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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Comme l'an dernier, je m'offre une des nouveautés issues des esprits brillants de jeunes francophones que nous proposent les Indés de l'Imaginaire. Cette année je me suis décidé pour « Les Papillons Géomètres » de Christine Luce.

D'abord un grand bravo aux Moutons Électriques pour l'objet que je trouve superbe : format carré déjà employé pour Dévoreur de Stefan Platteau, et même génial illustrateur Melchior Ascaride qui fait ici dans le surréaliste. Je l'ai trouvé irrésistible et d'ailleurs je n'ai pas résisté.

Concernant le roman lui-même, si je m'attendais à un poil mieux – et uniquement parce que la comm dithyrambique des Indés a tendance à trop survendre leurs nouveautés – j'ai apprécié sa lecture car il tape juste sur des points sur lesquels mes cordes du plaisir viennent allègrement résonner.

Sur un décor londonien de l'ère Victorienne finissante et de Belle Époque débutante, des personnages enquêtent sur la disparition d'un fantôme. Certains enquêteurs sont humains, d'autres appartiennent à l'outre-monde, tous sortent de l'ordinaire relativement aux canons de leurs milieux de « vie » réciproques. Mary-Gaëtane la medium et sa compagne « sensible » Maisy aux allures de Mary Poppins quelque peu féministes, l'Enquêteur de l'outre-monde et ses mentors allumés, l'Ancienne et l'Arpenteur, voire le timide imprimeur Eustace, détonnent sur les pages trop petites pour eux. Au-delà de la disparition, c'est bien la recherche quasi-scientifique du pourquoi de la structure de cet univers à multi-niveaux qui fascine tout ce petit monde (sauf le pauvre Eustace bien dépassé).

Les investigations sur la disparition de notre fantôme, si elles offrent au roman un final éclaboussant, sont plus un prétexte en réalité (ne vous attendez pas à une implacable logique à la Sherlock Holmes même si le raisonnement tient une place) ; un prétexte pour suivre les personnages dans la découverte de leurs mondes respectifs, pour essayer d'en dévoiler ne serait-ce qu'une infime partie. Prétexte également à mettre en avant la forme du récit. le roman est en effet surjoué. le style est emphatique voire parfois ampoulé, mais accompagné d'un soupçon permanent d'humour « à l'anglaiiise » qui pousse à attraper les phrases avec un second degré bienveillant. J'ai bu au biberon la plupart des dialogues que n'aurait pas renié un Tarantino (qui surjoue aussi beaucoup ses films). J'ai souvent apprécié le style (lire en phonétique staïle ») descriptif et cependant son aspect emprunté me lassait quand il se prolongeait trop longtemps. L'ensemble présente une allure de théâtre à laquelle on adhère ou pas. Moi j'adore.

J'espère que Christine Luce poursuivra dans l'écriture en général et dans cet univers en particulier qui ne demande qu'à se dévoiler davantage. Je l'y encourage. Je pense cependant qu'il y a matière à amélioration : augmenter la consistance de l'énigme principale et lui adjoindre surprises et rebondissements, ajouter des « méchants » aussi charismatiques que les papillons de cet opus…
… et faire de Londres victorienne un véritable acteur du récit. Cela m'a manqué.
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Ce Papillons géomètres est présenté par l'éditeur comme de la Fantasy spirite. Autant vous dire que dans ma tête cela fait juste un grand GNÉ ??? Et comme toujours, derrière une incompréhension, une méconnaissance vient une soif de savoir, de comprendre, de découvrir. Je me suis donc jetée sur ce roman et n'en ai fait qu'une bouchée. Alors soit, il n'est pas bien gros, mais surtout je l'ai trouvé captivant.

Ce roman est écrit dans un langage soutenu qui est parfaitement en accord avec l'époque dans laquelle se déroule cette histoire. Nous évoluons dans le Londres du début du vingtième siècle, aux ruelles baignant dans le fameux fog londonien, difficilement éclairées par les lueurs falotes des becs à gaz. À ce monde réel vient se superposer celui des spectres, des fantômes. Lui aussi fait de brumes, de flous, de décors qui par pans entiers s'effacent, s'effilochent, s'oublient. Que l'on soit d'un monde ou de l'autre, l'ambiance y est délétère, souvent glauque.

