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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le narrateur se souvient de ses treize ans, lorsqu'il vivait dans un orphelinat en Sibérie. En cette année 1973, il s'était lié d'amitié avec un adolescent, Vardan, dont la maturité et la fragilité déclenchaient les persécutions de ses congénères. Cet ami habitait le « Bout du Diable », un misérable quartier de laissés-pour-compte. S'y était établie une petite communauté arménienne, venue du Caucase soutenir des proches arrêtés pour subversion séparatiste et anti-soviétique parce qu'ils avaient créé une organisation clandestine pour l'indépendance de l'Arménie. Ces gens ne restèrent que quelques semaines, le temps d'un procès qui devaient condamner les prisonniers au goulag. Mais pour le narrateur, jamais ne s'effacerait la nostalgie de cette amitié bien vite perdue, qui l'avait irrémédiablement transformé. Des décennies plus tard, son récit fait revivre ce Vardan que la « maladie arménienne », alors incurable, avait prématurément mûri, et ses proches, inoubliables et tragiques figures du drame arménien, qui l'avaient si chaleureusement accueilli.


Magnifique hommage à son ami disparu et aux Arméniens, « ces copeaux humains, ces vies sacrifiées sous la hache des faiseurs de l'Histoire », ce roman autobiographique n'évoque le génocide d'une part, les persécutions soviétiques d'autre part, qu'avec la plus grande pudeur, d'une manière quasiment toujours indirecte. Une vieille photo de famille, une curieuse poupée aux mains jointes, un vol d'oiseaux migrateurs aperçu de la lucarne d'une cellule… : ces bribes d'humanité forment la trame d'une narration tissée autour de vestiges, de ce qui a survécu à la tourmente et qui laisse entrevoir en creux toute la violence et la furie destructrice desquelles elles réchappent. Ainsi, refusant tout apitoiement, le récit assemble les instants de beauté pure, éphémères mais lumineux, ceux que les survivants, mais aussi un adolescent condamné par la maladie, désignent à l'attention du narrateur, changeant à jamais son regard sur le monde et sur la vie.


Profondément touchant dans sa manière de maintenir l'émotion à distance, le texte est souvent d'une grande beauté, soulignée par la facture classique et soignée de son style. Dans cet univers crépusculaire nimbé du désespoir le plus noir, surgit une étonnante lumière, celle d'un humanisme malgré tout irréductible, qui adoucit la tristesse douce-amère de cette histoire et lui donne une portée universelle.


