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3,9

sur 728 notes
Oh. P****n. La. Vache.
Voici ce que je me répète en boucle depuis la page 12 de la novella de Ken Liu.
Oh. La. Vache. Je ne m'y attendais pas à celle-là…
En à peine cent pages, le lecteur se trouve au centre d'un tourbillon moral, philosophique et éthique. Et se trouve confronté à LA question ultime : « est-ce parce que l'on a la possibilité de faire quelque chose, que l'on doit le faire ? »
Au centre du récit, une évènement historique peu connu en Occident (dont j'ai découvert l'existence à l'occasion de cette lecture) : les expériences médicales japonaises sur des Chinois (souvent vivants…) dans les années 1930, l'Unité 731. Une avancée scientifique majeure rend possible le voyage dans le temps pour « visiter » cette période historique, mais seulement une unique fois.
De là, le roman décline toutes les interrogations, réflexions, négationnismes des différents personnages : qui doit faire ce voyage ? Les descendants des victimes ou les historiens ? Quelle est la responsabilité des médecins ? Leur est-elle propre ou est-elle celle de leur pays ? Que répondre aux arguments selon lesquels les atrocités commises ont permis l'avancée des connaissances et des savoir-faire médicaux ? (Argument déjà entendu de la part des médecins nazis)…
Ken Liu démontre de façon remarquable tout ce que la littérature de science-fiction peut apporter en termes de prospection humaine et de questionnement éthique.
C'est proprement abyssal, angoissant et en même temps tout simplement nécessaire : l'Histoire humaine étant plus qu'à son tour emplie de massacres, génocides, cruautés et autres forfaitures.
Une bonne claque littéraire, tant sur le sujet (peu abordé) que sur la forme (documentaire avec extraits de vidéos et témoignages devant des commissions).
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Récit de science-fiction brillant sur la vérité de l'Histoire face à la possibilité du voyage temporel.
Si les états ne sont pas prêts à la repentance, le serions-nous, sachant que notre passé, qui existe à l'état de photons dans le vide sidéral, sera éternellement visible et permettra à nos descendants de tous, nous juger?
Une lecture qui interroge et passionnante sur plusieurs plans autant que du récit que de l'histoire.. chinoise.
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J'ai tout simplement adoré. Et pourtant, les voyages dans le temps, c'est clairement casse-gueule comme sujet. Parce que ça part souvent en cacahuète, ça peut être mal fait voire incohérent. Pour moi c'est soit bien fait mais très compliqué, soit simple mais du coup mal fait.

Eh bien L'homme qui mit fin à l'histoire m'a réconciliée avec les voyages dans le temps. Ce que j'ai particulièrement aimé, c'est toutes les problématiques politiques qu'une telle technologies pourraient apporter et le droit de propriété sur les souvenirs qui seront ramenés de ces voyages, ainsi que la question de la légitimité des personnes qui les effectue. Qui est légitime de visiter une époque, qui ne l'est pas ? Sur quoi peut se baser ce genre de jugement ?

De nouveau, un livre ne peut être parfait, mais celui-ci est une ouverture simple, courte et intense à l'anticipation pour ceux qui souhaitent se plonger dans ce style d'ouvrages. Je recommande à 100 % !
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C'est surement la novella la plus connue dans cette collection et la plus encensée. Et cela à très juste titre. C'est un texte puissant, mené de mains de maitre. L'utilisation d'un système narratif sous la forme d'un reportage télévisuel est particulièrement intéressant. C'est avec ce titre que j'ai découvert Ken Liu et j'espère que les rares lecteurs de la chronique qui n'auraient pas déjà lu cet auteur auront envie de le découvrir.
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Dès le départ j'ai été surprise par la forme de ce court roman. Il se présente comme un reportage.
J'ai appris des choses, notamment l'existence dès 1932 de l'unité 731 basée en Chine, une monstruosité japonaise où on pratiquait des crimes contre l'humanité envers des chinois plus particulièrement mais pas uniquement. Tout ce qui va se passer dans cette histoire part de là.
Ensuite le roman m'a paru très bavard et un poil intello, heureusement pas pendant longtemps. J'ai rapidement été totalement captivée.

