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Pas de chance pour Lew Archer d'être tombé sur cet autostoppeur. Peinant à lever le bras, la bouche rouge de sang, le visage jaune. Alors qu'il tente de le mettre, tant bien que mal, dans sa voiture, il constate une blessure dans le torse. Aussitôt, il reprend la route et aperçoit les néons clignotants d'un hôtel, le Kerrigan's court. Dans le hall, il tombe sur le couple Kerrigan, Kate et Don. Lew leur demande de prévenir une ambulance. Malheureusement, celle-ci arrivera trop tard, l'homme décédant peu après son arrivée aux urgences. Obligé de rester sur place le temps de l'enquête, le détective privé apprend que la victime était Tony Aquista, un chauffeur qui travaillait pour l'entreprise Meyer, et que sa cargaison de bourbon haut de gamme a été dérobée. Lew Archer propose alors ses services à Meyer pour tenter de retrouver d'une part, les malfrats, d'autre part sa fille, Anne, gérante du Kerrigan's court, qui n'a pas donné signe de vie depuis plusieurs jours...

À Las Cruces, bourgade au sud de la Californie, Lew Archer, détective privé, y fera une halte imprévue afin d'aider un notable local à retrouver l'assassin de son chauffeur, la cargaison de son camion ainsi que sa fille cadette. Lew se retrouvera empêtré au coeur de sombres histoires familiales et conjugales. Autour du détective cynique et détaché gravite une galerie de personnages plus ou moins retors ou inquiétants : un shérif borné, un mari infidèle, une chanteuse naïve, une femme blessée ou encore des hommes sans scrupules. Au fil des pages, chacun révèle ses failles et ses blessures et le mystère s'épaissit autour d'une enquête crapuleuse. Ross MacDonald nous offre un roman noir pertinent et bien ficelé habité par des personnages complexes et servi par une plume riche et descriptive.
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Les romans de Ross MacDonald sont bourrés de charme, celui-ci ne fait pas exception. Publié en 1954, il a évidemment un petit côté vintage (Ici pas de téléphone portable, pas d'ordinateur, pas de traces ADN…) et je trouve ça reposant.
Mais il n'y a pas que ça, ils sont très bien écrit. Poésie et phrases percutantes se côtoient sans temps morts et surprennent le lecteur, l'entourloupent, le séduisent …
On retrouve son héros-détective, Lew Archer qui n'a vraiment pas de bol de tomber dans chaque roman, sur des cadavres… En voyage professionnel , il tombera sur un auto-stoppeur inconscient et gravement blessé , lequel le mènera vers un vol de camion. le temps d'un entretien avec le shérif local, il fricotera avec la femme d'un autre, croisera deux adultères , un père incestueux et des cadavres .
Au moins trois cadavres…

Las Cruces est une petite ville presque fantôme sous la plume de Ross Macdonald, seuls y évoluent une poignée de personnages . L'histoire est pleine de rebondissements mais curieusement ce n'est pas le suspens qui séduit le plus. Ce qui "claque " chez Macdonald, c'est l'écriture, c'est le style. Et du style , il en a à revendre.
Qui est la victime ? celle qui est morte ou celle qui est vivante mais , à qui on a fait du mal ?
Trouver une victime...Un roman noir classe, très très classe...
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« Trouver une victime », publié 1954, fait partie de la série consacrée aux enquêtes menées par Lew Archer. Son auteur, Ross Macdonald, est sans doute le romancier le plus méconnu du « triangle d'or » du roman noir qu'il forme avec Dashiell Hammett et Raymond Chandler. Si les années cinquante nous apparaissent rétrospectivement comme une forme de jardin d'Eden oublié, ses romans nous rappellent que la cupidité, la duplicité, et la folie ne sont pas l'apanage exclusif de notre époque.

