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4,04

sur 246 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Tout au long de ma lecture, je me suis demandé pourquoi ce livre maintenait sur moi de bout en bout, en dépit de ses longueurs et du foisonnement de personnages propre à brouiller la focale de lecture, un tel pouvoir de fascination.

Dans la première partie qui va de la libération du pénitencier de Gary Gilmore après 22 ans quasi ininterrompus de captivité jusqu'à sa condamnation à mort quelques mois plus tard suite aux deux assassinats commis de sang-froid, j'ai eu d'abord le sentiment de plonger en totale immersion dans un grand roman américain au coeur de l'Utah mormon, sans vraiment d'empathie pour Gilmore, personnage antipathique, frondeur, impropre à la vie en société. Et pourtant d'emblée fascinant, dans sa manière de se débattre contre ses propres démons, dans son histoire d'amour trash et solaire avec Nicole, femme-enfant paumée, et pour le caractère inéluctable de sa trajectoire vers la violence et la mort.

La seconde partie, qui couvre l'incarcération de Gilmore jusqu'à son exécution, m'a d'abord perdue au milieu de la constellation de protagonistes du monde légal, de l'Etat, de l'église mormone, de la presse, de la société civile s'agitant dans un foisonnement de détails parfois fastidieux autour du prisonnier et du bien-fondé ou non de sa mise à mort.

Mais dans cette agitation, la figure immobile d'un Gilmore déterminé, dérangeant, et d'une acuité intellectuelle stupéfiante se détache de plus en plus fortement, au point de littéralement m'aimanter comme un soleil noir.

Il va sans dire que « le chant du bourreau » est un brillant réquisitoire contre la peine de mort. Mais il en irradie également tout un spectre de lumières sombres et troublantes qui m'ont subjuguée et dont la portée dépasse largement le fait de société.

Ce livre m'a été mis dans les mains un peu par hasard par un bouquiniste de Morlaix, et je suis d'autant plus heureuse de l'avoir découvert qu'il me semble que l'on n'en écrira plus de semblables.
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Prix Pulitzer en 1980, le Chant du bourreau dresse le portrait de Gary Gilmore connu des Américains comme étant le premier condamné à être exécuté après le rétablissement de la peine capitale en 1976.

Le Chant du bourreau est une des oeuvres phare de ce genre littéraire américain appelé New Journalism. Ni un document ni tout à fait un roman, un travail très particulier sur la fiction dans sa puissance à rendre le réel, le mettre en perspective, à en exploiter les détails. Dans ce texte fleuve, Mailer sonde, retranscrit, exploite le matériel énorme, expliquant sa méthode dans le chapitre qui clôt le roman (" en guise de posface "). " le récit est aussi exact que possible (…), un récit fondé sur les faits – cette histoire vraie d'une vie, j'ose le dire (…) – comme s'il s'agissait d'un roman ".

Au long de 1300 pages, Norman Mailer retrace le parcours de cet américain moyen privé de liberté pour avoir commis des petits larcins durant son adolescence. Après sa sortie de prison cet homme broyé par l'univers carcéral réapprend à vivre une existence banale comme les autres. Mais la parenthèse se ferme lorsqu'il assassine sans raison et de " sang froid " deux jeunes hommes sans histoire, ce qui le renvoie aussi sec en prison. Il est jugé et condamné à mort au terme d'un procès bâclé. Refusant tout recours, luttant contre les abolitionnistes, sa propre famille, certains de ses avocats, les croyances religieuses, politiques et morales, Gilmore choisira la mort, choisira de se faire fusiller dans un pénitencier de l'Utah en 1977.

La puissance du roman tient dans la démesure : Norman Mailer s'attarde sur la personnalité de cette figure de meurtrier, fouille les détails de sa vie.
Gary Gilmore apparaît comme un personnage complexe, doté d'une intelligence et d'une culture supérieure à la moyenne, qui oscille perpétuellement entre le bien et le mal dont la culpabilité est avéré mais qui se présente comme une victime d'une société refusant le mal dont elle est rongée.
Lorsqu'il essaie de mourir dans la dignité et qu'il grandit dans sa lutte pour finir sa vie, le cirque va se mettre en place, les médias vont s'engouffrer dans cette affaire, ainsi que les affairistes qui vont l'exploiter avec des contrats d'Hollywood et des ventes de tout type (lettres, tee-shirt,…). L'auteur peint avec un humour corrosif toute cette pantomime de l'hypocrisie. Gary deviendra une star exhibitionniste du fond de sa cellule et mènera même la danse.
Mailer n'enferme pas Gilmore dans une image unique : il est à la fois détestable et admirable, criminel et artiste – il dessine remarquablement mais tenait " à un grand succès, à devenir un artiste renommé, pas un manoeuvre de l'art commercial " .