Ce qu'on apprend dans cette histoire est terrifiant, tortures, mutilations, vivisection, expérimentations, et ça dit beaucoup de la nature humaine en temps de guerre qui laisse libre cours aux penchants psychopathes des pires sadiques, sous couvert de progrès de la médecine.

Plus qu'un roman de SF sur les voyages temporels, celui-ci semble servir de prétexte pour nous raconter une page de l'histoire, totalement ignorée de l'Occident, sur les atrocités commises par les japonais sur les prisonniers chinois.
Ça met aussi en évidence la faiblesse du crédit qu'on désire apporter parfois au témoignage humain afin d'être dans le révisionnisme et le négationnisme.
Lien : https://mechantdobby.over-bl..
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Dans un futur proche, un couple de scientifiques met au point un procédé permettant de voyager dans le temps, mais avec des règles très précises : pas de possibilité de stocker les données hors du cerveau humain, un seul voyage à chaque instant choisi, et le voyageur ne peut qu'observer sans agir sur le cours des événements.
Le professeur Wei choisit de focaliser ses recherches sur une période très sombre de l'occupation japonaise en Chine : les exactions de l'Unité 731 sur 500 000 victimes chinoises. de 1936 à 1945, l'armée japonaise a mené des expériences médicales dignes de Mengele sur des prisonniers civils.
Aussi bien la Chine que le Japon préfèrent oublier cette période, et les Etats-Unis sont restés très discrets sur le sujet car ils ont exploité les résultats de certaines recherches menées par les bourreaux...
Evan Wei entend bien faire la lumière sur cette période, afin de remplacer les ombres de l'histoire par la lumière de la vérité.
Se pose une question cruciale pour les deux scientifiques : faut-il envoyer auprès de l'Unité 731 un historien ? ne vaut-il pas mieux expédier un proche d'une victime disparue, afin que la lumière soit faite sur l'histoire familiale ? La deuxième option est retenue, mais il ne sera pas facile de valoriser la parole du témoin, taxé d'excessive émotivité…
L'Homme qui mit fin à l'histoire se présente comme le scénario d'un documentaire entremêlant présentations scientifiques, témoignages bouleversants, réactions d'universitaires, articles de presse… Mais cette variété de formes ne nuit aucunement à la qualité littéraire du texte et à sa portée documentaire.
C'est très habilement que par un procédé de mise en abyme la novella décrit des secrets d'histoire. Je ne connaissais pas dans les détails cette terrible page de l'histoire de la seconde guerre mondiale : je ne suis pas près de l'oublier.

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Ce roman se présente sous une forme étonnante,comme le scénario d'un documentaire (avec quelques indications de mouvements de caméra et didascalies) avec témoignages, micro trottoirs, interviews d'experts, extraits de commission parlementaires Cela ne donne pas du tout un récit froid et neutre, cela donne chair à la partie science-fiction et surtout cela permet à Ken Liu d'aborder les questions sous toutes sortes d'angles et de points de vue. Quel texte ! Il ne fait guère plus de cent pages mais d'une densité incroyable, tant par le sujet principal (l'unité 731 qui a bel et bien existé) que par les questions philosophiques, éthiques, juridiques, géopolitiques qu'il soulève : charge contre les négationnismes de tout poil, devoir de mémoire et deuil, réflexion sur les métiers d'archéologue et d'historien,... La Science-Fiction est utilisé comme moyen de faire passer son message et de dénoncer un évènement historique méconnu et peu documenté, tout cela grâce à un tout petit détail : le voyage dans le temps ne peut être effectué qu'une seule fois pour un endroit et un moment donné, sans possibilité pour un autre individu du présent d'y retourner.
Par contre, même si c'est remarquablement traité, avec beaucoup de respect pour les victimes et sans voyeurisme, âmes sensibles s'abstenir : les méfaits du Docteur Mengele ne sont rien à côté de ceux de Shirō Ishii et de son unité 731.
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S'qu'ils pouvaient être barbares AUSSI ces Japonais !

