Un magnifique livre commentant la rencontre de Jésus avec la Samaritaine à travers une relecture spirituelle du récit de Jean. Très beau !
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"Donne-moi à boire" Jésus commence par demander à la samaritaine ce qu'il est déjà entrain de lui donner. "Donne moi ce que tu es et je te rendrai qui tu es" Ceci est d'une importance dont nous n'avons pas encore pris la mesure : la rencontre entre Dieu et l'homme s'engage par une demande à partir de laquelle le Christ va peu à peu révéler son identité pour nous faire découvrir la nôtre....
Dieu s'engage dans notre chair, notre réalité première, avec ses faiblesses, ses limites, ses besoins, pour attirer notre chair à une réalité plus profonde qui est déjà en elle mais que nous ne percevons pas.... "Donne-moi" qui laisse entendre "toi, telle que tu es, donne-moi" ; et pour finalement dire "donne-moi, toi"... Jésus a soif de notre soif. Lui donner à boire, c'est lui donner notre soif. Et pour cela il vient l'éveiller en nous. En nous montrant de quelle soif il brûle, il veut nous éveiller à une soif plus profonde : Il veut capter en lui toutes nos soifs parce que lui seul peut y répondre, lui le Christ, qui concentre en sa personne l'accomplissement du genre humain."
"Donne-moi à boire..." On n'entend pas la puissance de cette demande. Cette manière propre de Jésus est de l'ordre du lavement des pieds. Il n'y a pas seulement le geste de l'abaissement. Cette requête dit en substance : "si tu ne me donnes pas à boire, si tu ne me remets pas ce que tu es, comme tu es, je ne peux rien te donner de ce que je suis".
La samaritaine répondra d'ailleurs en manifestant le même retournement que Pierre. Tout passe , tout ne peut passer que par cette "admirable échange", dans lequel et par lequel Jésus se donne, s'approche pour nous transformer en lui. Il attend que nous nous donnions, nous abandonnions, de nous cédions le peu que nous sommes, les cinq pains de nos existences boiteuses, le petit peu d'eau tiédasse de notre cruche, pour les transformer en abondance, en fleuve d'eau vive. Lui, la Vie, ne peut se transmettre qu'en passant par notre vie, en l'embrasant, après l'avoir embrassée.
Or la source ne s’oppose pas au puits : elle lui est sous-jacente, latente, imperceptible – plus profonde, plus secrète. Le puits, en somme, c’est la culture, la tradition, le bâti nécessaire. La source, c’est la vie dans sa pureté jaillissante. Elle est comme la sève sous l’enveloppe, le noyau à l’intime du fruit, le germe au-dedans de la graine, le foyer qui palpite entre les murs de la maison. Le puits, c’est la religion avec ses multiples sédimentations, la loi, ses cadres et ses inévitables approximations. La source, c’est la foi dans la vérité et la force de la rencontre. Il ne s’agit pas de les opposer : il s’agit seulement de ne pas les confondre et de comprendre que la seconde est essentielle à la première. La première protège la seconde.