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3,9

sur 728 notes
Sûrement mon livre préféré de l'auteur. malgré un passage difficilement soutenable, le texte propose une magistrale réflexion sur L Histoire et sur les controverses qui peuvent toucher ce domaine d'étude. La forme du texte, celle d'un dossier, permet de donner à l'ensemble une certaine force. Un texte qui marque au fer rouge et que l'on n'oublie pas de si tôt.
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Avertissement : ce n'est pas un livre de SF à proprement parler et il peut donc décevoir ceux qui attendent que le concept de base soit développé à fond. Il intéressera en revanche tout amoureux de la littérature humaniste. Explications.

Il faut d'abord faire attention, le titre complet n'apparaît pas sur la couverture : "L'homme qui mit fin à l'histoire : un documentaire". Nous n'avons pas affaire à un roman mais à un livre plutôt original consistant en la transcription d'un documentaire fictif. Nous entrons donc très vite dans le bain, imaginant ce que l'on verrait à la télévision avec ses interviews, son rythme et ses points de vue différents.

Ce n'est donc pas un livre de Science-Fiction : l'invention de départ, dévoilée dans la quatrième de couverture, n'est quasiment pas développée. Et il y aurait de quoi écrire des pavés avec un tel postulat : la possibilité de "voir" le passé une seule fois, après quoi il ne serait plus possible de le consulter à nouveau.
C'est donc une nouvelle situation révolutionnaire dans l'état du monde qui sert de prétexte à étudier les réactions des différents personnages.

Ce faux documentaire se concentre sur la dénonciation d'atrocités : des crimes de guerre et contre l'humanité particulièrement horribles. C'est passionnant pour la découverte de cette "Unité 731" et ce qui en découle (je ne connaissais pas et toutes les responsabilités sont passées en revue).
Il ajoute, au travers de cette possibilité de voir le passé une seule fois, un débat sur l'histoire, le rôle de l'historien, de l'archéologue, du témoignage, des protagonistes (bourreaux et victimes).

Ce livre est plus un essai "augmenté" grâce au postulat scientifique qui introduit de nouveaux paramètres, une nouvelle façon de considérer sa relation à L Histoire. Il introduit nombre de pistes de réflexion supplémentaires sur le rôle du témoignage, sa crédibilité, sa manipulation.

C'est un joli, court livre, très vite lu (deux belles fautes de français détectées). Des réflexions profondes nous transportent. Il m'a parlé car j'ai toujours aimé imaginer des sujets dans un genre "et que se passerait-il si ?".

