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Partis en mer malgré un avis de gros temps, le pêcheur sud-américain Bolivar et son jeune compagnon Hector se retrouvent prisonniers de la tempête, puis d'un bateau avarié dérivant sur l'immensité de l'océan Pacifique. Unis dans un tête-tête forcé, les deux hommes organisent leur survie, autant physique que psychologique.


Après une première partie dominée par la tension de l'action, tandis que Hector et Bolivar, que jusqu'ici tout opposait, réunissent leurs forces contre les éléments déchaînés, puis pour assurer les bases de leur survie, le récit se resserre peu à peu sur la confrontation psychologique des deux hommes, et enfin de chacun avec soi-même. Alors que le temps s'allonge et se vide pour les deux Robinsons, désormais rodés quant à leur précaire organisation matérielle, c'est leur mental qui envahit la narration. Et dans la lutte sans merci entre leur volonté et leur désespoir, on assiste à leur mise à nu jusqu'au tréfonds de leur être, et à leur terriblement tardive prise de conscience de ce qui fait le véritable prix de la vie.


Bien plus qu'une histoire de survie, Paul Lynch nous propose, au travers de ce roman métaphorique, une réflexion d'envergure sur la condition humaine. Car l'errance de ces deux hommes perdus dans une immensité déserte, oscillant entre désespoir et foi en leur survie, torturés par la conscience de leurs fautes dans une expiation préalable à une possible rédemption, n'est autre que celle de toute l'espèce humaine. Ainsi l'aveuglement de notre orgueil et de nos égoïsmes s'assortit de nos doutes et de nos peurs face à notre destinée de mortels. Ainsi nous partageons-nous entre, d'un côté, la perception de notre insignifiance, à la fois écrasante et miraculeuse dans une nature immense et incontrôlable qui nous renvoie à notre solitude dans le vide de l'infini, et, de l'autre, notre espoir et notre foi en une possible issue à notre finitude. Enfin, ainsi cherchons-nous le chemin qui donnera un sens à notre existence, celui qui passe par des valeurs universelles transcendant nos individualités.


A la fois poétique et réaliste, aussi profondément juste dans l'exploration psychologique de ses personnages qu'impressionnant dans son évocation des variations infinies de la mer, et surtout doublé d'une portée philosophique et mystique magistralement suggérée, ce roman a tout pour devenir un monument de la littérature. Coup de coeur.

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Pêcheur expérimenté mais un brin râleur, Bolivar cherche, en vain, son coéquipier. Personne ne semble l'avoir vu et malgré l'appel de son patron, Arturo, il n'est pas chez lui non plus. Qu'importe. Puisque Bolivar veut sortir pêcher à tout prix, et ce, malgré la tempête qui arrive par le nord-est, il lui demande de lui trouver un nouvel équipier. Lorsqu'il voit arriver son patron avec un gamin, l'allure accablée et une certaine frayeur dans le regard, il refuse d'embarquer avec lui, certain qu'il n'y connaît rien. Arturo finit par le convaincre. C'est ainsi qu'embarquent, sur le panga, Hector et Bolivar, certains que la tempête retombera bien vite...

Pour ce roman, Paul Lynch s'est inspiré de l'histoire du pêcheur Jose Alvarenga. Parti en mer avec un jeune homme de 24 ans, pêcher le requin au large du Mexique, il dérivera et survivra, la plupart du temps seul, ce dernier étant décédé au bout de 2 mois, pendant 438 jours sur l'océan Pacifique, avant de mettre un pied à terre à plus de 12500 kms de son point de départ. de ce fait divers, l'auteur met en scène deux personnages : Bolivar, un pêcheur expérimenté qui aura fait fi de la tempête à venir, et Hector, un jeune homme de 17 ans recruté un peu contre son gré. Celui-ci décédé, Bolivar se retrouve dorénavant seul au milieu de l'immensité bleue. Paul Lynch nous décrit alors sa survie (comment attraper les poissons, comment se servir de tous les déchets en mer, comment récupérer l'eau de pluie...) mais aussi son espoir jamais ébranlé de survivre, même s'il se rend compte que son existence même ne signifie plus rien face aux éléments naturels et à l'immensité. Face à cette insignifiance, les deux personnages auront des comportements totalement différents, Hector sera très vite résigné et abattu tandis que Bolivar garde sans cesse espoir. L'homme, face à lui-même, n'a d'autre chose à faire que de penser, réfléchir à ses actes, voire ses péchés. Brillamment introspectif, ce roman, d'une grande justesse, donne à réfléchir sur le sens de la vie, de la mort et de nos actes.
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C'est l'un des livres dont on parlera très certainement beaucoup lors de cette rentrée littéraire 2021. Attendue par de nombreux lecteurs déjà conquis par la plume contemporaine de l'auteur irlandais Paul Lynch, c'est une fantastique odyssée intérieure poétique qu'il nous offre par la parution de son quatrième roman.