L'auteur met en scène toute une galerie de personnages stupéfiants. Chacun d'eux est l'objet d'une notice biographique, de quelques lignes à plusieurs chapitres , Norman Mailer montrant combien chaque vie s'imbrique à celle d'autrui, change son cours, façonne des pensées, des comportements. Il peint une Amérique profonde avec ces gens perdus, incultes, pathétiques mais aussi attendrissants. Derrière le portrait de Gary Gilmore, il y a aussi une formidable photographie de la société américaine des années 1970 et d'une communauté mormone très conservatrice.

Et puis, on ne peut pas lire ce roman sans être touché par la terrible histoire d'amour qui le traverse, celle unissant Gary Gilmore et Nicole Baker, jeune fille de 19 ans, paumée, rencontrée quelques semaines avant de commettre l'irréparable. Cette passion, faite de sexe, de coups, de rupture et de retour, de lettres enflammées (quand les deux amants sont séparés au cours de la détention) apporte une dimension tragique supplémentaire. Car l'union de ces deux destins brisés se révèle impossible.

Le Chant du bourreau est d'une force et d'une tension hypnotique, une fois commencé on a du mal à le lâcher. Ces 1300 pages se lisent facilement, d'autant plus qu'on est accroché à l'histoire dès le début. C'est merveilleusement bien écrit. Ce "roman" pourrait se décomposer en plusieurs récits tant il est riche. C'est une comédie humaine, un roman social, un roman politique, un roman d'amour.

Un livre qui secoue. J'ai trouvé cette histoire fascinante, époustouflante et je pense que le visage de Garry va me hanter un certain temps... La scène de l'exécution de Gilmore, dans les derniers chapitres du roman, celle de sa crémation, ensuite, sont magistrales. Un livre à découvrir !
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Quoi que l'on fasse, on revient toujours à ses fondamentaux. Ici, l'Amérique et sa littérature. Depuis quelques années, je cherchais le chant du bourreau qui n'était plus édité depuis longtemps. Et puis voilà, un jour, le miracle arrive à la librairie du coin tandis qu'Un long silence s'achève. le chant du bourreau de Norman Mailer n'est certes pas une nouveauté mais quel livre magistral sur l'Amérique. D'un fait divers hors norme, Mailer extrait le sang, le pus, ce que l'on cache. A l'opposé du de sang froid de Truman Capote qui glace le sang mais dont l'écriture garde le vernis mondain propre à l'auteur, Mailer plonge corps et âme dans cette histoire folle pleine de sang, de sexe, de fureur, de cris. En 1976, Gary Gilmore, 36 ans, tue de sang froid deux jeunes hommes mariés et père de famille. Il a déjà passé plus de la moitié de sa vie en prison. Enfermé à 13 ans dans un centre de rééducation, il en ressort pour s'enfoncer encore plus dans la délinquance. Dans plus de 1 500 pages que l'on ne peut lâcher tant la tension va crescendo, Mailer raconte donc ce crime et ce qui a suivi. Condamné à mort dans un Etat qui n'applique plus cette peine, Gilmore va tout mettre en oeuvre pour que la sentence soit appliquée. Et par là, déclencher une formidable tempête médiatique et juridique aux Etats-Unis comme dans d'autres pays. L'histoire peut se séparer en deux temps comme le titre du beau film de Douglas Sirk : celui d'avant les crimes, le temps de l'amour et celui d'après, le temps de mourir. L'histoire d'amour est à la fois fascinante et répulsive qui met en scène deux êtres fragiles et cabossés. Mailer glisse dans son texte les lettres des amoureux, des textes pleins de poésie.
La seconde partie est un véritable thriller juridique, haletant, ponctué de rebondissements, de coups de théâtre avec d'innombrables avocats tantôt nuls, tantôt épuisés, un procureur inflexible, un directeur de prison sensible, des associations contre la peine de mort, des journalistes charognards ; chacun a un avis sur la question, le tout en terre mormone. Ce qui n'est pas rien. La peine de mort, les longues peines de prison, l'enfermement des jeunes délinquants, la place des journalistes autant de sujets de réflexion pour le lecteur. Pourtant Mailer ne s'arrête pas à poser telle ou telle question : il avance à sa manière, celle d'un ogre. L'un des personnages-clé du roman peut se permettre quelques états d'âme : Lawrence Schiller. On peut croire que ce livre existe grâce à ses interviews et aux liens tissés avec les principaux protagonistes de l'histoire. Il y a enfin, le personnage central, Gary Gilmore, fascinant parce que mystérieux… comme la majorité des êtres humains. Très intelligent, cultivé, l'amoureux de Nicole est aussi un être violent, probablement brisé par les années d'enfermement et une enfance sombre. Dont il ne parlera que pour dire du bien de sa mère, Bessie. Quelques années plus tard, son plus jeune frère se chargera du portrait de leurs parents et racontera ses souvenirs d'enfance dans Un long silence.
Le chant du bourreau est une grande lecture, de celle qui vous marque définitivement.