Un roman magnifique, pudique et respectueux hommage aux Arméniens, mais aussi touchante ode aux valeurs humaines. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Andreï Makine, je le porte dans mon coeur, dans mon sein littéraire devrais-je dire, depuis plus de 30 ans, depuis son premier roman :La fille d'un héros de l'union soviétique.
Ce n'est rien que de dire que cet homme porte en lui, la douceur, la nostalgie, l'écriture de la vie, de sa Sibérie natale, de ce pays dont il s'est exilé, aujourd'hui appelée Russie.
L'ami arménien nous plonge dans une histoire d'amitié entre deux adolescents aux seuil des émois amoureux que ne connaîtra jamais Vardan, cet ami arménien atteint du " mal arménien".
S'agit-il d'une tuberculose ou de cette nostalgie décrite sous ce doux vocable de " royaume d''Arménie". Ce livre par petites touches nous révèle cette Arménie riche culturellement de son passé et tant meurtrie par le génocide perpétré à l' encontre de son peuple en 1915.
Cette amitié, André Makine n'en sortira pas indemne. À la mort de son ami , il écrira :
"La peine que j'éprouvais n'était pas très éloignée du désir de ne plus exister... non pas dans un suicide mais dans un miraculeux retrait de ce monde-là et une nouvelle présence sous un autre ciel, là où j'avais entendu, un soir, le froissement des ailes que laissait dans l'air un vol de migrateurs"
Andreï Makine, un grand merci, j'espère pouvoir vous rencontrer un jour dans une librairie et vous dire l' immense tendresse que je porte à vos livres et à votre écriture.
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Quand Vardan débarque sur les bords de l'Iénisseï à l'école fréquentée par le narrateur, il ne se doute sûrement pas que ses yeux « au dessin trop beau pour un garçon » et sa « complexion malingre » sujet à la « maladie arménienne » lui vaudront le déchaînement de haine des petits mâles locaux, le jugeant par dessus tout « pas normal ». Il faut dire que l'idéal en Sibérie, c'est celui du « projet messianique d'homme nouveau » de la fin des années 60, « une belle créature musclée, radieuse, ne doutant de rien ». Il y en a tout de même un, le narrateur, prompt à le prendre en défense du haut de ses 13 ans intrépides, grâce au fouet de sa ceinture renforcée aussi. L'occasion pour lui de découvrir le quartier du « Bout du Diable » et de s'immerger dans la communauté s'y étant réfugié, à l'ombre d'une prison en surplomb des esprits, dont les arméniens se sont rapprochés dans l'attente pour leurs parents enfermés là d'un jugement, le plus souvent synonyme de Goulag.
C'est dans le récit nostalgique de cette amitié et de la découverte de ce petit monde arménien que nous embarque le narrateur quelques décennies après. Les personnages y sont cabossés, pimentés. du professeur de géométrie à Sarven avec son banc et son cadran solaire, en passant par Chamiram la maman de Varan aux photos mystérieuses, ou même la soeur dont le narrateur est secrètement amoureux, ils nous entraînent dans des situations épiques dessinant un « Royaume d'Arménie » en souffrance, où se développe un noyau de tendresse et d'entraide. Makine excelle à nous le faire ressentir, dans une prose cristalline, limpide et ciselée, qui saisit le glacial tout en nous réchauffant le coeur.
Mais par dessus tout, ça semble bien être le lien entre Vardan et le narrateur le véritable moteur du livre. Des précédents romans d'Andreï Makine, on se souvient de la double poursuite enchâssée dans la taïga de « L'archipel d'une autre vie », de la mise en abyme d' « Au-delà des frontières », mais aussi du propre double de l'auteur sous le pseudo de Gabriel Osmonde. Un auteur qui semble explorer de nouveau la notion de double, cette fois-ci sous la forme initiatique d'un alter ego transcendant, agissant comme un catalyseur : « Je me sentais, désormais, non pas davantage instruit mais étonnamment attentif à cette mystérieuse possibilité de m'écarter de ce que tout le monde prenait pour la seule et unique voie admise. Oui, la possibilité de m'en décaler - et de « sortir du cercle dessiné sur l'asphalte ». Quitte à être traité de « pas normal »
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Alors que l'URSS tousse et s'approche de la fin, dans un orphelinat au fin fond de la Sibérie, le narrateur, âgé de treize ans, fait la connaissance de Vardan, un jeune Arménien qui s'est fait prendre à partie brutalement par les meneurs, en se portant à son secours. Une amitié naît entre eux, et il va faire la connaissance de la famille, de ses traditions, de sa culture.

Vardan est venu vivre ici provisoirement avec sa famille, et d'autres personnes, car il y a eu une révolte chez eux et les hommes qui ont été arrêtés ont été transférés dans la prison qui domine la ville. Prison qui était autrefois un monastère, mais les Bolchéviks les ont dépossédés, pour ne pas dire plus.

On fait la connaissance de Chamiram, la mère de Vardan, de la belle Gulizar, sa soeur et d'autre personnages tout aussi attachants.Leurs conditions de vie sont précaires, dans des « logements insalubre », deux valises faisant fonction de lit pour Vardan, alors que la pièce est décorée de châles, une vieille table un peu boiteuse.

Vardan et le narrateur ont trouvé refuge dans un abri, secret au pied des tours de la prison. Ils s'y retrouvent pour parler, pour faire plus ample connaissance.

Dans leur cachette, les deux ados voient passer un vol d'oies sauvages et partagent ce moment de grâce particulier, car elles sont libres, et les prisonniers de la prison-monastère peuvent aussi les voir voler dans le ciel.

