AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,93

sur 194 notes
5
16 avis
4
19 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
1 avis
Décidément, cette littérature espagnole recèle d'excellents auteurs avec lesquels, je prends un réel plaisir de lecture à cheminer en leur compagnie.

Après « Les yeux fardés » dont le récit m'avait particulièrement enthousiasmée, émue, racontant ce quartier populaire de la Barceloneta au moment où Barcelone bascule dans la guerre civile, je me suis délectée de la lecture de ces femmes de la Principal. L'auteur confirme son talent mais dans un registre différent même si le cadre historique est toujours le même.

Lluis LLach n'en finit pas de nous parler de cette époque où l'Espagne courbe l'échine sous le franquisme et de toutes les passions qui accompagnent cette période. Il y a des moments où l'ambiance devient, en fond de narration, comme oppressante si la sensibilité de la lectrice ou du lecteur s'y prête.

L'héroïne de ce roman c'est la Principal, un domaine viticole situé à Pous, en région catalane. le récit démarre en 1893. le propriétaire, Andreu Roderich, cède le vignoble atteint du phyloxéra à son unique fille, Maria, vingt ans. Quant à ses quatre fils, bien dotés, ils deviennent des notables barcelonais. Maria donne naissance à une lignée de Maria, trois générations de femmes aux caractères bien trempés, possédant des personnalités différentes, bigote, franquiste, ou bien passionnée, clairvoyante, avisée, pour terminer en 2001 avec la dernière Maria totalement émancipée en femme de son époque. Et puis il y a Ursula, nourrice, qui traversera toutes les crises, toutes les victoires des Maria sans jamais baisser les bras, grande protectrice de ses « petite ou gamine ». Ce sont leurs combats que nous racontent Lluis LLach pour maintenir cette propriété en pleine activité et leurs luttes incessantes dans un monde viticole masculin.

Afin de rendre très attractive cette lecture, l'auteur pimente son roman d'une énigme policière. Un crime atroce qui a eu lieu la veille de la guerre civile, évincé par les évènements, et resté sans suite. Mais en 1940, un inspecteur, très inspiré par Agatha Christie, particulièrement consciencieux et conscient de ses prérogatives, décide de rouvrir le dossier et de remonter le temps. C'est un peu le fil rouge de la narration, ce qui permet de remonter le temps tout en donnant une cohésion au récit et d'appréhender la société de l'époque.

C'est une histoire passionnante, romanesque, très fluide, très agréable à lire tout en restant très consistante sur les particularités de ce régime unique : les abus de pouvoir et les relations qui en découlent, l'injustice, les apparences et la religion catholique instituée en religion d'État. Les personnalités sont très bien travaillées et donnent du relief à l'histoire de la Principal. C'est une lecture parfaite pour s'offrir un moment de détente tout en restant au plus près de l'histoire de cette période trouble.


J'y ai aussi trouvé quelques messages sous jacents que chacune, chacun interprétera à sa façon, selon sa philosophie.

J'ai retrouvé les thèmes chers à Lluis LLach qui figuraient aussi dans « Les Yeux fardés » : l'homosexualité, la résistance, l'église, le désir.

Je souligne ici la très belle photographie de Jacques Henri Lartigue qui attire de suite le regard comme celle des « Yeux fardés » que j'avais aussi remarquée.