Lien : http://manoes.canalblog.com
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« J'ai toujours été capable de tuer, dit Gilmore. Il y a une partie de moi-même que je n'aime pas. Par moment je peux être totalement dénué de sentiment pour autrui, tout à fait insensible. Je sais que je suis en train de commettre quelque chose d'affreux, mais je continue et je le fais. »

Passionnant d'un bout à l'autre, c'est avec une certaine nostalgie que j'en ai achevé la lecture ; et ce malgré ses 1300 pages !
Il y a quelques années de cela, j'avais déjà été subjuguée par le tristement célèbre Gary Gilmore ausculté du point de vue de son frère cadet Mikal Gilmore dans le remarquable ″ Un long silence ‶. Et forcément, j'ai assez eu vite envie d'aborder l'ouvrage de Norman Mailer qui lui valu son second Prix Pulitzer.

Ce document est une oeuvre journalistique exhaustive qui reprend de manière chronologique la vie et la mort de Gary Gilmore sous tous les angles possibles. On y retrouve donc sa famille, proches et moins proches, ses femmes et surtout celle qu'il a aimée envers et contre tout, ses juges et la presse qui a tourné autour de l'affaire de loin comme de près.

Pour faire un bref rappel des faits, nous sommes au milieu des années 70, Gilmore alors âgé de 35 ans est en liberté conditionnelle après un long parcours judiciaire et carcéral. A peine quelques mois plus tard il se rend coupable de deux meurtres pour lesquels il sera condamné à mort. le hic de l'histoire, c'est que, primo, l'Utah (terre des Mormons, un détail qui aura son importance pour la suite) n'applique plus la peine capitale, et, secundo le condamné va refuser catégoriquement tout recours pour commuer sa peine, tout appel et fera tout pour être mis à mort. Gilmore est ″l'homme qui voulait mourir ‶

« Pour l'instant je suis prisonnier de mon corps. Je suis enfermé en moi-même. C'est pire que la prison. »

Norman Mailer fait donc ici une photographie quasiment minute par minute de tout ce qui s'est passé autour de cette affaire.
Il met en lumière le système judiciaire compliqué des Etats Unis du en partie à la coexistence d'un système propre à chaque état et des grands principes ayant la primauté sur les lois de chaque état.

Mailer met également en lumière un état dans l'état : la presse et toutes les manigances des journalistes indépendants comme des grands groupes, chacun à la recherche de l'exclusivité.

Mailer laisse une large place à l'environnement familial et intime. Il y a beaucoup de lettres entre Gilmore et Nicole, celle qui était prête à mourir en même temps que lui.

Dans cet état mormon, il faut aussi souligner le rôle des abolitionnistes dans cette véritable course contre la montre que Gilmore finira par gagner.

Dénué d'affect, avec malgré tout une évidente opposition de l'auteur à la peine de mort, ce livre se lit comme un ouvrage journalistique parfaitement écrit et redoutablement et diversement documenté.

Certes le ‶morceau ″ peut effrayer : 1300 pages, et un certain poids dans la main. Mais il est très abordable, passionnant ; et pour peu que l'on ait un peu de temps devant soi et l'esprit suffisamment libéré du quotidien, il n'y a aucune raison de ne pas en venir à bout !