Le charme de la série doit énormément à son héros Lew Archer. Après une jeunesse tumultueuse, ce dernier s'engage dans l'armée pendant la seconde guerre mondiale, puis rejoint les rangs de la police qu'il quittera écoeuré par la corruption qui y règne. Divorcé et beau garçon, le héros de Ross Macdonald se lance comme détective privé dans la Cité des Anges. Son ironie acide, le regard désabusé parfois teinté de mélancolie qu'il porte sur ses contemporains, son inaltérable honnêteté, son peu de goût pour l'argent ainsi que son remarquable swing du droit en font un personnage terriblement attachant. Lew évoque inévitablement Marlowe, mais aussi les personnages qui lui succèderont, tels que Harry Bosh ou Dave Robicheaux, deux anciens du Vietnam qui hantent les longues séries imaginées par Michael Connelly et James Lee Burke.

« C'était l'auto-stoppeur le plus épouvantable qui m'eût jamais fait signe. Il s'était redressé à genoux dans le fossé, avait levé un bras. Ses yeux étaient des trous noirs dans son visage jaune, sa bouche une brillante tache de rouge comme un sourire de clown ».

C'est ainsi que commence le roman : Lew Archer tente, en vain, de sauver un auto-stoppeur sur le point mourir. Intrigué par la mort du jeune homme, la disparition d'un camion chargé d'une impressionnante cargaison d'alcool, le détective privé va se lancer sur les traces de la fille du propriétaire, elle aussi disparue, et s'attarder plus que de raison dans la petite ville de Las Cruces.

Si l'intrigue est habilement menée, le magnétisme du roman tient évidemment à son ambiance noire, que n'aurait pas reniée Raymond Chandler. Lew Archer n'est jamais très loin lorsque les macchabées s'accumulent. Son sens de l'esquive et sa droite bien ajustée lui permettent de se sortir de situations mal engagées, même si notre héros est parfois pris en traître par un crochet du gauche qui fait mouche et l'envoie sombrer dans un sommeil aussi opaque qu'une nuit sans lune. Les femmes fatales et des jeunes filles délurées hantent le récit, et s'il arrive que notre détective désabusé ne soit pas insensible au charme d'une épouse délaissée, il se conduit néanmoins toujours en gentleman.

« Trouver une victime » touche juste lorsque Ross Macdonald nous fait partager le regard de son héros sur la faune locale, un regard qui mêle une ironie mordante à un désenchantement existentiel. Mais là où le romancier fait véritablement mouche, c'est lorsqu'il insuffle une forme de grâce, de poésie un peu décalée au récit, lorsqu'il quitte un instant le rivage de son intrigue pour rejoindre celui de la beauté d'un monde qui disparaît dans le rétroviseur de Lew Archer.

« Un liseré de chaux blanche apparut d'abord tout au long de l'horizon, puis le ciel s'embrasa aux couleurs d'un juke-box. le soleil claqua dans mon rétroviseur comme une pièce de monnaie brillante brusquement éjectée d'une machine. le désert caméléon pastichait le ciel, les arbres de Josué s'inclinaient comme des déments vers l'avancée de l'aube. »
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Un 67 ans d'âge, même pas frelaté.

L'avantage des grands polars classiques, c'est qu'ils traversent le temps sans dommage. La saga Lew Archer de Ross Macdonald fait partie de cette catégorie et Trouver une victime (toujours traduit par Jacques Mailhos) ne déroge pas à la règle.

Comme à son habitude, Macdonald soigne ses bases : lieu, intrigue et personnages. Classique je vous dis. Mais propre.

Le lieu ? Las Cruces au Nouveau Mexique, une ville posée à la croisée de la transversale Est-Ouest du sud des USA et de la verticale qui file vers Juarez et l'autre Mexique, le vrai. Une plaque tournante idéale pour les trafics transfrontaliers de whisky et les truands qui les opèrent. Classique. Mais propre.

L'intrigue ? le presque-cadavre retrouvé d'un de ces convoyeurs, victime collatérale d'un gigantesque jeu de tromperies professionnelles, juridiques et conjugales, sur fond de vengeances et de jalousies remontant au passé. Classique. Mais propre.

Et les personnages enfin ? Archer, tout d'abord, privé sans faux col, caricature attachante de notre représentation collective du genre, malheureusement peu expansif sur sa vie ou son passé dans cet opus. Puis le shérif local, le DA, le patron de bar-baronnet local, sans oublier l'épouse bien rangée et les pépées peu farouches. Classique. Mais propre.

