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Le narrateur se lie d'amité avec Vardan, ils ont tous les deux un peu moins de quinze ans. Vardan habite au “bout du monde”, quelques bicoques – une sorte de bidonville – où vivent les arméniens repoussés par le pouvoir poststalinien, parmi eux, outre Vardan, il y a sa mère Chamiram, un vieux combattant impressionnant,Sarven et une très belle jeune femme Gulzar.
Et aussi, un visiteur, Ronine, le professeur de mathématiques des adolescents qui leur a démontré de façon pratique l'impossibilité de la quadrature du cercle.
Il a été exilé dans ce trou du cul du monde pour cause de “cosmopolitisme mathématique” !
L'on entend de la bouche d'autres habitants des conseils comme celui de l'utilité de la résine de sapin, soit comme colle pour les bottes percées, ou comme protection pour les dents qui peuvent résister à dix années de goulag.
On entend aussi des histoires porteuses de tant de poésie qu'il est impossible de les oublier: ces prisonniers qui abattant des arbres, retrouvent dans les hautes branches de l'un d'eux, un nid dans lequel tous les oeufs sont cassés sauf un qu'ils décident de couver jusqu'à l'éclosion et le vol du moineau qui s'enfuit du camp, offrant ainsi aux détenus “la seule vraie victoire de leur vie”.
Le narrateur revient des années plus tard, les cabanes ont été remplacées par des pavillons, il n'y a plus personne, que “le souvenir de vies détruites qui sont hébergées dans sa mémoire”...
Tout comme elles le sont dans les nôtres,
où nous accompagnent ces humains, tellement humains d'Andreï.
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J'ai attaqué la lecture avec une grande attente pour la simple et bonne raison qu'Andreï Makine est un auteur que j'apprécie tout particulièrement. J'avais été époustouflé lors de ma lecture de "L'archipel d'une autre vie" qui figure en bonne position dans mon top des livres préférés. C'est vous dire que je suis toujours impatient d'ouvrir un nouvel ouvrage signé de l'auteur et en même temps je croise les doigts pour ne pas être déçu.

Ca n'est encore jamais arrivé et ce n'est pas pour cette fois car j'ai adoré ce roman. L'amitié très forte de deux jeunes au fin fond de la Sibérie va se retrouver au centre du récit, puis l'on va découvrir ce quartier du "bout du diable" peuplé d'une communauté arménienne qui attend des nouvelles sur le sort qui sera réservé à leurs proches enfermés à quelques pas dans une prison soviétique. Ce roman peuplé de personnages forts est empreint de nostalgie et d'une très belle sensibilité.

Il faut dire que l'écriture magnifique de l'auteur joue beaucoup. Puis il y a ce sentiment, de rentrer au coeur de l'intimité de l'auteur car c'est bien par le regard de celui-ci alors adolescent que l'on découvre les drames et massacres mais aussi le lien fort qui peut unir deux personnes. C'est aussi ça le tour de force de ce livre, on alterne des scènes de la vie d'un adolescent, les bagarres, les premiers émois, l'exploration du monde et puis des scènes où l'on découvre petit à petit le passé de la communauté arménienne du "bout du diable". le fil rouge étant toujours ce lien très fort qui uni le narrateur avec un jeune malade et fragile de cette communauté.

Vous l'avez compris, on passe par toutes les émotions en alternant entre le beau, et le difficile, le violent, le tout sur un ton assez mélancolique. Tous les personnages gravitant au cours du récit autour de ces deux jeunes adolescents sont formidablement dépeints. Ils sont tous un peu abîmés par la vie et l'auteur arrive à leur donner une profondeur assez incroyable. L'immersion pour le lecteur est totale, la lecture est très prenante et le côté mélancolique enveloppera très rapidement le lecteur dans une bulle dont il aura du mal à s'extraire y compris après avoir achevé sa lecture.

Je ne peux que vous encourager à vous lancer dans cette lecture très forte, bouleversante, parfois difficile mais aussi pleine de tendresse. Un très beau livre et aussi un bel hommage, c'est riche en émotions et cela mérite clairement d'être lu par le plus grand nombre.
Lien : https://marquepageetexlibris..
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J'aime beaucoup Makine, le lis régulièrement, bien que pas assidument (j'en ai sauté plusieurs dans sa copieuse bibliographie), et ne suis jamais déçu. Celui-là n'est pas au niveau des Testaments, de l'Homme Inconnu ou du Fleuve Amour, mais on y retrouve ce lyrisme et ce stupéfiant talent pour faire éclore poésie, amour et beauté sur le fumier de la brutalité humaine, dans un style qui lui permet de côtoyer parfois la mièvrerie sans jamais y tomber, et une incroyable capacité à construire un monde à partir de valises éculées qui servent de lit, d'une cafetière cabossée et de deux photos jaunies. Chapeau !
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Dans une banlieue pauvre d'une ville de Sibérie à la fin de l'ère soviétique, un adolescent se lie d'amitié avec Vardan, un jeune Arménien contraint à l'exil politique. Un roman qui parle des drames qu'a connu le peuple arménien, de patrimoine culturel, du temps et des souvenirs, qu'il soient communautaires ou individuels. Une langue foisonnante, évocatrice et nostalgique comme le regard d'un adolescent grandi trop vite.
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Magnifique ouvrage. Très beau livre intimiste où il est question d'amitié entre deux adolescents dans la Sibérie des années soixante dix. Un orphelinat où vécu l'auteur, une communauté d'Arméniens exilés de sa patrie où le drame du génocide de 1915 plane comme un lourd secret..Et pourtant encore d'actualité avec le haut Karabach. le souvenir du mont Ararat, deux photos de famille jaunies par le temps. Une prison comme l'anti- chambre des camps plus au nord et l'attente du jugement. Des jeux d'enfants, des bagarres, des gens qui s'aiment, une communauté différente emplie de compassions...sans tomber dans le pathos.
Un livre intense, bouleversant, raconté avec une belle écriture, celle d'un amoureux de la langue française. Une langue parfaitement maîtrisée, nouvelle patrie d'un auteur soviétique, membre De l'Académie Française. Un auteur partagé entre deux mondes différents où il raconte son souvenir de jeunesse comme un hommage à Vardan.