Alors que la rentrée littéraire ne commence « officiellement » que le 18 août pour les Editions Albin Michel, j'avais pu déjà lire par-ci par-là, des lecteurs qui attendaient impatiemment la parution de ce livre, du fait qu'ils avaient beaucoup aimé un des précédents bouquins de cet écrivain. Je ne vais pas vous mentir : pour ma part, même si je connaissais de nom l'auteur, Paul Lynch, je n'avais lu aucun de ses autres livres. Ce fût donc une découverte, mais quelle découverte!!!

Ses trois premiers livres trouvaient leurs décors en Irlande. Pour la première fois, l'écrivain a décidé de planter son récit ailleurs : au début dans un petit village côtier sud-américain mais surtout au milieu de l'Océan Pacifique. Afin d'y parvenir, il s'est inspiré d'un fait divers réel survenu en 2013 : après qu'un ouragan ait emporté deux pêcheurs très loin des côtes dans leur petite embarcation, l'un d'eux échoua près d'un an plus tard sur une des îles Marshall. de cette image, l'auteur a souhaité en tirer « un laboratoire expérimental idéal où il pourrait créer pour eux un vide existentiel ».

Bolivar est pêcheur et un jour, par besoin d'argent, malgré qu'une tempête se prépare à l'horizon, il se décide quand même de prendre la mer en compagnie du jeune Hector. Alors qu'ils se trouvent au milieu de l'Océan Pacifique, ils vont devoir faire face aux éléments naturels et à l'impossibilité de rentrer au port. C'est alors tout un voyage que nous fait vivre ces deux pauvres êtres, tant sur la mer qu'au plus profond d'eux-mêmes.

C'est une totale immersion dans cette terrible épreuve que vont subir ces infortunés pêcheurs. On tremble avec Bolivar et Hector sur ce bateau de fortune lors du mauvais temps, lors des jours qui suivent au moment où ils se rendent compte petit à petit que les secours n'arrivent pas et que leurs vivres se réduisent à peau de chagrin.

Cette façon dont l'auteur a de décrire cette immensité de l'océan Pacifique est tout à fait exceptionnelle. On ressent les courants marins, on perçoit le clapotis des vagues sur l'embarcation, on hume les embruns marins,… mais aussi on frémit lorsque les requins s'approchent du bateau, lorsque la tempête manque de le faire chavirer, lorsque le soleil brûle les peaux qui se décharnent au fil des jours.

Sans identifier vraiment le pays ou la ville de Bolivar, c'est toute l'ambiance de l'Amérique latine qui y est façonnée savamment avec beaucoup de talents. Ceci nous conte cette histoire regorgeant de sujets tellement actuels, tels que la solitude ou les terribles changements climatiques que la Terre subit.

Je ne peux que vous conseiller vivement ce livre, empreint de philosophie et d'humanité. Je suis certaine qu'on en parlera beaucoup et c'est amplement mérité au vu de ses très nombreuses qualités.
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« Qui sait si la vie n'est pas la mort,
et si mourir n'est pas vivre ? »
Euripide

Je referme ce roman, émue par cette histoire, à la fois tragique, sensible et cruelle.
Inspiré d'une histoire vraie, ce récit est en apparence simple, mais il est porté par une écriture belle, dramatique, poétique et par une tension qui s'impose progressivement.
Le lecteur a la sensation d'être précipité dans un tourbillon émotionnel.

