AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,33

sur 15 notes
5
1 avis
4
5 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Une Simca couleur cerise, début août. Comme chaque été. Comme chaque année. Elle est le signe d'un mois de vacances sous le soleil de Majorque. le petit José se souvient, devenu écrivain. Il prend sa plume, face à la mer, cette Méditerranée d'un bleu azur, souvenirs d'enfance des années soixante. Et avec cette quête d'enfance et d'antan, ressort toujours un brin de nostalgie conjuguée à de la mélancolie.

De Majorque, il y a cette caserne, son père lieutenant, et cette distinction de deux mondes. le sien, zone militaire interdite au public, et celui extérieur, avec ses civils. Il y a ce soleil brûlant qui impose les siestes avant d'aller se baigner dans le bleu profond. Il y a cette sécheresse autour de lui, un sol brûlé qui fait penser au début du Maroc. Il y a ces cactus, ces herbacées, ces fleurs, ces plantes et le bruit des cigales. Les souvenirs deviennent un moment de nature-writing, à l'image des écrivains américains. A cette évocation, il y a aussi cette plume solaire pour ce « solstice » d'été.

De Majorque, avec ce soleil qui me cogne sur la cabeza, je décapsule una San Miguel. Olé ! La bière est fraîche et la poésie de José Carlos Llop se fait lumineuse. Proche de la nature, les parfums du soleil s'évaporent des pages, odeur de paella et de moules fraîches. Je plonge dans l'eau chaude et légèrement salée. Une autre époque y est décrite, les touristes en bikinis colorés ou en strings unis n'avaient pas encore envahis les plages, les discothèques ne déversaient pas encore le bruit de leur musique devant chaque plage, les bars où les serveuses ne servaient pas encore en mini-short jouaient la carte de l'intimité solaire permettant une fusion avec sa propre choppe de cerveza.

Tous ces étés n'en font qu'un, un seul unique, un moment présent, une vie de l'instant. le passé n'existe plus, le futur n'est pas encore présent. Juste cette envie de profiter de ces jours d'août, de ce soleil profond, de cette mer azure. Et de ces étés, naquit probablement un écrivain, José Carlos Llop.
Lien : https://memoiresdebison.blog..
Commenter  J’apprécie          585
"Le paradis est toujours une métaphore du bonheur et Proust disait que tous les paradis sont des paradis perdus. Comme l'est l'enfance", dit José Carlos Llop qui nous raconte dans ce court roman, le paradis des étés de son enfance, Majorque.

Fils d'un militaire , il y passe l'été avec ses parents et ses frères, à Betlem, au sud de l'île,dans une zone militaire interdit au public. Un endroit désert, au climat âpre, où hormis la famille, quelques soldats, un mulet fou, des rats, des lézards et des grillons, il n'y pas âme qui vive.

Un roman solaire poétique, riche en sensations qui relate la découverte de la vie et du monde à travers le regard d'un enfant,
regard sensuel d'un écrivain en herbe sur la nature, la mer, la maison -la Batterie-,et le paysage sec et biblique qu'il appelle " un fragment d'Afrique au milieu de la Méditerranée",
regard émerveillé sur les parents , le père, un homme détenteur d'un bonheur serein / la mère qui "irradie une force de même nature que la force aimantée du centre de la terre......".
Et regard imaginatif, truffé de références mythologiques et littéraires, de l'adulte qui se souvient de ce paradis perdu le temps de l'été, "époque de consolidation et de jouissance de la vie qui a éclaté au printemps", où l'on prend conscience de l'essentiel, ("Le temps de Betlem fut le temps de la vérité. le temps où il n'y avait pas de faux pas et où tout était vérité, où tout était essentiel. Je veux dire que l'envers de la vérité –s'il y en avait un –n'était pas le mensonge mais le silence").

À la recherche de la pièce manquante du grand puzzle de la Vie, Llop nous emmène loin, à une époque révolue, celle d'une enfance à jamais disparue, la sienne....et la nôtre.