Chez Macdonald, pas d'effet de style, pas de twist de fin de chapitre, pas de coup de théâtre final qui te retourne son lecteur. Rien que du classique. Rien que du très propre. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ça fait vraiment du bien de s'envoyer un petit 67 ans d'âge comme celui-là de temps en temps !
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Lew Archer traverse le sud de la Californie en voiture quand soudain il aperçoit un homme ensanglanté sur le bas-côté. Il le secourt mais le blessé décède peu après son arrivée aux urgences. L'homme était chauffeur pour une compagnie locale et avait pour mission de transporter une importante cargaison d'alcool. Son camion a disparu. Un cadavre, de la marchandise volée, un accueil hostile… Il n'en faut pas plus pour aiguiser la curiosité de notre détective. le voilà plongé dans la petite société de Las Cruces, une communauté où les liens conjugaux et familiaux sont particuliers. Lew Archer a fort à faire avec la faune locale : truand chevronné, sheriff coriace, mari prodigue, entrepreneur incestueux… Plus l'enquête avance, plus le mystère s'épaissit et plus l'intrigue devient retorse. Heureusement, Ross Macdonald parvient à capter sans relâche l'attention de son lecteur. le détective se déplace en permanence, ce qui offre du rythme au récit. La violence côtoie la poésie : on trouve des combats à la dure, version « free fight », et des descriptions lyriques du paysage. le crochet du gauche et les remarques acerbes du détective ne doivent pas vous tromper, il peut être d'une humanité débordante, capable de prêter son épaule à une épouse éplorée ou de se montrer respectueux pour une prostituée héroïnomane. Et n'ayez crainte, il reste le preux chevalier plongé dans les méandres de la Californie : pur et incorruptible. L'auteur esquisse avec pudeur ses blessures secrètes : un divorce et la guerre du Pacifique. Ce cinquième opus de la série Archer est excellent même si je ne suis pas persuadé qu'il en existe de médiocre. Un roman très bien écrit et désormais édité dans une bonne traduction. Une friandise de 280 pages dont tout amateur de roman noir aurait tort de se priver.
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Reçu dans le cadre de masse critique et lu très rapidement tant l'histoire est joliment menée. Bouquin suranné, il date de 1954, il n'en dégage pas moins de chouettes qualités, ici la psychologie des personnages est soignée, le rythme est soutenu sans être débridé, et les progrès de la science de l'époque évitent de noyer le lecteur sous des pages et des pages de descriptions de scènes de meurtre. Ici on tue à l'ancienne au 38 et on pique un camion d'alcool, binaire, mais du coup les mêmes questions ressurgissent : à qui profite le crime, qui a fait le coup et tutti quanti. du coup certains auteurs d'aujourd'hui semblent biens vains une fois qu'on retire la chantilly balistique, les cerises sanguinolentes et qu'il ne reste qu'un vieux twist pétard mouillé.
Les amateurs de polar s'y retrouveront, les nouveaux venus au genre, trouveront sûrement le rythme un peu à la grand-papa, un peu comme si on comparait Lost à l'île au trente cercueils.
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Traditionnellement, ce sont les affaires qui viennent à Lew Archer. Dans ce nouvel opus, c'est l'inverse : Lew Archer décide de lui-même d'enquêter après avoir trouvé un homme grièvement blessé par balle sur le bord de la route, du côté de Las Cruces.

On retrouve dans « trouver une victime » les qualités habituelles des romans policiers écrits par Ross Macdonald : une capacité à plonger le lecteur dans l'intrigue dès les premières lignes, sans aucun temps mort ; une enquête solide, avec de multiples rebondissements (enquête qui mêle ici trafic d'alcool et problèmes conjugaux) ; un personnage central charismatique, courageux ; quelques durs à cuire, y compris du côté de la Loi, mais aussi quelques femmes particulièrement sensuelles ; et une écriture percutante, d'une incroyable richesse, une écriture qui manie aussi parfois l'ironie avec beaucoup de finesse. Et le tout d'une modernité incroyable, bien que l'histoire ait été initialement publiée en 1954…

