AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,03

sur 50 notes
5
1 avis
4
3 avis
3
5 avis
2
2 avis
1
0 avis
Et hop, un petit livre chinois pour la route. Enfin , livre d'un exilé chinois, puisque Ma Jian n'a pas que des copains dans son pays natal qu'il a quitté en 1987.
Un écrivain professionnel, à savoir assujetti au parti, doit écrire un roman s'inspirant de Li feng , héros de la Révolution maoïste. On est en 1990 , la Chine s'ouvre au libéralisme sous l'égide de Deng et à travers ses recherches de sujet pour son livre , l'écrivain va nous faire rencontrer divers personnages truculents , évoluant dans un monde qu'ils essaient plus ou moins d' appréhender.
Il s'agit sans doute d'un recueil de nouvelles mais certains livres sont assimilés à des romans pour moins que cela.
Qu'en dire de ses nouilles chinoises ? Elles m'ont paru bien insipides au début ou tout au moins trop complexes, ne sachant pas si l'on était dans le récit de l'écrivain, dans une histoire vraie dont il s'inspirait..
Et puis la verve des mots , la puissance des idées , la truculence des situation et surtout le choc cataclysmique que les chinois ont vécu aux alentours des années 90 ont pris le dessus. Et je me suis laissé porter par ces phrases loin d'être innocente, qui traduisent certes l'absurdité du système politique chinois mais aussi la grande plongée dans l'inconnue qu'est le capitalisme , avec des entrepreneurs qui exploitent les gens autour du dons du sang , de la mort.
Rare sont les romans chinois sans un petit couplet autour du cul, et celui là ne déroge pas à la règle. L'étude des rapports hommes/ femmes autour de ce thème là me donne toujours une impression que je ne retrouve dans aucune autre littérature . Il y a de la soumission , de la violence , des consentements incompréhensibles vus de ma position occidentale . Il y a aussi le poids des traditions. On est loin de "faire la pluie et le vent ".
Il y a ici un chapitre sur l'importance des seins , là aussi apparaissant démesuré et un couplet sur la politique de l'enfant unique .
Un livre original, dont finalement on se moque de la structure . Un livre sur l'émergence de la Chine de Shenzhen, des femmes qui bouclent leurs cheveux et parent leurs ongles de couleurs, un livre où l'attrait du libéralisme et les contraintes étatiques semblent antagonistes. Un livre sur la mutation de la Chine.
Commenter  J’apprécie          320
Roman très étrange et déroutant où le vulgaire côtoie le poétique. Mais je n'ai probablement pas toutes les clés pour apprécier pleinement la saveur de ces nouilles chinoises, et pourtant j'adore la cuisine chinoise.

On y trouve tous les ingrédients de la Chine moderne: séances d'auto-critique pour comportement petit-bourgeois, chants patriotiques diffusés par haut-parleurs dans les rues des villages, réunions interminables du Parti dont seuls quelques privilégiés peuvent « bénéficier », influence et fascination pour la culture japonaise, politique de l'enfant unique, et enfin semblant de revirement doctrinal avec l'adoption d'une politique dite d'ouverture qui a provoqué une perte totale de repère pour la société chinoise.

On est très loin du romantisme d'autres écrivains chinois. Ici on se rapprocherait d'un réalisme fantastique, peut-être de la même veine que Mo Yan. L'auteur, exilé à Londres, décrit son pays sur un ton cynique derrière lequel se cache peut-être une immense tristesse.

Dans l'ensemble, j'ai eu beaucoup de mal à m'approprier cette succession de nouvelles. Deux histoires, sur une petite dizaine, m'ont tiré d'une sorte d'apathie : celle de l'écrivain public qui tombe amoureux des destinataires des lettres d'amour que ses clients lui commandent (ce sont les risques du métier) et celle du chien parlant qui nous explique quel est le régime politique idéal.
Commenter  J’apprécie          250
En neuf épisodes, Ma Jian évoque - à nouveau - la société chinoise placée sous l'autorité du Parti tout-puissant. Ici, ce sont deux dîneurs qui se rencontrent régulièrement : l'écrivain professionnel payé par le Parti et le donneur de sang. Enfin « donneur », n'exagérons pas ! Vendeur serait plus juste, lui qui s'enrichit éhontément en vendant son sang au nom d'entreprises qui se dispensent, grâce à lui, de cette obligation citoyenne.

Quant à l'écrivain à la solde du Pouvoir, il est supposé écrire sur un bon sujet révolutionnaire tel que le brave Lei Peng, figure iconique du Parti. Mais lui qui rêve d'entrer dans le Grand Dictionnaire des Écrivains chinois, voudrait raconter la vie des gens qu'il croise.

Ce qui donne lieu à des histoires qui se suivent, se rejoignent, s'enroulent les unes dans les autres, certaines abjectes ( dont une horrible scène de viol public dépassant l'imagination), d'autres fantastiques (ce chien doué de parole, dit « survivant », quoique empaillé dans un musée, mort pour avoir appartenu à l'écrivain : chiens interdits!), totalement absurdes (histoire de seins devenus gros à force d'être pressés! Ou encore actrice qui rêve de se suicider, croquée à belle dents par un tigre !).