Très beau texte foisonnant de couleurs,d'odeurs et de sensations, et de très belles réflexions sur la vie et la mort.

"Quand le paradis disparaît, souvent la littérature apparaît ".

Commenter  J’apprécie          558
Parce qu'on ne peut faire que trois choses avec le paradis : l'aimer, le perdre et s'en souvenir.”

José-Carlos Llop est passé par ces trois étapes dans son paradis des Baléares. Au départ de Palma de Majorque, la famille partait le premier août dans la Simca couleur cerise et ne rentrait que le 31. La destination ? Un lieu de villégiature pour militaires, son père étant lieutenant-colonel.
Là, au milieu des oliviers sauvages, des pins maritimes et des murs blanchis à la chaux, l'enfant qu'il était se souvient. Il ne se passe pas grand chose dans ce court roman car comme il le dit, tous les étés se ressemblaient mais il parvient à capter une atmosphère empreinte de nostalgie dans une écriture poétique et sensuelle.
Le goût des pastèques et des melons donnés par quelques voisins, la senteur du romarin, le chant des cigales nous transportent dans son petit paradis, dans ce petit bout d'Afrique au milieu de la Méditerranée.

Challenge Multi-Défis 2023
Challenge Riquiqui 2023.
Commenter  J’apprécie          140
José Carlos Llop je l'ai découvert parce que le philosophe Jean-Louis Bailly m'en avait parlé alors qu'il me rendait visite à la libraire. J'avais donc fait l'acquisition de la Cité engloutie et j'avais ainsi découvert Palma de Majorque par le biais de l'autobiographie discrète de Llop - un enfant de l'île. Mais ce livre était bien plus que cela. En effet, à la façon d'un Sebald ou d'un Benjamin et dans une forme de documentaire littéraire, Llop mêlait les faits historiques concernant Majorque avec des éléments liés au passage sur l'Île de nombreuses personnalités artistiques : Joan Miro, Jean Seberg, Ava Gardner, Ornella Mutti, Errol Flynn… et des écrivains, beaucoup, comme George Sand, Camus, Borges, Giono, Yeats, Cocteau, Gertrude Stein, D.H. Lawrence, Ernst Jünger, Anaïs Nin etc. le livre laissait ainsi transparaître que l'île devait beaucoup à la littérature et c'est bien ce sentiment que l'on retrouve intact dans ce court texte mémoriel intitulé Solstice, et qui est en quelque sorte un prolongement de la Cité engloutie. José Carlos Llop plonge à nouveau dans ses souvenirs d'enfance et nous fait partager son "paradis" : ce lieu de vacance bien particulier puisqu'il passait quand même ses étés sur un bord de plage idyllique où, paradoxalement, ne résidaient que des militaires (nous sommes encore dans l'Espagne de Franco). L'auteur détaille les paysages, sa famille (son père, militaire gradé ; sa mère, distante du monde mais si proche de ses enfants) ; il décrit l'atmosphère étrange de cet endroit dont il dit que "la beauté avait échoué sur l'île en fuyant un maléfice capricieux auquel elle ne put échapper complètement et qu'elle nous laissa en héritage" ; il parle aussi de l'intrusion de la littérature, de la musique, lors de visite d'amis de ses parents, et il l'indique bien dès les premières lignes de son récit : "En fin de compte, quand le paradis disparaît, c'est toujours la littérature qui apparaît." Vous l'aurez compris, ce livre est aussi le prétexte à penser l'écriture, le souvenir et le temps, et donc la littérature. José Carlos Llop est un écrivain majorquin, outre cette éventuel exotisme, c'est surtout un écrivain qu'il serait bon de lire pour la qualité et l'originalité de ses écrits parce que ses deux derniers livres sont véritablement magnifiques.
Commenter  J’apprécie          60