« Trouver une victime » est un véritable régal pour les amateurs de romans policiers américains…à mon sens peut-être le meilleur des cinq premiers volumes réédités chez Gallmeister depuis 2012.
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Pauvre Lew Archer ! Si, si, vraiment, je vous assure. Il passait tranquillement par là par hasard, quand la victime d'un meurtre s'est pratiquement jeté sous sa voiture. N'écoutant que son bon coeur et son courage, Lew a aussitôt chargé le jeune homme dans sa voiture et l'a conduit à l'habitation la plus proche – et oui, parfois, pour ses enquêtes, Lew se trouve perdu au fin fond de la Californie. L'accueil de la population locale n'est pas des plus chaleureux. Au moins, il ne se fait pas trouer la peau, c'est déjà ça.
A peine arrivé, à peine innocenté (la victime, un dénommé Tony, a succombé à ses blessures), et Lew a trouvé un client : Meyer l'engage pour retrouver Anne, sa fille cadette. Sa fille aînée est mariée au shérif. Je ne dis pas que la justice locale n'est pas brillante, non, je dirai plutôt que l'entente ne règne pas dans la famille Meyer, pas plus que chez les Kerrigan, dont le mari dirige le seul motel de la ville. Lui trompe sa femme, magouille (et plus si affinité) tandis qu'elle, issue d'une très bonne famille dont le seul tort fut peut-être de la surprotéger, n'en finit pas de regretter cette union.
Non, nous ne sommes pas dans un coin paisible, mais alors là pas du tout. Lew Archer va véritablement payer de sa personne pour que justice soit faite. Il mène son enquête presque sans filet, sans employeur pourrait-on dire, si ce n'est sa volonté d'aller jusqu'au bout. La force de Lew Archer dans cette enquête est sa capacité à se remettre en cause – et à dire ce qu'il pense, à ses risques et périls. Trouver une victime…certes. Si seulement il n'avait pu en trouver qu'une seule !
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Le travail continue pour les éditions Gallmeister et le traducteur Jacques Mailhos embarqués dans la nouvelle édition des dix-huit enquêtes de Lew Archer.

Cinquième roman de la série, Trouver une victime propulse le détective privé dans une bourgade de Californie du Sud, Las Cruces, où, alors qu'il ne fait que passer, Archer trouve sur le bord de la route un homme blessé par balle qui ne tarde pas à passer l'arme à gauche. Coincé là pour les besoins de l'enquête, Lew Archer découvre que la victime, Tony Aquista, était chauffeur de camion pour Meyer, un notable local, et qu'il s'est fait dérober un chargement d'alcool. C'est donc naturellement que le détective propose à Meyer ses services pour retrouver la cargaison et, accessoirement, la fille de l'entrepreneur qui semble s'être volatilisée au même moment.

Comme de coutume, Archer se trouve donc obligé de mettre son nez dans une affaire qui, si elle tient du crime crapuleux, est aussi une affaire de famille. Et, comme toujours, il va peu à peu mettre au jour quelques secrets enfouis et des situations extrêmement ambigües dont le titre du roman se fait l'écho. Car, en effet, chaque avancée de Lew Archer dans son enquête le mène à découvrir un nouveau coupable putatif en même temps que des victimes possibles.
Rien n'est simple chez Ross Macdonald et, plus encore dans cet épisode que dans les précédents, l'auteur se plaît à montrer la duplicité des personnages ; Lew Archer étant le révélateur de ce qui peut se cacher sous le vernis des apparences au sein de la communauté de la cité et plus encore dans la cellule familiale, les deux étant, dans la petite ville de Las Cruces, de toute façon étroitement liées.

Faussement amoral mais éminemment vertueux sous ses airs de dur cynique et détaché (« Je trouvai un médecin et me fis faire huit points de sutures à la tête. le médecin sembla trouver la chose parfaitement naturelle et ne me demanda rien, sinon 25 dollars en liquide une fois qu'il eut fini. C'était ce genre de médecin, ou j'étais ce genre de patient. ») Archer trouve dans cette enquête de quoi alimenter son scepticisme vis-à-vis de la nature humaine. Une nature qui, si elle ne le surprend plus vraiment, réussira en l'occurrence à le déstabiliser quelque peu.