« Je me sentis péniblement muet, ne sachant pas encore que le plaisir de partager cet instant de beauté était le sens même de la création, l'aspiration véritable des poètes et qui restait le plus souvent incomprise. »

On rencontre aussi Ronine, le professeur de science, atypique dans la vie comme dans l'exercice de son métier n'hésite pas à se mêler aux Arméniens qui habitent de façon précaire dans ce lieu qu'on appelle le Bout et que l'auteur appellera le Royaume d'Arménie ». C'était un commissaire politique dans l'armée qui a eu le bras arraché par un éclat d'obus, alors qu'il partait à l'assaut avec ses camarades en criant : « pour la patrie ! pour Staline »

L'accueil est chaleureux, avec le café à la turque dans la belle cafetière, et les quelques objets de valeur qu'ils ont apportés avec eux, ce qui leur permettra de survivre en attendant le procès. On voit passer la belle Gulizar qui porte des colis aux prisonniers. Malgré la pauvreté, ils sont accueillants, partageant leur repas, faisant parfois la fête. Peu à peu, Chamiram raconte leur histoire, les persécutions dont ils ont été victimes pratiquement du jour au lendemain : des hommes qui les saluaient poliment la veille se sont mis à les frapper, les étriper, prendre leur biens… les relations compliquées entre Arméniens et Azerbaïdjanais ne datent pas d'hier dans le Karabach, le génocide turc de 1915 a fait des émules…

J'ai beaucoup aimé ce dernier roman d'Andreï Makine, car il raconte une belle histoire humaine, au travers d'un fait historique, avec Vardan, ce gamin à la santé fragile, atteint de ce que l'on appelle « la maladie arménienne » qui ressemble à des rhumatismes articulaires aigus, et le laisse allongé, immobile et fiévreux, avec des articulations qui doublent de volume, un adolescent qui est devenu adulte trop vite, du fait de tout ce qu'il a pu voir déjà dans sa vie.

Le narrateur, orphelin dans ce pensionnat sinistre, plonge dans la vie de cette famille chaleureuse et découvre les liens étroits qui les unissent. Il aime le récit de Chamiram qui lui fait découvrir un autre univers, ce qui va l'aider à se construire lui-aussi, lui montrant qu'il n'y a pas que la violence aveugle (les meneurs de l'orphelinat sont dépeints de manière brutale, mais il n'y a pas qu'eux, certains quartiers sont des zones de non-droit).

J'aime bien retrouver la plume d'Andreï Makine, que j'ai découvert il y a longtemps avec « le testament français », et ce roman m'a beaucoup plu, alors que j'avais été un peu désarçonnée par le précédent « au-delà des frontières » intéressant certes mais comme je ne suis une grande adepte des dystopies…

Une fois de plus, l'auteur nous parle de fort belle manière de l'exil, du bannissement, de ce qu'on laisse derrière soi à chaque départ, et des conflits ethniques qui font rage depuis la nuit des temps et ne sont pas près de s'arrêter.

Je mettrai juste un petit bémol, en refermant « L'ami Arménien » : l'écriture est magnifique, la maitrise de la langue française renversante comme toujours, mais ce qui est d'habitude de l'ordre de la réserve et de la pudeur, s'apparente plus à de la froideur… la précision est quasi chirurgicale… cependant, c'est une très belle histoire alors, si vous aimez l'auteur, foncez.

Mon préféré, pour l'instant, reste « L'archipel d'une autre vie ».

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m'ont permis de découvrir ce roman et de retrouver un auteur que j'aime beaucoup.