Commenter  J’apprécie          9019
Trois femmes puissantes, ces Maria, mère, fille, & petite fille, qui dirigent avec maestria le domaine viticole de la Principal. La Vieille et la Senyora surtout sont de beaux personnages féminins, originaux et surprenants - la dernière Maria, nettement moins étonnante, plus bavarde, fait à vrai dire un peu pâlotte à côté.
Mais il y a d'autres personnages qui m'ont beaucoup plu - c'est peut-être même le petit défaut de ce livre, d'avoir trop de bons personnages, on n'a pas suffisamment le temps de s'attacher à chacun d'eux autant qu'il le mériterait - c'est qu'elles ont bon goût les Maria, du moins la Vieille et la Senyora, elles savent choisir un mari. Comment ne pas être, comme la Vieille, sensible au charme de Narcis Magis, exerçant consciencement et avec raffinement ce qui chez lui s'apparente à une vraie profession (pour laquelle je me sentirais comme une profonde vocation): ne rien faire, si ce n'est lire, se promener, réfléchir? Et, du début à la fin, au charme de la belle folie des amours de la Senyora, si loin du convenu et de l'attendu?
Surtout que cette histoire d'amour participe avec piquant et de façon bien ingénieuse et réjouissante à l'intrigue policière. Et aussi à la dimension anti-franquisme, anti-hypocrisie que Lluís Llach, auteur de l'Estaca, hymne catalan de résistance à Franco, sait construire de façon très habile et prenante.
Commenter  J’apprécie          620
Deuxième livre de cet auteur
Un magnifique essai transformé :
Deux lectures passionnantes !
Un clin d'oeil fardé à l'ami Babelio
Qui m'a permis de découvrir cet auteur
Hasta la littérature siempre !

LIuis LIach souffle dans ses livres le vent puissant de l'histoire, de sa plume libérée ses convictions humanistes et nous emporte ainsi dans sa création littéraire.
Un hommages aux femmes de sa lignée !
Dans un paysage humain, social et politique, il raconte l'histoire de ces femmes dans le monde rural, comment elles devaient gérer la vie, les rapports sociaux même les rapports sexuels… survivre au machisme, à la morale catholique et civique et se défendre de tous les dangers de cette époque sous le franquisme !

Au coeur de la Catalogne, la Principal immense domaine viticole qui fait vivre la région et enrichit ses propriétaires. Elle appartient à la famille Roderich.
Les femmes de la Principal
Elles s'appellent toutes Maria, trois générations de femmes qui vont s'imposer dans ce milieu masculin de la vigne.
En 1893 la première Maria a vingt ans lorsque le phylloxéra s'abat sur les vignes catalanes.
Son père visionnaire, a établi ses quatre frères à Barcelone afin qu'ils terminent leurs études et démarrent des carrières de notables.
Maria qui n'est que la fille de cette fratrie restera au village, condamnée à dépérir auprès des ceps infectés, enterrée vivante sous les pierres de cette maison, simplement parce qu'elle est une femme !
Sauf si son père ne lui dit pas tout …
Elle n'a que vingt ans et elle est surnommée « la vieille ». Elle va se battre et redonner au domaine ses lettres de noblesse.
Une Maria courageuse, fière, intelligente dotée d'un caractère bien trempé.
Si je ne devais retenir qu'un passage de ce livre, ce serait cette inoubliable scène chez le notaire, au moment de l'héritage.
Une revanche sublimée pour cette fille face à ses frères.
Jubilatoire : je l'ai lu deux fois !!
Elle épouse Narcis Magi un esthète cultivé, romantique, différent des autres avec ses valeurs singulières pour l'époque. S'il n'a pas comblé son attente « la volupté des corps », il lui a ouvert un espace abstrait de liberté et à sa mort les fenêtres se sont refermées : elle a terminé sa vie seule franquiste et bigote.

Ils auront une fille Maria « la senyora » libérale, émancipée, elle reprend le flambeau, méprise toutes les règles mais continue de s'en servir et en profiter.
Elle est amoureuse d'un « indéfini », un bisexuel LIorenç - personnage émouvant - et pour satisfaire son désir et son amour tumultueux, elle va se rebeller, tourner le dos à toutes les règles établies et prendre le risque d'écouter ses sentiments.

La troisième Maria contemporaine recueillera l'héritage et les écrits de son père.

Et puis il y a la force tranquille de cette maison Ursula, la nourrice, engagée à l'âge de quatorze ans comme « bonne à tout faire » et amenée « à tout faire » avec Mr Andreu !!!
Elle sera là pour les deux premières Maria « ses gamines » leur offrira un dévouement sans faille .
Un personnage attachant, perspicace : la sagesse contenue.

