Sérum : Saison 1, Épisode 2

- Qu'est ce que vous avez foutu, non de Dieu ?
- Eh bien, comme prévu, capitaine : j'ai emmené Emily Scott faire un tour.
- Ne vous moquez pas de moi, Gallagher ! Vous êtes parties près de deux heures, et vous n'étiez même pas dans le parc de Fort Greene !
Lola poussa un soupir. Elle n'aimait pas mentir à Powell, même par omission.
- Où est-ce que vous l'avez emmenée, précisément ? insista son supérieur.
- Chez le Dr Draken.
- Pardon ?
- Je l'ai emmenée faire une séance d'hypnose chez Draken.
- Vous n'êtes pas sérieuse ?
Lola haussa les épaules.
- Vous m'avez demandé d'obtenir des résultats rapidement, j'ai fait ce que j'avais à faire. Draken est l'un des meilleurs psychiatres pratiquant la thérapie par l'hypnose de tout New-York, si ce n'est le meilleur.
- Oui, c'est vrai, mais c'est aussi un type qui n'en fait qu'à sa tête, comme vous ! Ça ne m'étonne pas que vous vous entendiez si bien ! Vous n'aviez pas le droit d'emmener Emily Scott chez lui sans l'autorisation du procureur !
- C'est pour ça que je ne vous ai rien dit, glissa Lola dans un sourire embarassé.

La douleur, cette vieille compagne.

T'as bouffé trop de champignons, mon pote.

Elle voyage dans ses souvenirs comme en territoire étranger.

Détendez-vous et laissez votre conscience s'ouvrir et vous guider. Le sérum que nous venons de vous injecter facilite l'induction hypnotique. Il ne change rien à qui vous êtes, il n'altère en rien votre personnalité, ni votre volonté, mais il vous débarrasse de ce qui vous éloigne de votre conscience. Votre conscience voit plus de choses, entend plus de choses, connaît plus de choses que nous ne pouvez l'imaginer. Ainsi nous allons lui donner la parole pendant sept minutes exactement. Comme de longs échos qui de loin se confondent, dans une ténébreuse et profonde unité, vaste comme la nuit et comme la clarté, les parfums, les couleurs et les sons se répondent. Il y a, quelque part dans un coin de votre tête, un petit train. Un petit train qui peut vous emmener en voyage dans vos souvenirs.

A la base, c'est moi qui ai proposé à Lola de garder Adam si elle avait besoin. Le médecin a dit que c'était une bonne idée.

- Les médecins sont des imbéciles.

- Ce n'est pas une bonne idée?

- Si, mais les médecins sont quand même des imbéciles.

L’attente durait depuis d’interminables minutes quand, soudain, la porte s’ouvrit, laissant entrer dans la pièce une vive lumière. Celui que tout le monde ici appelait simplement « le docteur » apparut sur le seuil, un dossier sous le bras et un stylo dans la poche extérieure de sa blouse blanche.

Cela faisait des mois, maintenant, depuis qu’elle était entrée au Centre, qu’elle s’efforçait d’être une « bonne élève », d’exécuter avec soin tout ce qu’on attendait d’elle. Mais, en cet instant, elle avait l’impression d’être revenue sur les bancs de la faculté, d’y attendre fébrilement les résultats d’un examen de fin d’année. Sauf que, cette fois-ci, les enjeux étaient beaucoup plus importants.

Ici, on n’avait pas le droit à l’erreur.

La jeune femme, angoissée, attendait sur un tabouret de cette petite pièce obscure qui la mettait toujours si mal à l’aise. Par-delà la longue vitre opaque qui occupait l’un des quatre murs, il lui semblait entendre une conversation étouffée. Une conversation secrète, mais dont elle savait être le sujet.

Aux grands maux les grands remèdes.