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EAN : 9782930538136
129 pages
Quadrature (15/04/2011)
3.58/5   6 notes
Résumé :
L’auteur
De son enfance à Aubervilliers, dans le neuf-cube, Lunatik a conservé le goût des grands espaces et l'habitude de la course à pied. Ses professeurs ont gardé la marque de ses dents. Très vite, ils ont fait en sorte que son talent pour les mots qui claquent aille s'exercer loin d'eux. Á 34 ans, cet esprit cynique, au solide caractère pétri d'humour et d'empathie, vit au milieu de nulle part, un endroit qu'il connait bien. La genèse de ses histoires y ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Critique réalisée pour les agents-littéraires.fr
Entre folie douce et implacable tragédie, ce recueil de nouvelles peut tout aussi bien se savourer avec délice qu'être dévoré à pleines dents. Il y a un rythme narratif magistralement orchestré qui saisit le lecteur, le bouscule puisque imperceptiblement on se laisse captiver par des thèmes aussi sombres que l'inceste, la maltraitance, le meurtre, le sordide…c'est déroutant. Oui c'est déroutant d'accepter une certaine banalité du mal qui émerge de petits riens.
Entre le meurtre du Père Noël, le conte du Petit Chaperon Rouge revisité ou la colère d'une jeune fille abusée qui mène à l'irréparable, Lunatik nous offre toute une galerie de personnages qui, confrontés à des évènements qui leur échappent, cèdent à leurs instincts immédiats, sans fausse pudeur, sans remord. C'est une projection de tous les vices sans artifice, servie par une sincérité dans l'écriture qui nous épargne le superflu trop souvent présent dans la littérature contemporaine : pas d'épanchements excessifs de sentiments ni d'intériorités envahissantes pour exprimer le désarroi. Avec une plume trempée dans l'acide, la fantaisie de l'auteur est véritablement cynique, incisive, percutante. C'est sombre, inquiétant sans pour autant verser dans le macabre : il y a un jeu de subtilités qui assène l'essentiel et suggère ce qui apparaît en conséquence effroyablement dérisoire. Avec talent, l'auteur use de l'ambiguïté, fait basculer le récit de l'odieuse ignominie à la plus innocente des naïvetés pour que le lecteur puisse digérer l'inacceptable. C'est redoutablement insidieux.

Ainsi les récits oscillent entre tendresse cruelle et candeur imprévisible, ce sont de doux personnages qui basculent à un moment donné dans la folie. Comme si de rien n'était. Il y a une apparente tranquillité jusqu'au moment où le couperet de cette folie, de cet aveuglement tombe, tranche net et aboutit à l'irrémédiable.
La mécanique est efficace.
Une grande liberté de ton qui pourrait paraître désinvolte, une réelle impertinence….Lunatik est je pense un auteur à suivre.

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Le livre commence par une série de clichés littéraires en trompe l'oeil. L'auteur use de cette formidable ouverture pour activer notre rapport au mal. C'est à une question, toujours sous-jacente aux vingt nouvelles du recueil, qu'il nous propose de prendre notre plaisir : comment ça nous fait mal ? Les possibilités sont infinies bien sûr, c'est pourquoi il nous offre quelque chose d'essentiel quand on fait acte d'écriture : l'ambiguïté. Ecrire sur le mal en pensant à bien est une intention tout à fait honorable mais risquée. le mal nous est si coutumier que bon nombre d'auteurs et de lecteurs ne font que sombrer dans un ridicule puit d'excitation fantasmatique. Ici, les pulsions sont mises à mal sans artifices. On échappe à l'habituelle mortification comme ferment du plaisir et à l'amour impossible comme force d'expansion du mal. le pseudonyme choisi par l'auteur, Lunatik, nous éclaire quelque peu sur le côté imprévisible de ses personnages, à la fois fantaisiste et inquiétant.
On sent bien que cet homme-là a eu affaire à la cruauté et qu'il y a eu un temps péril en la demeure, celle qui constitue le moi. Seulement, le mal semble avoir été absorbé et il le recrache en toute intelligence sans chercher à séduire le lecteur avec des scènes macabres. le récit n'est pas enflammé par la haine et si la plume se fait parfois vengeresse ce n'est que pour rappeler des choses anciennes, des événements funestes qui sont peut-être toujours à l'oeuvre. On le sait, la place du mal ne saurait demeurer vide éternellement. On ne dompte pas si facilement l'animalité humaine. Aussi, comme les souffrances endurées ne sont jamais pleinement reconnues, la rancoeur finit par défigurer et corrompre la raison. Pour faire taire la plainte, on attend d'un blessé qu'il s'en remette à la justice, à la psychologie ou à la religion. L'écrivain est celui qui ne répond pas à cette attente, ses mots suffisent à porter la peur qui est en lui, à éprouver son ressentiment et à soutenir sa demande d'amour. de la même manière, une histoire qui tient la route doit être un moment de vertige pour le lecteur, une occasion de se laisser prendre sans se faire happer par le comprendre et une opportunité de faire émerger d'autres lieux, de rendre lisibles quelques traces de sa propre mauvaise graine.
Avec ce premier livre, Lunatik semble bien parti pour embrasser à pleines dents la littérature.
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En librairie depuis le 15 avril, " Tous crocs dehors " est un recueil de nouvelles nées sous la plume du français Lunatik.

