le niveau individuel (deuils et culpabilités issus d'un passé difficile à regarder en face) et le niveau sociétal (les jeux diplomatiques du présent qui peuvent pâtir de ces résurgences douloureuses; ou la façon dont un regard émotionnel porté sur L Histoire interfère avec le besoin de rationalité de son étude).
Un texte passionnant qui décante encore longtemps après sa lecture.
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Je dois avouer que même si on m'avait prévenu que ce n'était pas facile à lire, je ne m'attendais pas à ça. Ce morceau d'Histoire chamboule réellement car je fais parti des gens qui ne sont pas attirés par L Histoire avec un grand H. Je sais pourquoi et ce texte me le rappelle, l'humain est un monstre.

Le format documentaire m'a un peu refroidit au début mais finalement je trouve qu'il correspond parfaitement au format témoignage que l'auteur a mis en place dans ce récit.

Je ne veux pas fermer les yeux sur le passé, je suis d'accord sur le devoir de mémoire et Ken Liu, à travers cette centaine de pages, nous emmène avec lui dans un endroit que personne n'aurait dû connaître, que personne n'aurait dû inventer ni même penser.

J'ai été fascinée par le côté SF, même si je n'ai pas tout compris, et j'ai été consternée par l'histoire de ces prisonniers et gardiens de l'unité 731.

La Seconde Guerre Mondiale (les guerres en général) à été dévastatrice d'un point de vue moral et éthique, mais ne le nions pas, nous en profitons tou.te.s aujourd'hui dans le domaine médical.

Cette piqûre de rappel est nécessaire pour comprendre que rien n'est acquis et qu'il est important de le reconnaître et aussi de l'assumer.

Je vous le recommande mais attention, il y a quelques scènes choquantes qui pourraient perturber les personnes les plus sensibles.
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Comme toujours avec Ken Liu, on va au-delà du genre, on déborde des cases.
"L'homme qui mit fin à l'histoire" est une novella de science-fiction, mais pas seulement. C'est aussi un autel de mémoire aux victimes des atrocités perpétrées par les Japonais durant la Deuxième Guerre Mondiale. Et c'est surtout une réflexion sur l'histoire, le travail d'historien et le devoir de mémoire.
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Devoir de mémoire.

Deux scientifiques ont découvert un moyen de voyager dans le temps. Toutefois, celui-ci se limite à une seule fois par période visitée et sans possibilité d'interférer. Une bonne manière de mettre à jour certains pan sombre de l'histoire, tel que l'Unité 731 crée par les japonais. Celle-ci fit des expérimentations humaines à grande échelle de 1936 à 1945 dans la province chinoise de Mandchouko.

Cette novella est une gifle magistrale ! Ken Liu prend le prétexte de la science-fiction pour parler de faits malheureusement réels. Ils sont le fait de l'Unité 731, une branche de l'armée de japonaise, qui durant la Seconde Guerre Mondiale se livra à des actes abominables sur la populations chinoise. Ce pan de la Seconde Guerre Mondiale est méconnu en Occident.

Ce récit est présenté sous la forme d'un documentaire. On alterne ainsi entre interview des deux scientifiques, d'un des expérimentateurs du procédé, d'un ancien soldat, d'archives et de micro-trottoirs. L'idée est excellente. Elle donne un rythme soutenu à la narration et montre concrètement l'impact dans le temps de cette technologie.

Celle-ci questionne. Quels risques peut-elle entraîner ? Juridiquement parlant peut-on considérer les descendants des bourreaux comme coupables ? Crée t-elle des preuves valables pour les historiens ? Permet-elle de lutter contre le négationnisme ? Faut-il vivre dans le passé au lieu d'essayer d'améliorer le futur ?

C'est une réflexion sur le devoir de mémoire. Il ne faut pas oublier et lutter contre le négationnisme. Toutefois, de nombreux individus refusent celui-ci, que ce soit par refus de vivre dans le passé ou par déni de ces faits. Ils faut redonner sa dignité aux victimes tout en condamnant les bourreaux. Tout cela en permettant un dialogue constructif entre les descendants des deux camps.