Cet univers bourgeois, ces femmes fortes, intelligentes, fières, excentriques, indépendantes et belles :
c'est déjà beaucoup !
Mais en plus très riches, ça aide !
J'ai craint un instant la caricature mais l'habileté de l'auteur est d'entretenir une certaine ambiguïté, l'ambivalence de ses personnages.
Il mène de front cette saga et l'enquête policière : une intrigue qui tient et captive le lecteur de bout en bout.
C'est le second souffle à ce récit !
L'inspecteur Recader à qui il donne le mauvais rôle car du mauvais côté : celui du pouvoir franquiste et répressif. Mais il se révèle intelligent et sensible !
LIuis LIach est dans la nuance et le suspens !

J'ai aimé traverser ce siècle guidée par cette voix, ce visage qui incarne la lutte, la résistance contre le fascisme, contre le franquisme, imprégnée des quelques notes égrenées par son piano .....









Commenter  J’apprécie          5425
J'ai toujours eu un faible pour certains auteurs espagnols contemporains comme :
Ildefonso Falcones, Antonio Garrido, Matilde Asensi ou Eduardo Mendoza.
Aujourd'hui, Lluis Llach vient enfler de son souffle épique le gonfalon de mes inclinations littéraires.
Son roman est ancré aussi profond que les ceps centenaires de la propriété viticole de la Principal au coeur de la fière Catalogne administrée par trois générations de femmes d'exception.
Sa plume est encrée dans le sang de la vigne et s'écoule fluide et bouillonnante sur les pages de ce roman truffé de secrets, de non-dits et de oui-faits, de nobles causes et de minables manigances.
Une touche de grandiloquence dans mon commentaire pour amplifier les comportements chevaleresques et les miteuses trahisons dans cette Espagne de la fin du 19ème siècle jusqu'à la sortie de la guerre civile, gangrénée par le Franquisme débutant mais jamais balbutiant fort de ses certitudes et de ses outrances.
Toute la puissance de ces intrigues noueuses est exacerbée par la faille prodigieuse entre les détenteurs du pouvoir : militaires, ecclésiastiques, propriétaires terriens se permettant tous les excès, tous les abus en toute impunité et les asservis, ces reliquats de « républicains » accusés de tous les maux sans savoir s'en absoudre.

La volonté phénoménale et la superbe audace de ces trois femmes inflexibles vont déjouer toutes sortes de sordides complots allant du phallocentrisme à la pédophilie.

Ce concentré de souvenirs qui sent le terreau et la terreur, les graves et la gravité avec ces tranches épaisses de fratries fracturées qui empoisonnent les vies sont un bonheur de lecture où les choses qui vont sans se dire vont tellement mieux en les disant…En les lisant !



Commenter  J’apprécie          546
Les femmes de La Principal, propriété viticole mise à mal par le phylloxéra en 1893, sont au coeur de cette intrigue qu'elles dominent de bout en bout.

Ce sont les trois « Maria » :
Maria Roderich, fille d'Amadeu Roderich et Blanca Basses, qui hérite de la propriété « La Principal » à la mort de son père, surnommée « la Vieille » par tout le village alors qu'elle n'a que 20 ans.
« Nul doute que cette femme possédait un fort caractère et menait l'hacienda comme si elle avait géré une caserne."
Elle se choisira pour mari Narcîs Magì, fils unique de commerçants de Rius, homme paisible, cultivé, pour lequel « ne rien faire se révéla une véritable profession ». Il amènera à La Principal son piano à queue noir et des livres.

Sa fille Maria Basilla Magì i Roderich née en 1910, surnommée la Senyora, va braver tous les interdits en prenant pour amant Llorenç fils de Neus la cuisinière qui aime aussi bien les hommes que les femmes. Elle finira par l'épouser.

Quant à la petite fille Maria Costa, fille de Llorenç Costa, femme d'affaires efficace, elle poursuit le développement des ventes à l'exportation de vins Carignan de La Principal et préfère par-dessus tout son indépendance. Même si elle aurait aimé avoir elle-aussi une fille, son désir de rester libre et indépendante l'a emporté
Elle entretient une belle complicité avec son père Llorenç.