*
Malgré l'annonce d'une très forte tempête, Bolivar, un petit pêcheur sud-américain, persuade Hector, un jeune adolescent inexpérimenté de prendre la mer avec lui.

« Un jour tu devrais m'épouser, Rosa. D'accord, je ne suis qu'un pêcheur, mais je finirai de rembourser le crédit pour ta télé. Et peut-être même que je t'achèterai une jeep. Je te paierai des meubles pour ranger tes affaires. Et tu auras tous les citrons verts que tu voudras. »

*
Tout d'abord, c'est le calme.
La pêche s'annonce excellente.
Et puis le vent se lève sans crier gare, violent, impétueux, qui déchire le silence. L'océan se transforme alors en un monstre géant, ouvrant sa gueule vorace pour engloutir la frêle embarcation.

« Et alors la mer devient ciel. Il plonge la tête entre ses jambes tandis que le bateau atteint le sommet de la vague et qu'un monstrueux tonnerre de glace leur tombe dessus. »

« Les sens à l'affût du moindre frémissement à bord. Il sait qu'une embarcation plus grande se serait déjà disloquée. le panga, en revanche, franchit tel un insecte la montagne de chaque vague. »

Ainsi, la tempête les surprend, les balaie, et les rejette loin de la côte.
Vivants après cette terrible épreuve, mais perdus dans l'immensité de l'océan Pacifique, ils ont peu d'espoir d'être secourus.

« le temps n'est plus le temps, il reste immobile au lieu de s'écouler. »

La vie prend ainsi un sens différent lorsque l'on est à la merci des forces de la nature. Au fil des jours, chacun doit se battre et repousser ses limites physiques et mentales pour rester en vie, ne pas renoncer. Les corps sont sollicités, soumis à la faim, à la soif, au manque de sommeil.

« Il pense aux diverses formes sous lesquelles pourra se présenter la mort. »

Mais comment survivre au manque de nourriture, à la réserve d'eau qui s'épuise ? Comment endurer la chaleur implacable, le froid mordant, les pluies torrentielles, la fureur de l'océan ? Comment surmonter l'épuisement, le découragement, la peur, l'attente interminable, la solitude ?

*
Le ton est juste, saisissant. L'écriture est belle, soignée.
Sans voyeurisme, ni pathos, Paul Lynch restitue avec beaucoup de justesse et de finesse, la psychologie de ses personnages. Son analyse est vraiment remarquable, l'auteur s'attachant à décrire au plus près, leurs sentiments et leurs émotions. Et c'est ce qui donne toute sa force à ce récit parfaitement maîtrisé.

La nature hostile est initiatique, elle confronte les deux pêcheurs à de terribles tempêtes intérieures et les dénudent peu à peu, sans faux-semblant, elle révèle leur vraie nature.

« Plonger au creux des vagues, plonger aux tréfonds de la peur insondable et aveugle qui repose dans le coeur de chaque homme. »

Par flashbacks, Paul Lynch remonte dans leurs souvenirs, leurs erreurs passées et l'on comprend mieux leurs remords et leur envie d'une seconde chance.

« Ce ne sont que des petites choses, dont je suis coupable, mais elles s'ajoutent les unes aux autres. Et moi je suis la somme de tout ça… Et ce sentiment est plus fort que toutes mes souffrances physiques… Et je passe mon temps à me souvenir de tout, je me reporte à chacun de mes actes. »

Se dessine aussi, doucement, leur caractère. L'auteur sait parfaitement suggérer leurs peurs, leur égoïsme, leur colère, leur solitude, le désespoir qui monte, la folie jamais très loin.

« Son esprit lui présente une image – le garçon se laissant glisser dans l'eau qui l'enveloppe comme une sépulture. »

*
L'océan n'est pas seulement une toile de fond, elle interfère dans leur vie et leur survie. L'auteur n'a pas son pareil pour décrire sa beauté, sa placidité, sa violence aussi. Ces passages sont magnifiques et montrent les différents visages de l'océan, du ciel, les jeux de lumière qui créent de multiples ambiances.