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1976 – Gary Gilmore sort de prison (après une très lourde peine) en libération conditionnelle, grâce à l'aide de ses cousines Brenda et Toni et de ses oncle et tante, Ida et Vern qui vont lui fournir un travail. À plus de trente-cinq ans, il a passé la moitié de sa vie derrière les barreaux. Mais le quotidien avec cet ancien détenu, colérique, brutal, alcoolique de surcroit et horriblement vulgaire, n'est pas vraiment une partie de plaisir pour ses proches … Gary tombe rapidement amoureux fou de Nicole, dix-neuf ans, mère depuis l'âge de quinze ans. Une jeune femme perturbée qui pourrait pratiquement être sa fille … Il va s'installer chez elle et ses deux enfants, à Spanish Fork. Deux paumés qui croyaient aveuglément au karma et s'étaient enfin trouvés, pour le meilleur et surtout pour le pire. Une idylle passionnelle qui sera de courte durée. L'instabilité de Nicole, la violence et la jalousie destructrice de Gary en viendront rapidement à bout …

Et puis, le drame en juillet de la même année, le jour ou Max Jensen croisera la route de Gary Gilmore dans une station service … Idem pour Ben Bushnell qui tenait un motel, et le surprendra en flagrant délit de cambriolage … Les experts psychiatres diront de lui qu'il a une intelligence supérieure, doublée d'une grande culture littéraire, bien qu'il soit incontestablement un psychopathe antisocial. Gary Gilmore qui croit à la réincarnation n'aura de cesse d'être exécuté afin de mettre fin à son existence ratée (ainsi un nouveau passage sur cette terre lui redonnerait toutes ses chances …)

Norman Mailer a produit (quelques années après ce drame) un travail de fourmi, une documentation monumentale. Tout y est décortiqué, analysé : l'enfance de Gary Gilmore, de ses cousines, de Bessie sa mère, de Nicole également. Sans oublier les deux victimes. L'état d'esprit de chaque protagoniste, un millier de petits détails afin de tenter d'expliquer l'inexplicable. D'être au plus proche des faits en restant le plus neutre possible, n'épargnant ni Gary, ni Nicole, pas plus que les politiques et les journalistes qui ne se conduisirent pas toujours de façon très noble, dans ce « fait divers » hors norme …

Gary Gilmore, qui écrivait d'aussi belles lettres d'amour à Nicole et pourtant lui demandait de se suicider pour n'appartenir à aucun autre homme après son exécution (et ainsi pouvoir bénéficier d'un karma en même temps que lui) restera à tout jamais une véritable énigme.

Un très beau texte de ce grand écrivain qu'était Norman Mailer, parfois très cru, parfois extrêmement noir et désespéré, qui ne peut en tout cas laisser personne indifférent.
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C'est un trés grand livre de la littérature Américaine .
Je l'ai cherché car je voulais le relire mais je crois qu'il n'est malheureusement
plus édité
Dommage!!
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Lu il y a bien longtemps, c'est ici un portrait saisissant d'une certaine Amérique, avec tous ses défauts et sa beauté. Impossible de quitter cet énorme bouquin, qui a rythmé mes vacances d'été d'il y a quelques lustres. Très bien écrit, avec des myriades de personnages plus incroyables les uns que les autres mais tous réels, c'est à une leçon de vie et de mort qu'on assiste ici.
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Ce livre est plus que l'histoire de Gary Gilmore, le célèbre criminel américain, c'est un document sur sa vie et sa mort.

A travers ces 900 pages et ses 1100 grammes de livre, on apprend comment Gary Gilmore pensait. Ses regards mettaient mal à l'aise sa famille et son entourage, ses paroles m'ont mise mal à l'aise. Norman Mailer réussit bien à nous faire découvrir cet étrange personnage. Ca ne m'a pas empêché de ne pas comprendre cet homme.

J'ai eu du mal aussi à comprendre les sentiments de Nicole Barker, ils sont ensemble depuis deux mois, puis elle ne l'aime plus et après ces meurtres, elle se rend compte qu'en fait, elle l'aime. Hein ? l'amour ?

Au delà du personnage, on apprend beaucoup de choses : la peine de mort aux États-unis, la vie pénitentiaire, le système judiciaire (même s'il m'a laissé assez perplexe !), la communauté mormone… La longue partie sur les droits autour de Gary Gilmore m'a aussi un peu ennuyée. Mais c'est intéressant de voir toute cette bataille autour de cette affaire même si, par ce fait, on doit rentrer dans un tas de détails…

J'ai beaucoup aimé l'écriture de Norman Mailer, toute l'histoire est divisée en parties, chapitres, sous-chapitres… On suit Gary mais aussi Nicole, Brenda ou son patron ou untel. Il décrit les vies de chaque personnage qui a fait partie à un moment ou à un autre de la vie de Gary Gilmore.

Connaître quelqu'un comme Gary Gilmore, ça ne fait pas envie et pourtant, ce livre est vraiment intéressant. Je n'arrivais à comprendre sa personnalité complexe, je me suis dit qu'il était seulement… mauvais.