L'imagination de l'auteur nous déroute, nous fait toucher du doigt les réalités à peines voilées de la société chinoise, l'absurdité, l'inhumanité de ce monde qu'il récuse et dont il est exclu, lui qui vit depuis 1987 à Hong Kong (le livre date de 1991). Il est toujours en vie, aujourd'hui de nationalité britannique.

La route sombre m'avait davantage intéressée que cette suite d'histoires. Ce plat de Nouilles chinoises, dont on voit bien qu'elles s'enroulent et se brouillent, manque de légèreté !
Commenter  J’apprécie          112
D'une écriture plus dense, moins fluide que "la route sombre" , on prend plaisir pour autant à ces portraits multiples qui s'entrecroisent. Une vraie découverte aussi de la chine des années 90 avec cette vision des gens sans grade. J'ai particulierement aimé la nouvelle sur le propriétaire d'un four de crémation et sa mère.
Commenter  J’apprécie          110
Après avoir lu différents auteurs ayant écrit sur la révolution culturelle chinoise, Ma Jian est pour moi le plus compétent pour nous amener dans une chine à deux facettes, celle du peuple et celle dépeinte par l'état.

Nouilles chinoises est un roman de nouvelles contées par un personnage étant écrivain et qui se doit d'écrire sur le nouveau représentant travailleur de la nation.

Ne souhaitant pas opter pour un personnage trop représentatif du parti il jette son dévolu tantôt sur des cas isolés de la société chinoise qu'il contemple de sa fenêtre , tantôt sur des personnages croisés dont il narre les péripéties les estimant bien plus éloquents.

Au sein de ces nouvelles , l'écrivain , homme idéaliste ne gagnant pas sa vie mais souhaitant évoquer les travers de son pays , débat sur ces parcelles de vie et la situation de la nation avec un donneur de sang impartial à la solde du parti ayant fait fortune grâce à l'hémoglobine.

Après son chef d'oeuvre " Beijing Coma" , ma Jian nous plonge dans une chine grotesque et déconcertante de réalité.

Un livre sur la révolution culturelle, ses failles et toute son atrocité , le tout sous la plume magistrale , parfois onirique mais toujours cynique de Ma Jian.
Commenter  J’apprécie          50
J'ai cru que j'allais retrouver un roman jubilatoire comme l'était Servir le peuple de Yan Lianke, également interdit en Chine, mais ces Nouilles chinoises n'ont nullement rassasié mon appétît. Je reste sur ma faim, comme Camille, peu accrochée par la forme littéraire, peinant souvent à la lecture. Plusieurs coquilles et erreurs d'orthographe m'ont fait aussi me demander si le livre avait été correctement relu avant parution... Pourtant, les personnages que l'Ecrivain du roman dresse ne manquent pas d'intérêt, souvent surréalistes, au comportement excentrique, inhumain. Un directeur frénétiquement volage, un fossoyeur qui a un rapport incoyable avec les cadavres, un père qui tente chaque jour d'abandonner sa fille, un chien bavard qui tient tête à son maître... Autant d'histoires sous la plume de notre Ecrivain professionnel ; on les lit comme des nouvelles.
Mais on les lit avec distance, sans être conquis. (...)
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
Commenter  J’apprécie          40
Une critique de la société, mais aussi des hommes, à voir les différents personnages abjects, vus comme des citoyens modèles. Ce n'est absolument pas une lecture légère et divertissante, mais j'y ai quand même bien trouvé mon compte et pour moi, rien dans ce livre n'est gratuit. Une lecture enrichissante pour moi !
Lien : https://www.verslest.org/201..
Commenter  J’apprécie          30
Un livre illustrateur des contradictions vivantes au coeur de la société chinoise. Entre capitalisme et communisme, mondialisation et protectionnisme, ces nouvelles au carrefour de l'absurbe nous brosse un portrait de la Chine des années 90 loin des clichés.
Commenter  J’apprécie          20
Ma Jian écrit sur un ton très juste de la difficulté des relations entre les hommes et les femmes, entre les gens et les générations, les relations à l'Autorité, à la Révolution... le tout avec une certaine jubilation
Commenter  J’apprécie          10
Amateur de nouvelles, je recommande ce recueil aux lecteurs qui ne connaissent pas Ma Jian et qui souhaitent aborder son oeuvre par un récit un peu plus court que Beijing coma.
La nouvelle relative au marché de la mort et des sépultures est édifiantes.
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (100) Voir plus



Quiz Voir plus

Compléter les titres

Orgueil et ..., de Jane Austen ?

Modestie
Vantardise
Innocence
Préjugé

10 questions
20256 lecteurs ont répondu
Thèmes : humourCréer un quiz sur ce livre

{* *}