John Black va s'adresser à Mlle Lafay, médium comme toutes les femmes de sa lignée, car il a l'intime conviction que la disparition de sa femme ne peut s'expliquer que par son décès. Conviction confirmée par Mary-Gaëtane qui va mettre en relation les deux époux. Elle sera le pont entre ces deux mondes, le canal permettant le lien. Ainsi fut pris un rendez-vous annuel entre le couple Black. Mais cette dernière fois, Eve n'est pas venue.

John en a été tellement perturbé que son aura a été perçu par l'Enquêteur, un spectre passant à proximité. Ce dernier à l'intuition qu'il doit le suivre, mais il n'y arrive pas. Ils ne font pas ce qu'ils veulent les spectres, déjà qu'habituellement ils ne voient même pas les vivants. En cherchant Black, son enquête va l'amener dans le salon de Mlle Lafay. Et là, ô stupeur, ces deux là se voient ! le salon de Mary-Gaëtane est devenu une sorte de passerelle entre le monde des vivants et le monde de l'après-vie. Ensemble ils vont enquêter sur la disparition du fantôme d'Eve, mais également sur celle bien réelle de John.

J'ai savouré les interactions entre Mary et l'Enquêteur. Ce dernier en quête d'identité, en recherche de son passé et de ses souvenirs dissous. L'auteur lui prête un humour pince-sans-rire très british que j'adore. Il tourne sans cesse en dérision sa non-vie pleine de solitude. Mary elle même est en quête de compréhension de ce don qu'elle possède, d'autant qu'il serait responsable de la folie de ses aïeules. L'amitié qu'elle partage avec Maisy, la belle métisse qui vit chez elle est elle aussi savoureuse. Maisy, adepte de magie vaudou, un brin sorcière donc, mais surtout pleine de joie de vivre et d'humour qui apportera beaucoup de soleil dans cette histoire pleine de brumes.

Je dois avouer cependant qu'une fois ma lecture achevée je me suis posée bien des questions quant au titre de ce roman. Et ce n'est que récemment que j'ai pu lire cet article, sur le blog des moutons électriques. Je vous conseille vivement de le lire avant, votre compréhension en sera grandement facilitée. Cet entretien avec Christine Luce a éclairé toutes les zones d'ombres qui restaient dans mon esprit. Mais je le redis, malgré ce flou, j'ai apprécié ma lecture et vous la recommande. Quant à moi, je me déclare plus que favorable à une nouvelle incursion dans ces mondes non parallèles mais juxtaposés, dans cette fameuse Fantasy spirite qui m'a ravie.

Lien : http://bookenstock.blogspot...
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Avec ces Papillons géomètres, Christine Luce nous offre une histoire de fantômes à la lueur des becs de gaz. Les brumes de l'après-vie se mêlent au fog londonien pour créer une ambiance délétère, lourde de mystère.
J'ai un faible pour les histoires de revenants et, à ma grande satisfaction, celle-ci se révèle plutôt atypique. Cet autre monde, une marche au-dessus du nôtre, est fascinant et les esprits qui y survivent obéissent à des règles que l'on découvre au fur et à mesure.
L'auteur a créé des personnages intelligents et sortant des carcans qu'il est plaisant de voir évoluer. Mary-Gaëtane est l'une d'entre eux. Elle est avant tout une femme pragmatique et indépendante. Elle vit avec une amie d'enfance, Maisy, métisse et un peu sorcière. Mary exerce le métier de médium. Si elle use parfois d'artifices pour abuser une clientèle qui ne demande pas mieux, son don est néanmoins réel et dangereux. C'est à cause de lui, et de son bon coeur, qu'elle va se retrouver mêlée à une double affaire de disparition : celle d'une jeune femme sans histoires et… du fantôme de celle-ci.