#Lamiarménien #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Lire Andreï Makine c'est s'offrir une parenthèse enchantée sous sa plume élégante . C'est beau, c'est poétique. On en oublie l'orphelinat, la violence, la prison, la maladie.
Dans le quartier du Bout du diable se trouve le royaume d'Arménie, lieu éphémère car Vardan, Gulizar, Chamiram et les autres attendent le procès des leurs dans la prison d'à coté.
Le narrateur, orphelin, ne connait que la violence, la laideur d'un monde bien sombre et le professeur Ronine, blessé de guerre vont découvrir le peuple arménien en s'occupant de Vardan.
Vardan est un jeune adolescent très malade , incarnation de l'espoir, de la sagesse. C'est un être magique qui touche le ciel. le narrateur va s'élever, voir le monde différemment, découvrir sa beauté, l'amour . Au fil de sa vie, le narrateur va revenir sur cette histoire et mieux comprendre Vardan.
Connaître l'histoire des personnes sur les portraits de famille, découvrir la bonté de Chamiram etl'invraisemblable évasion de Gulizar et son époux condamné au bagne qui devient une légende. Andreï Makine nous offre un roman initiatique et de bien belles réflexions . Toutes ces histoires et bien d'autres font de L'ami arménien, un roman lumineux, un énorme coup de coeur.

Mille excuses aux éditions Grasset et à NetGalley que j'oubliais de remercier.
#L'ami arménien#NetGalleyFrance


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Je suis de nouveau partie en voyage en Sibérie du temps de l'Union soviétique avec un ado orphelin dont la rencontre avec des réfugiés arméniens va marquer durablement la vie.

J'adore la manière dont Makine pratique le français, se servant des nuances des mots et de la ponctuation pour faire ressentir les émotions qui se dégagent de ce côtoiement de deux cultures, sans emphase ou recherche de spectaculaire.

Une façon de se démarquer, d'autres écrivains contemporains, que j'apprécie énormément, tout en finesse et justesse, un français tel que je l'aime et qui me porte, me transporte parfois et m'emmène toujours dans mes émotions et mes sensations.

Peu m'importe que les faits soient réels ou non, que cette manière d'écrire semble académique à d'autres lecteurs, elle est pour moi juste et poétique !

#Lamiarménien #NetGalleyFrance

Challenge MULTI DEFIS 2021
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Au moment de commencer à écrire quelques lignes sur le ressenti de la lecture de L'ami arménien, c'est un vertige qui me saisit tant il me paraît difficile d'exprimer l'enthousiasme toujours renouvelé, avec plus ou moins d'intensité, en quittant un livre d'Andreï Makine.

Celui-ci débute, ainsi que c'est souvent le cas avec cet auteur, dans une légère confusion au point que l'on pourrait se demander durant plusieurs pages quel est le thème dominant traité. Et puis, au fur et mesure que l'on pénètre dans l'univers de cet auteur, c'est l'éblouissement, toujours plus intense, de page en page, jusqu'à l'apothéose finale.

Le thème de l'amitié et, sous-jacent, celui de la découverte de l'amour, revient régulièrement dans les romans de Makine. Il prend ici une dimension historique avec l'histoire de ces réfugiés arméniens qui sont venus attendre aux abords de la prison soviétique, le verdict impitoyable qui tombera sur leurs proches.

Makine dépeint cette attente au travers de ses deux jeunes héros, le narrateur, qui se remémore des dizaines d'années plus tard, le partage qui lui a été donné auprès de son ami arménien, de sa mère et de ceux qui l'entouraient. Il le fait toujours avec cette écriture extraordinaire capable de magnifier des instants simples, comme le vol d'oiseaux migrateurs ou juste le ciel avec ses étoiles observées avec espérance dans ces temps d'adversité.

Petit à petit, il construit autour des deux adolescents une vision du monde, de ses futilités et vanités, de ses richesses qu'appréhenderont seulement ceux capables d'écouter en silence, pour découvrir l'essentiel "invisible pour les yeux" si bien exprimé par Saint-Exupéry. A cela vont parvenir les deux jeunes et c'est surtout l'évolution de l'attention et de l'écoute portée par le narrateur aux déracinés arméniens qui enrichit sans cesse la trame de ce court roman.

Emotion, sensibilité sans sensiblerie, références historiques, dureté du régime stalinien, héroïsme des protagonistes, douleurs secrètes, mystérieuses, Makine anime tout cet ensemble avec les mots qui atteignent les coeurs.