Lien : https://pdefreminville.wixsi..
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Professeur Étienne Christophe, directeur de l'université Adam Smith (la 40e à droite après la Sarkozy Tower) :
[Le professeur Étienne Christophe est un beau jeune homme à la quarantaine tout juste entamée. Les élèves l'écoutent avec un mélange de stupeur et de fascination, sauf cette andouille de Gaston Royer, trop occupé à jouer à Candy Crush. Sur le tableau, toutes sortes d'inscriptions reprennent éternellement les mêmes mantras : CAPITALISME, LIBÉRALISME, LIBRE-ÉCHANGE.]
Il s'agit donc de rehausser le PIB de l'Afrique de 0,5 points d'ici 2050, sans quoi des dizaines de milliers de migrants viendront s'échouer en Méditerranée, installant un climat d'insécurité qui entraînera un abandon définitif de tout État-providence, causera ainsi des émeutes, des grèves de la faim, et une baisse de 0,1% sur votre pouvoir d'achat. Nous allons continuer notre cours avec une étude des cas : En quoi l'usine de Foxconn produit-elle une quantité de smartphones plus optimale que l'ensemble des flux commerciaux qui sous-tendent le Zimbabwe ?
Sylvain L., jeune élève du premier rang, l'air intellectuel et revêche :
Mais m'sieur ! C'est terrible, toutes ces histoires de mondialisation ! On pourrait pas faire quelque chose ?
Étienne Christophe :
Bah oui, je voudrais bien, mais on est obligés de s'en tenir au programme.
Sylvain L. :
Mais m'sieur ! Y'a pas que le programme dans la vie ! Pourquoi on s'intéresse toujours d'abord aux problèmes économiques avant de s'intéresser à ceux sociaux ? Bien sûr, c'est l'économie qui dirige le monde, mais ça s'trouve, y'a plein d'injustices dont on parle jamais, et…
Gaston Royer :
Ouaiiis, j'ai enfin réussi à faire péter le nounours soda du niveau 50 ! Euh, je veux dire, absolument passionnants, vos cours, m'sieur…
[Une bande de jeunes encagoulés fait irruption dans la pièce en brisant la vitre et en s'introduisant par la fenêtre. Pourquoi ils n'ont pas pris l'escalier, ça, on ne le saura jamais. On est quand même au deuxième étage. Quelques mètres plus bas, on entend un « AAAAHHH !!! » suivi d'un « sprotch ».]
Encagoulé en chef :
On est pas des terroristes !
Étienne Christophe :
C'est ça, à d'autres ! La dernière fois que j'ai vu des zozos comme vous, je me suis retrouvé à diffuser une heure de vidéos remplies d'abattoirs cauchemardesques et d'espèces de gros porcelets…
Encagoulé en chef :
Vous comprenez pas, c'est plus compliqué que ça ! On vient intervenir pour sensibiliser les jeunes esprits à des causes ignorées par l'Éducation nationale, bon je sais que ça fait énormément de trucs, mais…
Étienne Christophe :
Je vais devoir appeler la sécurité.
Encagoulé en chef :
Non, permettez-nous de rester un peu ! D'autant plus que j'ai des copains qui risquent de pas tenir longtemps sur cette gouttière, alors…
Étienne Christophe :
Très bien, mais je ne veux pas être lié à ça. Si quelqu'un me cherche, je suis dans la salle des photocopies, devant la machine à café !
[M. Christophe s'enfuit. Les pas-vraiment-terroristes posent une caméra. Gaston profite de l'absence du prof pour uriner contre le tableau blanc et introduire des morpions dans sa trousse.]
Encagoulé en chef :
Bonjour ma p'tite communauté ! Aujourd'hui, on se retrouve tout de suite pour une vidéo sur notre intervention dans une école, où on pourra discuter de l'état du monde ! L'omnipotence de Poutine, la montée des populismes, le retour en masse des chifoumis, qu'y a-t-il de plus alarmant ? C'est ce que nous allons découvrir tout de suite !
Encagoulée :
Arrête ton cirque, Francis, on va parler de choses sérieuses.
Encagoulé en chef :
Désolé, je pouvais pas m'en empêcher.
Encagoulée :
Bien. Combien parmi vous ont déjà eu l'impression qu'on ne parlait pas en cours de tous les problèmes qu'on devrait évoquer ?
[Des murmures agitent la salle. de nombreuses mains se lèvent.]
À l'heure où je vous parle, des génocides sont en cours comme celui des ouïghours. le devoir de mémoire d'autres peuples est mis à mal comme les Tutsis et les Huttus, avec des controverses telles que l'idée qu'une fois libéré le peuple persécuté se soit mis à persécuter à son tour son bourreau. Qui peut me dire combien de guerres ont lieu en ce moment dans le tiers-monde, officiellement ou officieusement ? Que sait-on exactement de la situation actuelle de l'Europe de l'Est dans des pays tels que la Moldavie, quelles sont exactement les ethnies indigènes menacées par Bolsonaro ?
Votre professeur avait raison : c'est l'économie qui dirige le monde, pour le meilleur et pour le pire. Certaines causes sont ainsi plus médiatisées que d'autres, et toutes sortes de crimes, dont certains contre l'Humanité, sont passés sous silence. Il ne s'agit pas en les réhabilitant d'éclipser ceux que le public connaît déjà : nous ne devons en aucun cas hiérarchiser les souffrances qui ont été vécues, quand bien même il y aurait un plus grand nombre de ci ou un plus grand pourcentage de ça. Nous voulons simplement que ces détresses soient entendues.
Le problème, c'est : comment parvenir à se faire entendre ? Les pays riches mais coupables d'un génocide ne veulent parfois pas l'accepter : il n'y a qu'à voir la Turquie qui renie toujours avoir éliminé un tiers des Arméniens. Et que dirait l'opinion publique du meurtre d'un peuple habituellement considéré comme les méchants, mettons un étasunien face à un peuple musulman ? Parvenir à sensibiliser les gens, ce n'est pas seulement leur parler, c'est aussi avoir la possibilité de le faire. Et en l'occurrence, certaines personnalités politiques font tout pour contourner certains sujets, parce que cela mettrait à mal un partenaire économique, parce que ça raviverait des tensions diplomatiques, ou tout simplement parce que ça n'attire pas l'audience.
Sylvain L. :
Si je puis me permettre… C'est exactement ce dont parle L'homme qui mit fin à l'Histoire !
Encagoulé en chef :
L'homme qui quoi ?
