Un grand merci aux éditions Sarbacane et en particulier à Théophile pour cet envoi !
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Il est de trop nombreuses histoires bouleversantes dont on n'a pas conscience - mais heureusement, il est aussi un grand nombres d'individus prêts à user de leurs talents pour faire resurgir des parcours aussi touchants qu'inspirants, comme ici
François-Guillaume Lorrain et son Garçon qui courait, le récit de l'existence d'un athlète coréen, Sohn Kee-Chung, qui a remporté le marathon des Jeux Olympiques de 1936 à Berlin, alors que la Corée n'existait plus, annexée par le Japon. Kee-Chung veut rapporter la victoire à son pays natal, mais on la lui extorque en le faisant concourir sous les couleurs du Japon. Il voudrait exhorter son pays à la liberté, quand on veut faire de lui une bête de propagande pro-japonaise alors que la guerre éclate. Quelle valeur a sa victoire ? Peut-on même parler de victoire ?
Kee-Chung, dont l'on suit le parcours sur des années et des années, est un personnage aussi fort que touchant, au portrait psychologique remarquablement solide pour un roman de moins de trois cents pages. Au fil des chapitres, des décennies, des accomplissements, on s'attache avec une conviction rare à ce petit garçon, puis adolescent et enfin adulte, dont la détermination et la passion ne peuvent que forcer le respect. Bien qu'il s'agisse évidemment d'une biographie romancée, savoir qu'une grande partie du récit est basée sur des faits réels ne vient qu'appuyer encore l'intérêt du lecteur pour ce roman. Plus encore, on a beau parfaitement savoir que Kee-Chung a gagné son marathon, on ne peut s'empêcher d'être fébrile d'appréhension et de s'inquiéter pour son sort tout au long de sa lecture.
Enfin. Je n'ai pu m'en empêcher. Je sais que je suis un peu faible d'esprit. Mais je suis certaine que je ne serai pas la seule dans ce cas.
L'auteur parvient à créer des atmosphères et des décors criants d'expressivité, des dialogues saisissants aux enjeux captivants, de sorte que l'on ne voit pas défiler les pages, les années donc. le récit est si fluide et prend de l'ampleur d'une manière si subtile que l'on s'y croit tout simplement. On entend le battement des pieds de Kee-Chung contre la route, on entend les acclamations ou huées des spectateurs, on ressent la terrible tension qui lie Japonais et Coréens, la frustration d'une nation opprimée, le souffle du vent de la liberté. Ce n'est pas seulement le parcours d'un homme, aussi unique soit-il, que l'auteur propose ici, mais bien un véritable fragment de vie, d'humanité même. La course de Kee-Chung est le reflet de valeurs universelles, d'espoirs que chacun porte en soi. Il a couru pour la Corée quand la Corée n'existait plus, il a couru quand tous avaient tenté de le décourager, et toi, lecteur, tu peux aussi accomplir des exploits, tu peux accomplir quelque chose d'aussi fort que Kee-Chung...
WHAT WILL YOUR VERSE BE?
Désolée, je n'ai pas pu m'en empêcher.
En bref, un récit aussi captivant sur le plan narratif qu'humain, qui se savoure à tous les degrés, dont l'écriture aussi poétique que juste vient renforcer une intrigue en un mot splendide. Un roman qui propulse son lecteur dans un autre espace-temps, dans un destin aussi envoûtant qu'inspirant...
Note attribuée : 9/10