*
J'ai apprécié également le message écologique contenu en arrière-plan, l'océan « poubelle » charriant des tonnes de déchets plastiques dont les résidus se retrouvent dans les viscères des oiseaux.

« Démêlant sa provision de sacs en plastique, il entreprend de les trier. Il y a là des teintes et des inscriptions de toutes sortes. Il examine les logos délavés, les langues qui lui sont inconnues. Des mots brouillés, des idéogrammes. À observer ces sacs, il se fait brièvement l'impression d'un homme vivant la fin des temps humains, s'interrogeant sur les vestiges de civilisations étrangères et englouties, dont la mer a patiemment réduit à néant toutes les traces écrites. »

*
Pour conclure, Paul Lynch a écrit un magnifique roman d'atmosphère, à la fois effrayant, envoûtant et incroyablement émouvant. « Au-delà de la mer » entraîne le lecteur dans un huis-clos marin, tragique et captivant dans lequel l'homme est autant face à la mer qu'à lui-même.
Les questions de survie, de souffrance, de courage, de force, d'entraide, d'espoir, de renoncement sont abordées avec beaucoup de finesse et de sensibilité.

J'ai aimé plonger dans l'intimité de ces deux hommes, j'ai aimé ce récit à la beauté tragique et déroutante. Une très belle lecture.
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Un des livres les plus attendus de cette rentrée littéraire n'est nul autre que le nouveau roman de l'auteur irlandais Paul Lynch, son quatrième roman pour un auteur unanimement salué par la critique pour ses trois précédentes oeuvres. Nul doute que « Au-delà de la mer« , publié par les éditions Albin Michel, va encore renforcer ce capital sympathie auprès de la critique et du grand public. Un ouvrage saisissant, hanté, aux frontières du rêve et de la réalité, aux confins de la vie et de la mort. Un récit tel un cri déchirant sur l'âpreté de la vie, le poids de la culpabilité et un roman servi par une plume écorchée, qui nous ronge jusqu'à l'os, à l'image de ces deux êtres perdus en pleine mer. Bolivar est un pêcheur sud américain endurci, à la peau tanné et au cuir épais. Il en a vu d'autres. La vie n'est que satisfaction des besoins primaires pour lui. Sa compagne est d'une tristesse mais il ne veut pas le voir. Ainsi alors que le manque d'argent se fait criant, Bolivar va jouer au dé son destin et celui d'un adolescent, Hector, qui se décide à partir finalement avec celui-ci. Pourtant, la tempête s'annonce, elle rugit et menace au large. Mais je vous l'ai dit, Bolivar est un être comme un roc sur qui tout ruisselle, même le danger d'une tempête ne l'effraie nullement. Les voilà partis, Hector et Bolivar, deux êtres qui ne se connaissent pas. La mer est très agitée, les vagues déferlent contre l'embarcation. C'est la lutte venant du fond des âges, celle menée en face à face entre l'homme et la nature implacable et féroce. L'Hybris , la démesure de Bolivar confronté à ce que l'homme craint le plus, l'imprévisibilité de la mer, son basculement entre beauté et vagues gigantesques, creux de plusieurs mètres qui mettent en péril l'embarcation. Bientôt, le moteur et le système de communication ne fonctionnent plus et voilà Bolivar et Hector perdu en pleine océan. Ils vont devoir apprendre à s'apprivoiser mutuellement. Jusqu'où iront-ils pour survivre ? Hector, l'adolescent fragile et torturé, et Bolivar, l'homme revenu de tout. Chacun est ancré dans deux réalités totalement distinctes. La soif les ronge au bout de quelques jours..