Aux trois Maria on peut ajouter Ursula la nourrice qui a eu une fille qui ressemblait étrangement à Amadeu Roderich, et Neus Costa, la cuisinière mère de Llorenç. Elles ont toute la confiance de leurs maîtresses, et font, d'une certaine manière, partie de la famille. Ursula, Neus, Llorenç et Caterina sa soeur sont les seuls domestiques autorisés à dormir dans la maison.

On sent la joie malicieuse de l'auteur qui prend un malin plaisir à se glisser dans la personnalité des trois Maria qu'il admire et aime. Trois femmes qui savent louvoyer pour prendre et garder la main dans ce monde d'hommes. Trois femmes qui se jouent de tous les pouvoirs qu'ils soient familial, politique, policier ou ecclésiastique.
Trois femmes libres qui, sous des dehors autoritaires et indépendants, sont par-dessus tout de grandes amoureuses de leur terre et des hommes qu'elles se choisissent en toute liberté, sans se préoccuper du qu'en dira-t-on qui pourtant va bon train dans le petit village de Pous situé dans la région viticole de l'Abadia dont Amadeu le second contremaître dit « c'est un petit village ici et la jalousie est une pourriture qui se glisse dans toutes les maisons. »
Tout le village vit au rythme de La Principal et de la famille possédante.
Des scènes burlesques et des dialogues satiriques offrent un côté théâtral baroque correspondant parfaitement aux représentants de l'état, à ceux de l'église et aux riches propriétaires qui sont en représentation permanente. Ils jouent le rôle qui correspond à leur rang, ils en épousent les règles. le visage offert au public n'est pas celui de l'intimité.
Dans un échange plein de sincérité avec son père Llorenç, Maria Costa analyse parfaitement le fonctionnement de sa grand-mère et de sa mère :
«… la Vieille acceptait de se plier à toutes les règles qui assuraient en retour les privilèges des puissants, car au-delà d'y croire fermement, l'atmosphère du pouvoir la protégeait en tant que femme. Plus tard, ma mère a méprisé toutes ces règles et s'en est bien moquée, mais elle a continué à s'en servir et à en profiter au maximum. Et si je devais être cohérente, au moins une fois dans ma vie, je pourrais admettre que moi-même, je les critique farouchement et j'en bénéficie à mon tour. »

La vie bien hiérarchisée de tout ce petit monde, que l'auteur tourne en dérision, va être bousculée par une enquête policière concernant le meurtre du contremaître de la Principal, Ricard Nebot, commis à Pous le 18 juillet 1936. Son corps mutilé a été abandonné sur le banc de pierre devant l'entrée de la Principal. L'inspecteur Lluis Recader, grand lecteur d'Agatha Christie, avait ouvert un dossier à cette époque mais il avait été contraint par les circonstances d'abandonner cette enquête qu'il reprend le jeudi 7 novembre 1940, bien décidé cette fois à trouver le coupable….

Le ton souvent railleur parfois même mordant, les passions et la sensualité qui l'habitent, plusieurs retournements habiles de situation et un dénouement surprenant, font de ce roman une belle réussite.
Commenter  J’apprécie          460

J'ai mis un certain temps à lire ce roman, le lecteur doit être attentif car les méandres des souvenirs, l'alternance de trois époques et le fait que les trois maitresses-femmes du livre ont le même prénom, cela brouille un peu l'esprit au départ ! Ensuite, on s'y fait très bien.

Il est temps maintenant de vous faire pénétrer dans le domaine viticole de la Principal. Tout commence en 1873. La crise du phylloxera finit par ravager les vignes catalanes. Et, par le fait d'un événement familial tragique, la jeune Maria se voit devoir gouverner la Principal. Ce sera ensuite le tour de sa fille, puis de sa petite-fille. A cette histoire se déroulant donc sur trois générations, jusqu'en 2001, s'associe une enquête policière bien mystérieuse.

J'ai aimé ce roman pour plusieurs raisons: les trois Maria sont complexes ( la dernière est moins décrite), révèlent de fortes personnalités, dures souvent , forcées qu'elles sont d'évoluer et de se faire respecter dans un univers machiste. Mais elles ont aussi des failles, sentimentales, qui les rendent attachantes.