J'ai été un peu étonnée de ne pas trouver de mention des fameux cinq trous dus aux balles au lieu de quatre) lors de son exécution (vu sur Wikipedia).

Pour résumer, c'est un livre qui vaut vraiment le coup d'être lu (malgré quelques longueurs). Je ne regrette pas les autres livres de Mailer que j'ai acheté (impulsivement) avant de découvrir sa plume.
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Dans la lignée de « De sang froid » de Truman Capote, l'auteur propose un « roman » issu de la véritable histoire de Gary Gilmore, qui fut exécuté  le 17 janvier 1977.
A peine sorti de prison, Gilmore essaie de s'insérer dans la société, aidé par des amis d'enfance bienveillants et sensibles à sa personnalité charismatique, à ses talents d'expression graphiques et à son beau parler. On le suit sur le chemin glissant de la petite délinquance, puis dans des affaires criminelles et amoureuses étroitement liées.
C'est un « roman complet », non expurgé, passionnant car mené de main de maître, comme un rapport de police. Il relate froidement les événements et fait vivre les personnages. Ils sont très nombreux, et on suit intensément l'action jusqu'à la remise en prison de Gary Gilmore. A ce stade les poèmes de Gary, ses lettres enflammées à Nicole, ses conversations passionnées et riches avec
les différents intervenants font s'interroger sur sa troublante personnalité et un système américain de détention et de justice.
Pourtant mon intérêt faiblira dans la toute dernière partie du livre face aux motivations et démarches des différents avocats et hommes de loi qui devront jouer à contre emploi, c'est à dire souscrire au désir de mort que manifeste le prisonnier. Belle histoire de rédemption !
On ne saurait mieux analyser cet ouvrage fascinant que le site de Diacritique https://cutt.ly/EEZtiZ6
A lire si possible en américain chez Warner books : « The executioner's
song . ». C'est aussi instructif sur le milieu mormon et l'organisation fédérale des États Unis.
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J'avais déjà lu le " Chant du bourreau " du Norman Mailer en 1981 à sa sortie en France, je l'ai relu récemment. Ce n'était pas mon premier livre, mais c'était mon premier " pavé " . Il a pesé lourd. C'était avant la loi Badinter, la peine de mort n'était pas abolie en France, il a contribué à forger ma conviction en faveur de l'abolition. J'avais été bousculé par le sort de Gary Gilmore, un petit délinquant qui a passé presque toute sa vie en prison, et à peine libéré commet deux meurtres de sang froid, condamné à mort sans avoir tenté de se défendre, il déstabilise toute la société, en médiatisant sa position de ne formuler aucun recours en grâce, aucun appel, et de vouloir absolument être fusillé . Au delà de l'histoire de Gary Gilmore c'est toute l'Amérique des années 70, autour de la capitale des mormons, que nous dépeint Mailer, le système judiciaire, le système pénitencier, la pression de la presse, de l'église et des producteurs de cinéma, l'omniprésence de l'argent et de l'opinion publique. A travers, la famille du condamné, sa correspondance amoureuse avec son amie Nicole, la position des associations contre la peine capitale, la parole des familles de victimes, il montre combien la peine de mort entraîne de souffrances au-delà du condamné, et n'a aucune efficacité en matière d'exemplarité. Il faut lire les rapports entre ses avocats, qui sont opposés à la peine de mort et Gary qui exigent d'eux qu'ils défendent sa décision, il faut lire les courriers de ce condamné qui de sang froid fait don de ses organes, qui distribue l'argent que lui versent les producteurs aux familles de ses victimes, il faut lire ses invectives envers les associations qu'il prie de ne pas se mêler de sa vie et de sa mort, il faut lire les derniers parloirs de son frére Mikal qui renonce à faire appel comme l'en autorise la loi, il faut lire les jours qui précèdent l'exécution dans la prison, dans les familles des victimes, dans la famille du condamné, dans la presse, chez ses avocats. Gary Gilmore avait commis des crimes odieux, il avait décidé d'assumer ses actes. Avec le Chant du bourreauNorman Mailer avait donné au roman une forme journalistique, il avait obtenu le Pirx Pulitzer, Il avait fait rentré ce condamné dans l'histoire, peut-être pensait-il avoir influencé l'Amérique sur la peine capitale, malheureusement, 6 condamnés ont été exécutés dans l'état d'Utah depuis Gilmore, le dernier en 2010.
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