« L'espoir ce n'est rien qu'une petite flamme, pense Bolivar. On le nourrit d'une petite chose et puis d'une autre. C'est ainsi que nous vivons.«

Dans ce tête à tête, alors qu'Hector recherche la rédemption, Bolivar lui continue d'être uniquement préoccupé par la survie, et ce à tout prix. Une plongée en apnée dans la psyché de Bolivar et Hector. Qui est Bolivar ? Que cache t'il derrière cette muraille infranchissable ? Ce roman est un questionnement sur le fil ténu entre la vie et la mort, la folie qui nous guette, une réflexion philosophique sur le sens de nos actes et le poids de la destinée, de la culpabilité. Bolivar et Hector sont les marionnettes de quelque chose de plus grand, qui les dépassent totalement. On songe à Hemingway bien évidemment et à Camus. Porté par un souffle certain, ce huis clos en pleine océan est d'une grande justesse et d'une beauté redoutable, de celle qui nous ensorcelle. On termine ce roman « Au-delà de la mer » la gorge sèche et le souffle court. Un roman inoubliable et qui fait partie des livres indispensables à lire en cette rentrée littéraire. Laissez vous tenter.
Je remercie très chaleureusement les Éditions Albin-Michel et sa collection « Terres d'Amérique » pour cette lecture et leur confiance !


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Paul Lynch , auteur irlandais change d'endroit pour son nouveau roman. Il campe l'histoire de son roman en Amérique du Sud, cette fois-ci, dans un pays indéterminé, le long de la côte.
Bolivar est un pêcheur, en manque d'argent et avec des dettes il se sent obligé de repartir en mer pour pêcher et gagner de l'argent, malgré la violente tempête qui s'annonce. Ne trouvant pas son coéquipier, il embauche le jeune Hector, pas tres motivé. Bolivar est une force de la nature, un pêcheur aguerri, il en a vu d'autres, des tempêtes depuis le temps qu'il bourlingue sur l'océan.
Mais cette tempête est vraiment terrible, quand elle s'achève, ils n'ont plus de moteur, plus de radio,plus de matériel de pêche, ils sont sans lien avec la terre ferme, coupés du monde. Les voilà condamnés à dériver jusqu'à ce que l'on vienne à leur secours. Bolivar est très optimiste, on va les rechercher et envoyer des secours. c'est une question d'heures. Mais les jours passent et personne ne vient....
Tandis que Bolivar s'agite pour pêcher ou attraper des oiseaux pour manger, mettre des récipients pour récupérer l'eau douce quand il pleut. Hector s'enfonce de plus en plus dans la léthargie et le mysticisme. Il refuse de manger cru de surcroît et n'accepte qu'un peu d'eau.
C'est un huis clos en pleine mer qui s'offre à nous, avec deux personnages diamétralement opposés , Bolivar, le battant qui choisit la vie et va se battre jusqu'au bout et Hector plus mystique qui pense que c'est son destin et qui l'accepte. Bolivar est en mode survie, dévorant des oiseaux crus, buvant leur sang, prêt à tout pour survivre. Hector se refugie dans la foi, se fabrique une petite statue de la vierge et prieet refuse de s'alimenter.
Paul Lynch s'est inspiré d'un fait divers en Amérique du Sud ou un pecheur emporté par la tempête, a derivé pendant 1 an avant de s'échouer sur la côte.
J'ai beaucoup aimé ce roman original où deux hommes dans un huis clos implacable vont affronter la nature et se retrouver face à face et face à eux même surtout, face à leur passé, à leurs regrets, à leurs rêves, à leurs cauchemars, aux fantômes de la mort qui hantent leurs nuits. Deux hommes minuscules sur une coquille de noix dans l'immensité de l'océan insensible à leur cas.
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Quatrième roman en France pour l'irlandais Paul Lynch avec, cette fois, une escapade hors du continent pour Au-delà de la mer.
Après Grace, formidable récit sur la « Grande Famine irlandaise » en 1845, c'est d'une autre épreuve terrible que va nous parler l'auteur, une épreuve à taille humaine inspirée d'un fait divers qui voyait à propos de deux pêcheurs emportés par la tempête en 2013 et dont l'un a échoué sur les plages de l'île Marshall l'année suivante.
Prenez vos provisions et cramponnez-vous au bastingage, nous voici au large pour la rentrée littéraire d'Albin Michel !