Complexe, tissé autour d'un réseau de vraies-fausses pistes, Trouver une victime se révèle être un roman prenant qui nécessite néanmoins une bonne dose de concentration et, surtout, jusqu'ici un des tous meilleurs épisodes de cette série de grande qualité.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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De son vrai nom Kenneth Millar, Ross Macdonald est un écrivain américain de romans policiers né en Californie en 1915 et où il décédera en 1983. Il est célèbre pour ses polars (une petite vingtaine) dans lesquels figurent le détective privé Lew Archer. Les Editions Gallmeister continuent de rééditer l'oeuvre de l'écrivain dans de nouvelles traductions intégrales. Certains de ces romans ont été chroniqués ici comme, Cible mouvante (1949) et Noyade en eau douce (1950). Trouver une victime qui vient de ressortir, date de 1954.
« Las Cruces n'avait rien d'une destination touristique. Mais après avoir ramassé sur le bord de la route un auto-stoppeur en sang, qui ne tarde part à mourir, Lew Archer se retrouve coincé là, à attendre l'ouverture de l'enquête. La victime, un employé d'une société de transport appartenant au notable local, s'est fait dérober un camion et sa cargaison d'alcool. Se proposant de remettre la main sur le tout, Archer se lance à la poursuite de la fille du propriétaire, que certains n'hésitent pas à accuser de complicité dans cet étrange vol. » Je ne dirai rien de plus que l'éditeur de l'intrigue, si ce n'est cette remarque anodine, citée en début d'ouvrage par l'un des acteurs « Tout le monde est de la famille de tout le monde, dans cette ville. Ca complique parfois un peu parfois les choses. »
J'irai droit au but, j'ai beaucoup aimé ce roman, plus encore que les deux précédents que j'avais lus, ce qui est assez logique, l'écrivain s'améliorant avec le temps. Tout m'a séduit, l'intrigue comme l'écriture. Ross Macdonald utilise un langage imagé ou lyrique durant les scènes de transition, « Les faisceaux des phares qui me suivaient se plantaient dans le fossé comme des avirons de lumière brisés » ou bien trouve de jolies formules, « Je m'assis sur le lit. L'amour, ou quelque chose d'approchant, lui avait brisé les reins. » Mais c'est le ton général qui enlève le morceau, cet humour particulier aux grands maîtres du polar d'hier, froid quand le héros est en mauvaise posture pour signifier la force tranquille (on pense à Robert Mitchum), basique quand l'auteur veut rappeler au lecteur que tout cela n'est qu'un roman.
Dirai-je aussi que j'ai apprécié retrouver ces scènes où l'on se bat à mains nues, comme des hommes, « … et j'enchainais avec un petit direct du droit à la mâchoire. » Tout respire le vieux polar des pionniers du genre dans ce roman – et c'est bien de cela qu'il s'agit, d'ailleurs. Ayant débuté dans la carrière de lecteur par ce type de biberon, je m'en suis délecté, au point d'accepter ici ce que je regrette ailleurs, des dialogues parfois improbables pour nos oreilles d'aujourd'hui, mais le lecteur éventuel (surtout s'il est très jeune) ne devra jamais perdre de vue que le roman a soixante ans ! Je ne suis pas certain que les écrivains historiques du genre aient cherché la véracité ou la crédibilité à tout prix, ce qui leur autorisait une marge de manoeuvre que nos auteurs modernes n'ont plus.
Et puis, comment résister à Lew Archer, archétype du détective privé comme on les fantasme : costaud, doué du sens de l'humour, fataliste et philosophe, psychologue et foncièrement honnête. le mec parfait, non ? Un livre bien écrit avec une intrigue bien menée et une longue autant qu'émouvante confession finale. Un polar à l'ancienne, sans ordinateurs évidemment, sans poursuites haletantes ou rebondissements abracadabrants, sans sexes déballés.
Si vous me demandez pourquoi il faut lire ce roman, je vous répondrez tout simplement, parce qu'il est rafraichissant !
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