Les autres personnages piquent également notre curiosité, ils sont atypiques, originaux comme Ursula ou l'inspecteur. Les périodes de troubles politiques, les préjugés sociaux, les protocoles à suivre dans ce monde de bourgeoisie provinciale étriqué où la femme n'est qu'une épouse et une mère, l'hypocrisie concernant les vices de certains religieux, tout est bien analysé. Enfin, l'aspect policier donne de la vivacité au récit et relance l'intérêt.

Un roman prenant, que j'ai eu grand plaisir à lire!
Commenter  J’apprécie          4510
Une saga familiale qui court sur plus d'un siècle portée par trois femmes fortes : trois Maria de mère en fille.
Nous sommes dans une propriété viticole en Espagne et le récit fait des va-et-vient dans les époques.
L'ambivalence de ces trois femmes et les difficultés qu'elles affrontent nous les rendent distantes, peu attachantes.
Le récit est intéressant mais le rythme est un peu lent et la psychologie des personnages insuffisamment fouillée à mon goût ; une enquête pour meurtre va prendre le pas sur le combat de ces femmes pour sauver leur domaine.
Néanmoins, l'écriture est élégante ; nous ressentons la chaleur de l'été, la sécheresse de la terre et la dureté des relations sociales.
Par sa plume, l'auteur dénonce le patriarcat, le poids de clergé, l'intolérance, et le fascisme.
Commenter  J’apprécie          320
Quelques semaines après avoir découvert l'écrivain Llach, « Les femmes de la Principal » confirme le talent de l'artiste catalan. Ce roman propose une intrigue beaucoup plus audacieuse puisqu'il retrace le destin de trois femmes sur plus d'un siècle. Il se déroule principalement dans une hacienda. Sautant d'une période à une autre, puisqu'il s'agit de montrer à la fois les ruptures et les constantes historiques, « Les femmes de la principal » est aussi un roman policier, où un inspecteur franquiste, Lluis Recader, s'attelle à résoudre un « cold case », variation littéraire et catalane du gaspacho andalou que le regretté et gourmet Montalbán aurait probablement apprécié à sa juste valeur. Recader est un étonnant policier qui se révèle sagace et, à sa manière, tolérant. Ce personnage permet de balayer l'argument de l'envahissant militantisme supposé de Llach. Bien sûr, « Les femmes de la Principal » décrit une Espagne franquiste obscurantiste et violente mais l'auteur ne verse pas pour autant dans le manichéisme, n'en déplaise aux grincheux qui ne manqueront pas de juger le livre sans avoir fait l'effort de le découvrir.
Si la troisième Maria, la petite-fille, est moins mise en valeur que sa mère et sa grand-mère, peut-être faut-il y voir la conséquence de cet apaisement que connut l'Espagne à la mort du Caudillo ? Ce déséquilibre entre les trois femmes ne m'a en rien gêné.
Comme dans « Les yeux Fardés », la sexualité est un axe majeur de l'intrigue et, notamment, son articulation avec la religion. Question articulation, les prélats ibériques n'ont d'ailleurs visiblement rien à envier à leurs homologues irlandais.
La quatrième de couverture, ainsi que cette chronique jusque là, pourraient laisser à considérer que seule la bourgeoisie catalane est mise en scène. Il n'en est rien ! On évitera la tarte à la crème anglaise en qualifiant l'ouvrage de Downton Abbey catalan mais précisons que la domesticité n'est pas oubliée : Ursula est un personnage important de cette histoire. le plus important ? Et s'il fallait chercher, non pas une héroïne, mais un héros, Llorenç Costa, drôle de mâle d'un pays à qui l'on doit le mot macho, pourrait postuler…
Livre rythmé et profond, « Les femmes de la Principal » donne envie de découvrir les deux autres romans de Llach.
En attendant, je vais tenter de remettre la main sur un de ses vieux CD n'en déplaise aux grincheux qui ne manqueront pas d'estimer que cette chronique est partisane : hasta la littérature siempre !
Commenter  J’apprécie          309
Je diviserais ce roman en deux parties assez distinctes mais dont la narration s'entremêle comme je partagerais mon opinion entre celle qui m'a plu et l'autre ...