Deux hommes à la mer
C'est sur une journée ordinaire dans un village côtier d'Amérique du Sud que s'ouvre Au-delà de la mer alors que Bolivar, pêcheur chevronné mais égoïste et paresseux, cherche son fidèle associé, Angel.
Mais voilà qu'Angel a disparu et qu'en l'absence de son complice habituel, c'est le jeune Hector qui doit faire équipe avec Bolivar.
Inexpérimenté et timide, Hector s'embarque pour une pêche à haut risque. En effet, au large, une tempête se prépare mais Bolivar, entêté et orgueilleux, s'obstine. Bientôt ballotés par les flots et fouettés par les vents, les deux hommes luttent pour ne pas finir noyés, écopant sans fin dans ce qui semble être la fin du monde. Perdu en plein milieu de l'océan, Hector et Bolivar vont devoir affronté la solitude, la faim, la soif et…eux-mêmes !
Une fois l'introduction passée et les premiers coups de serpes sur le personnage rude de Bolivar, Paul Lynch emmène son lecteur pour une confrontation à la Nature et, plus particulièrement, face à la colère de l'océan. Au-delà de la mer s'intéresse à l'homme confronté aux forces naturelles mais, surtout, à l'immensité et au vide. Bolivar et Hector comprennent rapidement que, perdus dans ce désert bleu qui n'en finit pas, leur existence même ne signifie plus rien, qu'ils ne sont eux-mêmes plus rien.
Cette révélation de l'insignifiance humaine va de pair avec un aspect survivaliste où chacun des deux personnages possède un approche différente de la situation. D'un côté, le vieux Bolivar pour qui le sauvetage ne fait aucune doute, qui pense pratique, qui s'occupe, pêche, se construit une routine face au néant. de l'autre, Hector, beaucoup plus faible psychologiquement, abattu (ou lucide ?) sur leur condition désespérée et qui se laisse lentement glisser vers le désespoir et la mort.
Deux approches, deux humanités, deux destins différents.

Vivre pour exister
Au-delà de la mer n'est cependant pas là pour nous expliquer par le menu la façon dont vont pouvoir survivre (ou pas) les deux pêcheurs. Paul Lynch n'écrit pas un roman de survie mais un roman sur la rédemption et sur l'homme mis face à lui-même. Coupés du monde, Hector et Bolivar n'ont plus grand chose d'autre à faire que de penser à leurs vies respectives et à leurs propres péchés. Il est d'ailleurs intéressant de voir que Paul Lynch utilise volontiers « pêcheur » dans ses deux sens du terme : le sens pratique et le sens spirituel/religieux. La survie des deux hommes prend rapidement une envergure mystique et philosophique, replongeant l'un dans sa jalousie exacerbée et l'autre dans sa lâcheté. Les deux sont rongés par des femmes, qu'ils les aient quitté de gré ou de force. L'auteur irlandais s'interroge et se questionne, sonde les âmes et les histoires, lui dont la plume offre encore une fois nombre d'envolées poétiques et une implacable précision pour saisir les turpitudes de l'esprit humain.
Le roman, pourtant, semble bien plus âpre que Grace, la faute à une unité de lieu et à un temps qui s'effiloche, devenant même une donnée secondaire puisque le lecteur ne sait rapidement plus combien de jours se sont écoulés depuis la tempête. Ce parti-pris narratif demande donc un surplus de concentration au lecteur et d'accepter de se perdre dans la psyché de deux hommes en pleine introspection, deux hommes qui frôlent dangereusement la folie et qui se soumettent au jugement du lecteur comme à celui de Dieu.

