« Et là tout près, la mer toujours, la grande nourrice et la grande dévorante de ces générations vigoureuses, s'agitant elle aussi, faisant son bruit, prenant sa part de la fête... »
Pêcheur d'Islande,
Pierre Loti @editionspoints #classique
La mer, toile de fond de ce récit, personnage à part entière aussi… la mer aux mille nuances, aux multiples vies, chantée dans cette langue poétique et envoûtante par l'auteur.
C'est cela qui m'a tout de suite subjuguée: la poésie de la mer quand elle est contée par un homme qui passa sa vie sur les océans, en tant qu'officier de la Marine française.
La mer, mère, amante, épousée… la mer qui donne et reprend, la mer tantôt calme et apaisée, tant passionnée et fougueuse… la mer, toujours, comme seul horizon, que ce soit sur les côtes de Bretagne comme aux larges de celles d'Islande où partent pêcher les marins bretons…
« Cette fois-là, c'étaient des moires, rien que des moires changeantes qui jouaient sur la mer ; des cernes très légers, comme on en ferait en soufflant contre un miroir. Toute l'étendue luisante semblait couverte d'un réseau de dessins vagues qui s'enlaçaient et se déformaient ; très vite effacés, très fugitifs. »
La mer… le poisson, le navire, les marins… les femmes qui les attendent au port…
La mer… Yann, Sylvestre, Yvonne, Gaud…
La mer… qui file les destins des hommes et des femmes, telles les Parques qui coupent le fil de la vie, la mer prend les hommes, au gré de ses filets, concède un répit, suit ses envies, se garde le meilleur parti…
Tous ces fils, ces maris, partis en mer et jamais revenus… toutes ces vies, ces rêves, ces espoirs cent fois remis sur le métier comme Pénélope faisant et défaisant son ouvrage…
La mer… à la fin, seule triomphe!
Un texte magnifique qui n'est pas sans évoquer pour moi
Charles Péguy, bien que ce dernier fut plus enfant de la terre là où
Pierre Loti était enfant de la mer… mais il y a la même contemplation placide, la même poésie, la même âme quelque peu innocente… la même beauté dans la simplicité!
Un classique à découvrir NaN