La suite sur mon blog...
Lien : http://livropathe.blogspot.f..
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En premier lieu, j'adore la couverture de ce roman. Dès que je l'ai aperçue, elle m'a interpellée… Les couleurs à la fois douces et froides, cette silhouette féminine qui semble flotter dans les airs, et, au fond, ce buste d'homme dont on ignore s'il est menaçant ou non… Cela résume bien le roman en fait. Entre spiritisme et enquête policière, le lecteur navigue entre deux eaux.

A Londres, Eve a disparu. Son mari éploré se rend chez une médium de renom chaque année : Mary-Gaëtane LaFay. Mais un jour, la défunte ne vient pas au rendez-vous. C'en est trop pour le pauvre homme. Vaincu de chagrin et de douleur, il erre un peu dans Londres et croise la route de l'Enquêteur, avant de s'évanouir lui aussi… L'Enquêteur et la médium feront donc équipe pour le retrouver en espérant éviter le pire et en espérant comprendre ce qui est arrivé à Eve.

le roman commence in medias res et nous plonge dans un univers qui nous déstabilise. Pour ma part, j'ai eu du mal à cerner le personnage de l'Enquêteur, de l'Ancienne et de l'Arpenteur durant les trois premiers chapitres, jusqu'à ce que l'auteur donne innocemment un élément clef qui m'a permis de mieux saisir leur nature réelle. A partir de ce moment-là, j'ai été emportée dans la suite du roman. L'au-delà nous est présenté, par petites touches, au gré des explorations de chacun, ce qui mime la solitude et les zones d'ombre sur lesquelles bute l'Enquêteur. En cela, c'est intéressant car cela éclaire un peu plus le personnage. Enfin, le jeu d'enquête est prenant, même s'il est parfois dilué par les chapitres sur l'Arpenteur, et la chute est superbe : belle et douloureuse, agrémentée d'un soupçon de Roméo et Juliette! J'ai adoré!

Malheureusement, ma lecture a buté sur certains éléments. Il s'agit principalement de passages que j'ai trouvé un peu longs, philosophiques, métaphysiques… Bref, certains passages m'ont paru bien compliqués sans pour autant apporter de la saveur. Et souvent, ces moments étaient liés à l'Arpenteur ou à l'Ancienne, deux personnages qui restent très (trop?) énigmatiques, finalement pour moi.

Mis à part cela, j'ai adoré la complicité qui se noue peu à peu entre l'Enquêteur et la médium : échanges tour à tour, sérieux, ridicules, et enfantins presque. Les deux sont très intéressants, l'un par le mystère qui l'entoure, l'autre par son excentricité et sa détermination. Mary-Gaëtane est une femme forte, une femme qui défie les lois de son époque, du monde, et de la nature, au péril de sa propre vie, une femme qui navigue toujours sur le fil, à la lisière de la folie. Ce jeu de funambule était particulièrement prenant. J'ai aimé aussi la complicité entre Mary-Gaëtane et Maisy, son amie et femme de chambre. le duo est parfois loufoque, parfois dur mais il m'a fait sourire. L'auteur a su les rendre touchantes par leur complicité.

Mais surtout, la figure de l'Enquêteur m'a beaucoup intriguée... Qui est-il? Vivant ou mort? Au terme de ma lecture, je suis un peu frustrée car je n'en ai pas appris assez sur lui. Je trouve ce personnage très riche, et j'ai le sentiment qu'il n'a pas encore révélé tous ses secrets… Je m'attends donc à un deuxième tome qui, je l'espère, me donnera plus d'éléments. Pour l'instant, j'ai ma petite idée, et j'ai déjà hâte de savoir si c'est la bonne.

Ainsi, malgré quelques passages plus rébarbatifs, j'ai apprécié Les Papillons géomètres, et j'ai beaucoup aimé le trio Maisy, Marie-Gaëtane, l'Enquêteur qui est savoureux et intéressant. Je serais ravie de les retrouver pour mieux comprendre leur histoire.
Lien : https://lesreveriesdisis.com..
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