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Voulez-vous jouer à ce jeu de société bien particulier dans les années 80 en Angleterre ?
Il s'agit d'allouer à un directeur d'industrie une « stagiaire » prof d'unif, un jour par semaine durant un trimestre. Car l'année qui nous intéresse s'appelle « année de l'Industrie » et les pontes de tout poil ont décidé qu'il fallait que les couches de la société s'interpénètrent. Cela va donner bien des surprises !


La jeune prof, Robyn Penrose, suit Vic Wilcox dans cet enfer qu'est l'usine de métallurgie, dans les Midlands.
Région industrielle par excellence, ville grise et noyée sous la poussière, usine effroyable de bruits, de crasse, de noirceur, de laideur. Bienvenue à Rummidge, ville inventée par David Lodge, mais pouvant très bien être Birmingham, par exemple.
Nous suivons cette intellectuelle pur jus, rompue aux exercices du « déconstructivisme », maniant avec brio signifiants et signifiés, spécialiste du roman industriel anglais du 19e siècle et du féminisme, faire ses premiers pas avec effarement dans l'enfer sur terre. Ce n'est pas Vic Wilcox qui l'aidera à s'intégrer, il n'en que faire de cette universitaire, lui qui est déjà affublé d'une femme usée et d'enfants profiteurs. Quoique...
La rencontre d'esprits différents au possible peut s'avérer bénéfique, ou à tout le moins peut faire des étincelles qui mettront peut-être le feu à quelque chose de plus conséquent, je n'en dirai pas plus.


J'ai suivi avec intérêt et amusement réel les affres de la jeune prof dans cet univers d'ouvriers pragmatiques et directs, ses confrontations très brutes avec le directeur ou ses employés directs, et ses retours à la vie universitaire elle-même en butte aux difficultés économiques.
Qui peut survivre dans cet univers bien british des années 80, capitaliste, machiste, moderniste ?
Celui qui a de l'humour, assurément, ou qui considère que la vie s'affronte pas à pas, à coups de culot et de vérités bien placées...


David Lodge a de l'humour, ses protagonistes ont du culot, pour le plus grand plaisir des lecteurs.
Alors, on joue ?
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Dans ce roman, David Lodge fait se rencontrer deux univers : celui de l’Université qu’il connaît bien en tant qu’ex enseignant et celui de l’industrie.
Nous sommes en 1986 vers la fin des années Thatcher. Vic Wilcox est directeur général d’une société de métallurgie soumise à beaucoup de concurrence dans un contexte de récession, Robyn Penrose qui espère une titularisation malgré les restrictions budgétaires, enseigne la déconstruction littéraire à propos de la littérature féminine et du roman industriel du XIXème siècle.
Par ailleurs Wilcox, la quarantaine est marié avec trois enfants ado, le dialogue est absent de sa famille avec laquelle il s’ennuie tant qu’il est heureux lorsqu’arrive le lundi. Penrose est célibataire, vit une relation fluctuante avec un autre universitaire, et est farouchement féministe.
Chacun vit dans son univers, ignorant tout de celui de l’autre et sans aucune envie de le découvrir.
Mais voilà que pour célébrer l’année de l’Industrie il a été décidé qu’un enseignant suivrait un stage auprès d’un cadre supérieur dans une usine. C’est ainsi que ces deux personnes si éloignées l’une de l’autre vont devoir confronter leurs façons d’être et de penser une journée par semaine.
Les clichés sont évidemment nombreux, ce qui fait le sel du livre. Et celui-ci se termine en happy end mais est-ce que cela sera celle à laquelle vous vous attendiez ?
Pour ma part je n’ai pas été déçue par cette fable.


