Ce tome fait suite à Hulk vs. X-Force (épisodes 14 à 18). Il comprend le numéro spécial "Fall of the Hulks", ainsi que les épisodes 19 à 21, initialement parus en 2010, tous écrits par
Jeph Loeb. Il vaut mieux avoir commencé par le premier tome de la série pour saisir tous les enjeux du récit. Ces épisodes ont été réédités dans Hulk by
Jeph Loeb: The complete collection volume 2. L'épisode "Fall of the Hulks" a été dessiné par
John Romita junior (en abrégé JRjr) et encré par
Klaus Janson, avec une mise en couleurs de
Dean White. Les épisodes 19 à 21 ont été dessinés par
Ed McGuinness, et encrés par
Mark Farmer, avec une mise en couleurs de Dave Stewart.
Ça devait finir par arriver, Red Huk a tué un personnage lors d'un combat. Lors de la cérémonie funéraire, plusieurs personnes viennent évoquer la mémoire du défunt : le colonel Simon Savage, Ben Grimm, et Bruce Banner. Pour se sortir de cette situation, Red Hulk (dont l'identité est toujours inconnue) se tourne vers Banner pour qu'ils fassent équipe.
L'association est assez houleuse, chacun ayant ses méthodes, pas forcément compatibles. Red Hulk explique qu'ils doivent faire face à l'Intelligentsia, une réunion de supercriminels en train de mettre en oeuvre un plan bien ourdi. Premier objectif : empêcher l'ouverture de la porte dimensionnelle vers la zone négative, située dans le Baxter Building (le QG des Fantastic Four).
Ça fait plaisir de voir que
Jeph Loeb attaque le coeur de la résolution de son intrigue (il faut dire qu'il ne lui reste plus qu'un tome de 3 épisodes après celui-là). le lecteur commence donc par découvrir la mort d'un personnage. Comment dire ? Même sans connaître la suite, le lecteur se doute bien qu'un décès aussi soudain d'un personnage présent dans la série depuis des dizaines d'années sera au final un simple état transitoire.
La cérémonie funèbre est émouvante sans être larmoyante, et permet à Loeb de revenir sur la vie de ce personnage, avec les dessins toujours efficaces de
John Romita junior. Il établit aussi bien les caractéristiques du décor, que les tenues des individus présents, ou encore les quelques images titanesques d'affrontement physique. La mise en couleurs de
Dean White étoffe avec habilité et discrétion chaque élément dessiné.
Le lecteur repasse alors aux 3 épisodes de la série mensuelle et aux dessins d'
Ed McGuinness. Ses images et sa mise en scène transcrivent toujours aussi bien la démesure de Rulk (contraction de Red Hulk). Lors des affrontements physiques, Rulk occupe la plus grande partie de l'image, et sa stature colossale ne tient pas dans les bordures de la case. Les coups portés sont exagérés par leurs conséquences physiques (les assaillants qui dégagent à travers les murs, ou qui vont valser à plusieurs dizaines de mètres, sous la force des coups).
Ed McGuinness embrasse pleinement tous les codes graphiques les plus exagérés des comics : musculatures hyper hypertrophiée (ça mérite bien 2 préfixes "hyper" au vu de celle de Rulk), costumes moulants aux couleurs criardes, coups physiques assenés avec une violence extrême (Rulk se fait transpercer l'abdomen), pas de blessures avec des conséquences. Il ajoute un parfum d'humour visuel, avec des visages grimaçant, ou la représentation des coups portés (Rulk se prenant le marteau de Thor en pleine tête de face). Il s'économise sur les décors en évitant de les dessiner dans plus de 2 cases sur 3. Toutefois il compense habilement ce manque d'arrière-plan en concevant ses cases de telle sorte que les personnages occupent un maximum de surface. Dave Stewart réalise de beaux habillages chromatiques achevant de masquer cette absence.
Jeph Loeb a densifié sa narration (il faut dire qu'il ne partait pas de très haut). le lecteur découvre donc de manière abrupte les responsables de l'existence de Rulk, ainsi qu'un complot de grande envergure. Il retrouve à nouveau des combats physiques de grande ampleur occupant une grande place dans chaque épisode, en termes de pagination. À nouveau Rulk met sa pâté à des superhéros (et quelques supercriminels) qui n'avaient rien demandé : Ben Grimm, les X-Men, Thor.
Le scénariste se montre un peu plus ambitieux, car il fait partager au lecteur les pensées de Rulk, sous la forme de petites cellules de texte. Il utilise le dispositif consistant à montrer une séquence, et en l'accompagnant des réflexions de Rulk qui ne concernent pas directement l'action en train de se dérouler. Cela demande un petit effort de concentration au lecteur pour suivre les 2 fils narratifs simultanément. Rulk évoque des questions de stratégies quant aux points forts et faibles des ennemis, ou à l'avantage de s'allier avec quelqu'un. Loeb dépasse les clichés pour quelques idées intéressantes (sans relever d'un traité de stratégie militaire).
Ce tome se lit un peu moins rapidement que le précédent, du fait d'une densité narrative supérieure, et d'une vraie intrigue qui ne se limite pas à mettre en scène des gros combats qui tâchent entre Rulk et des superhéros Marvel de premier plan. Les dessins de JRjr conviennent parfaitement à l'atmosphère recueillie de la cérémonie mortuaire. Les dessins d'
Ed McGuinness sont adaptés à mettre en images ces affrontements plus grands que nature, à la frontière de la parodie.
Jeph Loeb entame le dernier mouvement de son récit, avec quelques révélations à la clef, et une plongée intéressante dans la plongée de Rulk. le tout reste essentiellement un produit de pur divertissement, à destination d'un lectorat assez jeune.