Voilà un livre dont je n'attendais rien et dont j'ai reçu beaucoup. Je ne me rappelais pas pourquoi j'avais inscrit ce livre sur ma liste de lecture.
C'est donc sans aucun a priori que j'ai démarré ma lecture.
A la lecture des vingt premières pages, j'ai cru abandonner mais je me donne toujours jusqu'à la centième page avant de juger un livre. Et bien m'en a pris parce que si j'avais cédé à la première impression, je serai passé à côté d'un grand livre.
L'histoire débute dans une soirée mondaine en Angleterre. Desmond Bates, professeur universitaire à la retraite, discute avec une jeune femme.
Ou plutôt, la jeune femme parle et lui n'entend rien de ce qu'elle lui raconte. Parce que Desmond est sourd. Dur d'oreille. Et de plus en plus attend.
Il s'avérera plus tard qu'il semble avoir accepté de l'aider pour la rédaction de sa thèse. Laquelle porte sur un suet inhabituel.
Mais finalement, cette OPA de la jeune femme sur notre retraité n'est qu'un prétexte.
Le prétexte pour l'auteur de nous raconter une période particulière de la vie de son personnage principal. Ce moment où le corps vieilli. Où les sentiments dans un couple vieillissant évoluent également. Où l'on voit son propre père vieillard perdre peu à peu la mémoire en même temps que l'on perd l'ouie. Ce moment où l'on refuse de perdre un sens, où l'on se bat contre un handicap.
Tel que je le raconte, le livre pourrait paraitre sinistre. Il n'en ai rien. Tout le talent de
David Lodge est là. Il n'épargne rien à son personnage, aucune situation génante, aucune prise de risque ridicule, aucune situation absurde. Mais il le fait avec bonheur, avec un recul plein d'humour et beaucoup de style.
J'ai ri plusieurs fois devant les déboires de Desmond aux prises avec cette étudiante collante, en prise avec sa femme qu'il n'entend plus, en prise avec le langage des autres déformé par sa perception.
Mais le livre n'est pas que drôle et les derniers chapitres sont à la fois durs à lire et très émouvant.
Une très grande réussite que ce roman.