"Tous crocs dehors" comporte 17 nouvelles ainsi que 3 textes que je qualifierais d'hommages. Deux d'entre eux, très sensuels et faisant office d'interludes, s'adressent à des femmes tandis que le dernier - qui clôture d'ailleurs le recueil de façon très habile - apparaît comme un adieu, une mise à distance de l'auteur à son héros.
Il est très rare qu'un recueil de nouvelles emporte mon adhésion dans son intégralité. J'ai ainsi pu constater qu'au sein de celui-ci, certaines nouvelles sortaient vraiment du lot, allant jusqu'à me faire l'effet de véritables coups de coeur.
Ce fut le cas de "Venez me chercher" - un texte émouvant sur l'adoption -, d'"Une affaire de priorités" et de "Plumes d'anges et poule au pot" - deux histoires terribles chacune à leur manière, l'une poussant à devenir parano, l'autre à se tourner vers le végétarisme - et surtout de "Raconte-moi une histoire" qui, à travers les mots d'une adolescente, présente une version assez cocasse du "Petit Chaperon Rouge".
Mais attention toutefois ! Car si celle-ci fait montre d'une douce cruauté, les autres nouvelles se veulent globalement beaucoup plus amères.

Dans un style mordant teinté de cynisme, l'auteur excelle à malmener ses personnages, figures souvent égarées, solitaires, animées par une colère intérieure et un sentiment d'injustice qui les amènent à vouloir rétablir l'équilibre, en recourant à la plus implacable des vengeances.
Les situations qu'ils traversent se révèlent violentes à différents niveaux, ce qui réserve des chutes extrêmes et souvent choc dont on ne se relève pas facilement.
Seule ombre au tableau, la nouvelle " La fille au bout du quai", que j'ai trouvé bâclée et en contraste total avec le reste du recueil (enchaînement maladroit entre les idées et style pauvre).
Une "erreur de parcours" qui ne devrait toutefois pas vous détourner de ce puissant recueil !
Lien : http://contesdefaits.blogspo..
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Pas franchement mauvais, mais ennuyeux avec des chutes trop souvent attendues. L'écriture est bonne, sans trop d'effets. Ça se lit bien, facilement, mais sans passion.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Il était une fois en de lointaines contrées, genre au fin fond de la Creuse, une fille qui ne connaissait pas grand chose de la vie. Elle habitait dans un bled paumé et elle s'habillait comme une plouc.
Elle n'était pas con, elle était même souvent première de sa classe mais en matière de fringues, elle avait des goûts de chiottes. Et c'était pire encore depuis qu'elle avait assisté à un spectacle des Wriggles.

- C'est quoi les Warg-trucs?

- Tu sais, c'est les types habillés tout en rouge qui chantent des belles chansons rigolotes. Je t'ai emmenée au concert cet été, tu te souviens?

- Ah oui oui, même qu'ils avaient des capuches et qu'ils sautaient partout.

- Ouais, voilà c'est ça.

Bon, ben la fille-là, elle est fan des Wriggles et elle s'habille pareil : pantalon de survêt et sweat à capuche rouge pétant. Du coup, tout le monde la surnomme le Petit Chaperon rouge, parce qu'en plus, elle fait un peu nabot pour son âge.
Dans les bouquins pour les mômes, on lui donnerait dix ans mais en fait elle en a presque quinze.
Elle vit avec son père, qu'est divorcé, et elle va souvent voir sa grand-mère, qui crèche pas loin dans une vieille caravane. Ils n'ont pas beaucoup de thune dans la famille.
Un jour, son père lui dit : "Ca fait longtemps que t'es pas allée visiter Mémé. Elle serait contente de te voir un peu. T'as qu'à lui amener le reste de nouilles dans un Tupperware."
Alors la voilà partie, sac au dos, avec ses nouilles à la tomate plus deux ou trois bricoles dont elle sait que Mémé est souvent à court : de la colle à dentier, un rasoir Bic pour ses poils de menton, le télé Z de la semaine, un paquet de clopes et du PQ parfumé. p.13
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A mon retour, ton ventre s'est arrondi. J'ai commencé par compter les semaines, pour savoir, pour être sûr. J'aurais préféré éviter le cliché numéro 139 bis, celui qui fait mal aux tripes et qui a les yeux de mon meilleur pote.
Je me console dans l'alcool; au moins, tu es là. A chaque nouveau départ, tu es un peu plus belle, je me sens un peu plus con.
Au deuxième coucou dans mon nid, je décide d'assurer moi-même ma descendance.
Le prochain marmot que tu ramèneras de la maternité aura mes cheveux noirs et mon nez busqué, il aimera les tempêtes, il voudra être marin, comme son père, il comprendra les départs. p.6
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Mais ce n’est qu’en apercevant entre ses mains crispées la grenouillère jaune et bleue, celle avec le Babar sur la poitrine, qu’il réalise. Le môme. Le foutu môme. Voilà ce qu’il a manqué de ramener en allant sauver le chaton des flammes. Faut dire à son crédit que le marmot était tout neuf, c’est même pour arroser la naissance qu’il a tant picolé. Il n’avait pas eu le temps de s’habituer, de se faire à l’idée. Pour ça qu’il a oublié.
Alors que le chaton, il était à la maison depuis déjà à la maison depuis déjà deux mois. Au moins.

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