C'est mon père je crois qui eut cette réflexion alors que nous regardions un documentaire sur la guerre du Pacifique.
Le "aussi" renvoyant implicitement à la référence absolue depuis 1945 sous nos latitudes et dans le domaine de la barbarie : les Nazis.

Cette perception eurocentrée explique sans doute la quasi indifférence et le silence qui entourent ici les abjectes expérimentations de l'Unité 731 en Mandchourie pendant la seconde guerre mondiale. Les faits ne me sont pas inconnus mais la documentation historique disponible reste rare comparativement par exemple à Auschwitz.

La piqûre de rappel que nous administre Ken Liu avec cette centaine de pages camouflées en nouvelle de Science Fiction s'avère donc pleinement salutaire.
Il ne s'en tient d'ailleurs pas là, comme son héros il veut sortir de l'oubli les victimes de ces abominations, non seulement pour elles-mêmes et leur descendants, mais aussi et surtout pour aborder la problématique de l'Histoire, de son écriture, de sa manipulation, de son instrumentalisation par les politiciens, les religieux, les états toujours et partout.

Certains ici ont critiqué la forme, pour moi le résultat est magistral.
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J'abandonne, à 60 pages et donc 60%

J'avais lu la Ménagerie de papier que j'ai beaucoup aimé et du coup j'étais tentée par la science fiction ici. Mais elle n'est que prétexte à décrire les atrocités commises par les japonais en Mandchourie et, s'il y a devoir de mémoire, ce n'est pas ce que je cherchais en ouvrant ce roman. J'ai trouvé le texte rapidement sordide. Tant qu'à faire, je préfère Abattoir 5 de Kurt Vonnegut Jr.

Quant au style - témoignages tv, il ne me convient pas du tout. Abandon, donc.
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La preuve que rien n'est écrit et que rien n'est jamais gagné… Voilà un court roman (une longue nouvelle ?) qui est encensé de partout et moi, je viens de passer royalement à côté.

Pourtant, le postulat de départ avait tout pour me plaire : Evan, un historien, et Akemi, une physicienne (en couple), inventent un scanner quantique qui permet à un témoin de revivre un moment du passé du monde comme s'il y était lui-même. Limite : un moment revécu devient inaccessible à toute observation ultérieure (problème de la mesure en physique quantique).

Attention, je ne suis pas passée à côté de tout non plus !

Je me suis instruite sur l'Auschwitz asiatique (ne me demandez pas s'il est pire ou moins pire que celui des Allemands, à ce niveau là, on ne compare pas), cette Unité 731 dont je ne connaissais même pas l'existence, vu qu'on ne m'en avait jamais parlé et que, malgré mes nombreux livres lus sur la Seconde Guerre Mondiale, je n'en avais pas connaissance du tout.

Oui, je suis tombée de haut, j'ai eu froid dans le dos, pourtant, l'auteur nous livre un compte-rendu de certaines des horreurs qui s'y sont passé avec un ton froid, clinique et j'ai trouvé ça dommage, j'aurais aimé ressentir plus d'émotions.

Le problème des dilemmes qui se présentent face à cette possibilité de retourner voir l'Histoire, seul, et puis qu'après plus personne ne puisse y avoir accès est bien traité, on sent les tiraillements, les discussions, les problèmes de consciences des uns et des autres, la question de quelle personne envoyer, les silences du Japon qui ne veut pas que l'on fouille dans ses placards obscurs et peu reluisants, tout cela est bien traité.

Et moi, je suis passée à côté. Ce petit roman de SF ne devait pas être fait pour moi.

À vous de le tester pour voir si vous serez dans la majorité qui l'a apprécié ou si comme moi, l'écriture sous forme de documentaire vous déroutera, ainsi que la froideur de l'écriture.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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