L'histoire commence en 1893 , en Catalogne , lorsque l'épidémie de phylloxera qui a déjà atteint la France commence ses ravages dans les vignes de la Principal, un domaine viticole jusque là florissant tenu de main de maître par Andreu Roderich . Il décide alors de rejoindre Barcelone avec ses trois fils et de laisser , la plus jeune de ses enfants, Maria , au domaine , un sacrifice qu'elle doit accepter en tant que fille .

Le défi relevé par Maria , la prise de conscience de sa propre valeur et de sa puissance donnent au récit des pages que j'ai trouvé fort intéressantes . L'histoire n'est pas linéaire car on rencontre au fil des chapitres celles des autres Maria, sa fille et sa petite fille , dans des contextes historiques dramatiques comme la guerre civile espagnole . Ces héroïnes ont chacune une personnalité bien marquée et des opinions tranchées et parfois opposées .

Lluis LLach , pour apporter une diversion à cette histoire matriarcale y glisse une enquête menée par un jeune inspecteur, féru des romans d'Agatha Christie qui reprend une affaire de meurtre avec un corps découvert en 1936 devant la porte de la Principal et mise sur le compte de représailles liées à l'époque troublée des événements . Cette enquête prend un peu trop le pas , à mon avis sur le combat des femmes de la Principal même si elles y sont mêlées plus ou moins directement .
Commenter  J’apprécie          240
Après "Les yeux fardés" son premier roman, Lluis LLach nous fait vivre sur un peu plus d'un siècle l'histoire familiale de la Principale, riche propriété vinicole de l'Abadia. C'est un roman résolumment féminin même si les hommes y ont leur place et qu'on fait connaissance avec de beaux personnages. Les femmes ce sont les trois Maria, trois générations, trois femmes de caractère qui vont devoir s'imposer pour être respectées et reconnues dans un statiut de pouvoir et d'autonomie. Mais c'est aussi Ursula, la gouvernante et la nourrice qui a connu ces trois générations. le talent de L.Llach réussit a bien préserver la logique de la prépondérance des Maria dans cette saga familiale tout en donnant une place centrale à cette femme exeptionnelle. C'est un vrai plaisir que de parcourir cette histoire avec laquelle on vit les changements historiques de cette région d'Espagne, tout d'abord avec l'arrivée du phyloxera et ses impacts sur l'économie et les paysages, mais aussi bien sûr, la période franquiste puis l'aprés "68". C'est une superbe histoire d'amour qui ose bousculer les codes, c'est une découverte de secrets successifs qui participent à l'identité de cette famille, et c'est aussi sur la seconde partie du roman, un policier avec l'inspecteur Lluis Recarder passionné par Agatha Christie qui mène son enquête en s'identifiant à son modèle tout en étant subjugué par la beauté et l'intelligence de la seconde Maria.La structure du roman nous promène dans des allers et retours entre 1893 et 2001 par le biais des souvenirs et par les besoins de l'enquête. Je reprendrai à mon compte les paroles de la troisième Maria qui se plaint à son père " papa, je suis incapable de te lire comme un écrivain! au début, je ne comprenais rien du tout, je mélangeais les Maria, les époques, et de temps en temps il me fallait tout reprendre pour savoir où j'en étais." Mais il serait vraiment regrettable d'être rebuté par ce petit effort de repérage dans le temps car ce serait se priver d'une belle récréation littéraire!
Commenter  J’apprécie          230




Lecteurs (439) Voir plus



Quiz Voir plus

Littérature espagnole au cinéma

Qui est le fameux Capitan Alatriste d'Arturo Pérez-Reverte, dans un film d'Agustín Díaz Yanes sorti en 2006?

Vincent Perez
Olivier Martinez
Viggo Mortensen

10 questions
95 lecteurs ont répondu
Thèmes : cinema , espagne , littérature espagnoleCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..