Andreï Makine sait admirablement terminer ses romans. Les dernières pages de celui-ci m'ont apporté une nouvelle fois les vibrations de l'âme que l'on ressent devant cette poésie nostalgique, cette image finale si simple de l'amour humain.
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Je l'ai lu d'une traite et en une soirée, emportée par l'intrigue, les personnages, l'univers narratif et le style bien sûr. Ou peut-être par l'alchimie mystérieuse entre tous ces éléments, une alchimie dont il va être difficile de rendre compte.
Vardan est arménien. Avec sa mère Chamiram, il vit dans un quartier appelé le « Bout du diable », où se sont réfugiées provisoirement des familles arméniennes venues pour soutenir des proches qui attendent un procès. Ils n'ont pas choisi par hasard ce lieu où personne ne veut habiter ; les loyers sont bon marché, mais surtout, le quartier est proche de la prison où leurs proches croupissent.
Vardan est trop étrange pour les élèves de l'école ; ils l'agressent. Fasciné par l'adolescent, le narrateur prend sa défense. de là va naître une amitié qui le marquera à tout jamais.
Un livre à l'atmosphère lointaine et plein d'émotions. Un coup de coeur.

Lien : https://dequoilire.com/lami-..
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Dans un orphelinat de Sibérie, le narrateur d'une douzaine d'années fait la connaissance de Vardan, d'une année plus âgé, un garçon à la santé fragile, cible des autres pensionnaires de l'orphelinat. La famille de Vardan est venue s'installer dans le quartier du Bout du diable pour soutenir Gulizar, une jeune femme, dans l'attente du jugement qui doit être rendu à l'encontre de son fiancé. le jeune narrateur prend Vardan sous son aile et ensemble, ils partagent des moments de réflexion, toujours initiés par le jeune malade, qui du fait de sa complétion fragile, a intégré la notion de mort, qu'il sait anticipée pour lui.

Une histoire d'amitié simple et profonde entre deux adolescents, dans le milieu difficile de l'orphelinat en Sibérie. En dépit de ce cadre de vie hostile, c'est une relation lumineuse qu'établissent les deux garçons, entourés des exilés ou anciens condamnés, un professeur manchot et d'apparence fermé mais qui apprivoisent ses élèves en leur ouvrant l'esprit sur les mathématiques, ou Sarven, un voisin armenien, âgé et philosophe.
André Makine offre avec poésie, un récit tendre et tragique, abordant les épisodes tragiques des Arméniens et leur génocide et des Russes, pourchassés et exilés sans raison objective et c'est par le regard de l'enfance et de l'amitié qu'Andreï Makine livre, avec l'ami arménien, un récit humain et empathique.
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AndreÏ Makine puise dans ses souvenirs d'orphelin russe pour évoquer son amitié d'adolescent avec un étrange garçon à la personnalité lumineuse, et à la santé fragile.
Comme souvent, l'auteur met en lumière les maltraités de la société soviétique, pour leur origine et/ou leur pauvreté.
La communauté arménienne, exilée en Sibérie pour dissidence, offre des pages d'apprentissage au jeune garçon, lui apportant compréhension à la notion de famille, en opposition à la dureté de l'orphelinat, l'instruisant sur le déracinement et le fatalisme.

L'Histoire d'un peuple martyrisé se raconte à demi-mots, avec ce ton narratif apaisé et simple, ce détachement presque poétique que l'auteur sait mettre dans le parcours de ses personnages.
Ce dernier roman est une oeuvre de mémoire face à la cruauté de l'Histoire, interrogeant l'oubli et le poids du quotidien qui enterrent les souvenirs. L'auteur semble avoir atteint l'âge de la nostalgie et de l'humanisme.

Plus que le propos littéraire, c'est bien la musicalité de l'écriture qui continue à me charmer de livre en livre. Ainsi que cette capacité à réinventer son vécu lointain à travers les romans, avec une manifeste tendresse pour les petits gens du pays d'origine.

Un joli coup de coeur.
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