En bref, il s'agit incontestablement du chef d'oeuvre de Ken Liu.
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Personnellement assez déçue par cette histoire car ce n'était pas vraiment ce à quoi je m'attendais. Même si ça évoque le principe de pouvoir retourner observer un moment du passé et que cela efface ce moment. En réalité l'histoire est développée selon un exemple en particulier à savoir la quête de vérité sur des horreurs commises par des japonais sur des prisonniers chinois. Trop de politique pour moi et trop peu de SF pour moi. La forme documentaire était néanmoins bien menée.
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Un roman de SF aussi court qu'il est intéressant.
À travers l'histoire d'un couple de scientifiques ayant mis au point un système pour voyager dans le temps et témoigner du passé, l'auteur pose tout un tas de questions qui interpellent sur l'histoire : la façon de l'aborder, l'étudier, la transmettre, la manière dont les hommes du présent l'utilisent et se la réapproprient, les débats idéologiques et juridiques qui l'entourent, comment tourner la page après un drame, la mémoire collective....
Un livre qui fait réfléchir, tout en revenant sur une page de la Seconde Guerre Mondiale dont on parle peu. C'est intéressant, poignant et raconté d'une façon très originale.
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Court roman d'environ 100 pages, L'homme qui mit fin à l'histoire est une très bonne découverte, je m'attendais à un roman d'action mais non. L'histoire nous est présente à la façon d'un documentaire, avec des suites d'interview et de présentation qui vont nous faire découvrir l'impact qu'à eu la machine a voir le passé par rapport a la controverse de l'unité 731 (unité secrète japonaise qui pendant la seconde guerre mondiale faisait des expériences sur des prisonniers chinois).
Le roman s'interroge aussi sur la vérité, le devoir de mémoire, et pas mal d'autres petites choses, il y a une grande dimension philosique dans cet oeuvre.
Une bonne lecture de la collection Une Heure Lumière encore une fois !
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Ken Liu, c'est une découverte 100% Babelio pour moi. Il n'a été fait acquisition que de ce livre de lui à ma bibliothèque municipale "L'Homme qui mit fin à l'histoire"...Quel incroyable titre. Je n'ai même pas lu la quatrième de couverture, convaincue que j'allais croquer ce petit roman. Je venais depuis peu de découvrir un autre auteur originaire de Chine, Liu Cixin dont la "Terre errante" m'a transportée inthemoon, un allé simple pour les étoiles, tout ce que je recherche en SF, tout ce que je recherche dans mes lectures actuelles.
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le voyage proposé par Ken Liu, a été davantage un cauchemar.
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Avez-vous des cauchemars récurrents? Je les sens venir dans mon sommeil, je lutte pour ne pas glisser vers eux...Non pas encore celui là...J'y glisse malgré moi. C'est un peu ce que j'ai ressenti dans les premières pages de ce livre, je me croyais embarquée vers un doux rêve sur le voyage dans le temps, qui a commencé très vite à sentir l'angoisse et l'horreur. Pauvre innocente que je suis, je ne savais rien du livre avant de commencer.
Je trouve qu'il ne fait pas très bon lire ce livre dans le climat oppressant que nous subissons en ce moment à cause de la folie d'un tyran qui paraît sans limite. Nous avons peur de la guerre parce que nous avons peur de souffrir, nous, ou nos proches. Toute cette idée de souffrance me paraît condensée dans ces endroits où l'on a torturé, violé, où l'on s'est adonné à des expériences médicales sur des personnes qui n'étaient plus rien que des numéros.
Ken Liu évoque dès la page 15 cette Unité 731 qui a REELLEMENT existé, sévissant en Chine orientale à Pingfang, durant la seconde guerre mondiale, et il est évident que je peux abandonner la possibilité d'un joli voyage.
J'ai assisté à d'horribles scènes, donc, elles me sont tombées dessus, j'y ai assisté impuissante. Enfin, "impuissante" quelle ridicule comparaison avec une réelle impuissance face à quelconque violence puisqu'il m'aurait suffit de fermer mon livre pour y mettre un terme, et tâcher de penser à autre chose...