Sylvain L. :
L'homme qui mit fin à l'Histoire, c'est donc une novella de Ken Liu éditée dans l'excellente collection Une Heure-Lumière, et qui aborde un sujet dont nous Européens n'avons en général jamais entendu parler : les camps de l'Unité 731 en Chine. Comme vous le savez tous ou presque [regard en biais en direction de Gaston occupé à inverser les touches du clavier de l'ordinateur du prof], durant la période de la Seconde guerre mondiale, le Japon l'a envahie, causant ainsi des troubles qui sont encore agités aujourd'hui en étendard par les nationalistes des deux pays. Ce que vous savez moins, c'est qu'une partie de son armée a décidé de prélever des civils pour faire des expériences biologiques et bactériologiques. Une horreur que l'on ne fera qu'effleurer ici, et qui se passe de tout commentaire comique même sur des blogs aussi dépravés que celui de votre serviteur. le texte l'indique dès son début, il n'y a eu AUCUN survivant, contrairement à Auschwitz, aux goulags, ou aux bombes atomiques.
La question, c'est : comment en parler aux gens ? Pour rappel, dans l'imaginaire collectif, le Japon est victime d'Hiroshima et de Nagasaki, ce qui en a fait des victimes dans l'imaginaire collectif, quand les Chinois seraient plutôt les méchants, avec leur politique communisto-libéralo-nationaliste qui redevient lentement mais sûrement totalitaire et leurs conditions de travail insalubres (dont nous profitons bien pour acheter nos Nike, mais c'est un autre débat…).
Et là où ça devient épineux, c'est qu'à l'heure de la twittérisation de la pensée (pour employer une expression qui ferait bien dans L'Express), de moins en moins de gens sont enclins à penser avec nuance : tout est noir ou tout est blanc, quand il faudrait que les gens comprennent enfin qu'il y a dans tous les peuples aussi bien des gens bons que mauvais, des bourreaux comme des victimes, et que ce ne sont pas des nations qui souffrent, mais bien leurs habitants. Personne n'aurait envie d'entendre à l'heure actuelle que l'une des superpuissances les plus dangereuses de ce bas monde a été un temps victime de violences qui défient l'imagination. Seulement, voilà : il reste ce devoir de mémoire.
L'homme qui mit fin à l'Histoire raconte ainsi la vie du professeur Evan Wei, inventeur d'une machine à voyager dans le temps, ou plutôt à visualiser le passé : aucune interaction n'est possible avec les évènements qui se sont déjà produits. Il est possible de les regarder, mais une seule fois : après ça le fragment de temps observé est perdu à jamais. Durant toute son existence qui nous y est retracée à la manière d'un script de documentaire, il va se faire mettre des bâtons dans les roues par les différents gouvernements, la stupidité d'un public incapable de compassion envers un Chinois, mais aussi et surtout un problème éthique monstrueux : à qui montrer les souvenirs en priorité ? Aux historiens ou aux familles des victimes ?
Et comme souvent avec Ken Liu, c'est brillant. Les camps sont évoqués de manière crue et sans concession, tout en gardant la ligne de pudeur nécessaire pour couper au bon moment et ne pas tomber dans un voyeurisme obscène. On accuse l'auteur sino-américain de se faire trop larmoyant : ici, il ne tombe pourtant jamais dans le pathos en évoquant la vérité sans faire de digressions et en cherchant à coller à la réalité au plus près possible. Durant les premières dizaines de pages, certains seront sceptiques face à la quantité d'infos qui nous est déballée, puis l'émotion se met en place : les personnages sont confrontés un à un à toujours plus d'effroi et ne savent eux-même plus dire s'ils servent ou desservent leur cause : qu'il s'agisse du médecin des camps de la mort pensant qu'il pourrait tirer des expériences sur les détenus des avancées scientifiques qui serviraient à des milliers de personnes, de la nièce d'une victime en quête de vérité, d'Evan Wei lui-même… ou encore sa femme japonaise. le style sans la moindre lourdeur (comme presque toujours chez Ken Liu, j'ai envie de répliquer à ses détracteurs), le relief accordé aux personnages, la documentation scrupuleuse, tout cela en fait une novella exceptionnelle qui n'oublie de soigner aucun aspect, ni celui science-fictif, ni celui engagé, ni celui tout simplement littéraire.
Bref, voilà pourquoi j'aime plus les cours d'histoire-géo : non seulement on ne nous explique qu'une partie des problèmes mondiaux, mais c'est toujours sous le prisme de la mondialisation actuelle ou d'un altermondialisme mal défini ; et comme on n'a pas le droit d'exposer son avis politique dans un établissement scolaire (ce qui, disons-le, est quasiment impossible), il n'y a pas moyen d'obtenir un vrai débat sur les problèmes qui agitent notre monde. Mais plus encore, il reste l'absence de réflexions pratiques : nous avons tel problème, comment devrions-nous y remédier ? À notre échelle ? Dans l'idéal ? Comment devons-nous nous positionner dessus éthiquement et moralement ?
Voilà pourquoi la littérature est précieuse, et plus encore la littérature science-fictive car elle permet de mettre en évidence des parties de la réalité que nous ne soupçonnions même pas. Grâce à elle, nous pouvons envisager toutes les possibilités, aller dans la direction que nous voulons, et nous interroger en profondeur sur comment nous voudrions que le monde soit. Aucune raison de s'étonner, donc, que ce texte soit le plus vendu de la collection ; et si ce n'est pas déjà fait, allez donc l'acheter, car après tout, c'est pour votre culture…
Lien : https://cestpourmaculture.wo..
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Seconde excursion dans la collection « Une Heure-Lumière » du Bélial', une fois de plus je suis passé à côté du texte. Construit à la façon d'un documentaire filmé, le récit se focalise sur les atrocités commises par l'Unité 731 entre 1936 et 1945. Des expériences monstrueuses menées par les japonais sur le peuple chinois.