Avoir la foi
La foi occupe une place à part dans Au-delà de la mer. On sent le récit marqué par la chrétienté et le sens biblique, Hector et Bolivar se révélant pêcheurs et l'océan une sorte de purgatoire qui leur permet d'affirmer le meilleur et le pire d'eux-mêmes. Lentement, l'histoire dérive vers la noirceur et le désespoir et la foi des deux hommes est testée, une foi qui prend des formes différentes, littérale pour Hector qui prie la Vierge et le Seigneur, plus « réaliste » pour Bolivar, totalement convaincu qu'une équipe de sauvetage est en route, si convaincu qu'il en prépare Noël avec gaieté. Au fur et à mesure de cette longue épreuve, des éléments quasi-fantastiques viennent s'ajouter au chemin de croix des survivants et cet océan devient la métaphore d'une rédemption, celle de Bolivar, hanté par sa fille et son ex-femme, hanté par ce qu'il a vu dans les montagnes et par les péchés de sa vie d'antan. L'expiation flirte avec la mort, les regrets avec la douleur, le sel marin avec les hallucinations. Tout se brouille et se mêle, confrontant l'homme à sa véritable nature, faillible et insignifiante au milieu de l'immensité et de la Toute Puissance du Dieu Nature. C'est l'épreuve de la solitude qui finit par révéler l'âme des uns et des autres, c'est aussi, en filigrane, la pollution de notre planète par ces bouts de plastiques et déchets que recueillent nos naufragés sur l'océan et dans l'estomac des poissons et oiseaux qu'ils piègent. C'est enfin la cruauté du temps qui passe, de l'oubli par les siens et de l'infini de l'esprit humain capable de se tourmenter au moins autant qu'il se réconforte même en l'absence d'une seule lueur d'espoir à l'horizon.

Plus rude à aborder que Grace, Au-delà de la mer finit par emporter l'adhésion grâce à la plume toujours formidable de Paul Lynch et à son tableau sans concession de l'homme face à lui-même. Métaphore de la rédemption et de l'expiation, renaissance et mort, beauté et noirceur, voici donc les mots qui résonnent sur l'océan tandis que Bolivar et Hector s'accrochent désespérément à la vie. Une expérience fascinante.
Lien : https://justaword.fr/au-del%..
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Un adolescent et un homme se retrouvent bloqués sur un bateau, suite à une tempête. Ce huis clos obligé, engendra une introspection sur leurs vies présentes et les erreurs du passé. L'idée était intéressante, mais j'ai trouvé qu'il manquait des arguments, la situation trop vague. Un soupçon d'écologie qui me laissait espérer que... Un livre peu épais qui m'a paru long, est-ce dû aux répétitions ? Il y a un côté David Vann pour le genre sans le panache.
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Comment passer d'un sentiment à un autre opposé au sein d'un même livre ? C'est l'expérience vécue durant la lecture de Au-delà de la mer de Paul Lynch, traduit par Marina Boraso.

J'ai d'abord été totalement emporté par cette première partie qui voit Bolivar, pêcheur d'un petit port d'Amérique du Sud au bord du Pacifique, décider de prendre la mer coûte que coûte, malgré la tempête annoncée et les avertissements de ses pairs.

Tout juste décide t-il d'embarquer avec lui le jeune Hector pour pallier la défection de son binôme habituel. Pour Bolivar comme pour Hector, les potentielles rentrées d'argent pèsent bien plus lourd que le danger. Qui survient finalement. Comme annoncé.

Rescapé de la tempête mais dérivant sur ce qui n'est plus un bateau mais une épave tout juste flottante, Bolivar et Hector vont affronter le soleil, la pluie, la faim, la soif. Un huis-clos dramatique qui devient au fil des jours introspectif pour les deux hommes, entre remise en cause et hallucinations. Entre vie et mort. Entre passé douloureux et futur hypothétique.

Et c'est là que j'ai décroché. Non que l'écriture de Lynch ne soit pas belle et poétique, bien au contraire. Mais les changements successifs de rythme, de genre et d'ambiance m'ont perdu. le passage d'une première partie où la montée en puissance du drame est incroyablement puissante, à une deuxième où l'angoisse s'installe, pour finir sur une dernière où la lenteur contemplative m'a paru interminable, m'a déstabilisé.

Rendez-vous manqué donc pour ce premier Paul Lynch. Pas grave puisque mon avis est très isolé dans les louanges généralement lues ci-et-là.
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La poésie de la langue de Paul Lynch embrasse l'onde et l'embrase d'aubes et de crépuscules qui se succèdent, invariablement monotones malgré leur superbe, tout comme la plume de l'auteur. Son récit lui permet d'aborder la frontière entre raison et folie, de dériver parfois sur des flots philosophiques pour toujours revenir à son pêcheur et son acolyte, également pécheurs pleins de remords confrontés à leurs souvenirs sans autre horizon que cette mer infinie (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2021/08/30/au-dela-de-la-mer-paul-lynch/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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