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Citations sur Martin Eden (679)

Leur manière de vivre, qui avait été un jour la sienne, lui déplaisait à présent. Tout le désappointait : il était devenu un étranger. De même que la bière lui semblait râpeuse, leur société lui semblait grossière. Il avait trop évolué. Trop de livres ouverts les séparaient. Il avait voyagé si loin au pays de l’intelligence qu’il ne pouvait plus revenir en arrière. (Page 423)
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Ce n’est pas dans le succès d’une œuvre qu’on trouve sa joie, mais dans le fait de l’écrire. (Page 341)
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Un préjugé de jeunesse, vous savez ! j’ai eu cette mentalité autrefois et il m’en reste encore quelque chose. C’est mon petit musée de fossiles personnels ! (Page 337)
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Une nouvelle conception de l’amour se formait dans son cerveau en l’écoutant. La raison n’a rien à voir avec l’amour. Peu importe que la femme aimée raisonne plus ou moins justement, l’amour étant au-dessus de la raison
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Je voudrais bien que les morts restent où ils sont. Pourquoi des morts me feraient-ils la loi ? La beauté est vivante et elle est éternelle. Et les langues passent. C’est la poussière des morts.
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Les rédacteurs en chef, leurs adjoints et associés, pour la plupart, et les lecteurs de manuscrits sont des gens qui ont voulu écrire et qui n'ont pas réussi. Et pourtant, ce sont eux, les personnages les moins compétents qui soient, qui décident de qui sera ou ne sera pas publié ; ce sont eux qui, après avoir fait la preuve de leur manque d'originalité et démontré qu'ils n'ont pas le feu sacré, ce sont eux qui siègent au tribunal de l'originalité et du génie. Puis viennent les critiques, eux aussi des ratés. Ne me dites pas qu'ils n'ont pas eux aussi rêvé d'une carrière littéraire, essayé d'écrire de la poésie ou des romans. Ils ont essayé et ils ont échoué. Pour tout dire, la moyenne des recensions est plus nauséabonde que l'huile de foie de morue. Vous savez ce que je pense des critiques littéraires ou prétendus tels. Il y en a des grands, mais ils sont aussi rares que les comètes.
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Lisant les œuvres d'auteurs reconnus, il étudiait les résultats obtenus et les moyens qui les avaient permis — les procédés de narration et d'exposition, le style, le jeu des points de vue et des contrastes, la satire. Tout cela, dont il faisait aussi des listes, devenait matière à étude. Il ne copiait pas ; il cherchait les principes. Il faisait des catalogues de procédés efficaces et plaisants, qu'il allait chercher chez un grand nombre d'écrivains et dont il tirait des principes généraux ; ainsi outillé, il s'efforçait d'en imaginer de nouveaux, qu'il soumettait à une critique en bonne et due forme. Semblablement, il faisait collection d'expressions vigoureuses empruntées à la langue parlée, des expressions mordantes comme l'acide et brûlantes comme la flamme, ou bien fraîches et gorgées de douceur comme de délectables oasis dans le désert aride du langage de tous les jours. Il recherchait toujours le principe caché, il voulait savoir comment la chose était faite ; après quoi, il pouvait la refaire pour son compte. Il ne se satisfaisait pas de la séduisante apparence de la beauté : il disséquait la beauté dans ce petit laboratoire qu'était sa chambre, parmi les odeurs de cuisine et le tohu-bohu de la tribu des Silva, et, maîtrisant l'anatomie de la beauté, il était plus à même d'en créer.
Il était ainsi fait qu'il ne pouvait créer sans comprendre. Il lui était impossible de travailler à l'aveuglette, dans le noir, en ignorant ce qu'il confectionnait et en se fiant au hasard et à sa bonne étoile pour produire un résultat satisfaisant. Il ne supportait pas que le hasard s'en mêle ; il voulait connaître le pourquoi et le comment. La création chez lui était volontaire, et avant même d'avoir commencé une nouvelle ou un poème, l'œuvre avait déjà pris consistance dans son esprit, il en connaissait la fin et il détenait les moyens d'y parvenir en toute conscience. Sans ces conditions, ses efforts étaient voués à l'échec. D'un autre côté, il ne laissait pas d'apprécier les effets inattendus produits comme spontanément par certains mots et certaines expressions, qui passaient ensuite l'épreuve de la qualité et de la force esthétiques, et dont il se dégageait de formidables et indicibles nuances de significations. Ces trouvailles suscitaient son respect et son admiration : il savait qu'elles ne relevaient pas de la création volontaire. Et bien qu'il ne cessât d'analyser méthodiquement la beauté en quête des principes qui la sous-tendent et la commandent, il savait bien qu'au cœur de la beauté gisait toujours un mystère qui lui restait inaccessible, et auquel nul homme n'avait accédé. […]
Cette habitude se développa chez lui : il laissait un sujet croître et mûrir dans sa tête, et à ce moment seulement il se précipitait sur sa machine à écrire. Que son travail ne fût pas publié n'avait guère d'importance pour lui. La composition était l'acte suprême d'un long processus mental : il nouait ensemble les fils épars de sa pensée et donnait une valeur universelle à toutes les données dont son cerveau était encombré. Écrire un tel article représentait un effort conscient pour libérer son esprit et le préparer pour de nouveaux matériaux et des problèmes inédits. Sa manière de faire ressemblait un peu à cette réaction que peuvent avoir des hommes et des femmes tourmentés par des griefs réels ou imaginaires, qui sortent périodiquement de leur douloureux silence pour « dire ce qu'ils ont sur le cœur » avec volubilité, jusqu'au dernier mot.

Chapitre XXIII.
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Compassion et pitié étaient nées dans des baraquements d’esclaves, dans la sueur et les larmes des misérables et des faibles.
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En les regardant s'aveulir et succomber à la bête que l'alcool réveillait en eux, il remerciait Dieu de ne plus en être là. Ils buvaient pour noyer leur dépit et, dans l'ivresse, leurs cervelles de moineaux se parant des ailes de l'aigle, chacun se croyait roi dans le paradis de ses désirs éthyliques.
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Martin avait pris un vif plaisir à cette bagarre qui lui avait fait revivre ses émotions de pugiliste d'antan, mais celles-ci se dissipèrent vite, et firent place à l'accablement de la tristesse. Il se sentait vieux, plus vieux de plusieurs siècles que ces compagnons insouciants de ses années passées. Il avait cheminé loin, trop loin pour pouvoir revenir en arrière. Leur façon de vivre, qui avait été la sienne autrefois, lui répugnait désormais. Tout le décevait. Il était devenu un étranger. Comme la bière bue au parc, leur camaraderie lui paraissait grossière. Il était ailleurs. Des milliers de livres lus avaient creusé un gouffre entre eux et lui. Il s'était exilé. Il avait parcouru le vaste royaume de l'intellect, et plus aucun retour chez lui n'était possible. Cependant, il était humain, et son irrépressible désir de compagnie demeurait inassouvi. Il n'avait pas trouvé de nouveau foyer. De même que la bande ne pouvait pas le comprendre, ni sa propre famille, ni la société bourgeoise, de même cette fille assise à côté de lui, qu'il respectait, ne pouvait le comprendre, ni comprendre le respect qu'il lui vouait. Songeant à tout cela, sa tristesse se teinta d'amertume.

Chapitre XLII.
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