La collection s'axe autour du genre de la science-fiction et celle-ci, certes présente, reste bien effacée. le postulat de départ fait que des scientifiques ont rendu le voyage dans le temps possible. Une prouesse technique dont la procédure et les conséquences se démarquent par leur originalité. Mais la science-fiction n'est au final qu'un prétexte pour mettre en lumière et pointer du doigt cette période trouble méconnue des occidentaux.

Dans sa structure narrative, le récit est plutôt réussi. L'aspect documentaire est bien composé bien que la mise en scène filmée passe mal à l'écrit. Par contre, le ton est neutre, froid, distant. Il y a quelque chose d'aseptisé dans cette narration, comme si le texte avait été purgé de toute émotion.
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Comment ne pas reconnaitre le tour de force de cette novella où le génie de Ken Liu s'adosse à un fragment horrible et méconnu de l'histoire ? Une polyphonie magistrale, une friandise intellectuelle, une merveille d'inventivité. le tout en 100 pages, chapeau l'artiste !
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Il est de ces livres qui vous tordent les tripes et vous laissent la sensation encore endolorie du bonne gifle en pleine face une fois l'ultime page tournée. L'Homme qui mit fin à L Histoire en fait partie.

Ken Liu livre ici un petit bijou littéralement ébouriffant qui met sous les projecteurs un pan (trop) méconnu - et malheureusement terriblement lugubre - de l'Histoire de la Chine, qui prend racine dans les années 1930 lorsque le Japon mena de massives expérimentations illégales sur des cobayes humains chinois, causant ainsi la mort de plus de 500 000 innocents. Oscillant entre l'anticipation et le drame historique, le récit trouve un parfait équilibre dans cette symbiose au contexte scientifique des plus inédits.