Challenge ABC 2015-2016
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Deux personnages bien campés et que tout oppose, c'est, en général et pour peu que l'auteur ait du talent, une excellente idée de scénario ou de roman. Autant dire que celui-ci est une réussite.
Puisque, comme le dit l'auteur dans sa préface, il s'agit d'un « roman universitaire », partons donc d'un théorème, valable, me semble-t-il, des deux côtés de la Manche, qu'on pourrait énoncer de la façon suivante : « le corps enseignant est, à priori, hostile à toute entreprise à but lucratif au motif principal qu'elle serait inégalitaire et aliénante pour les salariés contraints d'y travailler. » Théorème qui a son corollaire : «Tout responsable d'une entreprise confrontée à l'économie de marché s'interroge naturellement sur ce qu'étudiants et professeurs d'université peuvent bien faire de concret pendant qu'eux-mêmes et leurs employés « mouillent la chemise ».
Pour l'exprimer trivialement, les entreprises sont des bagnes où quelques profiteurs exploitent sans scrupules une multitude exploitée, et les universités sont un refuge de pantouflards qui n'ont qu'une idée très théorique du mot travail et dont la productivité minimaliste amène inévitablement la question qui tue : Qui paye (tout ça) ?... ainsi que la réponse immédiate : nos impôts !
Deux mondes qui s'ignorent tout en se vilipendant. Vous n'êtes pas le premier à vous dire qu'il serait sans doute profitable à tous de rapprocher (un peu) ces deux points de vue antagonistes. de nombreux politiciens y ont pensé et c'est dans le cadre de « L'Année de l'Industrie » sous le patronage du Ministère que Vic va recevoir une fois par semaine une stagiaire prénommée Robyn.
Vic dirige une fonderie où (dixit Robyn, vous l'aurez compris) « On avait l'impression que l'établissement était moins fait pour produire des marchandises destinées au monde extérieur que pour fabriquer de la misère pour ceux qui y vivaient. Ce que Wilcox avait appelé l'atelier des machines ressemblait à une prison, et la fonderie était l'image même de l'enfer. »
Robyn, quant à elle, maître de conférences en littérature anglaise, est spécialisée dans le « roman industriel féminin du XIXème siècle », « Ce que Robyn aime par-dessus tout, c'est déconstruire des textes, sonder les béances et les absences qui s'y dissimulent, découvrir ce qu'ils ne disent pas…, exposer leur mauvaise foi sur le plan idéologique, pratiquer une coupe à travers les réseaux enchevêtrés de leurs codes sémiotiques et de leurs conventions littéraires. » Et, bien entendu, elle est engagée dans le mouvement syndical.
Le roman est donc basé sur cette opposition, le propos et la réflexion sur le sujet sont pertinents et le tout est traité avec cet humour qui offre en permanence des situations ou des dialogues très amusants. Nos deux bull-dogs feront-ils un pas vers l'autre, ou un pas de côté ? Qui sait ? On ne s'ennuie jamais, le sourire est présent en permanence, mais Robyn, si elle en avait le temps, vous dirait que ce livre est très sérieux et que son sujet principal porte sur le cloisonnement et l'incommunicabilité entre groupes socioculturels.
« Sur une des pelouses, un jeune Noir en salopette verte, va et vient avec une tondeuse à gazon, en passant avec précaution autour des parterres de fleurs et entre les étudiants allongés. Lorsque ceux-ci se rendent compte qu'ils le gênent, ils se lèvent, prennent toutes leurs affaires et vont se poser comme une bande d'oiseaux sur un autre coin d'herbe. le jardinier est presque du même âge que les étudiants, mais aucune communication ne s'établit entre eux – pas un mouvement de tête, pas un sourire, pas une parole, ni même un regard, ne sont échangés. Il n'y a pourtant aucune arrogance de la part des étudiants, aucune rancoeur de la part du jeune jardinier, seulement un refus spontané et réciproque d'établir tout contact. Malgré cette proximité physique, ils habitent des mondes séparés. »
Ca vous parle ? Oui, sans doute…mais, attendez… pardon ? Robyn vient d'arriver, que dit-elle ? Que j'écris des bêtises ? Comment, je n'ai rien compris au code sémiotique ? Il faut déconstruire le texte pour en savoir plus ?...
Bon, désolé, je suis déjà en retard, faut que je file, je vous laisse avec elle…
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J'ai récupéré in extremis des livres qui avaient appartenu à mon père, ma mère n'étant pas lectrice.
C'est de mon père que je tiens l'amour de la littérature.

Cette introduction faite, je me suis régalée à lire ce roman de David lodge,auteur dont l'humour et l'intelligence m'accrochent toujours beaucoup.

Ce roman appartient à une trilogie se déroulant dans le milieu universitaire anglais, mais il peut se lire à part.
David lodge est à la fois critique et amoureux de ce milieu universitaire.
Il l'a écrit dans les années Thatcher, pic de l'ultra libéralisme, et on note bien combien les services publics étaient alors mis à mal.

L'idée originale du roman est la rencontre entre le milieu industriel et universitaire via un stage, à travers les deux personnages principaux.

Je n'en dirais pas plus, mais c'est très réussi, plein de rebondissements, un portrait de la société britannique de ces années là très pertinent, comme toujours, bravo David lodge.
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J'ai bien aimé cette rencontre entre le monde intellectuel et le monde ouvrier!

Une prof de littérature ultra-féministe spécialiste en littérature industrielle, mais qui ne connait rien à l'industrie, se retrouve stagiaire du patron d'une usine qui ne voit que la rentabilité.

Ils vont forcément réfléchir et revenir sur certains de leurs principes.