Récit lumineux d'un insulaire paradis enfantin, accumulation lumineuse de sensations, odeurs et autres différenciations sémantiques, la prose précise de José Carlos Llop recrée les enchantements de ses étés à Majorque. Dans ce court livre délicat, l'écrivain offre une réflexion précieuse sur le temps et l'immuable calme de ses retours.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          40
Solstice de José Carlos Llop est un roman traduit de l'espagnol dont l'action se passe sur l'Ile de Majorque. le titre Solstice n'a rien à voir avec la Saint-Jean, le jour le plus long de l'année, non c'est une sorte de métaphore pour nous dire que la période décrite correspond au point dominant de bonheur de l'auteur, période qu'il qualifie de paradis. En fait, il faut bien classer les oeuvres, l'éditeur l'a qualifiée de roman mais en réalité, il n'y a pas de fiction, l'auteur nous raconte puis s'analyse et rapporte le sens d'une période de son enfance. Ce n'est pas non plus une biographie, l'auteur ne nous raconte pas sa vie, seulement le sens de vacances vécues entre l'âge de 5 et 12 ans. C'est pourquoi, il s'agit plus d'un essai une sorte de réflexion philosophique d'un intellectuel adulte sur le bonheur de ces étés de l'enfance. Pourquoi cette période représente-t-elle le Solstice de l'existence de l'auteur ? Il nous le dit avec art mais je retiens un passage qui me semble clé au regard de la compréhension : "Tous les étés étaient le même été. Toutes les mers étaient la même mer. Notre vie était identique chaque mois d'août. Et c'était justement ce qu'on recherchait dans ma famille. Ou du moins ce que recherchait mon père. Grâce à lui, j'ai découvert l'unité du temps, ou plutôt j'ai ébauché ma première conception de cette unité : en été il n'y avait pas de passé, ni de futur ; seulement le présent, et ce présent se projetait sur le reste de la vie comme un royaume ancien se projette sur les civilisations qui lui succèdent. Un présent solaire, méditerranéen, classique." Voilà je ne veux pas en dire plus, il ne faut que donner l'envie de le lire, c'est très beau, puissant et certainement un enseignement qui reste vrai en vue du bonheur des enfants de tous les temps, un bonheur qui laisse la marque d'un solstice dans une vie.
Commenter  J’apprécie          40
J'ai eu la chance de lire ce livre en espagnol.
On se dit qu'au début ce ne sera pas facile: un fils de militaire qui passe ses vacances dans un vieux fort militaire avec un papa militaire.
Et pourtant on est ravi par l'écriture, par la lumière, les senteurs…
On sent battre la méditerranée. José Carlos LLop écrit en castillan (un défi aujourd'hui dans le monde catalan) et sa langue nous renvoie à Camus : une petite merveille.
Commenter  J’apprécie          20
JC Llop est un auteur délicat et avec beaucoup de délicatesse et d'élégance il nous entraîne dans ses souvenirs d'enfance. Ce texte nous parle de ses vacances d'été lorsqu'il était enfant et qu'au mois d'août toute la famille partait à Betlem, une zone militaire au sud de l'ile de Majorque. le père du narrateur est militaire et sa famille est cantonnée dans une caserne, mais c'est aussi un lieu de découverte de la nature, des sorties à la plage, la visite des environs. L'auteur nous entraîne dans les souvenirs de l'enfance, et c'est aussi un beau portrait de son père et sa mère. Il nous parle aussi de lui et de la période avant l'écriture, la période de l'enfance où il découvre le monde environnant, le monde naturel (de belles pages sur le paysage) et les êtres qui l'entourent : les membres de la famille, les amis…
Commenter  J’apprécie          20


Lecteurs (42) Voir plus



Quiz Voir plus

Littérature espagnole au cinéma

Qui est le fameux Capitan Alatriste d'Arturo Pérez-Reverte, dans un film d'Agustín Díaz Yanes sorti en 2006?

Vincent Perez
Olivier Martinez
Viggo Mortensen

10 questions
95 lecteurs ont répondu
Thèmes : cinema , espagne , littérature espagnoleCréer un quiz sur ce livre

{* *}