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Après avoir lu ce récit, par plaisir je parcours à nouveau ce livre tant l'écriture d'Andreï Makine est superbe. Il sait si bien décrire les lieux et toutes ces personnes attachantes où se mêlent force et faiblesse.
Il nous entraîne vers cet éphémère "royaume arménien" où règne l'hospitalité, l'amitié, le dénuement. Malgré la pauvreté, iI nous offre une belle lumière, la richesse qui découle de ces conversations avec ces arméniens confinés dans ce quartier le "Bout du diable" subissant dans la dignité leur pauvre condition.
Vardan, Sarven,Chamiram, Ronine, Gulizar...sur des chemins d'exils qui ne laissent pas indifférent car aujourd'hui encore ce peuple est malmené.

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Ce livre sonne comme une petite musique empreinte de nostalgie. C'est aussi l'image de la société russe des année 70 et une histoire d'amitié. Il m'a profondément touché même si j'ai déjà beaucoup lu sur les sujets évoqués.
La plume de l'auteur et son talent à nous faire ressentir les émotions des personnages favorisent beaucoup cette émotion.
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Dans la série, j'ai raté ça, je n'ai pas résisté à Andréï Makine qui ne m'a jamais déçue. J'aime son écriture précise, les images qui s'impriment si facilement qu'on se retrouve physiquement dans les lieux face aux personnages. Là on est dans l'amitié spontanée et inconditionnelle de deux jeunes hommes. L'un entre dans l'univers de l'autre, le destin tragique du peuple Arménien, la vie misérable mais si intense, les personnages truculents et plein d'humanité, de mystère et d'attirance. On y trouve aussi l'aventure, les rêves des deux ados mais aussi les entraves comme la maladie, la discrétion, le respect, la police, la méchanceté. Voilà j'ai rejoint les 9000 lecteurs Babelio et c'était super.
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Ce que j'aime dans les livres d'Andreï Makine, c'est la mélancolie de son écriture. Il y a toujours au creux de ses phrases une nostalgie du temps qui passe, des temps lointains liés à son pays natal, même si, né en 1957 en Union Soviétique, cette nostalgie n'est en aucun cas le regret d'un régime politique dont il ne partageait pas les valeurs, loin s'en faut. Non, c'est une autre nostalgie qui naît du souvenir des paysages russes, des neiges hivernales ou des étés lumineux, de la steppe sibérienne, ou encore des visages à jamais perdus de vue.
L'auteur évoque ici un très court épisode du temps de son adolescence, lorsque son chemin croisa à Krasnoïarsk celui de Vardan, un jeune arménien de son âge qui fréquentait la même école. Il faisait partie d'une petite communauté arménienne qui s'était installée dans les faubourgs pauvres de la ville, pour soutenir par leur présence des proches incarcérés à proximité pour antisoviétisme. Après un jugement sans surprise, le "petit royaume d'Arménie" se disloqua et les deux amis ne se revirent jamais.
Ce livre est le récit d'une rencontre de hasard, qui fut, pour le narrateur habitué à l'univers rugueux d'un orphelinat, une parenthèse non seulement d'amitié, mais aussi de douceur auprès de gens chaleureux, et de découverte d'un monde de bonté naturelle, de sagesse, un monde d'une beauté ignorée jusque là.
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J'ai il y avait fort longtemps lu et adoré «le testament français ». Il m'avait bouleversée sans pouvoir me souvenir pourquoi. Par hasard je tombe sur « l'ami arménien » en surfant sur le site de l'académie française. Intriguée par le titre qui faisait allusion à mes origines je l'ai acheté. L'auteur à l'automne de sa vie se souvient de son ami d'enfance Vardan mais pas seulement de ce qu'ils ont fait. Il explique en quoi ce jeune homme plein de sagesse, différent l'a inspiré. Au début du livre j'étais mitigée, le français admirable m'éblouissait mais en même temps il me semblait qu'il forçait trop le trait pour émouvoir frisant le mélo. Et puis soudain la magie opère, on se prend d'affection pour les personnages et j'y ai reconnu et retrouvé la grande pudeur de ceux qui ont subi les tragédies de l'histoire. En refermant le livre, j'ai compris l'auteur. Un livre rare.
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