Un très bon David Lodge!
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Brillant...Mais David Lodge nous y a habitués. Il est donc difficile de faire un choix dans une oeuvre foisonnante où l'on retrouve toujours un universitaire loin des trivialités quotidiennes confronté à des mondes, à des moeurs, à des vies jusque là inconnus. Il y a un continuum chez David Lodge qui arrive cependant à nous surprendre et à nous passionner à chaque opus, le tout agrémenté de cet humour très British inimitable.
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David Lodge est un des grands représentants du "campus novel" à l'anglaise et j'en suis très friande. Cette fois ci, avec Jeux de Société, il nous emmène à l'université de Rummidge ( inspirée de Birmingham) et évoque la rencontre hautement improbable entre Vic Wilcox, patron d'une fonderie, plutôt sur de lui, la quarantaine, marié, 3 enfants, et Robyn Penrose, universitaire spécialisée dans le roman industriels, complètement dans son monde, et qui ne pense qu'à son éventuelle titularisation. En acceptant un programme de rapprochement entre l'université et les entreprises, Robyn doit passer une journée par semaine pendant un an avec Vic Wilcox, ce qui espère t'elle jouera en sa faveur pour sa titularisation. Ils vont alors, bien que très différents, beaucoup apprendre l'un de l'autre.
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Avec Jeu de société s'achève la trilogie de David Lodge, ayant pour cadre le monde universitaire. Ce dernier volet se rattache aux deux premiers opus principalement par le cadre bien connu de la ville de Rummidge, les deux principaux protagonistes de Changement de Décor et d'un Tout petit monde n'ayant, cependant, qu'un rôle marginal dans l'économie du récit. Alors que l'Université de la ville morose a toutes les peines du monde à subsister face aux coupes sombres dans les budgets décidées par le gouvernement Thatcher, les autorités ont eu la fumeuse idée de promouvoir une "Année de l'industrie", pour permettre une meilleure appréhension du monde de l'entreprise par l'université. Et c'est ainsi que deux personnes que tout oppose, se voit contraintes à collaborer chaque mercredi pour la durée d'un trimestre universitaire. Robyn Penrose, enseignante universitaire de gauche, féministe résolue, spécialiste de la littérature anglaise industrielle du XIXème siècle, dirigeant un cours de littérature féministe, devient l'improbable stagiaire de Vic Wilcox, directeur ultra pragmatique et plutôt réactionnaire, d'une usine de fonderie et de construction, où règne une certaine forme de discrimination au travail et un sexisme sans complexe.

L'auteur revient ainsi à la bonne vieille recette du choc des cultures, exploitée à fond dans le premier volet de la série, comme ressort comique de la narration. C'est un bon roman, où l'on est de nouveau mis en présence de tout un jargon pittoresque afférant à la sémiotique et à la critique littéraire. C'est néanmoins, à mon sens, le moins réussi des opus de la série, du point de vue de la technique narrative mise en oeuvre et de la charge comique, les ingrédients du succès de la série perdant un peu de leur fraicheur et donc de leur saveur. En revanche, et au final, cette Trilogie de David Lodge est une référence du genre humour so British, un must read.
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Typiquement British. On trouve une fraternité avec 4 mariages ou L., actually. Pas mal d'ironie, on joue avec les personnages mais ils sont respectés par l'auteur. L'intrigue prend son temps pour s'établir, ce qui permet de jogger sans s'essouffler en la suivant, ainsi qque les évolutions des personnages.
Sujet très intéressant que ce cross-over entre professions, éthiques, visions du monde opposées. On évite tout juste les clichés aussi, on dénonce sans grossièreté ou lourdeurs des traits. Enfin, quoique. En tout cas pour moi c'est passé.
Et bien que commençant à dater, ce Jeu de société reste un divertissement bien agréable. (Enfin, c'est aussi parce que je me fais vieux. Definitely maybe.)

(Dommage pour avoir traduit les paroles de chansons.)
(Dommage pour n'avoir pas respecté le titre original.)
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Un régal! So britich, so class! Intelligence de la construction et des dialogues avec un duo improbable - la carpe Wilcox, le Directeur Général d'une entreprise de mécanique et du lièvre Robyn, l'universitaire féministe, sémiologue et "déconstructioniste" -, dans la brume des Midlands plombé par le thatchérisme. Entre compression budgétaire des universités, concurrence sauvage, réduction des coûts de production, fusion d'entreprises, triomphe de l'industrie financière, l'humain fraye son petit bonhomme de chemin. Un auteur didactique et aussi un moraliste qui aime autant ses personnages que ses lecteurs car la gestion du bonheur personnel arrive à échapper à tous ces rouleaux compresseurs!
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