L'auteur signe de sa plume ciselée un roman construit sous forme de témoignages de diverses sortes - conférences, auditions et j'en passe - qui n'est pas sans rappeler le Word War Z de Max Brooks, conférant ainsi un réalisme saisissant et engageant pleinement l'empathie du lecteur. Et c'est bien là le dessein de l'écrivain : insuffler à sa diatribe envers le négationnisme - incarné ici principalement par les gouvernements Japonais et américains - une authenticité rare afin d'éveiller les consciences de son auditoire. A ce propos attention, l'abjection de certains passages - généralement peu avares en détails sordides - pourraient heurter la sensibilité des plus douillets.

Ken Liu ne cherche pas à réclamer justice à tout prix, il n'en a pas la légitimité, il aspire modestement à rendre leur dignité, acquise de par leur condition d'Hommes nés libres, à tous ces êtres victimes de la barbarie et de l'aliénation d'une minorité s'estimant au-dessus des lois de la Création. Derrière l'acidité pamphlétaire de façade, L'Homme qui mit fin à L Histoire farde en son sein un puissant cri de l'Humanité profondément sincère. Ce n'est pas les voies de la souffrances qu'emprunte l'auteur, non bien au contraire, à travers l'horreur du sujet il ouvre les portes de la rédemption et du pardon.

Vous êtes amateur de science-fiction pure et dure et, au vu de ce que vous avez déjà lu de ma critique, vous vous demandez si vous y trouverez votre compte car ce livre trône fièrement dans les étals de suggestions de votre genre fétiche ? Pas de panique, vous allez aussi vous régaler. L'écrivain, dont le cursus universitaire en partie scientifique n'y est sûrement pas étranger, imagine ici une théorie franchement visionnaire et bien pensée, mais surtout terriblement bien disséquée. L'Homme de sciences enfoui en moi (pas très profondément j'avoue du coup c'était facile) s'est pris à rêver devant la beauté de ce concept de particules objets et témoins de l'espace-temps.

Le mieux qu'il vous reste à faire à présent, que vous soyez scientifique (ras de laboratoire, éminent mathématicien ou que sais-je encore), fan de drames noirs ou tout simplement animé par l'envie de découvrir un pan méconnu de l'Histoire, c'est bel et bien de vous procurer cette, certes courte, mais intense pépite de Ken Liu. Vous n'en sortirez pas indemne, voilà qui est dit.
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Sur fond de découverte scientifique, l'auteur livre, dans ce court roman, une grande et indispensable leçon sur la place de l'Histoire et la nécessité de perpétuer, dans notre vie présente, la mémoire du passé, surtout ses pages les plus obscures. En posant les questions sur la façon dont l'histoire est construite et vécue, l'auteur nous rappelle que nous sommes le fruit de ce passé et qu'il faut porter son souvenir avec un seul objectif : transmettre.
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Le livre est très court, aussi je vais essayer de ne pas trop en dire.
Il a existé et il continue d'exister des choses horribles dans le monde dont nous n'avons pas toujours connaissance. L'unité 731 en fait partie. Ken Liu a choisi de traiter un sujet difficile et pour se faire il a je pense opté pour la meilleure forme de narration. le roman se lit un peu comme on regarderait un documentaire. On vous expose des faits, des opinions, des témoignages sans que jamais le narrateur ne prenne parti. C'est détaché. L'auteur ne cherche pas à forcer une "vérité" ni à vous faire prendre partie, pas vraiment. En fait, c'est brillant parce que ce type de narration m'a fait réfléchir intensément. C'est un texte important et il mérite qu'on s'y intéresse.
Lien : https://www.paracosme.com/
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Je voulais découvrir Ken Liu depuis un moment et j'ai choisi ce court roman en guise d'introduction à son écriture, sans forcément avoir lu la 4ème de couverture. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque j'ai compris que cette histoire serait centrée sur Harbin et l'unité 731.
J'étais tombée sur un article au sujet de cette unité dont personne ne semble vouloir parler lorsque j'étais ado et j'avais été profondément choquée par ce qu'il s'y était passé. Bien des années plus tard, je me suis rendue à Harbin pour voir le festival de sculpture sur glace et en cherchant d'autres lieux d'intérêt dans les parages (les balades en hiver sont limitées vu qu'il fait très - mais alors très - froid), je suis tombée sur l'unité 731. le hasard m'avait remis sur le chemin de ce centre d'expérimentation, et même si ce n'est pas joyeux et que j'avais peur du parti pris et de l'interprétation qui en serait faite vu les relations tendues entre la Chine et le Japon jusqu'à aujourd'hui, je l'ai bien sûr visité. Une visite difficile mais instructive, et aussi étonnement objective puisqu'elle ne fait qu'exposer les faits pour conclure sur tout le mal qui a été fait et les conséquences sur les individus des deux partis, car oui, certains japonais y ont travaillé sous la menace, et quelle menace, celle de finir dans cette unité ou que leur famille y soit emmenée, et le poids de leur conscience les a écrasés toute leur vie.
Il serait temps d'arrêter de camoufler l'histoire par fierté nationale, chaque pays a ses casseroles voire ses marmites mais se voiler la face n'a jamais fait avancer. On dit souvent que la guerre rend fou, c'est vrai, mais la guerre je pense sert aussi souvent d'excuse pour laisser libre cours à ses plus vils penchants, pour certains en tout cas, rendant les autres fous.
Bref je m'égare, revenons-en au livre qui nous occupe.