Mais c'est que ce livre est si bien fait et qu'il soulève des questions si importantes qu'il me tardait plutôt de le poursuivre!
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Ce livre est fait comme si l'on visualisait le script d'un documentaire. le titre entier du livre est d'ailleurs "l'Homme qui mit fin à L Histoire: un documentaire". En italique, ce que l'on voit, en italique souligné, la personne qui s'exprime et en écriture scripte ce qu'elle dit. Une succession de témoignages donc, qui relatent le parcours du professeur Wei et de son épouse le professeur Kirino afin de révéler au monde leur fabuleuse découverte de la possibilité de voir des scènes du passé. Mais il ne s'agit pas de faire la promotion de leur découverte, ni de s'en enorgueillir, car le professeur Wei n'est obsédé que par une chose: que soient reconnues les exactions commises par l'Unité japonaise 731, que justice soit faite et vérité rétablie. La fabuleuse découverte n'est ainsi qu'un outil à l'établissement de la vérité.
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Point de rêve, point de dépaysement, mais des questions éthiques et philosophiques poussées; enserrées dans la main de fer du scénario sans superflu de Ken Liu. Doit-on juger le passé au prix de faire vaciller l'équilibre du présent? Quelle place peut avoir la mémoire privée au sein de la mémoire collective? N'est-elle qu'exemple? à quel niveau est-elle représentative? A qui profite l'établissement d'une vérité absolue? Est-il possible de le faire en matière d'Histoire? Quelle démonstration, ce livre, quel talent dans la façon dont il est mené, et quelle subtilité de nous donner autant matière à se faire son propre raisonnement.
Un mélange habile de fiction et de réalité. Ken Liu évoque l'Histoire de la Chine et ses intrications avec le Japon au travers de ses personnages, le professeur Wei est sino-américain alors que son épouse le professeur Kirino est nippo-américaine. Nous apprenons (enfin j'apprends) sur les rapports entre ces pays, mais aussi sur leurs rapports avec l'Occident, à savoir le poids que peut avoir le fait que le Japon soit "le chouchou" des occidentaux, aux dépens de la Chine, et comment ce qui semble ainsi "un ordre établi" peut peser sur les vérités (ou les à peu près) historiques.
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J'espérais un peu de rêve, du farfelu même peut-être?...Et j'ai reçu un message en pleine poire auquel je vais penser pour un bon moment. Ken Liu, merci, et à bientôt :)
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Le talent de Ken Liu est de se saisir d'une hypothèse scientifique abordable, de le mélanger à la culture ou à l'histoire chinoise et d'en tirer une histoire humaine forte.
Le choix de l'auteur d'aborder une période terrible de l'histoire chinoise, pendant la deuxième guerre mondiale, ajoute une dimension militante à ce récit. La forme choisie: le documentaire, contribue, là-aussi, à renforcer la force de ce texte.
On ne peut donc pas juger la qualité du récit, ou l'originalité de l'histoire. On est face à un témoignage militant, dénonçant un génocide opéré par le gouvernement japonais de l'époque, à l'instar du génocide juif perpétué par les nazis.
Tout le reste n'est finalement que secondaire face à cette tragédie, certainement moins connue en France que celle des juifs, que cet auteur de talent a choisi de porter.
Mais loin de ne faire qu'un témoignage unilatéral, il choisit aussi de s'intéresser aux conséquences pour les générations futures des crimes de leurs ancêtres... Une analyse philosophique très nuancée et donc très intéressante.
Pour tous ces aspects, ce livre mérite d'être lu par tout le monde.

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Je ne vais pas répéter ce que les précédentes excellentes critiques ont mises en avant, simplement confirmer que cette novella est surprenante, instructive et vaut vraiment le détour ! Je n'avais pas lu le résumé avant de commencer la lecture, j'ai été agréablement surprise. Outre la forme "documentaire", les sujets traités sont passionnants et invitent à la réflexion. Un récit court mais riche, à lire absolument !
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