La narration se fait dans un style journalistique et documentaire, par le biais de divers témoignages et scènes filmées. Un couple américain d'origine sino-japonaise a découvert un moyen de voyager dans le temps mais ces informations ne sont visibles qu'une seule fois. Se pose alors la question de la responsabilité de chacun face à ses informations, puisqu'une fois "visionnées" elles disparaissent. Responsabilité des individus mais aussi des institutions, des états, de l'utilisation de ce qui apparaît comme un témoignage réel qui peut malgré tout être déformé. "Qui" est légitime, "qui" peut décider, financer sans conséquences, et une question en particulier que je n'avais jamais vu traitée, celle du territoire. le voyage dans le temps implique forcément des époques différentes, et donc des "possessions" différentes, les frontières ayant beaucoup changé au fil des événements. Qui peut alors prétendre imposer sa juridiction?

Le style documentaire m'a un peu perdue par moments et le sujet aurait mérité d'être un peu plus développé. Il n'en reste pas moins qu'à partir d'un exemple historique peu connu, l'auteur met le doigt sur de nombreux problèmes liés au voyage temporel auxquels on ne pense jamais et là est l'intérêt principal de ce court roman. Il a titillé ma curiosité et sachant que Ken Liu écrit essentiellement des nouvelles, ce qui n'est pas très courant en SF (pour autant que je sache), je me demande bien quel autre type d'idées il a pu développer. Il a touché à quelque-chose que j'aime beaucoup dans la science-fiction: à partir d'une possibilité, d'un "si", une multitude de réflexions sur notre propre société se met en place, ouvrant la porte à des questionnements qui ne seraient pas évidents à déclencher dans de la littérature plus classique. C'est d'ailleurs souvent des livres de SF qui me font écrire des avis longs comme mon bras...
Affaire à suivre de mon côté car je garde définitivement cet auteur sous le coude.
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Lu en à peine quelques heures (à peine 100 pages) lors d'un dimanche très pluvieux.
Concernant la forme : le livre est écrit comme un documentaire avec des témoignages. Cela ne nuit en rien à la compréhension de l'histoire et j'ai beaucoup aimé cette originalité.
Concernant le fond : grâce à son personnage qui a inventé une machine à remonter le temps, l'auteur nous raconte l'Unité 731 pendant la seconde guerre mondiale. Je n'en avais jamais entendu parler et me suis donc demandée si c'était de la fiction ou la réalité. Un petit tour sur internet m'a appris que, malheureusement, cette Unité 731 a bel et bien existé... et c'est effroyable.
Une lecture instructive tout à fait en adéquation avec la météo du jour.
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